A la revoyure, Scarface dispense toute une série de précieux conseils qui ne s’appliquent pas uniquement au trafic de drogue…
Plus de 30 ans après la sortie du film de Brian De Palma, Tony continue d’en faire rêver plus d’un devant leurs petits suisses. Référencé jusqu’à plus soif par les rappeurs des deux côtés de l’Atlantique, le prince des autodidactes incarne avec toujours autant de vigueur une certaine idée du rêve américain et de la réussite.
Quoi de plus cool en effet que de compter ses billets avec un machine, de sortir avec la fille la plus hot de Miami et de se payer un tigre, le tout sur du Giorgio Moroder en musique de fond ?
Comme tous les grands films de gangsters, ce remake du classique de Howard Hawks présente plusieurs niveaux de lectures. Outre le fait d’être une tragédie aux relents cartoonesques, Scarface peut aussi se voir comme un guide de l’ambition et du management.
« Every dog has his day. »
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1. Zéro excuse
Tout juste réchappé de la dictature Castro, Tony Montana va vite comprendre les opportunités que lui offre sa nouvelle terre d’accueil. Certes le chemin de la réussite n’est pas sans obstacles pour cet immigré dépourvu de tout bagage culturel, mais jamais il ne se complait dans la pleurniche ou ne s’apitoie sur son sort.
Pas le temps pour ça, le temps c’est de l’argent. #LosingIsForLosers
2. Assumer ses ambitions
À Manny qui lui demande ce qui lui revient, Tony lui réplique le célèbre « Le monde chico, et tout ce qu’il y a dedans ». Quitte à tomber, autant que ce soit d’un peu plus haut que sa chaise.
Bien décidé à arriver à ses fins, il va travailler d’arrache pieds à créer sa propre chance là où beaucoup se seraient contentés d’un strapontin. #ThinkBig #TheWorldIsYours
Tony s’exprime sans filtre, peu importe ce que les autres veulent entendre. C’est ce comportement direct et franc du collier qui lui permettra de faire exploser les plafonds de verre. C’est aussi pour cette raison qu’il saura être apprécié par Sosa bien que les deux hommes ne partagent rien en commun sur le papier.
3. Respecter sa parole
Parler tout le monde peut le faire, ça ne coûte pas cher. Tony lui, met un point d’honneur à tenir ses engagements, quitte à laisser sacrifier son ami Angel pour mener à bien une mission.
La confiance n’est jamais offerte, elle se mérite.
Nouveau venu dans le business, sa parole est sa seule valeur ajoutée. C’est aussi ce qui va très rapidement le distinguer des autres. Tony n’est peut-être pas la personne la plus honnête qui soit, mais il n’en reste pas moins quelqu’un de sincère sur qui l’on peut compter.
« All I have in this world is my balls and my word »
4. Couper les ponts quand il le faut
Dans les affaires la loyauté n’est pas éternelle. Si Tony gravit aussi vite les échelons c’est aussi parce qu’il sait passer la seconde quand il le faut, sans s’embarrasser de ces gens qui dans son entourage ne marchent pas du même pas que lui.
Qu’il s’agisse de Manny qui « préfère les femmes à l’argent » et qui sera vite relégué en homme à tout faire, Franck Lopez et sa tête de « cave » ou encore Bertsein (le flic corrompu) devenu inutile, Tony ne connait qu’un chemin : la ligne droite. Tant pis pour ceux qui ne prennent pas le train avec lui.
5. Ne pas être effrayé de prendre de nouvelles responsabilités
Les meilleures opportunités se présentent souvent sans crier gare, encore faut-il saisir la balle au bond.
Quand Omar Suarez approche Tony et Manny, plutôt que d’accepter sans sourciller sa première offre, Tony en profite pour exiger une tâche plus conséquente. Il n’hésitera pas ensuite à en faire toujours plus que ce qui lui est demandé afin de démontrer sa valeur.
Contrairement à ceux qui jouent placé (« On me donne ça, donc je fais ça. »), cette attitude, si elle n’est pas gagnante à tous les coups paye à long terme.
Et puis au pire, mieux vaut rater que de ne pas essayer.
6. Personne ne réussit seul
Majeure partie du succès consiste à s’entourer des personnes capables à qui l’on peut déléguer. Une journée ne durant que 24 heures, impossible de tout faire soi-même. Sans compter que prendre le temps d’écouter des avis contraires ne fait pas de mal.
Enivré par sa quête de réussite, englué dans sa paranoïa, Tony se révèle incapable de faire confiance à qui que ce soit. De plus en plus inconsidéré, il finira par faire fuir un à un tous les gens qui l’aiment, les autres étant relégués au rang de yes men.
Résultat, quand arrive le moment fatidique, il se retrouve seul avec son gun.
7. Ne jamais sous-estimer la rapacité de l’adversaire
Avant le « don’t get high on your own supply » immortalisé par Biggie sur le classique 10 Crack Commandements, il s’agit de la première leçon assénée par Franck Lopez, qui somme toute ne disait pas que de des bêtises.
Tony aura pourtant bien vite fait de l’oublier, pensant (à tort) tenir Sosa dans sa main. Zombie dévoré par sa propre ambition, tout comme le reste du casting, il finit par mordre à tous les hameçons de la blood money.
Les valeurs affichées par les uns et les autres ne font jamais long feu devant l’appât du gain, chacun trouvant de quoi justifier après coup sa trahison.
8. Savoir s’arrêter
À la tête d’un empire pesant plusieurs millions de dollars, marié à la femme de ses rêves, Tony a comblé ses rêves d’argent et de pouvoir au-delà de ses espérances les plus folles.
Incapable d’apprécier ce que la vie lui offre, il finit par réaliser que l’accumulation sans relâche ne mène à rien (voir cette scène crépusculaire au restaurant). Il ne saura cependant pas changer à temps son fusil d’épaule alors que la situation commence sérieusement à sentir le sapin.
Imaginons une seconde une fin alternative où il investirait son pèze dans l’industrie du disque, lancerait un label de rap, puis fort de sa street crédibilité sortirait un premier album intitulé au hasard Reasonable Doubt…
9. L’éducation ça compte
« L’absence de limite chez Tony s’explique par son manque total d’éducation », voilà comment Oliver Stone, le scénariste du film, décrit son personnage.
Alors que ses seuls objectifs se mesurent en dollars (et que sa devise emprunte le slogan publicitaire d’une compagnie aérienne), il se heurte vite à la condescendance et au mépris de ses pairs – que ce soit le très aristocrate Alejandro Sosa, son banquier Wasp, Omar qui le traite de « péquenaud » et même (surtout) sa femme qui le trouve d’un ennui « mortel » à force de ne parler que de pognon et de jurer à tout va.
Sa méconnaissance des codes sociaux, ses goûts de nouveau riche (paye ta déco intérieure rococo et tes costumes criards) ou son accent à couper au couteau n’y sont pas étrangers : malgré sa réussite matérielle, Tony demeure un plouc abruti par la société de consommation.
L’argent n’ouvre pas toutes les portes. #PlusSosaQueTony
10. Une seule issue : quatre murs ou quatre planches
En définitive ce qui cause la mort de Tony n’est pas d’avoir tué son meilleur ami, de s’être enfilé des slaloms de cocaïne ou d’avoir provoqué l’ire de plus fort que lui. Non, Tony a fauté dès le départ en empruntant la mauvaise voie.
Le trafic de drogue est un panier de crabes où la violence seule régit les rapports humains. Que ce soient les grandes figures du milieu où les petites mains, toutes connaissent inéluctablement la même fin peu ragoutante (décès, prison, trahison…).
Au-delà même de l’aspect moral, statistiquement parlant ce choix de vie ne présente aucun intérêt.