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Aaliyah : 15 ans après sa mort, que reste t-il de son héritage ?

Aaliyah : 15 ans après sa mort, que reste t-il de son héritage ?

Plus de 15 ans après sa disparition, que reste t-il d’Aaliyah, de la touche apportée par la chanteuse au monde du R&B, et de la musique en général ? Autant le dire tout de suite : bien moins qu’on aurait pu l’escompter…

Le 25 août 2001, alors qu’elle boucle le tournage d’un clip, Aaliyah perd la vie dans un tragique accident d’avion. Et coupe court à tous les espoirs placés en elle par les producteurs du moment. Etonnement, elle ne fera pas partie de ces chanteuses ayant laissé une trace indélébile dans le monde de la musique, qu’importe ce que pourront en dire les fans. Quand bien même ce n’est pas (entièrement) sa faute…

« Aaliyah, c’est qui ? »

Dans les faits, en 2017, la jeune génération découvrant le hip-hop dans son ensemble n’a pas forcément le réflexe d’aller piocher du côté de la discographie d’Aaliyah. Difficile de leur jeter la pierre : non seulement, il est très difficile d’avoir accès à l’oeuvre de l’ex-reine du R&B, mais en plus de cela, elle n’aura de son vivant pas enregistré assez de titres pour que sa discographie puisse continuer de s’étoffer des années après sa mort. Interprète de l’imparable « Try Again », du titre « We Need A Resolution » porté par un beat hypnotique dont on a toujours un peu de mal à se remettre plus d’une décennie après l’avoir découvert, l’artiste New-Yorkaise aura également marqué la fin des années 90 par un style vestimentaire très marqué : jeans oversize, fringues Tommy Hilfiger, Timberlands aux pieds, chaîne au nombril, la marque de fabrique aura à l’époque été largement reprise et copiée, au point de faire naître un « style Aaliyah » étonnement actuel de nos jours !

Une discographie amputée sur Spotify et consorts

Et pourtant, cette créativité, cet élan inédit pour l’époque porté par une ribambelle de producteurs et d’artistes souhaitant eux aussi profiter de l’aura de la jeune chanteuse, est pour ainsi dire presque oublié en 2017. La discographie numérique d’Aaliyah est incomplète, et il n’est pas possible d’écouter les albums « One in a Million » et « Aaliyah », ses deux pièces maîtresses sur les Spotify, Apple Music et Deezer pour ne citer que ceux-là. Il n’est pas non plus possible de les acheter sur iTunes. La raison tient en quelques mots : l’entêtement de Barry Hankerson Cropped. L’homme, une légende dans l’industrie de la musique, se trouve aussi être l’oncle d’Aaliyah. Et c’est ce paramètre qui fait qu’il entretient une relation pour le moins alambiquée avec les trésors laissés par sa nièce. Il faut dire qu’il aura été celui qui aura mis le pied à l’étrier à Aaliyah : il fut son manager, et le co-fondateur du label Blackground Records, sur lequel seront édités ses disques.

A désormais 70 ans, ce natif de Harlem ayant participé à la découverte par le grand public de noms tels que R. Kelly, Ginuwine, Timbaland et Missy Elliott, est bel et bien un homme de l’ombre, et tous ceux qui auront tenté de comprendre pourquoi il se refuse à donner accès à la discographie d’Aaliyah se seront cassés les dents. Devant une grande partie de sa carrière à son mariage avec la chanteuse Gladys Knight (qui venait de sortir son hit « Midnight Train to Georgia » quand elle rencontra Hankerson), le jeune homme alors âgé de 27 ans lorsqu’il commence à s’intéresser de près aux possibles retombées financières que pourraient lui offrir la musique, fait ses armes en renégociant d’entrée les droits de sa femme. Ce qui lui permet tant bien que mal de se faire un nom. Après un divorce houleux en 1979, il aura, pour résumer succinctement, connu une période de disette sur une dizaine d’année, avant de découvrir dans le métro un certain Robert Sylvester Kelly, aka R. Kelly. Manager attitré du même R. Kelly durant ses belles années (il assure le rôle de producteur exécutif sur les 4 premiers albums de Kelly), il est souvent accusé d’avoir très vite eu connaissance du penchant de son protégé pour les (trop) jeunes filles. Ce qui ne l’aura pourtant pas dissuadé de lui présenter en 1991 sa nièce Aaliyah Haughton, alors âgée de 12 ans seulement. Avant cela, en 1989, Hankerson aura convaincu son ex-femme Knight de réaliser un duo avec Aaliyah à la télévision, dans le cadre de l’émission « Star Search », permettant à sa nièce de faire ses premiers pas sur le plan professionnel. Aaliyah aura tout naturellement accepté que son oncle gère sa carrière, et c’est pour cela que le même Hankerson est d’ailleurs crédité du rôle de producteur exécutif sur TOUS les albums de sa protégée.

Un premier album marqué de la patte de R. Kelly

Pour son premier véritable projet, « Age Ain’t Nothing But a Number », sorti en 1994, elle aura profité de l’aide d’un R. Kelly alors en pleine ébullition, quand bien même le fameux titre « Age Ain’t Nothing But a Number » est vu, rétrospectivement, comme une allusion évidente à la relation alors entretenue entre R. Kelly et Aaliyah. Le couple finira même par se marier le 31 août de l’année 1994, après qu’Aaliyah ait menti sur son âge devant les officiels. Cette dernière n’avait en réalité que 14 ans, R. Kelly était lui âgé de 27 ans. Il faudra que le magazine Vibe dévoile publiquement l’affaire pour que le mariage soit finalement annulé quelques mois plus tard. Furieux en découvrant le pot aux roses, Hankerson aura tenu éloigné R. Kelly de sa nièce, quand bien même il se sera officiellement séparé de Kelly sur le plan des affaires en 2000. En guise de vengeance, certains pensent qu’il aura en 2002 fait parvenir à un journaliste une vidéo dans laquelle on voit R. Kelly uriner dans la bouche d’une adolescente. Mais c’est là un autre sujet.

Le virage « One in a Million »

Pour l’album « One in a Million », sorti en 1996, R. Kelly sera donc remplacé par un duo d’illustres inconnus, originaires de Virginia Beach (Timbaland et Missy Elliot, en l’occurence !). Preuve que Hankerson avait plus que jamais le nez creux, et qu’il a mine de rien façonné la carrière et le succès de sa nièce. Quelques années plus tard, après la sortie en 1998 du single « Are You That Somebody? » (l’un des préférés des fans de la chanteuse), Aaliyah signera enfin son premier (et dernier) morceau à atteindre la première place du Billboard Hot 100, le tube « Try Again », qui lui aura permis de passer du statut de star du R&B à celui de superstar mondiale. Son troisième album, « Aaliyah », sera lancé dans le courant du mois de juillet 2001, soit un peu plus d’un mois avant sa mort. Grâce aux singles « Rock the Boat » et « More Than a Woman », elle décrochera le double platine. La suite est malheureusement tragique : six semaines après la distribution dans les bacs de son albums, Aaliyah trouvera la mort lors du tournage du clip « Rock the Boat », aux Bahamas. Un accident d’avion, qui n’aura pas réussi à décoller complètement et qui se sera crashé juste après son envol, la faute à une surcharge de poids et à un pilote inexpérimenté, qui aura décroché sa licence en falsifiant ses carnets de vols. Des traces de cocaïne auront également été retrouvées dans le système sanguin du pilote, lors de son autopsie. Un drame qui aura dévasté Hankerson, qui ne se sera jamais exprimé publiquement sur cette perte, et qui selon de nombreuses sources ne se sera jamais remis de ce drame. Hankerson est celui qui détient encore à l’heure actuelle les droits d’albums de Timbaland, de Toni Braxton également.

Aaliyah, vouée à être oubliée ?

Pourtant, quelques mois après la disparition d’Aaliyah, tout portait à croire qu’elle avait d’ores et déjà gagné rejoint le club de ces artistes partis trop tôt et voués à être adulés et regrettés des années durant. Mais voilà : Blackground n’aura jamais publié le moindre inédit d’Aaliyah depuis son décès, son oncle étant dans l’incapacité de réécouter les voix enregistrés par sa nièce disparue, une étape pourtant cruciale. Cessant de distribuer de la musique (et de payer ses artistes), Blackground sera poursuivi par Toni Braxton, par Timbaland et JoJo également, avant de mettre la clé sous la porte, et de partir mine de rien avec les honneurs en publiant en 2009 l’usine à tubes qu’aura été l’album « Shock Value II » de Timbaland.

C’est d’autant plus dommageable dans le cas d’Aaliyah que son aura s’étiole mois après mois, et son absence des plates-formes de streaming musical laisse imaginer qu’elle pourrait bien n’être qu’un simple nom ayant un jour eu à faire au genre du R&B. Sans accès à sa discographie, les nouvelles générations n’auront pas le réflexe d’aller chercher d’eux-mêmes les pépites publiées par la chanteuse, et c’est malheureusement là une question de logique. A l’heure où sont rédigées ces lignes, seul l’album « Age Ain’t Nothing But a Number » est proposé sur certaines plates-formes de streaming, tout simplement parce que c’est le seul sur lequel Hankerson ne gère pas les masters. Maintenant, ce n’est pas son meilleur album, et c’est tout de même celui sur lequel elle chante les louanges d’une relation entre une mineure et un homme adulte. Pas de quoi honorer sa légende, si vous voulez notre avis…

Si jamais les albums d’Aaliyah venaient à demeurer absents des plates-formes de streaming, il est plus qu’envisageable de parier sur un oubli de leur existence, et donc de leur impossibilité de perdurer dans le temps. C’est aussi simple que ça. Et pourtant, des inédits sont bel et bien attendus. Reservoir, une société ayant racheté une partie des droits d’édition de Blackground, espérait pouvoir sortir un nouvel album d’Aaliyah pour les 10 ans, puis les 15 ans de sa mort. Aux dernières nouvelles, le projet, un album composé de duos virtuels entre Aaliyah et des noms tels que Timbaland, Kanye West et Drake, est prévu. Reste à savoir quand. Et si le résultat sera à la hauteur : les titres « Enough Said » et « Talk Is Cheap », signant la rencontre virtuelle entre la chanteuse et Drake, n’auront pas vraiment enchanté les fans et le grand public d’une manière générale, au point de pousser Drake à prendre ses distances avec le projet. C’est dire.

Un biopic en guise d’hommage ultime ?

Pour la petite histoire, sachez qu’en 2014, sa vie aura fait l’objet d’un biopic, ne rendant malheureusement pas hommage à l’étendue de son talent. Diffusé par la chaîne Lifetime, aux Etats-Unis, ce programme faisant le pari d’une Aaliyah campée par l’actrice Alexan­dra Shipp (principalement connue pour son rôle dans la série Ray Donovan) aura même réussi à provoquer l’ire d’un Timbaland très sensible dès lors qu’on évoque son ex-protégée.

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