Il y a ceux qui ont tenté de revenir, ceux qui ne sont jamais partis, ceux qui sont partis trop tôt…
Le hip hop n’a jamais été réputé pour être tendre avec ses pères. La faute en revient peut être à ce culte de la compétition propre aux rappeurs, au fait que cette musique très inscrite dans son époque ne vieillisse pas toujours très bien, ou au manque de curiosité des jeunes générations.
Toujours est-il que gloire doit être rendue à toutes celle et ceux qui ont permis à cette culture d’émerger, puis de perdurer.
Car oui pendant longtemps l’histoire n’a pas été écrite. Et nombreux sont ceux qui prédisaient que cette musique qui faisait danser les foules sur le cadavre encore frais du disco s’éteindrait après quelques saisons.
Devoir de mémoire oblige, revenons sur les premières heures d’un mouvement alors en pleine ébullition, où tout restait encore à inventer, à défricher, à expérimenter, où chaque single réinventait le genre.
Découvrez 25 portraits de hall of famers, de ceux qui ont inscrit leurs noms dans la mythologie hashipéhashopé à coup de scratchs et de ghetto blasters.
« Duh-ha, duh-ha/You never thought that hip hop would take it this far » Juicy, Notorious B.I.G.
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Grandmaster Flash
Accompagné de ses Furious Five (Cowboy/ Kidd Creole/ Melle Mel/ Raheim/ Mr. Ness/Scorpio), Joseph Saddler a classé 10 titres dans les charts entre 1980 et 1983, dont le légendaire The Message et sa ligne d’intro gravée à jamais au patrimoine de la musique : « It’s like a jungle sometime, it makes me wonder how I keep from going under. »
Pionner du deejaying, après avoir animé house et block parties dès 1974, il est celui qui met au point différentes techniques inédites derrière les platines (le cutting, le back spinning, le phasing…).
En 1984 le groupe se sépare en deux entités distinctes suite à des problèmes contractuels. GF&FF se réforme néanmoins lors d’un concert caritatif en 1987 et décide dans la foulée d’enregistrer un album l’année suivante, sans toutefois rencontrer le même succès.
Flash se fera ensuite très discret jusqu’à la fin des années 90, époque où sortent différents compilations et remixes, et où il se produit sur scène au Superbowl… puis devant la reine d’Angleterre !
En 2007, Grandmaster Flash & the Furious Five devient le premier groupe rap à être intronisé au Rock and Roll Hall of Fame.
En 2009, Flash sort The Bridge: Concept of a Culture, un album qui invite au micro KRS-One, Big Daddy Kane, Q-Tip et Snoop Dogg.
Afrika Bambaataa
Témoin du meurtre de son meilleur ami un jour de 1973, Afrika Bambaataa décide dans la foulée d’abandonner sa vie de rue pour lancer un gang d’un genre différent : la Zulu Nation, dont le slogan est « Peace, love, unity and having fun ».
L’idée est de canaliser les violences en regroupant sous la même bannière ces différentes disciplines naissantes qui sont en train de forger la culture hip hop : rap, danse, graff et djing.
Chacun des membres se doit de respecter un code de conduite et se voit affublé d’un pseudo qui reflète son rang dans la hiérarchie : de simple zulu à Amen Ra (distinction suprême), en passant par King (stade à partir duquel on peut nommer d’autres membres).
Très vite le mouvement prend de l’ampleur. À la fin des années 70, New-York compte 40 000 zulus tandis que de nombreuses branches voient le jour au Japon, en Australie, en Corée ou en Afrique du Sud, sans oublier la France, où Dee Nasty dirige jusqu’alors encore la confrérie locale.
En plus de lancer la première tournée rap internationale en 1982, Bambaataa sort l’année suivante son premier album Planet Rock resté célèbre pour les beats électro funk.
Dans la seconde moitié des années 90, alors que la Nation n’en finit pas de s’empêtrer dans des conflits internes, son leader s’adonne avec plus ou moins de succès à l’eurodance.
En 2014, un ancien zulu accuse dans ses mémoires Bambaataa d’agression sexuelle lorsqu’il avait 15 ans et son mentor 23. Ce scandale lui vaudra d’être démis de ses fonctions à la tête du mouvement en 2016.
Kool Herc
Né à Kingston en Jamaïque en 1955, Clive Campbell émigre 12 ans plus tard dans le Bronx.
DJ dans les soirées de sa grande sœur, Herc s’intéresse très vite à l’aspect technique de l’enchaînement des disques, et notamment le break, ce passage où les beats s’entremêlent.
[De là s’inspirent les termes break-boys/ b-boys et break-girls/ b-girls.]
Désireux de prolonger ce moment, il transforme ses platines en instrument de musique. Ce faisant, il ne peut plus cependant plus s’adresser à la foule et exhorter les gens à venir danser sur la piste. Pour ce faire il engage celui qui deviendra le premier Maître de Cérémonie de l’histoire du Hip Hop : Coke La Rock.
Dès 1977 sa carrière commence à battre de l’aile, notamment en raison de la montée en puissance de nombreux crews concurrents qui perfectionnent sa création (Grandmaster Flash and Furious Five, la Zulu Nation…).
Victime de trois coups de couteaux qui lui laisseront des séquelles à vie au cours d’une soirée où il mixait, Kool Herc voit en sus l’un des clubs incendié. Il s’éloigne alors du monde de la nuit en allant travailler dans un magasin de disques dans le South Bronx, avant de prendre définitivement ses distances avec le rap en général.
Il refait les titres en 2011 quand gravement malade sa famille lance une campagne de levée de fonds pour lui offrir les soins nécessaires.
DJ Hollywood
L’un des grands oubliés des livres d’histoire.
Précurseur quand il s’agit de parler en rimes et en cadence sur la musique, non seulement DJ Hollywod invente le terme « hip hop », mais il est aussi celui qui crée le concept de mixtape dès 1972 !
[On lui doit également l’expression « Throw ya hands in the air and wave ’em like you just don’t care ».]
L’ostracisation dont il fait l’objet s’explique en grande partie par le fait qu’il mixait dans le quartier huppé de Manhattan (pour une clientèle pas très street donc) et qu’il jouait essentiellement de la musique disco. De plus excepté le single Shock Shock The House enregistré en 1980, il n’est à la tête d’aucune discographie.
Considéré comme l’un des meilleurs DJ’s des États-Unis, il se retire de la vie publique au milieu des années 80 pour combattre son addiction à la drogue.
Sugar Hill Gang
Peut-être le groupe le plus controversé de l’histoire du rap.
Étiqueté comme le premier tube Hip Hop, le léger et dansant Rapper’s Delight réussit à se classer au Top 40 et au Billboard Hot 100, une première.
Non content de sampler allègrement Good Times de Chic, le morceau « emprunte » ses paroles à Grandmaster Caz (et notamment l’inoubliable entrée en matière : « I said a hip hop, hippie to the hippie, the hip, hip a hop, and you don’t stop, a rock it, to the bang bang boogie, say, up jump the boogie »).
Castés comme un groupe pop par la productrice Sylvia Robinson (qui a choisi de nommer le trio d’après un quartier de Harlem), Master G, Wonder Mike et Big Bank Hank peineront à renouveler le même succès avec leurs singles suivants (notamment 8th Wonder et Apache).
Ils tomberont assez vite dans l’oubli, tout en se produisant à l’occasion lors de concerts ou d’émissions de télé commémoratives.
En 1999, Sugar Hill Gang effectue un comeback avec Jump On It, un album de rap… pour enfants. Pour l’occasion ils reprennent Rapper’s Delight et le renomme It’s Like a Dream Sometimes.
En 2014, Big Hank décède à 58 ans suite à un cancer. En 2016, les membres restants se lancent dans une tournée mondiale.
Kurtis Blow
Premier rappeur de l’histoire signé en major (en 1979 sur Mercury Records), Kurtis Blow sera aussi le premier rappeur à décrocher un disque d’or avec le single The Breaks l’année suivante, prouvant ainsi au monde qu’il est possible de faire carrière dans cette musique.
Il enchaîne ensuite avec un album par an jusqu’en 1988, tout en produisant activement pour d’autres (notamment pour les Fat Boys et les Run DMC).
Dans les années 90, celui qui avait débuté comme DJ à l’âge de 7 ans revient à ses premiers amours en devenant DJ résident pour la célèbre radio californienne Power 106, avec son émission Kurtis Blow Old School Show.
Très respecté au sein des nouvelles générations, son nom est régulièrement référencé dans les lyrics – genre quand Nas reprend son If I Ruled The World.
Redécouvrant sa foi chrétienne en 1994, il fonde par la suite The Hip Hop Church dont le but est de « connecter la culture hip-hop au gospel de Jesus Christ ».
Officiellement, une soixantaine d’officines seraient disséminés dans l’ensemble des États-Unis.
Melle Mel
Principal parolier de Grandmaster Flash and the Furious Five, Melle Mel est l’origine du split du groupe en 1984.
Peu satisfait de partager les crédits de The Message, il poursuit en justice le label Sugar Hill et la productrice et manager Sylvia Robinson.
Auparavant il a sorti en 1983 le très controversé White Lines (Don’t Don’t Do It), morceau vu par beaucoup comme anti-drogue (et utilisé comme tel dans une campagne d’information britannique en 1988), mais en réalité une célébration de la vie cocaïnée.
« Don’t do it » sera rajouté pour des considérations commerciales. Un clip officieux sera réalisé par un Spike Lee alors étudiant, et avec dans le rôle principal un certain Laurence Fishburne.
Mel va connaitre de nouveau le succès grâce à son apparition dans le film Beat Street, puis en featuring sur le hit de Chaka Khan I Feel for You.
Dépassé par la nouvelle école, GMF&FF rate son retour en 1988. Melle Mel tente plusieurs comebacks solo (un album en 1997, un autre en 2001) sans plus de réussite.
Run DMC
Fondé en 1981 par Joseph ‘Run’ Simmons, Darryl ‘DMC’ McDaniels et Jason Jam Master Jay Mizell , le groupe explose deux ans plus tard avec It’s Like That/Sucker MCs, avant d’offrir au rap son premier disque de platine avec King of Rock en 1985.
Son successeur Raising Hell s’écoule ensuite à 3 millions d’exemplaires l’année de sa sortie. Il consacre le trio comme phénomène culturel et ses membres comme superstars mondiales.
Malgré un rap plutôt dur, le groupe tente de présenter une image de marque clean, conscient de son rôle de modèle – malgré les problèmes de drogues et d’alcool en coulisses.
Reconnaissables immédiatement pour leur total look Adidas, les Run DMC révolutionnent le business de la musique en sollicitant d’eux-mêmes (puis en signant) un contrat de sponsoring avec l’équipementier aux trois bandes.
Le groupe se fait très discret dans les années 90 (un seul album) avant de revenir en 2001 avec Crown Royal et d’enchaîner avec une dernière tournée en compagnie des rockeurs d’Aerosmith avec qui ils avaient enregistré le tube éternel Rock This Way 15 ans plus tôt.
Alors que Simmons sent sa passion pour le rap l’abandonner, l’aventure se termine pour de bon suite à l’assassinat de Jam Master Jay en octobre 2002 – le DJ aura précédemment participé à découvrir Onyx et 50 Cent.
DMC se reconvertit dans l’édition de comics books (n’hésitant pas à se mettre lui-même en scène comme superhéros) et apparait en 2008 dans le jeu vidéo Guitar Hero ; Run, devenu le Révérend Run, lance en 2005 une télé-réalité mettant en scène sa famille, Run’s House. L’émission durera quatre saisons.
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KRS-One
Impossible de parler de l’histoire du rap sans mentionner à un moment ou à un autre celui qui a débuté sa carrière en 1987 avec son groupe Boogie Down Productions et qui a sorti depuis une vingtaine de disques – dont le dernier Now Hear This en 2015.
Son influence ne se limite cependant pas qu’à la sphère musicale.
Suite au meurtre par balles de son DJ et ami Scott La Rock, Knowledge Reigns Supreme Over Nearly Everyone (la signification de son acronyme ndlr) lance en réaction le mouvement Stop the Violence afin de promouvoir l’éducation le dialogue dans les quartiers.
Gardien du temple, il prend son rôle très à cœur et parcourt universités et collèges (Harvard, Yale, Princeton, Oxford…) pour prêcher la bonne parole de la culture hashihasopé, glanant au passage le surnom de Teacha.
Dans ce but il publie également régulièrement des livres dont The Gospel of Hip Hop en 2009. Au sujet de cet ouvrage, il n’hésite pas à déclarer : « Je pense que dans 100 ans, ce livre sera une nouvelle religion sur Terre… J’ai du respect pour le christianisme, l’islam et le judaïsme mais leur règne est révolu. »
Marley Marl
Architecte du Juice Crew (Big Daddy Kane, Biz Markie, Roxanne Shanté, Kool G Rap, Masta Ace…) et figure de proue de « l’âge d’or » du rap cainri, Marley Marl est également connu pour avoir perfectionné l’art du sample comme personne avant lui – il sera entre autre le premier à aller piocher dans l’œuvre de James Brown.
Incontournable dans les années 80, son label Cold Chillin’ produit des artistes du calibre de Roxanne Shanté, Eric B. & Rakim ou encore Heavy D & the Boyz.
Après avoir travaillé au début des années 90 avec TLC et LL Cool J pour qui il a produit son plus gros hit Mama Said Knock You Out, il se fait néanmoins plus discret.
Marl ressurgit néanmoins en 2007 avec l’album Hip Hop Lives enregistré avec KRS-One avec qui il a longtemps été fâché. Le projet se veut une réponse/ suite au Hip Hop Is Dead de Nas.
En 2008, il sort un nouveau disque, Operation: Take Back Hip-Hop, cette fois-ci avec un ancien du Juice Crew, Graig G.
La même année un biopic du posse intitulé The Vapors est mis en chantier avec aux commandes le réalisateur Furqaan Clover et dans son rôle Cuba Gooding Jr. Bien qu’avancé, ce projet de film n’aboutira pas.
Roxanne Shanté
Avant Lil Kim, Nicki Minaj et consort, il y a eu Lolita Shanté Gooden, la première rappeuse star.
La légende veut qu’en 1984, à 14 ans, elle tombe à Queensbridge sur les membres du groupe U.T.F.O. dont le morceau Roxanne, Roxanne, l’histoire d’une fille qui refuse de leur répondre au téléphone, commence à tourner à New-York.
Ni une ni deux, elle qui rime depuis ses 8 ans leur propose d’enregistrer une réponse sous forme de freestyle où elle se fait passer pour ladite Roxanne. Intitulé Roxanne’s Revenge, il s’écoule à 250 000 exemplaires, un chiffre colossal pour l’époque.
Et c’est ainsi qu’à débuter « Les Guerres de Roxanne », un clash dans la plus pure tradition hip hop où un nombre incalculable de rappeurs vont sauter dans la mêlée en prenant parti pour les U.T.F.O., en se faisant passe pour les parents de Roxanne, la sœur de Roxanne, la vraie Roxanne… Bref au total les estimations oscillent entre une trentaine et une centaine de morceaux.
Forte de cette renommée, Shanté, qui entretemps est devenue mère l’année de ses 16 ans, sort son premier album en 1988, Bad Sister (produit par Marley Marl et co-écrit par Big Daddy Kane), puis The Bitch Is Back en 1992, deux projets plutôt bien accueillis quand bien même ils peinent à rencontrer un succès similaire à son coup d’essai.
De moins en moins intéressée par le rap et ses coulisses, (son manager l’escroque allégrement, sa mère profite d’elle, son copain se montre violent…), quand en 1995 sort un best-of, à 25 ans elle a déjà fait ses adieux au milieu.
Il faut ensuite attendre 2017 pour que sa contribution à l’histoire du mouvement soit reconnue à sa juste valeur, quand sort sur Netflix le biopic Roxanne, Roxanne.
« Recevoir des fleurs de son vivant, c’est rare. Cela m’a fait beaucoup de bien. Je ne suis pas la rappeuse dont tout le monde parle, celle que l’on invite aux cérémonies. Je suis plutôt celle qu’on imagine seule chez elle, en colère contre le reste du monde. Il n’y a rien de plus faux. Au contraire, j’adore la vie. »
Les Beastie Boys
Second groupe rap à écouler plus d’un million d’albums avec Licensed to Ill (1986), les Beastie Boys élargissent le public rap en proposant un son très rock doublé de l’attitude qui va avec (genre arroser de bière des stripteaseuses invitées sur scène).
Capables de jouer les premières parties de Madonna en 1985 ou de partir en tournée avec les Run DMC (qui comme eux n’hésitent pas à mélanger les influences), leur succès ne se dément pas 25 ans après.
MCA, Mike D et ADROCK évoluent au fil des âges notamment via les albums Hello Nasty (Number One) qui mélangent hip-hop, rock, soul, bossa nova, opéra, salsa et turntablism, et le très acclamé To the 5 Boroughs en 2004.
Plus apaisé, le trio se convertit au bouddhisme et donne des concerts en faveur de la libération du Tibet.
Leur huitième album studio Hot Sauce Committee Part Two (2011) sera leur dernier. Le décès de MCA en 2012 d’un cancer met officiellement fin à l’aventure.
Slick Rick
Né dans le sud de Londres en 1965, sa famille émigre dans le Bronx à la fin des années 70. De cette époque date son célèbre cache-œil hérité d’une blessure avec un tesson de bouteille.
En 1988 sort son premier album The Great Adventures of Slick Rick. Loué pour ses qualités de conteur d’histoires, le britannique décroche une certification platine. Alors qu’il enregistre son second solo, il se voit condamné à quatre ans de prison après avoir tiré sur son cousin et touché un passant d’une balle perdue.
Ancien garde du corps du rappeur, ce dernier avait tenté de lui extorquer de l’argent à plusieurs reprises avant de le menacer lui et sa famille.
En 1993 Snoop reprend quasi in extenso son La Di Da Di sur Doggystye tandis que Notorious B.I.G. le sample sur Hypnotize.
Une fois sa peine purgée, Rick revient dans le game en 1999 avec The Art of Storytelling où tous les gros noms de la nouvelle génération y vont de leur featuring (Nas, OutKast, Raekwon, Snoop Dogg, Kid Capri…).
En mai 2001 à la suite d’un concert sur un bateau de croisière voguant sur les Caraïbes, rebelote : les services de l’immigration l’arrêtent en vertu d’une loi qui les autorise à expulser un ancien délinquant tentant de retourner sur le territoire après l’avoir quitté.
En 2008 après moult péripéties judiciaires (et quatre ans et demi supplémentaires de détention), la justice US classe son dossier et lui accorde même le « pardon » pour son affaire de tentative de meurtre.
En avril 2016, Slick Rick se voit accorder la citoyenneté américaine.
Schoolly D
Quand on pense Philadelphie et rap, les premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux de Will Smith ou des Roots. Schoolly D est pourtant l’un des pionniers de cette scène.
En 1985 son single PSK (une référence directe au gang Park Side Killers) qui parle de bitch, de weed et de guns est largement considéré (à commencer par Ice T) comme le tout premier single de gangsta rap.
Ses deux albums Saturday Night (1987) et Smoke Some Kill (1988) seront ainsi l’objet de campagnes de boycott de la mairie à son encontre.
Tapant dans l’œil du réalisateur Abel Ferrara, ce dernier l’invite régulièrement sur les bandes originales de ses films, et notamment son chef d’œuvre King of New York.
[Dans une interview bonus bien wtf du dvd, il prétend avoir inventé le snowboard en glissant sur du lino dans les rues de Philly]
Après avoir sorti 7 albums entre 1985 et 1995 et s’être fait sampler par les frangins électro des Chemical Brothers, sa carrière marque une pause plus ou moins volontaire jusqu’à l’album Funk ‘N Pussy en 2000. Dix ans plus tard, en 2010, il sort International Supersport qui passe complétement inaperçu.
Kool Moe Dee
Membre des Treacherous Three, l’un des premiers crews rap (formé en 1978), Kool Moe Dee connait le succès en solo en 1986 grâce à la chanson Go See the Doctor sur laquelle il fait étalage de son flow rapide et agressif.
À noter que le titre marque également les débuts studio d’un jeune adolescent plein d’avenir, Teddy Riley, futur pape de la New Jack Swing et producteur pour Michael Jackson.
Signé sur Jive Records, le rapper enregistrera trois opus tous certifiés d’or et de platine. Il sera le premier rappeur à se produire aux Grammy Awards.
Si son clash à n’en plus finir avec LL Cool J lui permet de faire encore quelques temps les gros titres, au début des 90’s la roue tourne. La reformation des Treacherous 3 en 1993 n’y changera rien.
Le rappeur émigre alors définitivement à Los Angeles où il s’établit comme acteur. Il apparait ainsi dans 17 films et séries (Gang Related le dernier film de Tupac, Crossroads avec Britney Spears…).
Doug E. Fresh
Surnommé la « Beat Box humaine », celui qui compose ses beats à la bouche sort en 1985 la paire de classiques The Show et La Di Da Di en compagnie de son Get Fresh Crew – où officie notamment un certain Ricky D qui deviendra Slick Rick l’année suivante lorsqu’il quitte l’aventure.
Au début des années 90, Doug E Fresh signe sur le label naissant de MC Hammer pour réaliser son troisième solo. L’expérience sera un échec commercial. En 1995 il sort son quatrième et dernier album sur lequel il invite Rick sur le titre Play.
S’il quitte progressivement la scène musicale, sa réputation ne se ternit pas. Nas l’invite ainsi en 2005 à parfaire le titre Virgo aux côtés de Ludacris, tandis qu’en 2007 il apparait en finale du télé crochet American Idol pour interpréter The Show.
Converti à la scientologie, il refait la une en 2010 quand Cali Swag District lui rend hommage en sortant le très viral Teach Me How to Dougie qui reprend un mouvement qu’il a popularisé du temps de sa gloire.
Actuellement animateur radio, Fresh est également le propriétaire du restaurant Doug E’s Fresh Chicken & Waffles.
Ice-T
Né dans le new Jersey en 1958, Tracey Marrow est un pionnier à plus d’un titre.
Suite aux décès de ses deux parents à quatre ans d’intervalle, il déménage ado chez sa tante à South Central. Il passera ensuite quatre ans dans l’armée américaine, avant de s’établir comme pimp à son retour à Los Angeles – son surnom s’inspire d’ailleurs directement du proxénète de légende Iceberg Slim.
En 1987 il fait ses débuts dans le monde de la musique avec l’album Rhyme Pays. En 1991 son O.G. Original Gangster est largement considéré comme fondateur de l’histoire du gangsta rap.
Un an plus tard, Ice-T effectue un virage à 180° en donnant naissance au groupe de heavy métal Body Count dans lequel il rappe. La chanson Cop Killer créera une des plus importantes polémiques de l’histoire de la musique car suspectée d’être une incitation au meurtre.
Parallèlement à ses activités musicales, le Thé Glacé entame une belle carrière au cinéma notamment avec New jack City.
S’il sort non sans succès quelques albums ans les 90’s, vingt-cinq films plus tard c’est essentiellement comme acteur qu’il est connu du grand public, notamment pour son rôle de détective Odafin Tutuola dans la série policière Law & Order: Special Victims Unit.
Excepté son embrouille avec Soulja Boy et la sortie d’un huitième solo en 2008, le rap est bel et bien derrière lui.
Le rap oui, mais pas le rock : Body Count (dont trois des membres originels sont décédés depuis) continue de tourner et de produire de la musique nouvelle.
Côté vie privée, il est devenu père une troisième fois à 57 ans avec son exubérante épouse Coco Austin.
Côté fait divers, en 2014 son petit-fils a été inculpé après avoir tué son colocataire en jouant avec une arme volée.
Les Fat Boys
En 1987 c’est peu dire que Mark ‘Prince Markie Dee’ Morales, Damon ‘Kool Rock-Ski’ Wimbley et Darren ‘Buff Love’ Robinson (aussi connu comme ‘the Human Beatbox’) sont au top de leur game : portés par le single Wipe Out enregistré aux côté des mythiques Beach Boys leur troisième album Crushin’ dépasse le million d’exemplaires vendus, tandis qu’ils occupent les premiers rôles au cinéma dans la comédie Disorderlies.
Découvert quatre ans plus tôt par leur manageur suisse Charlie Stettler, le trio peut également s’enorgueillir d’avoir vu ses deux premiers opus certifiés or, d’avoir été les premiers rappeurs à être apparus dans une campagne de publicité télé (pour les montres Swatch en 1984) et d’être apparus dans quantités de films et séries comme Krush Groove et Miami Vice.
Malheureusement, la suite sera moins glorieuse. En effet si les Fat Boys étaient jusque-là respectés pour leur musique, le succès aidant ils finissent par se complaire dans la parodie quitte à plomber leur crédibilité – ce que Markie Dee admettra d’ailleurs volontiers quelques années plus tard : « En tout honnêteté, Crushin’ a été notre pire album, celui qui a marqué le début de la fin pour nous (…) Quand nous nous sommes mis à faire des crossover, une grande partie de notre public s’est alors détournée de nous. »
Du coup lorsqu’ils se séparent en 1989 après le flop de leur sixième opus On and On, quand bien même leur contribution dans l’histoire du rap a été essentielle, le monde du hip hop n’en a cure.
Mark ‘Prince Markie Dee’ Morales entame dans la foulée une carrière d’auteur/producteur (il travaillera notamment avec Mary J. Blige et Mariah Carey), mais décède brutalement en 1995 à l’âge de 28 ans.
Ses deux compères Buff Love’ et Kool Rock-Ski relanceront eux brièvement l’aventure sur scène au début des années 10 en compagnie de Doug E. Fresh.
Rakim
L’homme qui a changé le cours du rap en sortant avec son compère Eric B. l’album Paid in Full le 7 juillet 1987.
Avant Rakim, les MCs scandaient invariablement leurs textes sur la base d’une même intonation en essayant d’insuffler un maximum d’énergie sur le beat. Chaque couplet (voire chaque morceau) sonnait ainsi peu ou prou de la même manière.
Le « God MC » innove en introduisant un phrasé beaucoup plus apaisé, beaucoup plus laconique . Il transforme sa grammaire en musique : il se joue de la syntaxe, mélange ses rimes, popularise des expressions, transforme des noms en verbes, déconstruit les phrases…
Si ses textes se limitent à deux thèmes (dresser ses propres louanges et celles d’Allah), sa technique se détache complétement du processus d’écriture.
Le duo finit par se séparer à l’orée des années 90 suite à un quatrième opus en demi-teinte. Commence alors une bataille judiciaire avec son ancien partenaire et son label MCA.
Rakim revient finalement à la musique en 1997 avec The 18th Letter qui connaitre un très bel accueil critique et public. Il tente de remettre le couvert dès l’année suivante avec The Master mais peine à réitérer le même succès.
Il signe ensuite chez Dr Dre en 2001. Les deux hommes s’attèlent alors à la réalisation de l’album du siècle… album qui ne sortira jamais en raison des divergences artistiques qui les séparent.
Rakim finit par quitter Aftermath et sort huit ans plus tard de son côté The Seventh Seal, son dernier projet en date.
Le 20 octobre 2016, Eric B. annonce à la surprise générale une reformation du groupe et une tournée à venir. Une information finalement démentie par les représentants du rappeur.
Too Short
Première rap star de la Côte Ouest, Too Short a enregistré trois albums dans son coin avant de signer sur une major en 1988.
Impressionné par le succès local de celui qui vendait alors des cassettes à l’arrière de sa caisse, Jive/ RCA décide alors de ressortir l’album Born to Mack publié trois ans plus tôt. Leur tout nouveau poulain enchaîne ensuite avec quatre albums tous certifiés platine.
Recordman loin devant Snoop du rappeur qui a le plus de fois prononcé le mot « bitch » dans ses textes (son sujet de prédilection), il est l’auteur d’une vingtaine d’albums et cultive une base fan des plus fidèles.
Régulièrement invité sur disque par toutes les nouvelles générations (Jay Z, 2Pac, 50 Cent, Wiz Khalifa, Kid Cudi…), il jongle depuis ses débuts très habilement entre le monde du maintsream et celui de l’underground.
En 2012, il réalise deux albums collaboratifs avec son homologue de la Bay Area E-40.
2 Live Crew
Excepté les NWA (et encore), aucun groupe n’a provoqué autant de débats et de polémiques.
Après le succès d’estime de leur premier album, la bande (Fresh Kid Ice, DJ Mr. Mixx et Amazing V) initialement originaire de Los Angeles migre à Miami et intègre son manager d’alors, un certain Luke Skyywalker, dans le groupe.
[Amazing V quitte l’aventure, Brother Marquis arrive.]
Le 2 Live Crew s’imprègne des influences de la capitale floridienne : les basses pour sa musiques et les gros bool’ pour ses textes. Si le tout n’est pas dénué d’un certain humour, ce booty rap promeut une sexualité agressive et foncièrement misogyne.
Le second essai, The 2 Live Crew Is What We Are, propose des titres comme le très distingué We Want Some Pussy ou le subtil Throw the D (« D » signifiant ici « Dick ») qui déchainent les foudres de la censure : en 1988 un propriétaire de magasin de disques d’Alabama est poursuivi en justice pour avoir vendu un album du 2LC à un policier en civil (les charges seront ensuite levées), tandis que les rappeurs seront arrêtés pour avoir joué certains titres en club.
Afin de toucher tous les publics, Luke décide alors de commercialiser deux versions de leurs albums, une « clean » (dénuée de grossièretés) et l’autre « dirty » (explicite). Move Something sera ainsi le premier disque vendu dans ce format.
[Tout ce battage médiatique finit par attirer l’attention de Georges Lucas qui lui aussi poursuit Luke et le force à abandonner le Skywalker à la fin de son pseudo.]
En 1989 le groupe remporte son plus gros succès avec l’album As Nasty as They Wanna Be, notamment grâce au single Me So Horny.
Malgré toute cette publicité leur étoile décline fortement dès l’album suivant, notamment en raison de l’émergence du gangsta rap californien tout aussi explicite mais musicalement plus fin.
Le groupe continue cependant d’enregistrer (8 albums jusqu’en 2000) et se rebaptise au passage le New 2 Live Crew en 1994 en accueillant un nouvel acolyte, Verb.
En parallèle, Luke se lance en solo en 1991 – son dernier projet remonte à 2006.
En 2008, Fresh Kid Ice et Brother Marquis se réunissent en duo et annonce la sortie d’un nouvel album produit par Mannie Fresh. Le projet restera cependant dans les cartons.
En juin 2014, 2 Live Crew sort un nouveau single, Take It Off. Mannie Fresh, Flavor Flav, Trina, Flo Rida, et Trick Daddy apparaissent dans le clip.
De tous les membres Luke est celui dont l’activité est la plus florissante : apparition dans le jeu vidéo GTA : Vice City Stories, production du porno Luke’s Bachelor Party en 2007, acteur dans l’émission Luke’s Parental Advisory diffusée en 2008 sur VH1, auteur de chronique dans le journal Miami Times… et candidat à la mairie d’un arrondissement de Miami en 2011 sous la bannière démocrate (il obtient alors 11% des voix).
Jazzy Jeff & the Fresh Prince
Comme son nom ne l’indique pas, Jazzy Jeff and the Fresh Prince a été un trio jusqu’en 1990, date de départ du beatboxer Ready Rock C.
Premier groupe vraiment mainstream du rap, Smith et Jeff ont écoulé près de 6 millions d’albums et ont rendu accessible cette musique à un public plus large. En rotation sur MTV, leurs chansons se veulent divertissantes et sans obscénités, à l’image de leur single phare Parents Just Don’t Understand.
Un statut qui leur vaudra de ne jamais être vraiment acceptés par le milieu, et qui finira in fine par les desservir, le rap s’assumant de plus en plus comme une musique sans filtre, capitalisant sur son côté provoc. Leur succès déclinera aux débuts des années 90.
L’aventure marquera en sus un frein quand Will Smith (complétement fauché) accepte de devenir le Prince de Bel-Air (Jazzy Jeff se voit également proposer un rôle), puis décide de jouer l’acteur à plein temps.
Les deux amis ne se sont pour autant jamais séparés. Ils collaborent chacun aux albums de l’autre et se retrouvent à de nombreuses reprises sur scène – mention spéciale à leur performance dans le Graham Norton Show où le duo rejoue le générique du Fresh Prince en compagnie de Jaden Smith.
Outre ses deux albums de très bonne facture (The Magnificent en 2002 et The Return of the Magnificent en 2007), Jazzy Jeff (très respecté comme DJ) produit pour d’autres (Jill Scott), sort très régulièrement des mixtapes et effectue des tournées.
Et pour l’anecdote tous les scratchs du film Straight Outta Compton sont de lui.
Les Jungle Brothers
S’ils ont préparé le terrain pour leurs compères du Native Tongue Posse De La Soul et A Tribe Called Quest avec leur mélange inédit jazz-rap, Mike Gee et Baby Bam n’ont pourtant pas connu le même succès public. Leur premier album of Straight Out the Jungle sera même un sacré bide.
Plus expérimentaux, ils iront jusqu’à piocher dans le répertoire de la house music, notamment avec le hit I’ll House You qui va modifier en profondeur les mentalités dans chacun des deux camps.
Le groupe rencontre cependant des problèmes avec Warner Bros. qui sort non sans difficultés leurs albums suivants.
Les Jungle Brothers continuent cependant sans faire de vague de sortir des projets jusqu’en 2006, jouissant de leur réputation de précurseurs.
Salt-N-Pepa
Salt, Pepa et DJ Spinderella ou à jamais le girls band le plus salé-poivré du game.
Leur premier album Hot, Cool & Vicious (tout un programme) sorti en 1986 raffle la mise notamment grâce au très sexué Push It. C’est le début d’une série de tubes en rafale dont Let’s Talk About Sex sera le zénith en 1991.
C’est également à cette période que les rappeuses tombent chacune enceintes.
L’histoire ne s’arrête cependant pas en si bon chemin puis qu’en 1994 l’opus Very Necessary se vend à 7 millions d’exemplaires.
Malheureusement pour la suite, entre leurs problèmes de label et la fin de leur collaboration avec leur pygmalion et homme de l’ombre Hurby Azor, trois ans plus tard leur cinquième album intitulé Brand New sort dans l’indifférence générale ou presque – 700 000 exemplaires écoulés tout de même.
Les filles se séparent au début des années 2000.
Si le groupe n’a à ce jour effectué aucun comeback officiel, il s’est adonné à l’exercice de la télé réalité à deux reprises sur la chaîne VH1 (Let’s Talk About Pep et The Salt-n-Pepa Show), tout en se produisant live à divers occasions (cérémonies hip hop, concerts caritatifs, première partie de Public Enemy en 2012).
LL Cool J
Si l’on peut légitimement se demander ce qu’il serait advenu du rap sans Def Jam, on peut tout aussi légitimement se demander ce qu’il serait advenu de Def Jam sans James Todd Smith.
Grâce à son single I Need a Beat (toute première sortie du label, vendu à 100 000 copies), et plus encore grâce au succès de son album Radio qui suit fin 85 (tout premier album du label, vendu à 1 000 000 de copies), il permet à l’entreprise fondée par Rick Rubin et Russell Simmons de s’installer durablement dans la paysage musical.
Son essai suivant, Bigger and Defer, décroche la double certification platine. Au-delà des chiffres, le titre I Need Love donne au game une touche d’emo-romantisme 20 bonnes années avant Drake.
Au sommet de son art au début des années 90, LL se perd un peu en voulant se la jouer gangsta avant de revenir rapidement à la formule qui a fait son succès, avec notamment l’album Mr Smith à sa triplette de hits dévastateurs (Doin’ It x Hey Lover x Loungin).
Parallèlement, il s’attèle à une carrière d’acteur qui compte à l’heure actuelle plus d’une trentaine de métrages.
En 2013 il sort Autentic, son quatorzième album et son premier non crédité chez Def Jam.
Les Geto Boys
Têtes pensantes du label houstonien Rap-a-Lot Records, Lil J et J Prince créent les Geto Boys en 1985. Deux ans plus tard, aucun des membres originels ne fait cependant partie du groupe.
Entretemps Smith aura recruté deux rappeurs signés en solo sur son écurie, Scarface et Willie D, ainsi que Bushwick Bill, 1 mètre 12 les bras levés.
Alors que le sud des États-Unis n’est absolument pas reconnu comme une terre de rap, le groupe lui donne ses lettres de noblesse.
Au début des années 90, le trio connaît un pic de popularité pour des raisons extramusicales.
D’une part, le titre Mind of a Lunatic crée le scandale en décrivant des actes de nécrologie suite à un meurtre, de l’autre, la pochette de l’album We Can’t Be Stopped en choque plus d’un en montrant Bushwick Bill blessé à l’œil (sa copine lui avait tiré une balle dans l’œil) le jour-même de son hospitalisation.
Les Geto Boys se réunissent ensuite en 1996 pour sortir ce qui est certainement leur travail le plus abouti : The Resurrection.
Le groupe se dissout peu à peu. Dans les années 2 000, Scarface s’établit encore un peu plus comme une plume sans pareil avec le classique The Fix en 2002. Il sort en 2015 son autobiographie, Diary of a Madman.
En 2006, Bushwick Bill redécouvre les joies de la chrétienté et devient un born-again. Cela ne l’empêche pas d’être arrêté en mai 2010 pour possession de cocaïne et de marijuana.
Après avoir vécu brièvement à Paris et tenter de monter différents business en Azerbaïdjan, Willie D connait lui aussi des problèmes avec la justice : en 2010 il écope de 12 mois de prison et 3 ans de mise à l’épreuve pour fraude financière.
En 2013, Rap-A-Lot Records signe un contrat de distribution avec RED.
Public Enemy
Militants politiques et rapologiques, les Ennemis Publics surgissent en 1987 avec Yo! Bum Rush the Show.
C’est avec leur album suivant It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back (immortalisé dans GTA San Andreas) qu’ils développent pleinement leur identité, puis avec Fear of a Black Planet qu’ils atteignent les sommets et deviennent selon les mots de leur leader Chuck D, le « Black CNN ».
Courant 1989, P.E. subit quelques pertes. C’est tout d’abord DJ Terminator X qui quitte le navire pour se lancer dans une carrière solo (avant d’être victime en 1994 d’un accident de moto qui le pousse à mettre fin à ses activités musicales), suivi par deux membres des architectes sonores du Bomb Squad, Shocklee et Stephne.
Vient ensuite le scandale Professor Griff, ou quand le « ministre de l’information », après avoir tenu à plusieurs reprises des propos antisémites sur scène, affirme en interview que « les juifs sont responsables en grande partie de la cruauté dans le monde ». Après quelques atermoiements, il sera exclu du groupe. Griff sortira 5 solos entre 1990 et 2001.
La bande originale du film He Got Game de Spike Lee redonne au groupe une certaine visibilité en 1998, tandis que Chuck D joue avant beaucoup de monde la carte de la musique en ligne.
Si Public Ennemy continue de sortir régulièrement des albums plus ou moins dans l’indifférence générale, Chuck D refait la une en 2016 en rejoignant le supergroupe Prophets of Rage (nommés ainsi d’après le titre d’un de ses morceaux) aux côtés de trois des quatres Rage Against the Machine et de B-Real des Cypress Hill.
Flavor Flav, lui finit par embrasser son rôle de bouffon sans aucune distance. Après avoir fait la une pour ses nombreux déboires légaux et sorti un solo en 2006, il enchaîne les télés réalités gênantes sur la chaine VH1 (The Surreal Life, Strange Love, Flavor of Love…).
N.W.A.
Auteur en 1988 d’un premier album enregistré en quinze jours à peine, Straight Outta Compton, les Niggers With Attitude ont la surprise de recevoir le 1er aout 1989 une lettre signée par le directeur adjoint du FBI les accusant « de promouvoir la violence et l’irrespect à l’encontre des forces de police ».
Sentant qu’ils ont un coup à jouer, Eazy-E, Dr. Dre, Ice Cube, MC Ren et DJ Yella décident habilement de se proclamer « groupe le plus dangereux du monde », boostant là leur popularité d’un cran.
Malheureusement cette belle dynamique prend du plomb dans l’aile quand quelques mois plus tard quand Ice Cube, le principal pourvoyeur de textes, claque la porte au motif que question royautés le compte n’y est pas.
S’en suit une guerre des mots qui prend fin peu après le second album du groupe, l’outrancier Efil 4 Zaggin, quand Dre quitte lui aussi l’aventure peu ou prou pour les mêmes motifs.
De là, chacun suit son petit de chemin.
Solidement installé à la tête de son label Ruthless Records, Eazy-E qui continue de faire son beurre grâce à son catalogue d’artistes (Above The Law, Bone Thugs-n-Harmony…).
Dre s’en va fonder Death Row, puis enregistre le Thriller du rap, The Chronic. Ice Cube se complait dans le rôle de cauchemar de l’Amérique avec des solos qui mettent tout le monde d’accord (AmeriKKKa’s Most Wanted, Death Certificate, The Predator…), non sans initier sa carrière d’acteur de la plus belle manière en interprétant en 1991 Doughboy dans Boys N The Hood.
Toujours sur Ruthless, MC Ren sort en 1993 Shock of the Hour qui lui vaut un joli succès d’estime (et qui finit par décrocher la certification platine en 2005). DJ Yella lui se lance avec succès dans la production de films pornographiques.
En février 1995, Eazy-E révèle à la surprise générale qu’il est malade du Sida. Il décède très peu de temps après.
Vingt ans plus tard, en 2015, la hype N.W.A. reprend de plus belle avec le biopic Straight Outta Compton qui cartonne au-delà de toute espérance. Produit par Dre et Cube, à quelques arrangements près avec le réel, il a le mérite d’initier les plus jeunes générations à un rap qui n’existe quasiment plus de nos jours.
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