Alors que la quinzaine olympiques de Rio 2016 bat actuellement son plein, il y a 24 ans s’écrivait aux Jeux de Barcelone l’une des plus belles pages de l’histoire du sport…
En 1988, la sélection américaine de basket-ball quitte les Jeux Olympiques de Séoul humiliée. Défaite en demi-finale par l’URSS (82-76), elle doit se contenter d’une piètre médaille de bronze, laissant échapper pour la seconde fois seulement depuis 1936 l’or olympique.
Ce fut la dernière fois que l’Oncle Sam envoya une sélection d’universitaires aux JO. Quatre ans plus tard, la Fédération internationale de basketball (FIBA) décide de lever la règle qui oblige les États-Unis à n’envoyer concourir que des basketteurs amateurs.
Les Jeux de Barcelone voit ainsi toutes les superstars de la NBA de l’époque unir leurs forces pour constituer une « Dream Team », une équipe de rêve que beaucoup considèrent depuis comme la plus grande équipe de tous les temps, tous sports confondus.
Il faut dire que le timing est exceptionnel. Se retrouvent en effet sous le même maillot les légendes des années 80 et celles en devenir des années 90, le tout porté par le meilleur joueur de tous les temps au sommet de son art, Michael Jordan.
[Les membres de la Dream Team cumulent tous les titres de MVP de la saison régulière décernés de 1983 à 1999 (à l’exception d’Hakeen Olajuwon en 1994), 11 d’entre eux (sur 12) finiront élus au Hall of Fame.]
Débarquant en Catalogne en terrain conquis, les ricains écrasent de tout leur talent la concurrence, transforment le tournoi olympique en gala d’exhibition, signent des autographes aux joueurs adverses et grimpent en direct du futur sur la première place sur le podium.
Remportant leurs matchs avec en moyenne 44 points d’écarts, les Magic, Michael et autres Larry donnent à découvrir au monde un sport des plus spectaculaires à coups d’alley oops et de passes dans le dos, tandis qu’en dehors des terrains ils se font les ambassadeurs d’un lifestyle dont on trouve encore aujourd’hui les marques (hip hop, grosses baskets et coolitude).
Près d’un quart de siècle après les faits, alors que les noms de ces super-héros de la balle orange résonnent avec toujours autant d’éclat dans les têtes de ceux qui ont que la chance d’assister à leurs exploits, que sont-ils devenus ?
Si beaucoup sont toujours contact avec leurs sports, d’autres ont connu des trajectoires plus surprenantes (finance, télé-réalité, écriture…).
Charles Barkley (53 ans)
« I don’t know anything about Angola, but Angola’s in trouble »
Sitôt cette punchline sortie de sa bouche, Barkley devient l’une des attractions majeures des Jeux de Barcelone.
Alors que nombreux observateurs avaient émis des réserves quant à sa présence dans l’équipe en raison de son franc-parler, Sir Charles va non seulement faire la joie des médias, mais aussi terminer meilleur marqueur du groupe avec une moyenne de 18 points par match à 71,1 % de réussite.
Sa saison suivante marque son apogée sur les terrains. Fraîchement transféré aux Phoenix Suns, il est élu meilleur joueur de la ligue nord-américaine. Il ne réussira cependant pas à faire fléchir les Chicago Bulls en finale.
Il termine sa carrière aux Houston Rockets aux côtés de deux dream teamers Pippen et Drexler, avec qui il forme un big three de vétérans.
Malgré avoir proclamé des années durant qu’une fois retraité il se présenterait pour être élu gouverneur (républicain) de son état natal d’Alabama, Barkley va devenir commentateur télé en 2000.
Grande gueule incontournable, il compose notamment avec Shaquille O’Neal l’un des duos les plus divertissants qui soit.
En parallèle des ses activité, l’ancien roi du coast-to-coast continue de gambler comme jamais – en 2007 il a admis avoir perdu plus de 10 millions de dollars aux jeux de hasard.
Christian Laettner (46 ans)
Le cadet de la bande. Et pour cause, il était le seul universitaire du groupe, histoire de faire un clin d’œil au passé.
Si sa présence dans l’équipe en a toujours agacé plus d’un (il a été préféré in fine au jeune Shaquille O’Neal), il ne faut pas oublier qu’il était (et est toujours) un sérieux prétendant au titre de meilleur joueur universitaire de l’histoire.
Quatre fois finaliste du Final Four en quatre ans et deux fois sacré champion, il accomplira par la suite une très honnête carrière de joueur.
Il reste néanmoins connu pour être l’un des joueurs les plus mal-aimés de la NBA. En 2012 un documentaire d’ESPN lui a même été entièrement consacré sur ce sujet : I Hate Christian Laettner.
Marié et père de trois enfants, il s’est reconverti en homme d’affaires. Devenu actionnaire de la Major League Soccer, il tente ensuite de racheter la franchise des Memphis Grizzlies.
Malheureusement pour lui, des placements immobiliers hasardeux associés à la crise financière de 2008 lui valent des démêlés avec la justice en 2011.
Fortement endetté auprès de ses clients, Chris-les-bons-tuyaux doit notamment de l’argent à son ancien coéquipier Scottie Pippen.
Larry Bird (59 ans)
Au crépuscule de sa carrière, l’un des joueurs les plus adroits et le plus complets de la ligue n’était plus que l’ombre de lui-même durant la campagne olympique à cause de très vives douleurs au dos.
Plus spectateur que joueur, il passe la plupart des matchs allongé sur le ventre après avoir accompli un petit tour de terrain honorifique.
Après quelques saisons passées dans le staff des Celtics, il revient dans son Indiana natal – le lieu de naissance du basket-ball.
Entraîneur des Pacers de 1997 à 2000, il décroche en moins de trois petites années à peine le titre de coach de l’année en 98 et une place en finale en 2000.
Un bilan remarquable (auquel s’ajoute le fait d’avoir poussé les Bulls de Jordan à jouer une série en 7 matchs) alors qu’il s’agissait de sa toute première expérience sur le banc.
Bird se tient néanmoins à son engagement de ne rester en place que trois ans et quitte son poste.
Il devient président du club quelques années plus tard, enregistrant au passage un nouveau record : Larry-la-légende est le seul dans l’histoire de la NBA à avoir été élu meilleur joueur, meilleur entraîneur et dirigeant de l’année.
David Robinson (51 ans)
Membre de l’épopée désastreuse de Séoul, l’Amiral a sur ce coup vengé son honneur.
De retour en NBA, il fait momentanément la paire avec Dennis Rodman. Trop antagoniste, le duo finit par se séparer.
Robinson devra attendre la venue de Tim Duncan en terre texane pour finir sa carrière en beauté en s’arrogeant deux bagues de champion.
Catholique très pratiquant, l’ancien pivot a toujours beaucoup donné de sa personne quand il s’agit d’aider son prochain (il a par exemple fondé une école dans laquelle il a investi plus de 10 millions de dollars), à tel point qu’en 2003 la NBA renomme le trophée destiné aux joueurs les plus généreux le David Robinson Plaque.
Père de trois fils, en 2007 il se lance dans la finance avec un ancien de chez Goldman Sachs pour créer l’Admiral Capital Group dont 10% de profits sont reversés à des associations caritatives.
Prenant cette nouvelle aventure très à cœur, il passe en 2011 un Master de droit administratif.
Scottie Pippen (50 ans)
Unanimement salué par ses pairs pour sa versatilité, son intensité physique et sa rigueur défensive, Pippen n’arrivera pourtant jamais à se départir de son image d’éternel lieutenant de Michael Jordan, et ce malgré ses belles performances entre le premier départ à la retraite de MJ et son retour.
Après une pige aux Rockets et une tentative d’ajouter un septième titre à son palmarès en rejoignant les Portland Trail Blazers période Avengers, Pip’ signe à nouveau aux Bulls en 2003 pour une ultime saison.
Son maillot sera retiré deux ans plus tard.
Les choses vont alors vite se gâter. Il dilapide ses 120 millions de gains en carrière dans des placements foireux et décroche la palme de l’achat le plus débile avec son jet privé à 4 millions de dollars qui n’a jamais décollé pour cause de contrôle technique défectueux – il n’avait déjà plus les moyens de le faire réparer…
Conséquence, en 2007 il tente à 42 ans passés d’effecteur un comeback en NBA… pour finir par disputer en janvier 2008 une poignée de rencontres dans les ligues finlandaise et suédoise – respectivement avec les Torpan Pojat et les Sundsvall Dragons.
Scottie Pippen revient à Chicago en 2010 en tant qu’ambassadeur et conseiller.
Sa gueule de série B (le Slim Charles de la NBA c’est lui) lui a permis d’enchaîner les caméos dans divers séries et films (Urgences, Family Guy, He Got Game, Fresh Off the Boat…).
En 2011 il déclenche un petit tollé médiatique en affirmant que Lebron James pourrait être un meilleur joueur que Michael Jordan.
Chris Mullin (53 ans)
Figure de proue du trio Run TMC à Golden State (le Stephen Curry de l’époque c’était lui), Mullin a accompli de belles olympiades (12,9 points de moyenne) justifiant ainsi le fait d’être choisi en lieu et place de Dominique Wilkins.
La médaille d’or gagnée sera sa seconde, après celle des Jeux de Los Angeles en 1984, où il avait joué aux côté de Michael Jordan et Patrick Ewing.
Sa carrière est ensuite grandement perturbée par les blessures.
Il atteint cependant les finales de 2000 avec les Pacers d’Indiana sous la férule de Larry Bird, même si son apport sera limité à celui de role player.
Revenu aux Warriors pour sa dernière saison de joueur, il intègre ensuite le management de la franchise. Il sera remercié en 2009 avant de rejoindre les Kings de Sacramento.
Il a également travaillé en tant qu’analyste pour la chaîne de télévision ESPN.
Il a lancé cette année sa carrière de coach dans son ancienne université de Saint John (dans le Queen’s) dont il est le meilleur joueur de l’histoire. Son premier bilan s’est conclu par un décevant 8 victoires pour 24 défaites.
Clyde Drexler (54 ans)
Suite à une saison monstrueuse avec Portland (avec plus de 25 points assortis de 6.6 rebonds et 6,7 passes, il ne tient qu’à Jordan de l’avoir privé du titre de MVP et d’une bague de champion), Drexler décroche l’un des derniers tickets pour la Dream Team.
Moins médiatisé, The Glide plante néanmoins 10 points par rencontre.
De retour en NBA, une série de blessures altèrent fortement son jeu aérien et spectaculaire.
Il devient néanmoins champion sur le tard en 1995 lorsqu’il rejoint son grand ami Hakeem Olajuwon au Rockets.
Reconverti sans grand succès en coach à l’université de Houston (là où il étudiait), il lance une chaîne de restaurants de grill dans le Texas et investit ses billes dans l’immobilier.
Il participe en parallèle à plusieurs émissions de télé-réalité dont Dance With The Stars en 2007 ou Celebrity Apprentice en 2011.
Drexler commente également les matches à domicile des Rockets.
John Stockton (54 ans)
Suite à une blessure à la jambe, il a failli être remplacé par Joe Dumars. Déjouant les pronostics des médecins, il a réussi à guérir à temps pour s’envoler en Europe.
Seul membre de la Dream Team à pouvoir marcher incognito dans les rues espagnoles, le meneur des Utah Jazz n’en reste pas moins un des meilleurs ever à son poste.
Pas flashy pour un sou (éternel coupe de cheveux Playmobil et short de tennis), il détient le record du nombre de passes décisives et d’interceptions de l’histoire de la NBA.
Comme beaucoup, le retour de Michael Jordan le prive du titre qu’il mériterait tant (deux finales perdues coup sur coup face aux Bulls).
En 2013, il publie son autobiographie, préfacée par son compère de toujours Karl Malone.
Père de six enfants (dont l’un a fait ses débuts en NBA avec les Sacramento Kings), sitôt sa carrière terminée il se met à coacher des équipes d’adolescents.
Pressenti un temps pour devenir l’entraîneur des Jazz, il est actuellement assistant coach de l’équipe féminine de l’Université de Montana State.
Karl Malone (53 ans)
Non sélectionné pour le JO de 1984, le Mailman alors en pleine bourre avait à cœur de démolir la concurrence.
Deuxième plus gros marqueur de la ligue, il quitte néanmoins les parquets sans le moindre titre.
Sa dernière pige en compagnie de Gary Payton aux Lakers de Kobe et Shaq sera la pire saison de sa carrière à bien des égards – et pas seulement parce qu’il aurait essayé de pécho la femme de Bryant.
Reconnu comme le meilleur ailier fort du basket, il a été honoré comme John Stockton d’une statut en bronze disposée à l’entrée du stade des Jazz.
Membre actif de la NRA (National Rifle Association), connu pour son goût pour la pêche la ligne et la chasse aux grizzlys, le « Black White trash » passe désormais le plus clair de son temps libre dans sa maison d’Alaska.
Propriétaire d’une concession Toyata dans l’Utah, il officie comme coach physique pour Louisiana Tech (son université) et entraîne à l’occasion les intérieurs d’Utah.
[Et non, Post Malone n’a pas choisi son blaze pour lui rendre hommage.]
Patrick Ewing (54 ans)
Pivot dominant à une époque où les pivots étaient rois, Ewing était encore sans rival au tout début de la décennie 90.
Avec un Jordan à la retraite, Ewing conduit enfin les Knicks en finales en 1994 (une première depuis 1973). New-York s’incline cependant en 7 manches dans l’une des séries les plus disputées qui soit face aux Houston Rockets.
Il goûte à nouveau aux joies des finales en 1999… mais à partir du banc de touche. Blessé, il ne joue pas et donne naissance à la « Ewing Theory » qui veut qu’une équipe pourvue d’une superstar gagne plus fréquemment quand cette dernière ne joue pas.
Au début des années 2000, après 15 saisons passées à New-York Knicks, l’impensable se produit : The Beast of The East change de club pour évoluer successivement (et sans gloire) à Seattle, puis Orlando !
Père de trois enfants, son fils est drafté en 2008 par Sacramento avant d’être immédiatement transféré aux Knicks. Il ne sera cependant pas intégré à l’équipe, et accomplira la majorité de sa carrière dans des ligues mineures et en Europe.
Depuis 10 ans, Patrick Ewing s’est lancé dans une carrière d’entraîneur. Il est actuellement assistant coach des Charlotte Hornets. Son salaire lui est donc versé par… Michael Jordan, propriétaire du club !
En 2012 sa marque de chaussures Ewing Athletics qui avait cessé sa production en 1996 est relancée. Surfant sur la vague retro, le succès est plus qu’rendez-vous.
Enfin, et c’est tout aussi surprenant, Patrick Ewing est également le coauteur d’un livre de coloriage pour enfants, In the Paint.
Chuck Daly (décédé en 2009 à l’âge de 78 ans)
Choisi tant pour ses qualités de coach que ses prestations médiatiques, Daly a cependant dû consentir à un sacrifice de taille : ne pas emmener son joueur fétiche Isiah Thomas de l’autre côté de l’Atlantique, car détesté de tous et ennemi juré de Michael Jordan.
L’entraîneur des Detroit Pistons, surnommés les Bad Boys en raison de la rugosité de leur jeu (pour ne pas dire plus), s’entendra à merveille avec MJ avec qui il s’adonnera à des parties de golf acharnées.
À Barcelone, il réussit à contenir les égos de chacun et à former un véritable collectif en très peu de temps.
De retour aux US, il coache deux saisons durant les prometteurs New Jersey Nets avant d’annoncer sa retraite.
Après quelques années passées comme commentateur sur TNT, il revient entraîner le Magic d’Orlando à la fin des 90’s.
Magic Johnson (56 ans)
De retour sur les parquets après sa mise en retraite forcée suite à l’annonce de sa contamination par le virus du sida, Magic démontre un esprit de compétition sans faille – y compris au sein de l’équipe où sa rivalité avec Michael Jordan est de tout instant.
Ambassadeur très médiatisé pour la prévention contre le HIV, il participe de tout son poids à faire changer les mentalités (beaucoup voyant à l’époque le sida comme une maladie affectant uniquement les homosexuels et les drogués).
Déterminé à continuer à jouer, il crée après les Jeux les Magic Johnson All-Stars, une équipe d’exhibition composée d’anciens joueurs NBA et d’universitaires qui part en tournée à travers le globe.
Brièvement engagé comme commentateur télé, il effectue ensuite plusieurs comebacks. Le premier en tant que coach des Los Angeles Lakers en 1994. Malgré des débuts prometteurs l’expérience tourne au vinaigre (5 victoires 11 défaites).
En janvier 1996 il revient comme joueur, toujours chez les Lakers. Évoluant désormais au poste d’ailier fort, il joue 32 matchs, mais là encore malgré des statistique très correctes (14,6 points, 5,7 rebonds, 6,9 passes), l’aventure n’est pas des plus concluantes collectivement.
Plus anecdotiquement, en 1999 il participe à 5 matchs dans le championnat suédois, avant de rejoindre The Great Danes, un club danois.
En dehors des terrains, Magic est certainement l’un des sportifs les mieux reconvertis, lui qui a par exemple investi dans Starbucks avant que Starbucks ne devienne Starbucks, mais aussi dans une multitude de business (l’équipe de baseball des Dodgers, une chaine de cinémas, etc.) qui font de lui l’un des anciens sportifs les plus riches qui soit.
Michael Jordan (53 ans)
Et dire que si la NBA n’avait pas usé de toute sa persévérance pour le convaincre de venir dunker sur les paniers espagnols, plutôt que de golfer tout l’été, il n’aurait jamais fait partie de l’aventure.
Au sein d’une Dream Team qui a fasciné le monde, Jordan était celui qui attirait déjà tous les regards.
Et pourtant, en 1992 la légende n’en était cependant qu’à ses débuts, tant l’homme de tous les superlatifs va ensuite continuer d’empiler les récompenses individuelles et collectives comme personne.
Après un court séjour en MLB, un film avec Bugs Bunny, un second threepeat, un discours d’intronisation au Hall of Fame des plus déconcertants et la naissance d’un mème internet toujours plus viral, MJ passe aujourd’hui le plus claire de ses journées à compter ses billets verts (récent milliardaire, sa Jordan Brand se porte à merveille) et à écouter les gens l’appeler le meilleur joueur de tous les temps.
Propriétaire des Charlotte Hornets, il vise un nouveau titre en tant que dirigeant. Il en est (pour l’instant) encore loin.
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