Alors que sort son album Everybody Looking, retour sur les raisons qui font de Guwop l’un des rappeurs, si ce n’est le rappeur, le plus influent du siècle 21…
Qui n’aime pas Gucci Mane ? Unanimement reconnu comme l’un des talents les plus bruts de sa génération, rappeur préféré de nombreux rappeurs, adulé par une fan base qui voit en lui l’équivalent d’un 2Pac* ou d’un Jay Z, l’homme que l’on surnomme La Flare, Trap God ou encore Mr. Zone 6 est pourtant loin de bénéficier de la reconnaissance qu’il mérite.
* Dur de ne pas voir dans Everybody Looking une référence à All Eyez On Me
Ayant trop longtemps et trop souvent souffert de ses écarts de conduite, il semble aujourd’hui à 36 ans farouchement déterminé à prouver au monde sa juste valeur et à ne plus laisser à d’autres sa place sur le trône.
Car oui, Gucci appartient à la crème de la crème du rap jeu.
Pour s’en convaincre, un rapide tour de tables des déclarations de ses confrères à son sujet suffit : de Fetty Wap qui avoue sans ambages qu’il lui a inspiré « ses flow et ses concepts », aux Migos qui le considèrent comme « un mentor », ou à Young Thug qui se demande à voix haute « comment est-ce possible de se penser plus important que lui ? », la nouvelle génération est acquise à sa cause.
« I can take a dope boy and make him go platinum »
Il faut dire que beaucoup lui doivent une fière chandelle. Rare sont les auditeurs dont la playlist ne contient pas un artiste à qui Guwop n’a pas donné un coup de main à ses débuts, ou qu’il n’a tout simplement pas découvert.
Dans le désordre cela donne : les Migos et le Jeune Bandit donc, mais aussi Waka Flocka, Future, Young Scooter, Rich Homie Quan, Peewee Longway, Young Dolph, et même plus loin de ses terres géorgiennes des MC du calibre de Chief Keef ou Nicki Minaj !
Alors certes si « businessement parlant » son label 1017 Brick Squad n’est pas aussi lucratif que les usines Cash Money ou Roc Nation, cela n’empêche pas Gucci de prétendre chaque année au titre de meilleur découvreur de talents.
Un fait de gloire qui vaut également pour les producteurs : Lex Luger, Metro Boomin, Zaytoven, Drumma Boy ou encore Mike Will Made-It qui n’en seraient pas où ils en sont sans lui.
Pas étonnant que lorsqu’il enregistre le titre All My Children, ou balance sur Waybach être plus « imité qu’Elvis », personne ne pipe mot ou ne vient chercher la moindre pique subliminale.
Un stakhanoviste des studios
Bien sûr Gucci se sert aussi et surtout de son oreille sans pareille pour sortir des kilomètres de musique. Les estimations lui font crédit de plus de 2 000 morceaux (!).
Une productivité que rien n’altère, pas même ses allers-retours en prison.
Ce serait même plutôt le contraire ! Depuis son incarcération en 2013, à moins de lire Booska-p.com tous les jours, difficile de s’y retrouver dans le planning des sorties. Jugez plutôt : Mr. Clean: The Middle Man, Breakfast, Lunch, Dinner, Dessert, Trap House 5, King Gucci Trapology, The Spot Soundtrack, East Atlanta Santa 2…
[Qui d’autre sur Spotify peut se targuer d’une page plus longue la sienne ?]
Bien sûr la qualité des projets finit forcément par en pâtir (surtout quand son ingé son Sean Paine se contente d’intervertir couplets et prod), mais d’un autre côté cela lui permet en tant qu’artiste de complétement se lâcher.
Aux confins de l’expérimentation, son flow et ses lyrics se font de plus en plus novateurs et stimulants posant là les bases du rap à venir.
Franchement qui d’autres que Gucci peut kicker avec la nonchalance qu’on lui connait sur les chattes de girafe et les diamants racistes ?
Sans compter que cette cadence infernale a fini par jeter aux oubliettes la traditionnelle approche single + album, faisant de la boulimie de projets (payants ou non) une norme.
Pas de doute, en 2016 Gucci Mane est bien le rappeur le plus influent de sa génération. Burr !