Alors que « Creed 2 » sort dans dans les salles obscures US, zoom sur les personnages les plus badass des sept films précédents…
Les Rocky sont-ils des bons films ? À choisir entre oui et non, la réponse penche clairement du côté du non. Certes, il existe une ou deux exceptions, mais pour les autres le temps aurait même plutôt tendance à aggraver leurs cas.
Pour autant, cela ne veut absolument pas dire que les Rocky ne sont pas des films des plus sympathiques et des plus divertissants, notamment en raison de toute cette mythologie qu’ils ont su développer autour d’eux.
Tout film de la saga Rocky obéit en effet à une série de figures imposées qui vont du montage d’introduction à la séquence d’entraînement, de la bande originale aux costumes, des moments de doutes traversés par le héros à l’affrontement final.
Élément pivot de cet inventaire : un rival digne de ce nom. S’il peut prendre différentes formes (compétiteur, promoteur, ancien protégé…), son importance est telle qu’il est bien souvent celui à l’aune duquel s’apprécie le film.
Raison donc pour classer sans plus attendre du pire au meilleur tous ceux qui ont mené la vie dure à l’Étalon Italien.
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10. Thunderlips
Vu dans Rocky 3 : L’Œil du tigre. Interprété par Hulk Hogan.
Fait amusant, si ce combat d’exhibition qui ouvre le troisième volet peut paraître des plus farfelus, il n’est en est pas moins inspiré d’un fait réel : le match de gala entre Chuck Wepner (le boxeur derrière le personnage de Rocky) et Andre the Giant au cours duquel le catcheur a réellement projeté le boxeur en dehors du ring avant que l’évènement ne vire à la foire d’empoigne.
Fait moins amusant, le face-à-face entre Balboa et Hogan est en revanche l’un des moments les plus pénibles à regarder de la saga.
Question « boxe », malgré la différence de taille ahurissante entre les deux hommes et les multiples coups en douce assenés par « Lèvres du Tonnerre », ce dernier n’en reste pas moins son adversaire le moins coriace.
Sitôt ses esprits recouverts (et une chaise balancée dans le dos par Paulie), Rocky le corrige allègrement, et qui plus est dans sa propre discipline.
9. Spider Rico
Vu dans Rocky & Rocky Balboa. Interprété par Pedro Lovell.
Aussi tocard et clodo que Rocky, ce tout premier bad guy ne tient que deux rounds contre le futur champion du monde, non sans lui avoir auparavant donné un coup de boule des plus vicelards.
Mauvais joueur jusqu’à la fin, il n’hésite d’ailleurs pas à l’insulter de retour au vestiaire.
Pas très glorieux donc, même si à sa décharge un fort soupçon de dopage plane sur cette défaite : à la fin de la première reprise Rocky se voit en effet conseiller par le type dans son coin de boire un liquide suspect empaqueté dans un sac en papier marron.
Sitôt avalé, au parieur qui vient lui demander s’il se sent « fort », il lui répond « absolument »…
Pas rancunier pour autant, Spider sera aperçu trente ans plus tard dans le sixième film de la franchise en tant qu’employé du restaurant tenu par Rocky.
Notez que dans la vraie vie, Pedro Lovell était dans les années 70 un boxeur de très honnête facture (23 combats, 18 victoires dont 14 par KO) qui s’est vu barrer la route des championnats du monde par un Ken Norton alors au sommet de sa forme.
8. « Pretty » Ricky Conlan
Vu dans Creed : L’Héritage de Rocky Balboa. Interprété par Tony Bellew.
Ricky Conlan ou l’homme qui remporte une victoire à la Apollo Creed dans Rocky I face son Adonis de fils.
Après avoir envoyé au tapis Michael B. Jordan dès la première reprise grâce à un uppercut, le champion du monde se heurte à une résistance inattendue de sa part avant d’être surpris à son tour par une droite au douzième et dernier round.
Il se relève néanmoins in extremis et sort finalement vainqueur.
Autre vrai boxeur dans la vie à jouer à l’acteur, Tony Bellew s’en sort avec une mention correcte question acting à défaut d’avoir bénéficié d’une quelconque scène marquante. Étonnamment, c’est à trop donner dans le démonstratif entre les cordes qu’il pêche un peu.
Coïncidence incroyable, un an après le film le boxeur de Liverpool est devenu champion du monde de la façon la plus Rocky qui soit.
Donné largement perdant face au Congolais Ilunga Makabu, il se retrouve tout d’abord au sol avant de retourner le combat en sa faveur et de lui infliger la toute première défaite de sa carrière.
Comble de l’ironie, Tony Bellew a remporté la ceinture WBC des lourds-légers en jeu sur le même ring qui a accueilli le combat de Creed.
7. George Washington Duke
Vu dans Rocky 5. Interprété par Richard Gant.
Décalque à peine voilée de Don King, ce promoteur marron est d’une certaine manière tout ce que Rocky n’est pas : bruyant, clinquant, outrancier, mais aussi et surtout animé exclusivement par l’appât du gain.
Et tant pis si cela passe par tenter coûte que coûte de lui faire remettre les gants malgré sa caboche toute pleine de lésions ou de ruiner la relation sincère qu’il entretient avec son tout jeune protégé à qui il retourne la cervelle façon Palpatine.
Étiqueté boxeur sans panache par sa faute, à force de provocations Duke embarque alors le pauvre Tommy Gunn dans une baston à mains nues qui n’a pas dû être sans conséquence sur la suite de sa carrière et sur sa santé.
Difficile enfin de ne pas imaginer qu’il n’a pas effectivement poursuivi Rocky en justice comme il le lui avait promis, et qu’il ne lui extorque pas depuis au titre d’accord financier une part substantielle du modeste chiffre d’affaires de son restaurant.
6. Mason « The Line » Dixon
Vu dans Rocky Balboa. Interprété par le mi-lourd Antonio Tarver.
En tête du classement des pires surnoms de la série, l’ami Mason est également en bonne position pour figurer tout en haut de celui des pires champions du monde de la boxe.
Sérieux, le mec est titulaire des ceintures IBF, WBA et WBC, mais est passé à quelques droites de prendre la tasse contre un type de soixante balais.
Alors oui, il s’est pointé grassouillet sans s’être entraîné à fond, puis s’est cassé la main dans le second round, mais l’idée n’était-elle pas à la base de faire mentir dans les grandes largeurs cette simulation qui le pronostiquait battu face à un Rocky Balboa au sommet de sa forme ?
En réalité si tel avait été le cas, Dixon aurait été tout juste bon à figurer dans le générique de début de Rocky 3.
Ceci dit le personnage n’est pas inintéressant. Sorte de Clubber Lang friqué au début du film, il apprend à surmonter ses démons et finit par gagner en modestie en allant puiser au fond de lui les ressources nécessaires pour terminer le combat debout.
5. Tommy « The Machine » Gunn
Vu dans Rocky 5. Interprété par un Tommy Morrison tout en mulet.
Assez injustement désigné bouc-émissaire de ce fiasco qu’est le cinquième opus, le personnage de Tommy Gunn ne manquait pourtant pas d’atouts, avec en premier lieu le jeu plutôt convaincant du vrai poids lourd à la ville Tommy Morrison.
« Jeune blanc rien à foutre », il entretient avec Rocky une relation similaire à celle que ce dernier entretenait avec feu Mickey, un chouia d’affection en plus et beaucoup (beaucoup) de cris en moins.
Sa trahison dans le dernier acte sera d’ailleurs le coup qui blessera le plus son mentor, bien plus que ceux portés dans ce combat de rue où il se fait rouster en trois petits rounds, lui qui a pourtant cogné le premier et en traître.
À sa décharge, Rocky qui a longtemps bossé comme homme de main de la pègre locale avait ici bien plus d’expérience que lui dans la streetzer’.
4. Clubber Lang
Vu dans Rocky 3 : L’Œil du tigre. Interprété par Mister T.
Cas très ambivalent que celui de Clubber Lang puisque de tous les adversaires de la saga, il est le seul à obtenir une victoire nette et décisive sur notre héros, quand bien même ses qualités de boxeur peuvent être sujettes à caution.
Démolissant à tour de bras challengers sur challengers, il est tout d’abord injustement écarté de la course au titre par un Mickey désireux de protéger son poulain. Et pour cause, non seulement Lang est aussi féroce que vicieux, mais il ressemble d’un peu trop près au Rocky des précédents épisodes, celui qui à chaque combat jouait sa vie sur le ring.
Ajoutez à cela une aptitude à se foutre complètement du qu’en dira-t-on, ainsi qu’un trash-talk qui sait piquer là où ça fait mal, et c’en est à se demander pourquoi il n’est pas classé plus haut ?
Et bien outre le fait qu’il ait battu en première instance un Rocky qui n’était que l’ombre de lui-même (parce qu’embourgeoisé, mais aussi et surtout parce que son entraîneur était en train d’agoniser), quand est venue l’heure de la revanche, c’est peu dire qu’il a pris une dérouillée.
Revigoré par ses footings complices sur la plage avec Apollo, Rocky a livré un combat éclair dans lequel il a mis en lumière ses failles mentales et son cardio de fillette en trois petits rounds à peine, le tout sans aucun montage.
Dommage cependant que l’on n’ait pas revu sa crête dans le film suivant. Légitime à en découdre avec Drago, il aurait certainement offert un duel épique.
3. Paulie Pennino
Vu dans Rocky 1, 2, 3, 4, 5 & 6. Interprété par Burt Young.
« Avec un tel ami pas besoin d’ennemis » serait-on tenté d’affirmer après un rapide examen des états de service du beau-frère alcoolo et tabagique.
S’il arrête de tabasser sa sœur et de jeter des dindes par la fenêtre après le premier film, c’est pour ensuite vivre au crochet d’un Rocky tout juste parvenu au sommet.
Paresseux en diable, cet ancien de la marine militaire passe alors son temps entre élaborer des combines minables pour grappiller quelques dollars et se plaindre d’à peu près tout et n’importe quoi, quand il ne crée pas en conférence de presse un incident diplomatique entre les USA et l’URSS.
Tout cela sans oublier la relation des plus gênantes qu’il entretient avec son « robot girlfriend »…
Boulet certifié donc, « Rocco » lui doit en sus d’avoir dilapidé l’entièreté de sa fortune dans l’épisode 5.
Maintenu pour une raison inconnue dans son coin lors des combats, il peut toutefois se targuer d’avoir osé défier le champion du monde en titre par deux fois : la première avec une batte de baseball, la seconde mano a mano dans un parking qui lui vaut de s’attirer de compliments sur sa forme physique de la part de son beauf’.
Dans le même genre teigneux, son palmarès compte également des prises de bec physiques avec les peu commodes Hulk Hogan et Tommy Gunn.
2. Ivan Drago
Vu dans Rocky 4. Interprété par Dolph Lundgren.
Si le quatrième volet demeure à ce jour le plus gros succès (et de loin) de la franchise au box-office, il le doit en grande partie à ce colosse venu du froid dont on ne sait rien ou presque.
Regard dans le vague, poings d’acier et dégaine de GI Joe socialiste, il a beau ne prononcer en tout et pour tout que neuf petites lignes de dialogue, chacune est encore aujourd’hui mémorable (« I defeat all men », « I must break you », « If he dies, he dies »…).
Symbole de la puissance militaire et sportive de feu l’URSS, il met à genoux l’Oncle Sam à domicile en fauchant l’un de ses plus flamboyants ambassadeurs comme à l’entraînement.
Suite à ces débuts très encourageants, il trouve alors sur son chemin notre valeureux héros qui lui fait certes mordre la poussière, mais qui ne doit sa victoire qu’au scénario.
Comment en effet sérieusement croire qu’à 151 kg/cm2 de pression par praline (plus que Mike Tyson à son apogée !), un Rocky bientôt quadragénaire qui se prend une déculottée aux points douze rounds durant ait tout simplement pu survivre ? L’Américain a beau défier les pronostics depuis 1976, personne ne négocie à ce point avec les lois de la physique.
Le pire, c’est qu’il est fort possible que Drago n’ait en réalité montré qu’une fraction de son potentiel. S’il cumule 100 combats amateurs (et les 100 victoires qui vont avec), rappelons qu’il effectuait là ses débuts chez les professionnels.
D’ailleurs à en lire la version officielle/officieuse, à la chute du Mur de Berlin il s’est ensuite lancé dans une fructueuse carrière pro, avant de décrocher une ceinture mondiale à coup de KO ravageurs.
Bon après, impossible de ne pas mentionner qu’il soit au moins aussi dopé qu’un youtubeur fitness – et ce même si à la vue de certains physiques, il n’est clairement pas le seul Barry Bonds du Rocky universe.
1. Apollo Creed
Vu dans Rocky 1, 2, 3 & 4. Interprété par un Carl Weathers né pour ce rôle.
Apollo numero uno, forcément.
Apollo Creed, l’autoproclamé Master of Disaster (mais aussi The Dancing Destroyer, The King of Sting, The Count of Monte Fisto, The Prince of Punch…). Apollo Creed qui allie exubérance et élégance, tragique et comique, sens du style et sens du verbe. Apollo Creed, parfois plus Muhammad Ali que Muhammad Ali lui-même.
Apollo Creed, dont la combinaison unique faite de vitesse, d’agilité et de jeu de jambes est venu à bout de 46 adversaires d’affilé avant la limite.
Apollo Creed qui a dû attendre Rocky Balboa pour être envoyé au tapis pour la toute première fois de sa carrière. Apollo Creed qui s’il n’avait pas pris ce premier affrontement à la légère en passant un peu plus de temps à s’entraîner plutôt que d’en assurer la promotion en serait sorti vainqueur haut la main.
Apollo Creed qui a été ici victime du training montage (soit ces séquences d’entraînement qui permettent au challenger de se mettre comme par magie au niveau du favori en quelques minutes de film) et de la musique de Bill Conti.
Apollo Creed qui n’a perdu la revanche que d’une seule petite seconde de rien du tout (!) après 15 rounds acharnés. Apollo Creed qui comme à l’aller aurait dû gagner bien avant que ne retentisse le gong final tant les blessures qu’il a infligées au visage de Rocky auraient dû pousser l’arbitre à arrêter le combat. Apollo Creed qui, s’il s’était contenté de la jouer placée dans les derniers mètres au lieu d’aller chercher le KO, l’aurait facilement remporté par décision.
Apollo Creed qui a permis à Rocky de retrouver l’œil du tigre – et qui lui accessoirement lui a appris à trente berges passées à sauter à la corde et à shadow boxer. Apollo Creed qui a fini par s’adjuger la belle face à son poulain, et qui modeste l’a gardé pour lui.
Apollo Creed qui n’a manqué ni de courage ni de patriotisme en sortant de sa retraite pour aller défier un adversaire 15 ans plus jeune que lui. Apollo Creed qui a signé pour cette occasion la meilleure entrée de l’histoire de la boxe à coup de petits pas sur le Living In America de James Brown.
Apollo Creed qui est tombé en martyr de la Guerre Froide. Apollo Creed dont le fils n’a ni plus ni moins relancé la série des Rocky. Apollo à jamais dans la légende et dans les cœurs.
Apollo Creed quoi.
[Bonus] Que vaut Rocky comme boxeur ?
Face A, Rocky Balboa est très certainement le meilleur boxeur de tous les temps toutes catégories confondues, chaque épisode ayant été l’occasion pour lui d’acquérir de nouvelles compétences : cardio à toute épreuve dans le 1, changement de garde sur commande dans le 2, explosivité sans pareille dans le 3, insensibilité aux gnons dans le 4, art de la balayette dans le 5, pouvoir d’auto-guérison dans le 6.
Face B, hollywooderies mises de côté, peut-être faut-il relativiser un peu les choses.
Souvenons-nous qu’avant que vous-savez-qui lui donne sa chance parce que son surnom sonne bien à l’oreille, son palmarès particulièrement dégueu comptait 44 victoires pour 20 défaites.
20 défaites contre des bagarreurs de troisième classe dont même Canal + ne voudrait pas comme faire-valoirs face à Tony Yoka.
Et que dire de cette garde basse des plus exécrables qui lui vaut à chaque combat de prendre des coups si nets que dans la vraie vie, il aurait dû changer de métier passé 25 ans ?
Certes, la puissance de ses crochets aux corps, sa mâchoire d’acier et ses innombrables escapades au Musée d’Art de Philadelphie lui ont permis de s’emparer à l’arraché d’un titre mondial, mais de l’aveu même de son coach Mickey, ses dix défenses suivantes ont plus relevé de la mise en scène qu’autre chose – désolé Trevor Faus, désolé Big Yank Ball.
Quant à ses performances face à Drago et Dixon, il tient plus du punching-ball sur pattes qu’autre chose…
En même temps, n’est-ce pas là tout le sens de la saga ? Loin d’être né avec le talent d’un Ali ou d’un Mayweather, Rocky tient plus du bourrin que du virtuose. Sur le ring ce n’est pas tant sa technique qui compte mais le fait qu’il combatte avec son cœur et ses tripes.
Qu’il gagne ou qu’il perde importe assez peu au fond.