Tandis que le légendaire « Bloodsport » souffle sa trentième bougie, le temps est-il enfin venu de réhabiliter JCVD ?
Prince de la tatane, rêveur américain, ambassadeur mondial du plat pays, star déchue, philosophe de fin d’après-midi, gibier pour plateau-télé, clown triste…. depuis près de quatre décennies Jean-Claude Van Damme joue Jean-Claude Van Damme sans le moindre filtre.
S’il lui est parfois arrivé de mordre avec un peu trop d’ardeur aux hameçons de la vie de célébrité (grosse tête, cocaïne et chemises à jabot), il n’en appartient pas moins à cette rare catégorie de personnes dont rien n’altère vraiment le capital sympathie, et ce qu’il soit au top ou qu’il flope – « qu’il soit up ou qu’il soit down » nous dirait-il.
Trop longtemps moqué, trop souvent méprisé, non seulement JCVD est loin de se résumer à cette caricature gênante qui est faite de lui, mais il mérite clairement bienveillance et considération.
This is pourquoi.
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1. Parce qu’avant de devenir Jean-Claude Van Damme, il a beaucoup galéré
Enfant bigleux et chétif, le petit Jean-Claude Camille François Van Varenberg (JCCFVV quoi) n’était pas exactement un premier prix de beauté à l’époque des culottes courtes. De longues séances de musculation, une pratique assidue des arts martiaux et des cours de ballet viendront progressivement corriger le tir.
Après avoir quitté l’école à seize ans, il s’envole pour les États-Unis à l’âge de 22 ans avec pour tout bagage trois mots d’anglais et un CV faussement achalandé en titres de full-contact. S’en suivent des petits boulots à la chaîne (chauffeur de limousine, livreur de pizza, poseur de moquette….), des castings foirés en veux-tu en voilà, et surtout beaucoup d’incertitudes.
Une période de disette qui va durer six ans. Six longues années qui ont mis son caractère et sa volonté à rude épreuve, pour au final faire de lui l’homme qu’il s’apprête à devenir.
2. Parce que Jean-Claude Van Damme c’est un mec qui s’est fait au culot
Le temps passant, JCVD comprend que pour décrocher son ticket pour jouer dans la cour des grands, il va lui falloir tenter le tout pour le tout.
La légende veut qu’il ait rencontré au détour d’une soirée, Menahem Golan, le ponte de la Cannon (cette société de production culte spécialisée en films d’action à petits budgets) à qui il a fait ni une, ni deux une démonstration de son habileté à lever la jambe.
Convoqué le lendemain dans son bureau, Jean-Claude remet le couvert en exécutant son bientôt mondialement célèbre grand écart. Golan lui propose alors le rôle principal de Bloodsport, dont le tournage commence dans quelques semaines, et le reste appartient à l’histoire.
Si racontée à toutes les sauces depuis le début de sa carrière, l’anecdote a sûrement été romancée, il n’en reste pas moins que l’on a tous envie d’y croire très fort.
3. Parce qu’il a donné à toute une génération le goût des arts martiaux
Cris au ralenti, coups qui tuent, grands méchants de bande-dessinée, doublages approximatifs, bandes-originales toutes en synthé, frères à venger, vieux maîtres chinois… dans les années 80, les films de karaté c’était quelque chose.
Si le temps ne s’est pas montré des plus tendres avec le genre, quel gamin né à cette époque ne s’est pas pris un jour pour Frank Dux ou Kurt Sloane dans une cour de récré ?
Plus encore que n’importe quel sportif pro, Van Damme aura participé à populariser le full-contact et incité bon nombre de ses fans à enfiler un kimono pour s’adonner aux joies du coup de pied retourné.
4. Parce que Van Damme c’est l’homme du peuple
Né de parents fleuristes, débarqué de sa Belgique natale avec zéro carnet d’adresse et zéro expérience, il va longtemps interpréter des personnages proches de lui dans le fond.
Des types modestes, timides, parfois fragiles en apparence, bien souvent des immigrés moyens qui se retrouvent malgré eux pris dans un engrenage, et qui passent une bonne partie de l’intrigue à s’en prendre plein la poire. Vient ensuite la fameuse séquence d’entrainement, puis la tant attendue vengeance, où il rallie à sa cause tant le public que l’héroïne féminine à la blondeur toute californienne.
Bref, on n’est pas chez les surhommes à la Schwarzenegger ou Stallone, ni chez les Seagal ou Norris qui ne choisissent leur scénario qu’en fonction de la dose de frime accolée à leur rôle.
5. Parce qu’il a fait découvrir au monde parmi les plus grands réalisateurs de films d’action asiatiques
Désireux de faire évoluer son image, Jean-Claude sera le premier à Hollywood à explorer la filière hongkongaise en allant débaucher le déjà légendaire John Woo, dès 1993, pour Hard Target.
Pas découragé par le demi-succès de l’opus, et le fait que les producteurs aient coupé 20 minutes au montage, il collabore ensuite trois ans plus tard avec Ringo Lam sur Maximum Risk, avant de remettre le couvert avec lui à deux reprise dans les années 2000.
Vient enfin l’expérience Tsui Hark avec le back to back Double Team et Piège à Hong Kong. Malgré l’envie réciproque des deux hommes de tourner ensemble, ces derniers ne vont malheureusement absolument pas s’entendre, la faute notamment à l’addiction de plus en plus prégnante de la star à la cocaïne.
6. Parce que mine de rien sa filmographie compte tout de même quelques bons films
« J’ai fait quelques classiques que j’ai tournés avec beaucoup de cœur et de sincérité » déclara un jour JCVD en parlant de Bloodsport, Timecop et Lionheart.
Si ces métrages occupent une place dans les cœurs de beaucoup, il en est d’autres qui, sans être des candidats aux Oscars, ont su rallier les suffrages de la critique.
Première tentative de faire autre chose que du Van Damme, Cavale sans issue sorti en 1993 et où il joue plus qu’il ne se bat, se révèle des plus attachants.
S’il faut ensuite patienter huit ans pour qu’il sorte à nouveau des deux pieds des sentiers battus avec Replicant, l’attente en vaut largement la peine tant Ringo Lam a su révéler tout le potentiel dramatique de l’acteur. Sensible et enfantin, Van Damme bluffe alors son monde avec cette série B noire et violente qui reste aujourd’hui encore son chef d’œuvre.
Viennent ensuite son apparition en lui-même dans l’hilarant Narcos de Gilles Lellouche et Tristan Aurouet, mais aussi et surtout JCVD, œuvre unique où il fait le pari de la mise en abîme.
Enfin, comment oublier son rôle de bad guy dans Expandables 2 où il donne du fil à retordre à toutes les barriques bodybuildées de la Terre ?
7. Parce qu’être « aware » ça veut vraiment dire quelque chose
Brocardé à l’infini pour ses interviews lunaires, JCVD est certes quelqu’un qui réfléchit la bouche ouverte, mais dont il arrive fréquemment que les propos respirent le bon sens. Un bon sens mâtiné de franglais et d’un sens de la digression qui n’appartient qu’à lui (du style, « Une noisette, j’la casse entre mes fesses, tu vois »), mais un bon sens quand même.
Notion pilier du développement personnel, être « euhouère » renvoie à l’ouverture sur le monde, à la conscience de soi et des autres, à la faculté de saisir les opportunités…
Les petits malins pourront toujours se gausser, mais au mépris de ceux qui l’invitent (et à l’imbécilité des questions qui lui sont posées), Jean-Claude n’a jamais eu de cesse de rétorquer avec candeur et sans une once d’agressivité.
Oubliez tous ces montages passés en boucle le tournant en ridicule, car au jeu du plus classe c’est lui qui gagne à plat de couture.
8. Parce que question autodérision, il se pose là
Plutôt que de s’apitoyer sur le traitement injuste qui lui est réservé, Van Damme dégaine à échéances régulières la carte du second degré, que ce soit sur les plateaux ciné (JCVD, Narcos, la série Jean-Claude Van Johnson…) ou les plateaux télé (qu’il imite tout le gotha des action heroes à commencer par lui-même, ou qu’il recréé l’inoubliable scène de danse de Kickboxer), sans oublier bien sûr cette publicité de génie pour Volvo.
Du coup, lorsqu’il affirme « Okay, Jean-Claude Van Damme n’est pas Anthony Hopkins, mais Anthony Hopkins n’est pas Jean-Claude Van Damme », on ne peut que saluer sa lucidité.
9. Parce qu’il n’en finit pas de revenir
Roi du comeback, Jean-Claude Van Damme a survécu pêle-mêle aux eighties, à la mort des films d’action, à la disparition des vidéoclubs, aux modes les plus incongrues (du port du mulet à celui du slip) et à une descente aux enfers cocaïnée des plus corsées.
Là où ses contemporains moitié karatékas/moitié acteurs ont absolument TOUS sombré dans l’oubli le plus total (même en faisant un effort qui se souvient des Michael Dudikoff, David Bradley et autres Michael Jai White ?), JCVD touche les dividendes de sa quête de renouvellement.
10. Parce que Jean-Claude Van Damme est une icône, et puis c’est tout
Et que des comme lui c’est pas tous les jours qu’on en voit, et même que c’est lui qui le dit : « Je suis grand, je suis fort, je suis beau, je suis Van Damme ! »
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