Un classique des films de mafia avec Johnny Depp et Al Pacino au sommet de leur art…
En 1976 le FBI lance l’opération Donnie Brasco.
Choisi pour avoir grandi dans un milieu gangréné par le crime organisé (Paterson dans le New Jersey) et parce qu’il parle couramment l’italien, l’agent Joseph Dominick ‘Joe’ Pistone infiltre sous cet alias la famille Bonanno, l’une des Cinq familles de la mafia newyorkaise.
L’opération qui ne devait initialement duré que 6 mois se terminera 6 ans plus tard, le 26 juillet 1981. Elle aboutira à plus de 200 mises en examen et plus de 100 condamnations.
En sus elle changera définitivement la politique du bureau fédéral qui jusque-là préférait s’appuyer uniquement sur des informateurs afin d’éviter tout risque de corruption.
En 1988, Pistone sort son autobiographie : Donnie Brasco: My Undercover Life in the Mafia. Les droits du livre sont immédiatement achetés par Baltimore Pictures qui envisage de confier le rôle-titre à Tom Cruise.
Le film est cependant reporté en raison du succès des Affranchis de Martin Scorcesse, le studio pense alors que le public n’ira pas voir deux fois de suite un film réaliste sur l’univers du crime organisé.
Il faudra ainsi attendre le 28 février 1997 pour que sorte sur grand écran Donnie Brasco.
Réalisé par Mike Newell tout juste sorti du succès de Quatre mariages et un enterrement (?), le scénario met en scène la relation qui unit Donnie à Lefty Ruggiero (Al Pacino), porte flingue de seconde zone qui va se porter garant pour lui et l’introduire au sein du crew mené par Sony Black (Michael Madsen, toujours excellent quand il se donne la peine de choisir ses rôles).
Est ainsi décortiqué le théâtre de la mafia sicilienne, grâce notamment à de savoureux dialogues (la VO est un must) où l’on apprend la différence entre « un ami à moi » et « un ami à nous », la manière de rouler ses billets, de choisir ses fringues, etc.
Conçu comme une antithèse du Parrain, le film dépeint une pègre à mille lieux du clinquant hollywoodien. Combines minables, imper’ usés, trahisons de bas étages… c’est toute la liturgie dans laquelle les mafieux aiment à s’imaginer qui en prend un coup.
[Question, les Sopranos auraient-ils vu le jour sans Donnie Brasco ?]
L’intrigue vaut également pour toutes ces scènes d’amitié très touchantes entre Lefty et Donnie. Pacino est comme à son habitude impérial – quand son regard fatigué cherche un signe d’approbation de ses chefs qui ne viendra jamais, quand il sursaute de manière presque imperceptible à chaque coup de feu, quand il tente de jouer maladroitement au mentor…
Dommage que cette fin à la dramaturgie un peu vaine gâche quelque peu la copie.