Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place au Grand Chien qui décidément aura tout fait dans sa carrière…
Existe-t-il au monde une célébrité plus éclectique que Snoop Dogg ?
Qui d’autre que le rappeur originaire de Long Beach peut se targuer d’avoir joué dans des films de Bollywood, d’avoir fumé de l’herbe à la Maison Blanche, d’avoir fait un feat avec un groupe de rap thaïlandais, d’avoir commercialisé sa propre marque de pantoufles (les Doggy House Slippers), de s’être pris pour la réincarnation de Bob Marley…
Mieux : qui d’autre peut se vanter d’être apparu dans des programmes pour enfants quelques années après s’être aventuré dans le porno ?
« All the while we do it doggystyle »
En 2001, tout juste sorti de son classique Tha Last Meal, le Dogg est au sommet de son art. Connu pour ses lyrics salaces, il s’associe alors avec le pornographe Larry Flynt pour se lancer dans le business des films pour adultes.
« Je me suis dit ‘Fuck it’, je vais faire quelques films pornos. Je vais apporter une touche différente au monde du X et changer le game. »
Le résultat s’appelle Snoop Dogg’s Doggystyle, un métrage aux allures de clip parti en sucette qui 86 minutes durant mélange allégrement rap et scènes de copulation des plus explicites.
Si Snoop garde tous ses vêtements, il ne s’en joint pas moins à la fête en interprétant plusieurs titres en compagnie de tous ses lascars (les Eastsidaz, Xzibit, Nate Dogg, Soopafly…).
Snoop Dogg’s Doggystyle remporte un franc succès raflant au passage deux Adult Video News award (les Oscars du porno) : meilleure bande originale (forte de plusieurs exclusivités, cette dernière réussit à se classer dans les charts, une première pour ce type de production) et cassette la plus vendue de l’année – le rappeur ira d’ailleurs personnellement récupérer son trophée sur la scène.
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Round 2
Flairant la bonne affaire, le Californien remet le couvert dès l’année suivante avec Snoop Dogg’s Hustlaz: Diary of a Pimp, un second volet qu’il réalise lui-même sous le pseudonyme Snoop Scorsese (?).
Toujours produit par Hustler Video, le film s’accompagne cette fois d’un scénario. La reporter Lana Gammons (jouée par l’actrice Chelsea Blue) enquête sur Snoop, et plus particulièrement sur l’emprise qu’il semble exercer sur les femmes qui l’entourent.
Spoiler : la reporter finit par succomber à ses charmes et décide de rester vivre dans son manoir (manoir qui pour info était à l’époque la maison dans laquelle Snoop habitait).
Niveau casting, outre des Vixens de choix (Kiwi à jamais dans les cœurs), on peut noter parmi les acteurs la présence de Brian Pumper (alias le sosie de Lloyds Banks, alias le mec qui a un jour clashé Jay Z avec le son She Ain’t Satisfied où il l’accusait de ne pas assurer au lit avec Beyoncé), mais aussi celle de notre Manuel Ferrara national.
Film porno de nouveau le plus vendu de l’année (que tous ceux qui se sont abonnés à Radikal pour le recevoir en cadeau lèvent la main), Diary of a Pimp remporte cette fois l’AVN Award du « Best Ethnic-Themed Release » (meilleur film hastagué black ou ebony quoi).
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La vie de mac, la vraie
Étonnamment, Snoopy ne donnera pas suite à ce diptyque. Non pas que sa femme Shante y voit un inconvénient (cette dernière lui ayant simplement posé comme condition de ne pas faire avec d’autres ce qu’il ne fait pas avec elle), mais la star souhaite passer à autre chose.
« J’ai remporté quatre AVN, vendu plus de DVD que n’importe qui, j’ai créé un nouveau style de réalisation, introduit la musique dans le monde du porno… J’ai complètement changé le game. Bien sûr, on m’a ensuite demandé de continuer, mais je me suis dit ‘Je suis cool, c’est une période qui doit prendre fin, je ne veux plus faire ça’. »
D’autres artistes vont alors prendre la relève sur ce créneau : Mystikal, Ice-T, Uncle Luke, Too $hort… Mais aussi Marc Dorcel qui de notre côté de l’Atlantique sort sur le même format Rap Intégral, l’histoire d’une journaliste américaine qui débarque à Paris pour découvrir les rappeurs français les plus chauds (Oxmo Puccino, Zoxea, Doudou Masta, Driver, Rost…).
C’est aussi de cette époque que datent parmi les clips les plus dirty, cf. les versions X du Pussy Poppin de Ludacris ou du Tip Drill de Nelly – ou quand le St Lunatic rappe « It must be ya ass, cuz it ain’t yo face » en glissant sa carte de crédit entre les fesses d’une stripteaseuse…
Snoop va néanmoins poursuivre hors-caméra sa vie de débauche comme il l’admettra en 2009 pour Rolling Stones.
« En 2003 j’ai fait une tournée Playboy, un bus rempli de dix bitches me suivait. Je pouvais les virer, les baiser, les remplacer. C’était mon programme : ‘city to city, titty to titty’, d’une chambre d’hôtel à une autre, d’un athlète à un autre, d’un entertainer à un autre. »
S’il admet alors que de nombreux sportifs ont fait appel à ses services (sans jamais donner de noms), contrairement aux véritables proxénètes, il ne ponctionnait rien sur les passes effectuées.
« Je faisais semblant d’encaisser l’argent des bitches, avant de leur rendre. Je ne faisais pas ça pour la monnaie, j’étais juste fasciné par le fait de me conduire comme un pimp. »
« Enfant, je rêvais d’être un maquereau, je rêvais d’avoir les voitures, les vêtements et les bitches qui allaient avec. Quand j’ai eu la chance de pouvoir le faire, je me suis dit ‘Fuck it, je vais enfin pouvoir vivre de la sorte’. »
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Sortie de piste
Snoop Dogg est ensuite apparu dans Girls Gone Wild Doggystyle, un épisode spécial de la série du même nom dont le concept est de filmer caméra à l’épaule des filles souvent étudiantes en soirée.
Ces dernières boivent, crient, s’embrassent entre elles, et finissent souvent par enlever leurs dessous histoire de jouer les stars d’un soir devant l’objectif.
L’issue sera ainsi moins heureuse puisqu’il sera révélé que l’une des deux filles prises en photo pour la jaquette du DVD était âgée de 17 ans, cette dernière accusant en plus Snoopy de lui avoir proposé cachets d’ecstasy et joints de marijuana.
Le rappeur met alors fin à sa collaboration avec GGW sous prétexte que les femmes noires n’étaient pas assez représentées dans leurs productions.
Le rappeur s’aventurera une dernière fois dans l’industrie du X en 2012 quand il s’associe à la réalisatrice Erica McLean pour écrire et interpréter un titre de la bande originale du film The Flying Pink Pig (Le porc rose volant en VF).
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