Attention, article interdit aux moins de seize…
Si pour une raison qui vous regarde vous vous êtes toujours demandé si dans l’intimité DJ Khaled était du genre à pratiquer le cunnilingus, sachez que sur le sujet il est on ne peut plus clair : « Jamais, je ne peux pas faire ça, vraiment ». Et le plus volubile des DJ de rajouter dans la foulée que « pour les hommes les règles ne sont pas les mêmes. »
Tandis que cette affirmation ne supporte aucune exception (pas plus l’anniversaire de madame que le 25 décembre), il n’est en revanche pour lui « pas du tout okay » que sa partenaire ne fasse pas l’effort de descendre.
Explication : « Vous devez comprendre que je suis un don, je suis le roi…. Une femme est dans l’obligation de satisfaire son roi. »
« Si tu fais au mieux pour entretenir ta femme comme il se doit, cette dernière doit prendre soin de toi comme un roi. Bon attention, un homme doit aussi louer sa reine. Moi ma façon de louer ma reine c’est de lui demander comment était son dîner, si la maison dans laquelle elle vit lui plaît ou si elle aime les vêtements qu’elle porte ? »
Avec ces propos tenus dans l’émission de radio le Breakfast Club en 2015 qui ont refait surface ces derniers jours, DJ Khaled a une nouvelle fois provoqué rigolade et consternation sur les réseaux sociaux – jusqu’à faire réagir des célébrités du calibre de The Rock.
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« Real men don’t go down »
Peu importe que l’interview tienne un peu trop la posture pour être honnête (à en croire ce Snap hilarant où le « roi » Khaled se fait intimer par sa compagne Nicole Tuck de « shut the f*uck up », monsieur ne fait pas tous les jours le malin à la maison) ou qu’à l’heure actuelle cette politique du service à sens unique ne trouve plus grâce que chez une minorité d’australopithèques de la chambre à coucher, c’est étonnamment cet état d’esprit qui a très longtemps tenu de canon dans le milieu du rap.
Là où enchaîner gâteries sur gâteries par des bitches toutes plus soumises les unes que les autres est vu comme un acte de virilité incarnée (à ceci près qu’elles ne mettent pas les dents), dans les années 90, les emcees se faisaient une fierté de ne pas laisser errer leurs langues dans l’empire du milieu.
Niveau rimes, cela a ainsi donné le très classe « Tu peux garder ton sandwich au saumon pour toi » de DJ Quik sur Can I Eat It? (1995), le « I never eat pussy cuz I’m too stubborn in my ways » de Mase sur I Need to Be (1997), et bien sûr le « Yo calme toi bébé, je te préviens d’entrée, moi je ne descends pas bébé » de Fat Joe à l’entame du tubesque What’s Luv? en 2001.
Si quelques exceptions existaient de çà et là à l’époque (de Luke et sa bande d’obsédés sexuels du 2 Live Crew qui exhortaient « tous les nigg*s à bouffer de la ch*tte » sur If You Believe in Having Sex à Big Pun sur I’m Not a Player qui en 1998 lâchait « I been eatin’ cunts since pimps was pushin’ » en passant par Manny dans Scarface), pour une question image de marque tout rappeur mâle noir hétérosexuel qui se respecte se devait (dans ses textes) d’enchaîner jusqu’à plus soif tournantes, plans à trois et autres orgies où la satisfaction du plaisir masculin prévalait avant tout.
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Pourquoi tant de haine ?
Cette aversion à l’égard du cunnilingus n’est évidemment pas exclusive au rap, elle remonte à une conception pour le moins antique du rôle de l’homme. Des Égyptiens aux Romains, plonger sa tête entre les jambes d’une femme était considéré comme indigne d’un homme libre, les cousins de Julius pouvant aller jusqu’à considérer cette pratique comme plus obscène que la sodomie, car toute juste bonne pour les esclaves et les pervers.
Plus proche de nous, souvenons-nous que dans Les Soprano la guerre des clans qui a opposé Tony et son oncle Corrado éclata pour une histoire de fourrage de langue mal assumé.
Si l’on passe sur l’argument de l’hygiène qui implique que le sexe féminin soit fondamentalement impur (argument qui semble l’apanage de ceux qui se tapent uniquement des crasseuses), ce qui motive en premier lieu les allergiques de l’abricot serait qu’il s’agit là d’un signe d’une masculinité défaillante.
Tout acte ne satisfaisant pas directement sexuellement l’homme serait en effet par essence suspect car il rabaisserait le mâle dominant au niveau du désir féminin.
Et tant pis si tout cela respire la parodie et l’insécurité… Et tant pis pour l’adage qui veut que le plaisir ultime soit de donner du plaisir…
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Quid des principales concernées ?
Pas des plus heureuses de ce diktat, Lil Kim sera la première à exprimer haut et fort ses préférences, notamment via le très explicite (et très ghostwritté par Biggie) Not Tonight de 1996 passé à la postérité pour son refrain « I don’t want dick tonight! Eat my pussy right! » – et puis aussi « Suck my pussy till they kill me » et « The moral of the story is this/if you ain’t lickin’ this you ain’t stickin’ this » que par correction nous ne traduirons pas.
D’autres females emcees lui emboîteront le pas telles Foxy Brown et Kelis sur Candy, ou encore Missy Elliott qui sur Work It en 2002 intime son amant de « la lui manger comme un vautour » (!?).
Vient ensuite le très distingué My Neck My Back de la non moins distinguée Khia qui non seulement somme que lui soit léché le cou, le dos et le « sanctuaire des sanctuaires » dixit Jules dans la VF de Pulp Fiction... mais aussi la lune (« Lick my crack » dans le texte).
[My Neck My Back ou le premier morceau mainstream du rap à introduire l’an*lingus donc…]
Enfin dans le genre artistes qui font rimer « lick » avec « clit », citons Iggy Azalea pour son Pu$$y, sorte de manuel de gynécologie (« Droite, gauche, retour au milieu (…) utilise ta langue comme une balle ») où l’on apprend que son fruit défendu a le goût de Skittle ; Trina qui a astucieusement remixé la Thong Song (« Chanson du string ») de Sisqo en Tongue Song (« Chanson de langue ») ; et Azealia Banks avec le banger 212 qui la joue un peu hors sujet puisqu’il traite du léchage de prunes entre filles (la demoiselle est ouvertement bisexuelle).
La révolution Lil Wayne
Alors que dans le crew YMCMB, nombreux sont ceux qui auraient misé sur Drake pour le titre de meilleure langue de velours du game, le Canadien a beau ne pas démériter, il doit cependant s’incliner ici devant son boss – oui, oui celui-là même qui souhaite « kidnapper des mères pour les violer sans plastique » ou « tabasser une pussy comme Emmett Till » (un ado noir de 14 mort sous les coups pour avoir osé prétendument flirter avec une femme blanche du temps de la ségrégation NDLR).
Et pourtant Lil Wayne se révèle un adepte inconditionnel de la prairie parfumée. Un adepte tellement accroc à la limonade qu’a contrario de ceux qui s’auto-décernent une médaille pour aller dans les coins où les autres ne vont pas, lui n’attend absolument rien en retour.
Résultat, depuis une dizaine d’années chacun de ses projets nouveaux comporte à minima une demi-douzaine de célébrations de l’acte bucco-génital, tant et si bien que cette figure de style est devenue désormais caractéristique de son écriture.
Emporté par son fougue, Weezy ne fait d’ailleurs guère mystère de son penchant pour le face sitting (« Put that pussy in my face every time I face you » sur Pussy Monster, « Just sit on my grill » sur So Special), quitte à brouiller de plus en plus au fil du temps la frontière entre le « pink side » et le « brown side ».
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Le dernier tabou
Si aujourd’hui le clivage entre pro et anti cunni appartient au passé, une autre bataille pointe le bout de son nez, certaines rappeuses plaidant de tout leurs cœurs pour que leurs amants s’occupent également de leur face B.
Écurie YMCMB toujours (où décidément tout ce petit monde a l’air de bien s’amuser), Nicki Minaj a ainsi très cordialement invité Drake et Lil Wayne à venir lui « manger le cupcake » sur Only, elle qui dès 2011 exigeait que lui soit présenté « le best ass-eater ».
Autre fervente ambassadrice de la discipline, la jolie Jhené Aiko a décroché en 2015 le titre de punchline de l’année lorsqu’à la deuxième minute et la treizième seconde de Post To Be elle chantonne à la surprise générale aux côtés d’Omarion et de Chris Brown : « I might let your boy chauffeur me, but he got to eat the booty like groceries », le tout suivi d’un détonnant « I’ll make them do it! » quelques mesures plus tard – en gros quelques chose comme « Je laisserais peut-être ton mec me ramener, mais avant ça il doit me faire le bas du dos comme si c’était les courses ».
Outtés malgré eux, les boyfriends Meek Mill et Big Sean s’en sont allés depuis rejoindre Kevin « Real gangstas eat booties » Gates au Hall of fame des mangeurs de pommes.
En revanche pour ce qui est de la réciprocité, à un Kanye West ou un 50 Cent près dénoncés par leurs ex, en 2018, seul le pas très net Lil B a admis la chose… Et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça : que les jardins secrets restent secrets, pas besoin de tout savoir sur tout non plus.
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Bonus Tracks : mention à nos French loveurs Doc Gynéco et Stomy Bugsy, le premier pour son inoubliable « mais léchez-les » sur Les rates aiment les lascars, le second pour son toujours culte Mets la tête dedans.