Gros plan sur les séries les plus innovantes des 50 dernières années.
Il fut un temps que les plus jeunes ne peuvent pas connaître, où les films trustaient seuls le top de la production audiovisuelle. Les séries n’étaient que des faire-valoirs destinés à divertir les accrocs au canapé plus qu’à faire réfléchir ou à raconter des histoires bien construites. C’était bien avant l’ère de Netflix, à une époque où le Trône de fer n’avait même pas commencé à germer dans le cerveau plantureux de l’ami George R.R. Martin.
Si les séries créent aujourd’hui autant l’évènement qu’un Clasico ou un concert de PNL, c’est grâce à certains de leurs glorieux ancêtres et contemporains qui ont osé faire changer les choses, se renouveler en introduisant de nouveaux thèmes ou en amenant un autre regard aux séries. De divertissement de l’ombre, elles sont devenues des productions dont beaucoup guettent les sorties avec impatience. En amenant le petit écran dans une nouvelle dimension, ces shows ont regardé le cinéma droit dans les yeux pour revendiquer leur place au soleil.
Voici la sélection de ces shows télévisés révolutionnaires qui ont changé le monde des séries à tout jamais.
Les Feux de l’amour
Oui, vous lisez bien.
Avant de devenir l’occupation numéro 1 des mamies aux States comme en France, le soap opera a enfoncé des portes qui ne l’avaient jamais été auparavant. En abordant dès les 70’s des thèmes comme l’homosexualité, le viol, la lutte des classes ou le sexe hors-mariage, la série a longtemps été précurseuse avant de s’embourber au fil des années dans la longue liste des programmes à inscrire dans son Death Note.
En même temps, les 45 saisons qui en font la troisième série la plus longue de l’histoire ont fini par avoir raison de l’imagination des créateurs. Résultat, Les Feux de l’amour ont fini par s’éteindre pour ne plus intéresser grand monde en dehors de Moussa Sissoko et des personnes de 70 balais…
Star Trek
Live long and prosper
Leonard « Spock » Nimoy ne croyait pas si bien dire, lui qui est aujourd’hui devenu l’idole intemporelle des geeks du monde entier. Trois petites saisons ont suffi à l’équipage première génération pour faire de Star Trek LA référence de la science-fiction.
La série a surtout été parmi les premières à adresser un énorme doigt du milieu à l’encontre du racisme et de la misogynie de l’époque. Avec des personnages de nationalités différentes et des femmes parmi les personnages les plus importants, Star Trek a tout vu avant tout le monde de l’ouverture qui pointait le bout de son nez. Une perf’ que n’effaceront pas les navets dérivés qui ont suivi.
M.A.S.H.
Qui sait si des séries cyniques comme Dexter ou Six Feet Under auraient vu le jour si M.A.S.H. n’était pas venu faire hurler les réac’ 30 ans plus tôt ?
La série a aussi révolutionné les comédies télévisées en imposant son credo : savoir rire de tout et particulièrement des sujets les plus brûlants. Et pourtant, des médecins qui balancent des vannes à droite à gauche en plein milieu d’une Guerre de Corée bien sensible aux Etats-Unis, il fallait oser.
Résultat, 250 épisodes plus tard, la série a achevé son périple avec l’un des épisodes les plus suivis de l’histoire de la télé américaine. Changer les mentalités de l’autre côté de l’Atlantique, ce n’était vraiment pas gagné.
Dallas
Bon ok, en regardant d’un oeil Dallas depuis le 21ème siècle, le show ressemble plus à un programme qui a pris pas mal de rides qu’à un phénomène qui a chamboulé le game des séries.
Pourtant, le monde entier n’a juré que par les Ewing et leur business pétrolier pendant près de 13 ans. Premier soap en prime time dans le pays de l’oncle Sam, doublé dans 67 langues et diffusé dans près de 100 pays, Dallas est le doyen de la télé mondialisée.
Conçue pour durer, la série devenue légendaire a à peine été écornée par une tentative désespérée de suite en 2012. Dallas, c’était définitivement mieux avant.
Les Simpson
Started from the bottom now we’re here
A la fin des 80’s, quand le quasi-random Matt Groening débarque avec ses petits bonhommes jaunes, pas grand monde ne lui donne la moindre chance de s’imposer, ne serait-ce que dans son propre pays. Pour taper sur toute la société américaine avec un dessin-animé satirique, les producteurs se demandent presque unanimement ce que le type a fumé.
Solidement installé dans son siège de grand parrain de la pop-culture, Matt Groening en rigole encore aujourd’hui. Son bébé va fêter ses 30 ans de diffusion et a ouvert la voie à de nombreux successeurs comme South Park ou American Dad.
Twin Peaks
Les séries rattrapent les films, épisode 1.
Quand David Lynch arrive avec son Twin Peaks, le public s’étonne d’abord de voir un grand réalisateur du cinéma déjà connu pour Elephant Man et Blue Velvet s’intéresser à cet art de seconde zone.
The rest is history. Avec sa plastique et son ambiance atypiques, le programme met une claque aux habitudes sérielles. Twin Peaks fait parler et enfante les premières communautés de fins connaisseurs qui passent leurs soirées à débattre du tout dernier épisode en picolant des coupes de martini.
Les Soprano
Les Soprano, c’est un message clair à l’adresse du cinéma : La concu n’est plus dans le rétro.
Qualité premium, trame scénaristique complexe et rondement menée, les plus célèbres mafiosi du petit écran n’ont absolument rien à envier au grand frère hollywoodien qui grince alors plus que jamais des dents.
Les Soprano sert de modèle stratégique à reproduire pour toutes les chaînes payantes. Une nouvelle tendance est née, celle de tout miser sur la qualité quitte à allonger quelques dollars de plus. Le programme ouvre la voie à toutes les séries nouvelle école et confirme le mantra de son écurie : « It’s not TV, it’s HBO ».
The Wire
« C’est non seulement l’une des meilleures séries télévisées, mais aussi l’une des meilleures réalisations artistiques de ces dernières décennies ».
Le big up est signé Barack Obama et en dit long sur la place de The Wire dans le gotha des séries. Véritable fresque des quartiers populaires américains, le programme se place successivement du point de vue des flics malmenés, des scarlas locaux et des politiciens impuissants. Par son glaçant réalisme et sa dimension sociologique jamais entrevue auparavant, The Wire redéfinit la place des séries aux yeux des téléspectateurs du monde entier.
En témoignent les kilos de doliprane que le programme a fait consommer aux étudiants d’Harvard, où la série de David Simon est étudiée.
Lost
Prenez les phénomènes communautaires aperçus avec Star Trek et Twin Peaks, ajoutez-y le développement d’Internet et vous verrez le délire engendré par Lost.
Le sort des rescapés du vol Sydney-L.A a passionné toute une tribu d’aficionados, pendus à leur télévision pour suivre les derniers rebondissements du show. Lost, c’est une véritable explosion des phénomènes d’analyse et de fan theory qui fleurissent sur le web jusqu’aux forums les plus obscurs. Un authentique phénomène populaire télévisuel.
Ce ne sont pas les millions de fans en PLS devant leur poste pour l’épilogue jugé décevant de la série qui diront le contraire.
Desperate Housewives
Réussir à placer un soap opera en prime time au 21ème siècle, c’est déjà un exploit en soi.
Desperate Housewives, c’est la série globale par excellence. Celle qui est succeptible toucher les bambins, les ados boutonneux, les parents qui s’identifient et même les retraités qui voient d’un bon oeil le retour en force du soap. Diffusées de la France et des States jusqu’en Afganistan et en Corée du Nord (bon, illégalement mais quand même), les housewives de Wiseria Lane ce sont « cinq femmes à la tête d’une émission télévisée en prime time qui prouvent que les femmes peuvent être drôles, complexes et vulnérables » – dixit Eva Longoria.
De quoi (presque) regretter les années 2000.
Breaking Bad
Tout en haut dans la hiérarchie ô combien sélective des séries, il n’en reste pour beaucoup que deux : Game of Thrones et Breaking Bad.
Bien aidé par les précurseurs qui l’ont précédé, ce dernier a développé des intrigues qui mettent à l’amende beaucoup de productions du 7ème art. C’est justement sur le plan scénaristique que Breaking Bad a créé une petite révolution, en popularisant définitivement la figure du héros bad guy. Un petit prof de chimie banal qui se transforme en narcotraficante prêt à dissoudre des cadavres pour continuer à faire du cash, du jamais vu.
Breaking Bad, un classique parmi les classiques, b*tch.
Game of Thrones
Qui n’a pas entendu parler au moins une fois de Game of Thrones ces dernières semaines ?
Les trublions de Westeros ont changé le game à tout jamais. En mettant de côté sa mosaïque sans fin de personnages plus énervés les uns que les autres ou encore sa trame narrative à faire hurler de rage les scénaristes les plus côtés d’Hollywood, c’est du côté du biz’ que Game of Thrones a marqué le milieu. Après une saison 7 qui a fait la nique aux standards d’Hadopi en étant visionnée illégalement plus d’1 milliard de fois, la série s’apprête à péter le record historique du plus grand budget par épisode (à peine 15 millions de dollars).
Winter is coming et l’hibernation risque d’être longue avant l’ultime saison.
House of Cards
Avec House of Cards, le game des séries entre encore dans une nouvelle dimension.
Primo, exit le petit écran, le bébé de Beau Willimon est la première série originale produite non pas par une chaîne, mais par une plateforme de streaming. Deuzio, tous les épisodes d’une saison sont balancés d’une traite, histoire d’inciter les abonnés à du binge-watching des plus intensifs. Tertio, les cadors d’Hollywood qui boycottent le cinéma ne sont plus des cas isolés.
Frank Underwood au pouvoir, c’est un séisme encore plus retentissant que Donald Trump.