Parmi les 18 titres proposés, l’un d’entre eux révèle tout particulièrement le génie de son auteur…
Avec The Life Of Pablo Kanye West a très certainement sorti l’album le plus discuté de la décennie, si tant est que l’on puisse encore parler d’album.
Oeuvre sonore en perpétuel mouvement, l’opus continue d’alimenter les gros titres près de deux mois après sa sortie, principalement pour des motifs qui n’ont pas toujours à voir avec la musique.
Artistiquement parlant, si le résultat final échoue à atteindre les sommets promis par le démiurge Kanye (principalement pour une question de cohérence, mais pas que), n’en sont pas moins proposés quelques titres qui poussent irrémédiablement à cliquer sur replay.
Parmi eux on retiendra l’ouverture gospel Ultralight Beam, le malicieux freestyle I love Kanye, Real Friends qui finira bien par sortir un jour en single ou encore le planant FML.
Pour autant le meilleur morceau de l’album n’est pas forcément celui que l’on croit…
À la lecture de la tracklist, au milieu de cet avalanche de featurings et « collaborateurs » (aka les ghost writers et les ghost producers), la piste 4 est peut-être l’une de celles qui attire le plus l’attention.
En sus de convier Rihanna et Swizz Beatz, Famous sample en effet le Do What You Gotta Do de Nina Simone.
C’est la quatrième fois de sa discographie Mr West reprend la divine chanteuse soul, à chaque fois pour un résultat assez époustouflant – genre Blood on the Leaves sur Yeezus et New Day sur Watch The Throne.
Malheureusement la première écoute déçoit très rapidement. La faute à une Riri aussi soulful qu’une endive coincée dans un freezer et aux lyrics de Kanye West qui remettent encore une fois le couvert avec Taylor Swift.
Sérieux, exceptés les sœurs Kardashian et ceux prêts à claquer leur PEL pour s’habiller comme un clodo workwear, qui cette histoire datée de 2009 intéresse-t-elle encore ?
Pire à mi-morceau, Famous change complètement de tonalité sans guère de justification pour balancer in extenso le Bam Bam de la légende dancehall Sister Nancy.
Pour ceux qui ont commencé à écouter du rap hier matin, il s’agit quand même de l’un des samples les plus grillés de l’histoire des samples grillés (et qui lui-même repompait la chanson des Maytals sortie en 1965).
Avant Ye’, Lauryn Hill, Pete Rock & C.L. Smooth, Too Short, Chris brow ou encore Raggasonic ont notamment eu la même idée…
Là Kanye disparaît complétement, laissant le soin à Swizz Beatz (dont la simple présence peut vite polariser, et pas seulement pour avoir péchow Alicia Keys) de faire les backs comme bon lui semble.
Bon attention malgré tous ses gros défauts, sans pour autant être mémorable, grâce à sa seconde partie le morceau se révèle diablement efficace et entraînant.
Et d’ailleurs comme beaucoup, sitôt les dernières notes jouées, la première réaction est d’aller réécouter l’original sorti en 1982.
Les premiers com’ sous la vidéo Youtube
Étonnamment c’est à ce moment précis que le génie de Kanye éclate au grand jour.
Si Bam Bam est toujours aussi efficace, West ne s’est pas contenté d’un simple copié/collé : il a complétement réorchestré (ou fait réorchestrer) le morceau pour lui donner subtilement une nouvelle pêche, une nouvelle fraicheur.
La première minute 49 de Famous n’est en réalité qu’un long préliminaire préparant l’explosion rythmique à venir, créant ainsi un contraste saisissant avec la fadeur de la première partie.
Kanye tout chef d’orchestre et tout filou qu’il est, mène en bateau son auditeur pour mieux le surprendre dans les derniers mètres.
Ou comment en quelques secondes, on passe du salé au sucré, du passable au grandiloquent.
Kanye, ou l’art de sublimer le médiocre (mais pour ce faire l’un de va pas sans l’autre).
Ben ouais morray, suffit pas de sampler un hit pour faire un hit. Pas vrai Kimmy ?
À (re)lire : Toute la discographie de Kanye West passée au crible !
À (ré-ré)écouter : 15 minutes de Bam Bam (!)