Alors que sortait la semaine dernière son dixième album Dale, son succès en laisse plus d’un songeur… et il y a de quoi !
Sérieux quand vient l’été ce type est partout. Campings de bords de mer, rayons biscuits apéritifs des grandes surfaces, bande-annonces des télé-réalités… Impossible d’échapper à la déferlante Pitbull, alias Mr. Calle Ocho, alias Mr. Worldwide.
Qu’on le regrette ou qu’on s’en désole les faits sont têtus : depuis 2009 et son single I Know You Want Me issu de son quatrième album Rebelution, Armando Christian Pérez vend beaucoup (beaucoup) plus que ton rappeur préféré. Pour se faire une idée de son indéniable succès il n’y a qu’à jeter un œil à sa chaine Youtube où ses vidéos ayant dépassé les 100 millions de vues se comptent à la pelle.
Et pourtant l’omerta règne : jamais on ne l’entend sur les radios Hip Hop, jamais son nom n’est mentionné dans les discussions à propos des artistes les plus hot, et même sous la torture, jamais personne n’admettra être fan du bonhomme.
Si dans le privé Pitbull a l’air d’un mec plutôt affable et terre à terre, convenant volontiers « ne pas être, et ne pas vouloir être le meilleur rappeur », les choses se gâtent très vite quand approchent les premières heures du week-end.
Cet épouvantail du mauvais gout rallie alors sous sa bannière toute la racaille activement traquée par la police du look : des balèzes protéinés qui remuent des trapèzes quand le son passe dans leurs casques audios à ceux qui continuent à porter du Von Dutch en 2015, des kékés des plages qui écoutent NRJ à fond dans leur caisse à ces michetoneuses à faux-ongles « qui rêvent de cinéma et de rôle à la Madonna ».
Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es #FauxFontFaussesChoses
Quelle que soit l’instru, le thème du morceau ou l’artiste invité, il réussit à faire oublier qu’il rappe toujours de la même façon les mêmes rimes avec le même flow – au point de donner l’impression de simplement inverser l’ordre des mots d’un titre à l’autre.
Résultat chaque single ressemble au précédent et cartonne de la même manière. Posé comme cela c’est sûr on en vient à désespérer encore un peu plus de l’espèce humaine, surtout lorsqu’on sait qu’il remplit de stades… Reste tout de même que cela dénote un certain sens du génie marketing.
« Écoute mec, Pitbull c’est un produit. Je suis un businessman » aime-il à répéter. Et sur ce point on ne peut lui donner tort. Bud Light, Voli, Dr Pepper, Zumba Fitness… ses clips et chansons sont truffés de référence à des marques qui le rémunèrent grassement pour anesthésier les esprits. Preuve de son « talent » de lyricist, le mec n’hésite pas une seconde à faire rimer Kodak avec… Kodak.
On en oublierait presque que Pitbull s’est fait repérer au début des années 2000 en fermant le clapet de Drag-On des Ruff Ryders lors d’une battle, puis en apparaissant aux côtés de Lil Jon et ses East Side Boys.
Le natif de Miami se situe ainsi dans le prolongement direct des Black Eyed Peas, les premiers à avoir opérer ce virage à 180° entre R.A.P. et eurodance. Les plus optimistes verront là une cannibalisation de la pop par le Hip Hop. Les autres ne s’étonneront guère que même Soulja Boy et LMFAO soient plus respectés que lui dans le game…
« Wepaaaaaa ! J’aurais pas dû piquer le pantalon de ma sœur »
Mais Pitbull ne serait pas Pitbull sans ce sens du swag si particulier qui procure tant de bonheur à ses détracteurs. Un peu comme son cousin germain Flo-Rida, quoi qu’il porte rien ne lui va. Il a beau essayer de ressembler à James Bond, ses costumes lui donnent l’air d’un VRP tequila en fusion avec un employé de téléphonie mobile. Et lorsqu’il nous la joue casual, à un DJ de camping un soir de pleine lune.
Le pompon ayant certainement été décroché lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde au Brésil où il arborait un pantalon encore plus serré que celui de J-Lo avec qui il partageait la scène. L’internet ne s’en est toujours pas remis.
Ceci n’étant rien comparé à ses talents de danseurs. Parfaitement immunisé contre le ridicule, le mec se trémousse façon daron yolo, sans le moindre début de considération pour le qu’en dira-t-on. Un GIF valant mille mots, voici à quoi vous attendre le jour où vous vous retrouverez par mégarde assis au premier rang d’un de ses concerts.
Alors pour répondre à la problématique posée en intro (« mais nom d’un petit bonhomme en mousse qui peut bien écouter cette daubasse ? »), une rapide étude sociologique de sa page Facebook (#JournalismeDInvestigation #GrosMoyens) permet de tirer deux conclusions toutes aussi rapides.
Premièrement que 60 millions de personnes (!) dans le monde ne vont pas aimer cet article. Deuxièmement, en plus de souffrir de problèmes d’audition, nombreuses sont celles qui devraient consulter sans délai un opticien à en juger par ce genre de commentaires qui pullulent :
Et le pire dans tout ça c’est que parti comme c’est parti l’ami Pit n’a pas fini de hanter les karaokés et autres playlists de fêtes au village, accomplissant ainsi son destin de Patrick Sébastien latino. Bref on en a encore pour 10 ans…
Pour faire face à ces lendemains qui déchantent autant s’accorder un peu de répit : certes le son ci-dessous n’a rien à voir avec tout ce que qui a été écrit précédement, mais au moins il ne gâchera pas le reste de votre journée.
PS : Oui parce qu’en vrai, même pour un million, hors de question que j’écoute son album pour écrire cette chronique qui n’en est pas une