Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place au jour où le flamboyant mogul s’est lancé sans panache dans le trafic de narcotiques…
À celles et ceux curieux de savoir pourquoi Sean Combs alias Puff Daddy est l’un des seuls rappeurs à ne pas faire étalage à longueur de rimes de son passé de dealeur, la réponse est au fond assez simple : il n’a absolument rien de glorieux à raconter sur ce sujet.
Comme de nombreux gosses d’Harlem de sa génération, jeune il se rêvait pourtant les yeux grands ouverts en Frank White, le pendant newyorkais de Tony Montana (si vous n’avez pas encore vu The King Of New York d’Abel Ferrara, merci de corriger cet oubli dans les plus brefs délais).
Qu’importe l’exemple son propre père Melvin compagnon de route du célèbre Frank Lucas (immortalisé par Denzel Washington dans American Gangster) et son décès brutal lors d’un deal qui a mal tourné alors qu’il n’était âgé que de trois ans, Sean décide très tôt de prendre un raccourci.
La carrière de dealeur la plus courte de l’histoire
« Certains de mes amis vendaient de la drogue dans le Maryland et à D. C. (Washington). Je me souviens que je les voyais arborer toute cette joaillerie et conduire des BMW neuves. De mon côté, je mangeais des nouilles chinoises que je volais à l’épicerie du coin. Je me disais alors ‘j’ai besoin de me faire de l’argent comme eux’. Je me suis donc pointé à l’endroit où ça vendait, et mon pote m’a dit ‘Okay, je vais te donner ça. Attends ici. On viendra te chercher.’ »
« Je suis donc là à attendre et au bout cinq minutes quelqu’un hurle ‘Jump out!’ (un code de quartier pour avertir de la présence de policiers en civil Ndlr). Sur ce, trois voitures flics arrivent. L’un des officiers sort immédiatement et commence à me poursuivre. Je me suis alors enfui en courant. Quelques heures plus tard, je me suis toutefois repointé au même endroit. Cette fois-ci, il faisait sombre, et là encore un van surgit tout d’un coup. Les flics en sortent et recommencent à me courser. Un hélicoptère vole même au-dessus de ma tête et braque une lumière sur moi pendant que je cavale dans les bois. »
Puffy s’en sort à nouveau avant de retrouver son équipe plusieurs heures après l’incident.
« Là, tout ce que je voulais, c’était rentrer chez moi. Mais je ne savais pas comment leur dire sans passer pour un faible. »
Manque de chance, la police est encore dans les parages.
« Nous les avons entendus monter les marches, mais en fait, ils répondaient à un appel suite à une dispute entre un couple… Il n’empêche que sur le coup je me suis transformé en petit étudiant blanc d’Harvard effrayé. »
Une leçon bien apprise
« Dieu m’envoyait des signes. J’ai alors dit à mes potes : ‘Merci, mais c’est tout pour moi, ce game n’est pas fait pour moi’. Je suis alors sorti de la pièce et depuis ce jour je n’ai plus jamais eu rien à voir avec ce monde. Je ne veux plus voir de drogues. »
Et Puff de conclure : « Ce fut très certainement la carrière de dealeur la plus courte qui ait jamais été. Après toutes ces péripéties, Dieu n’avait plus aucun souci à se faire pour moi pour ce qui est d’emprunter cette voie. »
Pour se faire de l’argent, Puff Daddy se lancera alors dans les business des promoteurs de soirées, puis il mettra à profit sa connexion avec Heavy D (le mec qui rappe sur Jam de Michael Jackson) pour décrocher un poste de stagiaire chez Uptown Records.
Un choix au final très heureux pour le futur boss de l’empire Bad Boy Records qui bien des années plus tard répondra à un journaliste lui demandant s’il avait lu Gatsby le magnifique, le chef d’œuvre de Francis Scott Fitzgerald : « Mais c’est moi Gatsby le magnifique ! »
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