Des questions qui vont être vite répondues…
Depuis que le rap est rap, c’est intrigues et dramas à tous les étages.
Au-delà de la musique, le mouvement est en effet particulièrement fourni en personnages hauts en couleur dont les péripéties alimentent aussi bien les colonnes des médias spé que l’actualité des journaux people.
Histoire de ne pas déroger à cette belle tradition, choix a été fait de mener l’enquête sur les plus grands mystères qui truffent les biographies des artistes.
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Qui a tué 2Pac et Biggie ?
Forcément la première question qui vient à l’esprit, tant hier comme aujourd’hui il paraît totalement abracadabrantesque que les deux plus grosses stars d’un genre musical se soient faites dessouder à quelques mois d’intervalle.
Concernant Tupac Shakur, bien qu’il existe quantité de théories plus ou moins farfelues quant aux causes de sa mort (de Suge Knight qui aurait tout orchestré dans l’ombre aux manigances du FBI), tout porte à croire que son assassin s’appelle Orlando ‘Baby Lane’ Anderson.
Membre des Crips, il est celui qui s’est fait tabasser par le crew Death Row dans le hall de l’hôtel MGM Grand de Las Vegas quelques heures avant que le rappeur ne tombe sous les balles.
Certes, un mois après le drame la police de Los Angeles l’avait disculpé faute de preuve après l’avoir brièvement placé en détention, mais l’enquête n’avait alors pas porté spécifiquement sur la mort de 2Pac – Anderson et 21 de ses comparses avaient été interrogés au sujet d’une série de fusillades et non pas sur cette fusillade en particulier.
Justice immanente ou funeste coïncidence, toujours est-il qu’une petite année après, le 29 mai 1998, il a lui aussi perdu la vie dans un affrontement entre gangs.
Pour ce qui est de Biggie Smalls, il n’existe en revanche aucune piste solide à l’exception d’un portrait-robot de son agresseur aux faux-airs de Brother Mouzone, l’éloquent tueur à gage de The Wire. Pas dit que cela fasse avancer le schmilblick.
50 Cent s’est-il vraiment pris 9 balles ?
Haut la main l’un des storytellings les plus barrés de l’histoire du rap.
Curtis Jackson ou le mec qui un beau matin se fait shooter à bout portant à la hanche, à la poitrine, à la main, au mollet, à la cuisse et à la joue, et qui quelques mois après à peine affiche un physique de super-héros et martyrise le rap telle une brute épaisse dans une cour de récré.
Sauf que bon, il existe quand même de sérieux doutes quant à l’exacte véracité du déroulé des évènements. Non pas évidemment que Fiddy ne se soit pas fait canarder (ses cicatrices fièrement exhibées dans ses clips sont là pour le prouver), mais neuf balles sans séquelles ça fait quand même beaucoup.
Ça fait d’ailleurs tellement beaucoup que lorsqu’il lui est demandé en interview de récapituler les parties de son corps touchées, il se révèle incapable de s’en souvenir (voir ses passages sur All Hip Hop en 2009 et chez Oprah Winfrey en 2012).
Plus dérangeant encore, outre sa baby mama Shaniqa avec qui il était en couple à l’époque qui l’a accusé en 2015 d’avoir gonflé ses stats pour « surpasser » 2Pac (5 balles dans le buffet en 1994), un rapport de police daté de 2003 ne mentionne lui que trois petits impacts.
L’homme qui s’était promis de devenir riche quitte à en mourir et qui dans sa carrière s’est fait choper plus d’une fois en train de mentir s’est-il dit que plus c’est gros plus ça passerait ?
« Detox » sortira-t-il un jour ?
Annoncé pour la toute première fois en 2003, « l’album de rap les plus avancé jamais entendu » a tenu en haleine les foules douze ans durant avant d’être solennellement enterré par Dr. Dre en août 2015.
Si de çà et là certains de ses collaborateurs font mine de croire qu’il existe encore une chance que la galette voit le jour (le plus souvent pour gratter un peu de couverture médiatique), aujourd’hui le reste du monde s’est fait une raison.
Fin de l’histoire ? Et bien pas vraiment, car Detox existe bel et bien.
Pas si ramier que ça, en plus des singles officiels Kush et I Need a Doctor, l’auteur de 2001 (et ses petites mains) a en effet pas mal taffé sur le disque.
Le problème c’est qu’en cours de route il a préféré filer ses productions aux plus méritants de ses poulains afin de s’assurer que leurs premiers albums pètent le score (Get Rich or Die Tryin’ de 50 Cent, The Documentary de The Game, Cheers d’Obie Trice), tout en collaborant en parallèle avec Busta Rhymes, Kendrick Lamar, Rick Ross, Lil Wayne, Q-Tip ou Mary J. Blige !
Au fil de la décennie, nombreux sont ainsi les artistes à avoir prétendu poser sur un son destiné à la base pour Detox (Crooked I sur Say Dr. Dre, Pharoahe Monch sur When the Gun Draws, Usher sur Throwback…).
Mieux, joies du leak, quantité de morceaux destinés au projet sont en écoute sur la toile : Under Pressure en duo avec Jay Z (le supposé « véritable premier single »), Topless featuring Nas et T.I., Syllables featuring Eminem, Jay Z, 50 et Stat Quo, Mr. Prescription featuring Nikki Grier et Slim Da Mobster…
Largement de quoi arrêter de fantasmer Detox et se concocter une tracklist proche de celle que le bon docteur Young avait en tête.
Comment Kelly Rowland pouvait-elle envoyer des textos à Nelly sur Excel ?
À moins d’avoir passé l’année 2002 à écouter Las Ketchup et Avril Lavigne (hein ?), impossible d’avoir échappé au tubesque Dilemma et son clip mignon tout plein dans lequel Nelly Nell’ conviait la Destiny’s Child à s’aventurer sur les voies de l’adultère.
Plusieurs millions d’albums écoulés plus tard, à la revoyure beaucoup se sont demandés pourquoi diable le St. Lunatic s’était-il collé un pansement sur la joue pourquoi diable la chanteuse réputée pour avoir les plus belles jambes du r&b textait-elle son amant sur fichier Excel ? (« Where you at? Holla when you get this »).
Tandis que certains fins limiers avançaient que c’est pour cette raison que Nelly l’a laissée en plan (forcément il n’a pas pu recevoir son message) et qu’il s’agit là du véritable « dilemme » sous-entendu par le titre du morceau, il a fallu attendre 2016 pour que l’intéressé balbutie un début d’explication : « C’était le truc en vogue, les nouvelles technologies du moment quoi. »
Trois ans après, Rowland s’est ensuite justifiée en arguant que le réalisateur du clip pensait que c’était « une idée géniale » et que de toute façon encore aujourd’hui elle « ne sait même pas ce qu’est Microsoft Excel ».
Pas rancunier pour un sou, le CM de Microsoft lui a alors répondu via Twitter en paraphrasant les paroles du refrain : « No matter what you do, we’re crazy over you ».
[Sinon, le vrai mystère dans tout ça, c’est surtout pourquoi Nelly et Kelly ne se sont pas mis en couple eux qui pourtant allaient si bien ensemble, et ce d’autant plus que dans le même temps Ja Rule et Ashanti allaient eux aussi si bien ensemble ?]
Pourquoi Puff Daddy tirait-il cette tête en 2009 ?
De tous les mèmes de rappeurs (Young Thug et Lil Durk qui combattent le crime, 21 Savage en génie du mal, les pectoraux de Rick Ross…), il s’agit peut-être du plus célèbre.
En 2009, l’auteur de It’s All About the Benjamins assiste au premier rang à un match de basket des New York Knicks, quand tout à coup il découvre médusé qu’un billet de 1 dollar s’est glissé dans l’une de ses liasses de billets de 100.
Immortalisé en pleine action par le photographe James Devaney, sitôt le cliché publié il explose les compteurs de la viralité.
Pendant huit ans, pas une semaine ne passe sans que les internets tentent de comprendre ce qui a bien pu traverser l’esprit du mogul à ce moment précis : était-il riche au point d’avoir oublié qu’une telle coupure existait ? Se demandait-il ce que l’on pouvait bien acheter avec une si petite somme ? Pensait-il qu’il s’agissait d’une devise étrangère ?
En 2017, un courageux journaliste du New York Times s’est toutefois résolu à lui poser la question, ce à quoi le Bad Boy a rétorqué : « Ouais, j’adore les billets de 1$ ! Il m’arrive parfois de faire une tête bizarre. »
Une réponse qui n’en est pas une donc, mais une réponse dont il va falloir se contenter jusqu’à nouvel ordre.
Drake et Lil Wayne sont-ils réellement amis ?
Officiellement les deux plus grosses stars du rap de leur époque vivent une bromance passionnée, eux qui depuis leur toute première rencontre dans un salon de tatouages de Houston en 2009 multiplient les preuves d’affection.
Tantôt c’est Drake qui se tatoue le portait de Wayne sur le bras, tantôt c’est Wayne qui sur scène fait tourner un joint à Drake, tantôt c’est Drake qui à la tribune des Grammys fait ouvertement allégeance au boss de Young Money, tantôt c’est Wayne qui concède que le canadien est « un meilleur artiste que lui »…
Bref, rien ne semble entacher cette belle camaraderie qui sur disque se traduit par une ribambelle de collaborations haut de gamme (Miss Me, Money to Blow, Love Me, No New Friends, HYFR, Successful…).
Rien, si ce n’est que leurs personnalités et modes de vie étant on ne peut plus diamétralement opposés, on est en droit de se demander ce qu’ils peuvent bien se raconter les rares fois où ils se retrouvent seuls à seuls.
Entre un Wayne qui à trop consommer sirop et herbe verte n’est au mieux conscient que 25% du temps (et qui lorsqu’il émerge conspue Black Lives Matter et soutient Trump) et un Drizzy-le-gentil qui est « du genre à apporter de la salade à un barbecue », les blancs et les incompréhensions doivent être légion dans leurs conversations.
Au pire ils peuvent toujours parler groupies, à ceci près qu’en 2011 Drizzy a profité de l’incarcération de son mentor pour se taper l’une de ses meufs dans son dos…
Du coup peut-être n’est-ce pas plus mal que chacun se contente un peu hypocritement d’échanger des amabilités par réseaux sociaux interposés ?
Qui les rappeurs appellent-ils une liasse de billets collée sur l’oreille ?
Candidat au titre de pratique la plus absurde du rap à gros budget, le money phone provoque stupeur et interrogations chez les non-initiés : mais à quoi bon aller retirer au guichet de quoi se payer plusieurs années de loyer pour passer des coups de téléphones imaginaires ?
Et bien d’une part parce que si ça sonne c’est que c’est « l’argent au bout du fil » (et ça, ça fait plaisir), et de l’autre parce que ce ne sont pas les bonnes raisons qui manquent d’appeler.
Dans le désordre, c’est l’occasion de donner des nouvelles de vous à ce prof de math qui au collège vous répétait à l’envie qu’à ce rythme vous passeriez le permis avant d’arriver au lycée, à cette fille qui avant que vous ne touchiez votre première avance refusait jusqu’à vous donner l’heure, ou encore à ce manager McDonald’s qui parce qu’il portait une cravate de Playmobil se prenait pour un loup de Wall Street.
Et pour peu que votre banquier ne soit pas trop inquiet de voir votre solde flirter d’un coup d’un seul avec le niveau de la mer, il se murmure que le money phone permettrait même de joindre en ligne directe les Jay Z et les Illuminatis (lire plus bas).
Pourquoi Kanye West ne sourit-il jamais ?
Rappeur candide et enjoué à ses débuts, l’auteur du College Dropout s’est au fil de ses albums pris de plus en plus au sérieux, au point de se mettre à tirer la tronche en toutes circonstances façon Johnny Depp ou Victoria Beckham.
Certes Kimberly arrivait de temps en temps à lui faire perdre ses moyens, mais pas au point d’empêcher que se fomentent dans les recoins du net moult théories fumeuses – séquelles à retardement de l’accident de voiture qui a failli lui coûter la vie en 2002 ? Injections un peu trop généreuses de Botox ? Constipations chroniques ? Âme vendue au diable ?
En 2015 Ye a néanmoins fini par lever le voile sur son secret.
« Quand je travaillais sur Yeezus, je suis tombé sur ce livre du 19ème siècle dont la couverture était décorée de cuivre et de velours. Les gens pris en photo avaient l’air si vrais, leurs tenues étaient folles… En revanche ils ne souriaient pas. Quand les paparazzis me demandent pourquoi je ne souris pas, au fond de moi ne pas sourire me fait sourire… Quand vous regardez les tableaux dans un château ancien, les gens ne sourient pas parce que c’est plus cool comme ça. »
Si entretemps cette lubie lui est plus ou moins passée, rien ne vous empêche de jouer comme Kim au jeu du « happy Kanye/not happy Kanye ».
Bordel mais de qui peut bien parler DJ Khaled ?!
Célèbre pour jacter avec volume de tout ce qui lui passe par la tête, le plus Khaled de tous les DJ met un point d’honneur à introduire ses diatribes par la locution « Ils ne veulent pas que vous » (« They dont want you to » en VO).
En vrac cela donne des ad libs hallucinés du type : « Ils ne veulent pas que vous gagniez », « Ils ne veulent pas que vous soyez numéro 1 des charts », « Ils ne veulent pas que vous fassiez du sport », « Ils ne veulent pas que vous preniez un petit-déjeuner », « Ils ne veulent pas que vous fassiez des 360 sur un jet ski », etc.
Interrogé sur l’identité de ces individus qui lui souhaitent tant de mal, l’homme sans qui Snapchat ne serait pas Snapchat s’est fendu d’une réponse en bonne et due forme dans les premières pages de son livre The Keys publié en 2016 – car oui DJ Khaled a écrit un livre, un livre qui a même été salué par The New Yorker pour « son charme loufoque ».
Extrait (et en majuscules s’il vous plaît) : « VOUS M’AVEZ ENTENDU DIRE MAINTES FOIS DE RESTER À DISTANCE D’EUX ? MAIS QUI SONT-ILS ? QUI SONT CES ‘ILS’. ET BIEN ‘ILS’ C’EST L’ENNEMI. ‘ILS’ VEULENT GARDER LES CLEFS DE LA RÉUSSITE CACHÉES ET VOUS INTERDIRE LA ROUTE QUI MÈNE À ENCORE PLUS DE SUCCÈS, ‘ILS’ VEULENT QUE VOUS ÉCHOUIEZ. JE LES AI VUS LÀ DEHORS. ET J’AI VU LEUR MALICE. CELA LES COMBLE DE JOIE QUE VOUS NE PROSPÉRIEZ PAS. ‘ILS’ RIENT DE VOS PLANS (…) VOILÀ QUI SONT CES ‘ILS’. »
Une clarification des plus limpides donc… et la confirmation que Khaled a écrit son bouquin sans ghostwriteur.
Quel est le secret de Pharrell Williams pour rester si jeune ?
Comme Paul Rudd (Ant-Man) ou Jennifer Lopez, les affres du temps ne semblent avoir aucun effet sur le Skateboard P.
Si à l’époque de ses premières sorties en boîte, il a dû se faire recaler à chaque fois qu’il oubliait sa carte d’identité, à 47 printemps sa fraîcheur adolescente subjugue.
Suspecté d’être un vampire, en interview il nie toutefois catégoriquement « boire le sang des gens » et prétend que « se laver le visage » lui suffit.
Sans surprise, Pharrell a fini par opportunément lancer sa propre marque de cosmétiques.
Bon après vu les tarifs (32 dollars la poudre nettoyante au riz, 46 dollars l’exfoliant aux enzymes de lotus, 48 dollars la crème humidifiante…), vous pouvez toujours tenter la technique, gratuite celle-là, de Cardi B qui consiste à se badigeonner le portrait avec du sp*rme…
Jay-Z est-il un Illuminati ?
Les milliers de millions sur son compte en banque, son carnet d’adresse qui lui ouvre aussi bien les portes de la Maison-Blanche que celles du musée du Louvre, ses signes de la main qui rappelle l’Œil de la Providence, sa chanson 22 2s et son album 4:44 qui additionnés donnent 666, ses tueurs à gage prêts à réduire au silence le pauvre Kanye West… mais nom d’un petit bonhomme en mousse quelles preuves supplémentaires faut-il pour convaincre les plus sceptiques que Shawn Corey Carter est un membre éminent de la société secrète fondée au 18ème siècle en Bavière ?
Bras armé de la branche en charge de divertir les esprits pour mieux les pervertir, rappelez-vous que dès son premier album il avait prêté allégeance au Nouvel Ordre Mondial en détournant la ligne « Illuminati want my mind, soul, and my body » piquée à Prodigy des Mobb Deep.
Ce même Prodigy qui, comme 2Pac, dénonçait lui vigoureusement les forces obscures au pouvoir.
On sait comment ça s’est terminé pour eux…