26 lettres, 26 entrées, 26 mots…
A comme Albuquerque
À la base Breaking Bad devait se dérouler à Riverside, dans l’agglomération de Los Angeles, mais lorsque Sony a appris que le Nouveau-Mexique offrait 25% de rabattement sur les tournages, ni une ni deux, décision a été prise de relocaliser l’action à Albuquerque, la ville la plus peuplée de l’état (550 000 habitants).
Outre le fait que le budget a alors pu bénéficier d’une rallonge, par ricochet ce choix a apporté une vraie touche de singularité à la série en proposant aux spectateurs des décors et une atmosphère inédits.
Ou comme l’a résumé Bryan Cranston : « La ville d’Albuquerque n’a pas seulement été essentielle à l’histoire, elle est devenue un personnage à part entière. »
B comme Better Call Saul
On ne va pas se mentir, malgré l’énorme cote de sympathie dont bénéfice l’avocat le plus marron du barreau, l’annonce de la mise en chantier d’un spin-off centré autour de sa personne avait à l’époque provoqué un léger vent d’inquiétude.
Quel était le projet ? Multiplier les faux suspenses quand il était couru d’avance qu’il s’en sortirait toujours vivant ? Revisiter Breaking Bad façon sitcom à coup de scènes de procès où il baratinerait jusqu’à plus soif ?
Contre toute attente, voilà pourtant cinq saisons que Better Call Saul régale – et même un peu plus si l’on en juge par la pelletée d’articles qui soutiennent que BCS dépasse BB.
Le ton tragicomique, l’acting parfait de Bob Odenkirk en Kevin Costner du pauvre, l’introduction de nouveaux personnages (Kim ! Lalo !), la profondeur apportée à ceux que l’on connait déjà (Mike notamment), l’exploration des méandres du cartel de Juárez, les flashbacks qui ouvrent chaque saison… « S’all good, man ! »
C comme El Camino
« Dis-moi quelle voiture tu conduis, je te dirais qui tu es. »
Dans Breaking Bad, aucun détail n’est laissé au hasard, à commencer par les véhicules des protagonistes.
Non contente de donner son nom au film qui clôt son arc narratif, la 1978 Chevrolet El Camino avec laquelle Jesse s’échappe à la fin symbolise toute l’ambivalence du personnage. Mélange d’une camionnette et d’une Impala, elle appartenait précédemment à Todd, qui comme Jesse pouvait à la fois passer pour un gentil garçon et le dernier psychopathe.
La Pontiac Aztek conduite par Walt dans les premiers épisodes est largement considérée comme l’une des voitures des plus banales et de plus ennuyeuses jamais commercialisée. Le genre de voiture conduite exclusivement par des boomers ternes et sans envergure.
D’ailleurs sitôt qu’Heisenberg pointe le bout de son nez, Walter fait l’acquisition d’une Chrysler 300 SRT8, une caisse aux lignes beaucoup plus sportives et sexy.
Soucieux de dissimuler qui il est vraiment, Gustavo Fring opte lui pour une Volvo V70 d’occasion, une voiture qui crie « famille, sécurité et respect de la loi » dixit Dennis Milliken, le coordonnateur des transports.
Dans un autre genre, l’état de délabrement du camping-car Fleetwood Bounder RV, le tout premier laboratoire à Walt et Jesse, peut être vu comme le curseur de leur relation.
D comme « Dites mon nom »
De toutes les punchlines de Walter White (« I am the danger », « Stay out of my territory », « I did it for me »…), elle est de loin la plus mémorable.
Debout en plein désert face à une bande de criminels endurcis, c’est sans lunettes de soleil et sans chapeau qu’il se permet de leur dicter ses conditions, non sans résister au plaisir d’étaler ses faits d’armes.
Plus Heisenberg que jamais, il conclut alors sa tirade d’un vibrant « You’re goddamn right » en forme de sacre.
Étonnamment, « Say my name » n’est pas la réplique préférée de Bryan Cranston : s’il ne devait en rester qu’une, ce serait son « Tread lightly » lancé au visage de Hank, quant à la toute fin ce dernier lui avoue « ne pas savoir qui est l’homme qui se tient devant [lui] ».
« Si c’est la vérité, si tu ne sais pas qui je suis, alors le mieux serait peut-être d’agir avec prudence. »
Explication de l’acteur : le côté sec et expéditif de la phrase condense en quelques mots toute la prudence et l’orgueil du personnage.
E comme Ego
Cet ami qui ne vous veut pas toujours du bien.
Walter White c’est ce nice guy qui toute sa vie d’adulte courbe l’échine, ronge son frein, se fait passer pour ce qu’il n’est pas, et qui du jour où il a les moyens de ses ambitions révèle sa vraie nature.
Un peu comme Beatrix Kiddo à qui Bill explique dans Kill Bill 2 que quoi qu’elle fasse elle sera toujours une tueuse sans merci, Walter a en réalité toujours été Heisenberg.
Toutes ses années de frustration n’ont cependant fait qu’accroître sa soif de pouvoir et de contrôle, tant et si bien que quand sonne l’heure du réveil, il n’est déjà plus qu’une « bombe à retardement ».
F comme Fins alternatives
Breaking Bad est passé très près de se terminer en préquel de Malcolm.
Bon okay, pas vraiment, mais lorsque la rumeur a surgi à l’orée de la saison 5 que Jane Kaczmarek (Lois dans Malcom, la femme de Hal, interprété par Bryan Cranston) avait rejoint la distribution, les internets sont devenus complétement zinzins.
Si la piste d’un Walter retrouvant l’amour sous une nouvelle identité dans la ville de Star City n’a jamais été considérée autrement que sous la forme d’une scène bonus, les scénaristes ont néanmoins envisagé quantité d’hypothèses pour clore les aventures du plus barré des profs de chimie – suicide de Skyler, décès de Walt J., attaque à main armée de la prison dans laquelle aurait été incarcéré Jesse, bain de sang à La Horde Sauvage face aux flics, Walt seul personnage survivant de tous les acteurs principaux…
G comme Gustavo Fring
Grand méchant en chef durant les deux premières saisons, Raymond Cruz qui interprète Tuco Salamanca quitte ensuite l’aventure pour rejoindre à temps complet une autre série, The Closer.
Un temps dans l’embarras, le showrunner Vincent Gilligan accomplit alors un virage à 180° pour lui trouver un successeur digne de ce nom.
« Nous étions là à nous dire que jamais nous ne trouverions un personnage aussi intéressant que Tuco. Et puis nous nous nous sommes dit pourquoi ne pas emprunter un chemin diamétralement opposé ? »
Ainsi est né le très corporate manager de Los Pollos Hermanos.
H comme Hank Shrader
Et si le vrai héros de Breaking Bad, c’était lui ?
Caricature de l’alpha bourrin dans les premiers épisodes, au fil des épreuves qu’il traverse il se mue en être plus sensible et vulnérable, sans jamais compromettre son intégrité.
La plupart du temps à contre-courant de sa hiérarchie, ne comptant que sur sa détermination il démasque un à un les plus grands cerveaux du crime (Gale Boetticher, Gus Fring, Heisenberg…). Et quand vient le moment de débarrasser le plancher, il tire sa révérence avec honneur (« The name is ASAC Schrader and you can go f*ck yourself »).
Avouez que vu sous cet angle, son portrait ne manque pas de panache.
Dommage pour lui que la série n’a pas été tournée 20 ans plus tôt, quand la mode n’était pas encore aux antihéros.
I comme Incertitude
L’alias de Walter White n’est évidemment pas choisi au hasard : il renvoie à Werner Heisenberg, un physicien allemand de génie. Lauréat du prix Nobel de physique en 1932 à 31 à peine, il s’est par la suite largement compromis avec le régime nazi, avant de décéder d’un cancer.
La parallèle ne s’arrête cependant pas là puisqu’Heisenberg est en 1927 le premier à avoir énoncé le principe d’incertitude, soit (attention vulgarisation) le fait que deux propriétés physiques d’une même particule ne peuvent être simultanément mesurées avec précision.
Appliqué à Walter White ce principe prend tout son sens, lui qui alterne sans cesse les rôles de père de famille aimant et de baron de la drogue impitoyable sans que l’on ne sache jamais ce qui reste de l’un quand l’autre prend le dessus.
J comme Jesse aurait-il dû mourir ?
Développement de l’arc narratif, profondeur des personnages, qualité de la réalisation, souci des détails, pas un épisode de trop… ce ne sont pas les arguments qui manquent pour couronner Breaking Bad meilleure série télé de tous les temps.
Seul bémol : Jesse Pinkman.
Non pas qu’il y ait quoi que ce soit à redire sur l’interprétation d’Aaron Paul ou sur la complicité qu’il dégage à l’écran avec Bryan Cranston, mais il est de notoriété publique que le personnage devait mourir avant la fin de la première saison.
Quand bien même il semble aujourd’hui absolument impossible d’imaginer la série sans lui, cela n’empêche pas que les ficelles scénaristiques utilisées pour constamment le garder dans l’intrigue sont parfois un peu trop grossières.
K comme Krysten Ritter
L’interprète de Jane, la girlfriend trop craquante (et franchement toxique) de Jessie dans la saison 2.
Si elle n’est pas exactement innocente (ne serait-ce que pour avoir initié Jessie à l’héroïne), son décès marque le moment décisif où Heisenberg/Dr. Hyde prend le dessus sur Walter White/Mr. Jekyll : c’est une chose de se débarrasser de types sur le point de vous faire la peau (REP Emilio et Krazy-8), cela en est une autre de laisser mourir devant soi une personne qu’il aurait été très facile de sauver.
L comme Los Pollos Hermanos
Si grammaticalement parlant le nom de la chaîne de restauration rapide de Gus est correct, il se peut qu’il ne signifie pas exactement ce qu’il est censé signifier en version originale.
En effet, en traduisant directement l’expression en anglais sans changer l’ordre des mots, « pollos » devient un adjectif et « hermanos » un nom.
Ainsi « The Chicken Brothers » renvoie à des frères spécialisés dans le poulet (« Les Frères Poulets »), et non pas à des poulets qui sont frères (« Les Poulets Frères »).
Cela dit, Gus ayant démarré Los Pollos Hermanos avec son partenaire Maximino Arciniega (celui-là même assassiné par Hector Salamanca au bord de la piscine de Don Eladio), il est très possible que l’expression signifie exactement ce qu’elle est censée signifier.
« ¿ Comprendes ? »
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M comme Mouche
Haut la main, l’épisode le plus controversé de Breaking Bad.
Motivé par des raisons strictement budgétaires, il voit Walter et Jesse traquer une mouche infiltrée dans leur tout nouveau labo. Pas plus.
C’est lent, c’est mou, et il ne se passe rien.
Oui, mais voilà, sous son apparence anecdotique, La Mouche prend le temps d’aborder en filigrane des thèmes comme la perte de contrôle et la culpabilité (« Tout est contaminé »), non sans approfondir encore un peu plus la relation entre les deux personnages.
Absolument pas un épisode de trop donc.
N comme Numéro de sécurité sociale
Breaking Bad c’est 274 morts violentes sur 5 saisons (contre 66 pour The Wire et 92 pour Les Soprano) et des dizaines de milliers de vies gâchées par les cristaux.
Tout cela parce que dans le pays le plus riche de l’histoire de l’humanité, un fonctionnaire lambda n’est pas en mesure de bénéficier d’une couverture maladie digne de ce nom.
O comme Ozymandias
Poème composé par l’auteur britannique du 19ème siècle Percy Bysshe Shelley, Ozymandias évoque la statue d’un lointain roi pharaon laissée à l’abandon dans un désert de sable. Une façon d’aborder sans en faire des caisses différents thèmes comme l’ivresse du pouvoir, l’inéluctabilité du temps qui passe ou le rôle de l’art dans la mémoire collective.
Sinon Ozymandias c’est également le titre de l’antépénultième épisode (S05E14), celui où Hank débarrasse le plancher et où Walter kidnappe Holly. L’un des très rares épisodes de l’histoire de la télévision à avoir obtenu la note parfaite de 10/10 sur IMDB.
La performance est d’autant plus exceptionnelle qu’elle tient toujours huit ans après sa sortie et 138 000 votes plus tard.
P comme Piscine
Walter Jr. ivre qui vomit sa tequila dans le bassin, la tentative suicide de Skyler, l’ours en peluche qui tombe du ciel suite au crash dans le ciel de deux avions, le tout dernier plan du tout dernier épisode de la saison 4… si la piscine de la résidence White est le lieu de quantité de tragédies ce n’est pas un hasard.
Symbole de réussite matérielle dans l’imagerie populaire, elle sert à mettre en parallèle les ambitions de Walter et les conséquences de ses actes, lui qui passe de longues heures assis à son bord à contempler son eau aussi bleue que sa méthamphétamine.
Notez que personne ne s’y baigne jamais.
Q comme QI
Walter White est-il le personnage de série télé le plus intelligent jamais créé devant tous les Tyrion Lannister, Franck Underwood et autre Profesor ?
Chimiste reconnu par ses pairs, il cuisine une drogue d’un niveau de pureté inégalé, passe ses journées à faire croire qu’il vit la vie d’un autre, manipule Jessie à sa guise, accumule en un rien de temps assez d’oseille pour remplir un container, organise en deux minutes chrono un massacre en prison sur un air de jazz, défait à loisir cartels, forces de l’ordre et nazis… Clairement, le mec est au-dessus.
Il paraît toutefois compliqué de lui attribuer avec certitude un quotient intellectuel supérieur à 130, le palier au-delà duquel une personne est considérée comme surdouée : les scénaristes étant selon toute vraisemblance pourvus d’une intelligence dans la moyenne, ils ne peuvent au mieux que présupposer ce qui se trame dans un tel cerveau.
Walter White c’est la représentation du génie dans la fiction.
R comme Ricine
Très certainement la séquence où Walter s’est montré le plus diabolique de toute la série : lorsqu’il a empoisonné le petit Brock afin de tourner Jesse contre Gus.
Dans un premier temps persuadé que Walt est le coupable, Jesse l’accuse d’avoir utilisé la cigarette à la ricine qu’ils avaient confectionné ensemble. Toujours en avance d’un coup, « Mr. White » parvient à le persuader que, contrairement à lui, Gus est le genre d’homme prêt tuer un enfant pour servir ses intérêts (ici diviser mieux régner).
Sauf que non. Plus tard Jesse comprend que White a une nouvelle fois bel et bien tout manigancé quand il découvre que Huell lui a volé ladite cigarette et que Brock a en réalité été empoisonné avec du muguet… une plante filmée en gros plan dans le jardin de Walter.
Lors du Comic-Con 2013, Vince Gilligan a expliqué que pour réussir son coup (ce qui n’est pas montré à l’écran), papy Walt s’est pointé à l’école de Brock pour lui offrir un jus de fruit.
S comme Science
La méthamphétamine couleur turquoise, l’acide fluorhydrique qui dissout un cadavre dans une baignoire (et la baignoire avec), provoquer une explosion en jetant contre un mur du fulminate de mercure… ce ne sont pas les approximations scientifiques qui manquent dans Breaking Bad, quand bien même des efforts notabes ont été fait pour coller au plus près de la réalité.
Est-ce pour autant un si gros problème que ça ?
Engagée comme consultante sur la série, voici ce que la chimiste Donna Nelson répond : « C’est de la fiction. Ce qu’il faut comprendre c’est que les producteurs, les scénaristes, les acteurs doivent avant tout privilégier leur liberté créatrice. Le but premier est de divertir au mieux, pas de réaliser un documentaire scientifique. Il doit être possible d’exagérer un peu les choses. »
T comme The Take
The Take c’est une chaîne Youtube animée par Susannah McCullough et Debra Minoff, deux meufs plutôt du genre cérébrale qui décortiquent la culture pop à coup d’études de personnages, d’explications de fins et d’analyses de messages.
Rien d’original jusque-là si ce n’est que leurs vidéos sont hyper quali et participent à éclairer films et série d’un autre œil – voir notamment Le mythe du sauveur blanc, Piège de Cristal est-il un film de Noël ?, Le code d’Omar Little, Pourquoi nous sommes tous des Pete Campbell, et tant d’autres.
En ce qui nous concerne, cela donne une mise en parallèle des trajectoires de Saul Goodman et Walter, pourquoi Skyler est si détestée, pourquoi sa sœur Marie n’est pas si innocente, ou encore le poids du fardeau que porte Jesse.
Vivement conseillé.
U comme Univers
Le Breaking Bad universe c’est bien sûr les 62 épisodes que comptent la série, plus ceux en cours de Better Call Saul, mais c’est aussi, et c’est beaucoup moins connu, 17 « minisodes » tournés entre la première et la quatrième saison.
Pastilles longues de quelques minutes, ils complètent sur le ton de la comédie la biographie des personnages, loin de toutes péripéties autour du milieu de la drogue – Walter qui s’associe à Badger pour un braquage d’aspirateur, Jessie et Badger (pas assez d’amour pour Badger) qui discutent de leur groupe de rock, Hank qui s’est fait faire une gâterie par un travesti la veille de son mariage avec Marie, les clients de Saul qui témoignent de son professionnalisme…
À (re)visionner un léger pincement au cœur lorsque l’on sait ce qu’il est advenu de chacun.
V comme Virilité
Peut-être le principal thème de la série, tant la question de ce qu’est être un homme revient encore et encore.
Écrasé par ses comparses masculins (son beau-frère en tête), émasculé par sa femme, mis à l’épreuve par son fils, Walter passe alors d’un extrême à l’autre en embrassant les voies de l’hypermasculinité (l’argent, le pouvoir, la domination…).
Grisé par cette énergie nouvelle, il en oublie de « s’empêcher » pour reprendre un mot célèbre d’Albert Camus et finit par détruire tout ce qu’il lui a un jour été cher.
W comme W.W.
Que Hank réalise sur le trône que son beau-frère est Heisenberg en tombant sur la dédicace que le chimiste Gale Boetticher lui laisse deux saisons plus tôt dans un recueil de poèmes, pourquoi pas ? (« To my other favorite W.W. It’s an honour working with you. Fondly, G.B »).
Après tout, son intuition n’est plus à prouver, d’autant plus que l’on sait que précédemment la DEA a saisi un manuscrit de Boetticher contenant un hommage similaire à « Walt Whitman ».
Non, ce qui interroge à la revoyure c’est pourquoi diable Walter, si méticuleux par ailleurs, a-t-il laissé traîner un tel indice à portée de main ?
Ce livre n’est pas un trophée, le conserver n’a aucun sens – contrairement à Gus, le meurtre de Gale n’a rien de glorieux. Et ce n’est pas comme s’il ignorait qu’Hank, de surcroît régulièrement invité chez lui, était en mesure d’assembler les pièces du puzzle entre elles.
S’agit d’un acte manqué ? Imbu de lui-même au dernier degré, Walt souhaitait-il inconsciemment être démasqué pour que son génie éclate enfin au grand jour ?
Ça, ou alors l’erreur est humaine. Même pour Heisenberg.
X comme X-Files
Mais que connaît-on au juste sur George Vincent Gilligan Jr., le showrunner de Breaking Bad ?
Et bien si vous ne deviez retenir qu’une ligne de son CV, sachez qu’à la fin des années 90 il a officié comme scénariste sur X-Files 29 épisodes durant.
Hasard qui n’en est pas un, de très nombreux acteurs ont joué dans les deux séries (Bryan Cranston, Aaron Paul, Dean Norris/Hank, Raymond Cruz/Tuco, Michael Bowen/Oncle Jack…), tandis que quelques clins d’œil sont placés de-ci de-là (dans la saison 5, la société de location de voitures utilisée par Kuby pour transférer l’argent de Walt porte le même nom que celle utilisée par Mulder et Scully dans X-Files).
Y comme « Yo, bitch! »
Compilations Youtube, t-shirts, applications… l’expression favorite de Jesse est partout.
Bon attention si de la toute la série il lâche selon les estimations rentre 500 et 1 000 « yo », « bitch » ne revient en tout et pour tout que 54 fois dans sa bouche, soit moins d’une fois par épisode – pour une analyse en détails des occurrences les plus mémorables d’Aaron Paul, c’est ici.
Z comme Zéro neuf
Pure à 99,1%, la meth’ de Walter White c’est pas de la poudre de perlimpinpin.
Ressort scénaristique capital de l’intrigue, ce pourcentage n’a pourtant que peu d’importance dans la vraie vie, la demande sur le marché de la drogue étant inélastique.
Au cas où vous auriez oublié les cours de macroéconomies suivis par Stringer Bell dans The Wire, pour rappel la demande est dite élastique quand elle varie en fonction du prix ou de la qualité (les biens de consommation courante, les vêtements, les sodas…) et inélastique quand elle ne varie pas ou très peu en cas de variations du prix ou de la qualité (l’essence, les biens vendus à très bas prix, le tabac, les médicaments…).
Ou pour référencer à nouveau l’ami Stringer expliquant tout ça de la manière la plus simple qui soit à D’Angelo : « Si le produit est bon, ils l’achètent. Si le produit est mauvais, ils en achètent deux fois plus. Au pire, on se fait deux fois plus d’oseille. »
À l’exception d’un marché de niche de connaisseurs (type camés des clubs huppés), la méthamphétamine de Walt ne présente donc un intérêt pour les grossistes et cartels que parce qu’elle peut être coupée et recoupées.
Un mythe tombe.
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