La pègre napolitaine s’invite dans votre salon…
C’est parfois en fouillant là où personne ne va que l’on trouve les choses les plus savoureuses. Une fois de plus, la chaine Canal + a eu du flair pour nous dégotter d’on ne sait où la nouvelle série évènement de ce début d’année 2015. Avec à son tableau de chasse de nombreux précédents à succès que ce soit en terme de productions (Les Borgias, Braquo, Les Revenants, Engrenages…) que d’importations (24, Homeland, Game of Thrones, Scandal, House of Cards…), la chaine cryptée a fait ses preuves dans le domaine des Séries TV. C’est donc presque avec une confiance aveugle que ses abonnés se sont lancés dans l’aventure Gomorra depuis le 19 janvier. Après nous avoir ramené d’Israël la saga Hostages, Canal confirme sa volonté d’émancipation vis-à-vis des Etats-Unis en braquant cette fois ses projecteurs sur l’Italie avec cette adaptation du best-seller de Roberto Saviano portant sur l’univers de la célèbre mafia napolitaine nommé Camorra.
L’Italie, sans le romantisme…
Gomorra nous plonge dans un univers à la fois sombre et violent à travers une série qui jouent habilement des frontières entre Les Affranchis, The Wire et Un prophète tout en flirtant parfois avec le documentaire tant le réalisme est poussé à son paroxysme. Alors que le cinéma américain nous avait habitué à pénétrer l’univers de l’immigration italienne installée outre-atlantique, Gomorra nous offre cette fois une vision 100% italienne de la Mafia, du contexte spatio-temporel à la production. On y découvre le fonctionnement de la Camorra que ce soit dans les quartiers nord de Naples ou derrière les barreaux. Un monde où la pitié a deserté les lieux depuis longtemps laissant place à la terreur mise en place par l’organisation surnommée « La pieuvre » par les italiens.
La Scampia, plaque tournante…
Au plus proche de la réalité, l’équipe de tournage a pris le risque de s’installer dans le célèbre quartier de la Scampia, au Nord de Naples, sorte de mélange entre le Pont-de-Sèvres (92) et la cité des 4000 à la Courneuve (93) en matière d’architecture. On est pas à Baltimore mais on en viendrait presque à le regretter…Inspiré d’une histoire vraie, la série s’appuie sur les témoignages et le vécu de repentis afin de briser la loi de l’Omerta, omniprésente au sein du milieu. Une volonté qui sous-entend mettre sa vie en péril, à l’image de Roberto Saviano, auteur du livre originel, dont la tête a été mise à prix par l’état-major de la Mafia et qui vit sous protection judiciaire depuis la sortie de son oeuvre en 2007. Des deux côtés des Alpes, Gomorra fait l’unanimité et enregistre des records d’audience. Difficile d’oser zapper lorsque le téléviseur vous place un canon sur la tempe…
