Une enquête éditée par la Fondation Abbé-Pierre est parue cette semaine pour alerter sur la stigmatisation d’une partie de la population face au logement social, due à leurs origines. De cette enquête se dégage un non-respect du droit à l’information et les discriminations raciales dans le logement social.
Des origines différentes, un traitement différent
L’enquête en question a été réalisée entre avril et mai 2022 par les chercheurs en économie Sylvain Chareyron et Yannick L’Horty sous l’appui de la Fondation Abbé Pierre. Le duo a réalisé l’expérience auprès de 1 875 guichets d’enregistrement. Ils ont rédigé et envoyé des demandes aux bailleurs pour « évaluer les potentielles discriminations à l’œuvre dans l’information délivrée à la personne qui souhaite enregistrer une demande de logement social ». La différence est qu’ils ont signé par des noms aux origines différentes :
– une candidate au nom de famille d’origine française
– une candidate au nom de famille d’origine ouest-africaine
Excepté leur nom, rien ne différenciant les deux candidates dans les critères. Pourtant, le résultat de l’enquête est frappant : 23,5% des bailleurs ont rédigé des réponses différentes aux deux candidates, qui avaient faites des demandes identiques. Les chercheurs expliquent que « parmi les guichets qui apportent des réponses aux deux candidates, […] 65 orientent de façon différente les deux candidates, en défaveur de celle présumée d’origine africaine, 55 accompagnent plus la candidate présumée d’origine française, 6 ajoutent des informations démotivantes pour la candidate présumée d’origine africaine seulement ».
Pour lutter face à ces discriminations, l’Union sociale pour l’habitat (USH) réclame une labellisation des dispositifs d’accueil des demandeurs de logements sociaux pour que les agents soient mieux formés et mieux encadrés.