Vous n’allez pas en croire vos oreilles…
Dans l’art et plus particulièrement dans le monde la musique, il n’y au fond rien de mal à vouloir être différent. Bien au contraire, il s’agit souvent même d’un excellent moyen de s’affirmer tout en se démarquant de la concurrence.
Malgré son côté parfois un peu trop rigide sur les bords, le rap n’échappe pas à cette règle – il y échappe d’ailleurs peut-être encore moins justement en raison de « ce côté parfois un peu trop rigide sur les bords » qui accentue les tentatives d’excursion en dehors des sentiers battus.
Outre les habituels « weirdos » du game à la Madlib, Flying Lotus et Danny Brown qui ont fait de l’expérimentation leur marque de fabrique, ou de ces collaborations d’un jour dont on se demande toujours après coup si elles ont réellement eu lieu (les featurings asiatiques de Snoop Dogg, le duo entre les Bones Thugs-N-Harmony et Phil Collins, celui entre DMX et Marilyn Manson…), il existe des albums entiers de rap qui sans forcément être mauvais (certains le sont, d’autres pas) ont fait exploser les compteurs de la wtfuckerie.
En voici une petite dizaine dont il est fort possible que vous ignoriez quant à leur existence même.
Dr. Dre qui s’en est allé produire un joueur de flûte
Remise récemment au goût du jour par le carton Mask Off du duo Future/Metro Boomin et toute la vague d’instrus copycat qui ont suivi (Get Right Witcha des Migos, Broccoli de D.R.A.M., Portland de Drake…), la flûte n’en a pas moins depuis toujours accompagné discrètement l’histoire du rap.
Quand dès les années 80 Eric B & Rakim la samplent pour leur hit Paid In Full, sur la côte ouest elle se fait une place de choix parmi les instruments favoris des producteurs de gangsta funk qui apprécient tout particulièrement ce son extrêmement proche de la voix humaine (aucun embout, bec ou hanche n’interfére avec le souffle).
Le label Ruthless Records qui n’a pas produit que des albums de N.W.A avait d’ailleurs à ce titre signé dans ses rangs un certain James Zavalan. Initialement embauché comme musicien de studio, il se voit ensuite offrir la possibilité d’enregistrer son propre album solo. Mieux, celui qui est rebaptisé Jimmy Z pour l’occasion bénéfice des services de Dr. Dre qui non-content de venir rapper sur quelques titres produit l’intégralité du disque !
Le résultat s’appelle Muzical Madness et sort le 1er octobre 1991.
Si l’épisode reste à ce jour méconnu, c’est qu’aucune de deux parties n’a particulièrement de quoi en être fière.
Unique témoignage vidéo de cette « folie », le clip du lead single Funky Flute vaut d’ailleurs son pesant de cacahuètes entre les lyrics cucul la praline du docteur (« On the F-L-U-T-E yeaaah ») et les jeux de mots des plus lourdingues de l’ami Jimmy autour du double sens du mot « blow » (« souffler/tailler une pipe »), tout cela devant un parterre de demoiselles gémissant à n’en plus finir et les homeboys de Easy-E qui la jouent au plus-constipé-tu-meurs dans le fond.
Si Zavalan s’en est allé ensuite poursuivre sa carrière comme si de rien n’était, Dre a quant à lui semble-t-il pas mal appris de l’expérience puisque pour son premier solo The Chronic enregistré dans la foulée, il va privilégier, à contre-courant de ce qui se faisait à l’époque, l’orchestration live au sampling.
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Kool Keith qui a joué au gynécologue de l’an 3000
Sorte de cousin éloigné d’Alkpote et des dadaïstes, Kool Keith, déjà reconnu pour la bizarrerie de ses rimes au sein du collectif Ultramagnetic MCs, a franchi un nouveau cap en 1996 lorsqu’il s’est inventé l’alter ego Dr. Octagon et a sorti l’album Dr. Octagonecologyst qui va avec.
Le picth ? Le rappeur interprète un médecin gynécologue obsédé sexuel né sur Jupiter qui voyage dans le temps.
Enfin, ça, c’est la version simple, tant l’album part ensuite dans des délires tellement poussés qu’à chaque mesure s’en est à marquer une pause et se demander si l’on vraiment entendu ce que l’on a entendu – entre chimpanzés qui ont de l’acné, cirrhose de l’œil, cerveau fluorescent qui change de couleur, chaussures lames de rasoir et cheval errant en salle d’opération…
Et pour ne rien arranger, ses deux architectes sonores Dan The Automator et DJ Qbert lui ont concocté une ambiance au diapason à base d’effets électroniques à glacer le sang et autres amples des plus malsains.
Si Kool Keith ne s’est évidemment pas attiré ici une rangée de nomination aux MTV Award, il n’en est pas moins depuis à la tête d’une solide base fan. Poussé par cette dernière, il va ainsi continuer de faire vivre le docteur Octagon malgré le meurtre dont il est victime en 1999 sur l’album First Come, First Served de son comparse le Dr. Dooom.
Ressuscité en 2008 avec The Return of Dr. Octagon, 22 ans après sa création le personnage continue de faire la joie des auditeurs de rap alternatif avec la sortie d’un troisième acte au mois d’avril dernier intitulé Moosebumps: An Exploration Into Modern Day Horripilation.
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Lil Wayne qui s’est pris pour un rockeur alors que personne ne lui avait rien demandé
Surfant sur la vague du raz-de-marée Tha Carter III de 2008, celui qui s’autoproclame le « best rapper alive » sans souffrir de la moindre contestation annonce contre toute logique vouloir se lancer dans le rock.
À l’époque défoncé au sizzurp toute la journée, personne ne prend véritablement ses déclarations au premier degré, sauf que le P’tit Weezy est lui bien sérieux. Non content de s’habiller désormais comme Avril Lavigne et de s’entourer de yes men qui avalent jusqu’à la dernière goutte, il finit vraiment par le faire.
C’est ainsi que sort en février 2010 Rebirth, son disque rock, ou plutôt son disque « rock », dont la simple évocation donne hier comme aujourd’hui un frisson de malaise.
Certes, les deux genres partagent à l’occasion quelques atomes crochus (dans le milieu des années 80 les piges des Run DMC ou des Beasties Boys, dans les années 90 les Rage Against The Machine), mais encore faut-il y aller mollo sur l’auto-tune mal réglé, la poésie adolescente et les riffs de guitare copiés-collés aux « pointures » Blink-182 et Limp Bizkit.
Au final la question ne sera même pas de trouver un rockeur qui a apprécié l’album, mais de trouver quelqu’un qui a réussi à l’écouter en entier.
Devant l’ampleur du désastre, Birdman essayera d’ailleurs de convaincre son poulain de coupler la sortie de Rebirth avec son Carter suivant histoire de limiter la casse…
Huit ans plus tard, le monde attend toujours que Lil Wayne confirme que toute cette séquence tenait du canular.
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Common qui est parti loin dans le délire néo-hippie
Après son classique Like Water for Chocolate de 2000, plutôt que de reproduire sa formule rap/soul savamment mise au point, pour son second album en major le emcee Chicagoan prend le hip hop à rebours en allant lorgner du côté des Pink Floyd et de Jimi Hendrix avec Electric Circus.
Et si vous vous demandiez quelle mouche a bien pu le piquer, les témoignages s’accordent unanimement pour faire de sa compagne d’alors Erykha Badu la principale responsable de cette expérimentation à ciel ouvert – ou pour reprendre le célèbre mot de Questlove et Raphael Saadiq « Ne jamais la regarder plus de cinq secondes dans les yeux, sinon elle prend le contrôle de ton esprit ».
Complètement possédé, Common concocte en collaboration avec son équipe de all stars (Jay Dee, James Poyser et Questlove côté prod’, Bilal, Mary J.Blige, Jil Scott, Cee-Lo, Marie Daulne de Zap Mama et la française Laetitia Sadier côté chant) treize pistes jamais entendues auparavant où s’entrelacent à n’en plus finir des sonorités rock, folk, électro, new wave et psychédéliques.
Le produit fini est tel, qu’à un single mainstreeam près (l’enamouré Come Close), sitôt la première écoute terminée une seule question se pose : est-ce du génie pure ou de la folie douce ?
Tour à tour agressif et entraînant, abrasif et vaporeux, si le disque rate parfois sa cible notamment en raison de son côté un peu trop brouillon, c’est aussi ce qui fait tout son charme.
Joliment imparfait donc. Pour peu que vous soyez un brin mélomane, il mérite toute votre l’attention.
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Les Little Brother qui ont parodié les minstrel shows du 19ème siècle
Si The Minstrel Show sorti en 2005 n’est clairement pas l’album le plus déglingo de la liste, il n’en reste pas moins un excellent prétexte de parler des Little Brother, ce groupe composé au moment des faits des deux emcees Phonte (le rappeur préféré de Drake) et Big Pooh (dans le genre pseudo chelou), plus le génial beatmaker 9th Wonder.
Après un premier effort adoubé par la critique (The Listenning en 2003), le trio est vu par beaucoup comme le meilleur espoir de la scène US.
Pas très branchés gloire et millions faciles, plutôt que donner à leur musique une tournure grand public, les LB conçoivent leur second essai comme une satire du monde du rap et de l’industrie du disque en général.
Découpé à la façon d’un programme télévisé diffusé sur le réseau fictionnel UBN (You Black Ni**as Network), The Minstrel Show tourne ainsi en dérision tous les poncifs de la scène mainstream (nivellement par le bas, matérialisme, éloge de l’inculture…), Pooh allant jusqu’à pousser la chansonnette via son alter ego Percy Miracles pour moquer les chanteurs r&b mielleux qui pullulaient alors sur les ondes.
Tout cela sans bien sûr oublier cette pochette sur laquelle les trois larrons n’ont pas hésité à se noircir le visage et adopter des gimmicks d’une autre époque.
Jugé un peu trop intello (mais aussi disons-le nous franchement, parfois un peu trop répétitif), le disque divise la critique (même si globalement les avis sont positifs) et ne connaîtra qu’un succès d’estime.
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Jay Z qui a vu son Black Album fusionné avec le White Album des Beatles
En octobre 2003, comme Prince et Metallica avant lui, Shawn Carter y va lui aussi de son Album Noir.
Deux mois plus tard, histoire de continuer d’alimenter son buzz en donnant de la matière aux DJ et aux producteurs, il sort (comme Nas avant lui avec Stillmatic et God’s Son), une version a capella du projet disponible exclusivement en vinyle.
C’est alors que vient à l’idée Danger Mouse (qui n’est pas encore la moitié de Gnarls Barkley ou le producteur d’Adele, A$AP Rocky, Red Hot Chili Peppers et tant d’autres) de remixer le neuvième et dernier album des Beatles avec le huitième album de Jay (lui aussi annoncé comme le dernier de sa carrière) pour en faire le Grey Album.
« Pour moi, cela tombait sous le sens. J’étais un grand fan des deux… Par contre une fois le concept en tête, il fallait que je le sorte au plus vite » déclarera DM.
Il passe alors 15 jours enfermé dans sa chambre à décomposer le chef d’œuvre des quatre garçons dans le vent à l’aide d’Acid Pro, un logiciel permettant d’isoler les différentes couches de musique d’une même chanson.
« Les gens s’imaginent que j’ai juste pris des chansons des Beatles et que j’ai rajouté les paroles de Jay Z par-dessus, mais c’est en réalité beaucoup plus complexe à faire, c’est un vrai travail de déconstruction. »
Quand sort enfin L’Album Gris, l’enthousiasme est immédiat et les 3 000 premiers exemplaires mis en vente s’écoulent en moins de 24 heures.
Ce succès d’estime attire cependant l’attention d’EMI. Connue pour négocier très chèrement la musique des Beatles (en 2012 il en par exemple coûté 250 000 dollars à la série Mad Men pour que soit joué un extrait de Tomorrow Never Knows), la maison de disques envoie dès le lendemain (!) une lettre de mise en demeure à Danger Mouse.
Fort heureusement pour lui le producteur sera tout d’abord soutenu par le site internet Downhill Battle qui va organiser en collaboration avec 170 autres sites le Grey Tuesday, une journée de résistance proposant le disque en téléchargement gratuit ; puis par Paul McCartney qui va contacter les hautes instances d’EMI pour leur demander de se calmer un peu (« Take it easy guys, it’s a tribute »).
Et Jay Z dans tout ça ? Interrogé sur le sujet en 2010, il a non seulement trouvé l’idée « géniale » et le résultat « très fort », mais il s’est dit « honoré » de partager l’affiche avec les Beatles.
Notez enfin qu’en 2012 un clip a été réalisé, la Grey Video, où l’on peut notamment voir John Lennon breaker sur What More Can I Say.
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MF Doom qui n’a parlé que de bouffe 15 pistes durant
Schizophrène notoire sur disque, le new-yorkais d’origine britannique Daniel Dumile multiplie à n’en plus finir les alias depuis ses débuts au sein du groupe KMD.
C’est ainsi qu’au gré de ses collaborations, on le retrouve crédité sous le nom de Madvillain (avec Madlib), Danger Doom (avec Danger Mouse), Doomstarks (avec Ghostface Killah), JJ Doom (avec Jneiro Jarel), NehruvianDoom (avec Bishop Nehru), ou encore Czarface Meets Metal Face (avec Czarface).
En 2004 pour son second album en tant que MF DOOM, le super villain du hip hop décide une bonne fois pour toute qu’il existe « d’autres thèmes sur lesquels rapper en dehors de tuer tout le monde ».
MM.. FOOD (l’anagramme de son blaze) prend par conséquent le parti de faire des joies de la table son fil conducteur. S’il n’est évidemment pas le premier emcee à revendiquer son obsession de la bouffe, il est le seul à étendre le concept à ce point.
Hoe Cake, Fillet-O-Rapper, Vomitspit, Beef Rap… tandis que chaque moreau référence un plat ou un ingrédient, le masque de fer du rap accumule jusqu’à n’en plus finir les métaphores culinaires et jeux de mots sucrés/salés.
Et si de prime abord, il est légitime de craindre l’indigestion, rassurez-vous : les talents de producteur et de rimeur de Doom sont tels que s’en est presque à demander du rab une fois le service terminé.
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Death Row qui a sorti un album de chansons de Noël
Oui, vous avez bien lu. Le label pris pour cible par le FBI pour meurtre, trafic et extorsion, le label dont le PDG Suge Knight est au moment des faits sur le point de partir en taule pour cinq ans et dont le franchise player 2Pac est décédé par balles quelques mois auparavant, ce même label donc a sorti en décembre 1996 un disque dénué de la moindre insulte, où personne n’utilise le n-word et dont les profits ont été officiellement reversés à des associations caritatives.
Dernier témoignage du line-up originel (moins Dr. Dre), ce Christmas on Death Row propose ainsi entre autres joyeusetés un lead single intitulé Santa Claus Goes Straight to the Ghetto, un I Wish des Dogg Pound qui appelle à une trêve dans la guerre que se mènent Crips et Bloods (seule et unique référence aux gangs de tout le projet) ou encore des reprise de classiques du genre comme Silver Bells de Michel’le ou Peaceful Christmas de Danny Boy.
Étonnamment, sans être un chef d’œuvre ou même un bon disque, tout n’est ici pas à jeter, l’onctuosité du son G-funk (merci Daz Dillinger à la prod’) et la nostalgie d’une période révolue aidant à faire passer le tout.
Et puis bon, quitte à le comparer avec le calamiteux (et le mot est faible) Dipset Xmas de Jim Jones sorti en 2006, il n’y a clairement pas photo pour savoir lequel des deux crews a vraiment l’esprit de Noël.
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Jay Electronica qui a freestylé sur du Jim Carrey et du Michel Gondry
En 2004, le Frenchie Michel Gondry réalise Eternal Sunshine of the Spotless Mind, une comédie romantique de science-fiction (appelons-la comme ça) dans laquelle Kate Winslet et Jim Carrey effacent tout souvenir de leur relation passée.
Très bien reçu, le film marque également les esprits pour la finesse de sa bande originale. Composée par Jon Brion, cette dernière est alors samplée à tour de bras par des artistes indies désireux de s’inspirer de l’ambiance éthérée et rêveuse du métrage (Memoryhouse, XXYYXX, Yuna…).
Particulièrement admiratif du travail de Brion, Kanye West fait lui directement appel à ses services et l’intronise carrément co-producteur de son second album Late Registration sorti en 2005.
Deux ans plus tard, un autre rappeur complétement inconnu au bataillon se branche sur Eternal Sunshine : il s’appelle Jay Electronica et propose sur sa page MySpace ce qui reste son seul et unique projet à ce jour, la mixtape Act I: The Eternal Sunshine (The Pledge).
Longue de 15 minutes à peine, dénuée de la moindre batterie ou du moindre refrain, elle reprend intégralement les éléments musicaux clefs du film à partir d’une scène bien particulière, celle où le personnage de Jim Carrey rencontre celui de Kate Winslet et où elle l’invite à prendre un verre.
« C’est la première fois où il se sent transporté. C’est l’un des tournants du film, mais la musique entendue dans le fond (‘do-do-do-do-do-do-do’) provoque un sentiment de malaise. C’est ce contraste que je voulais reproduire sur disque » a ainsi expliqué l’intéressé.
À l’aide de Just Blaze et Erykah Badu (avec qui il fera un enfant au passage), Jay E. renoue cinq « actes » durant les plus belles heures des illustres Nas, Pharoahe Monch et Andre 3000.
Et histoire accentuer son statut de légende urbaine, ce coup d’essai considéré comme un coup de maître restera sans suite.
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Andre 3000 qui a brouillé à jamais les frontières entre rap et chant
Tentés l’un et l’autre par une échappée solo, les deux compères d’Outkast coupent en 2003 la poire en deux en sortant le double album Speakerboxxx/The Love Below sur lequel chacun fait ce qu’il lui plaît sur sa partie dédiée, façon John Lennon et Paul McCartney à leur retour d’Inde.
Reste que là où Big Boi continue de sonner comme Outkast, Three Stacks laisse voguer sa créativité vers d’autres horizons.
Ne cachant déjà plus depuis quelque temps sa lassitude face à un rap qui refuse d’évoluer, celui qui a remplacé les jerseys et baggys de ses débuts par des turbans et jupettes couleur fuchsia en fait tousser plus d’uns en poussant la chansonnette quasi 20 pistes durant.
Si de Warren G à 50 Cent, Trois Mille (alias « la version homme de Lauryn Hill » comme le surnomme Big Boi sur A Star is Born de Jay Z) n’est pas le premier rappeur à jouer la carte de la mélodie, le fait qu’il soit le premier rappeur à le faire aussi ouvertement plonge le reste du monde dans un profond désarroi
Est-ce toujours du rap ? Est-ce du rap chanté ? De la pop ?
Aujourd’hui banale, la chose est il y a quinze ans révolutionnaire et ce d’autant plus que le disque cartonne (11 millions de copies vendues). Porté aux nues par la critique, The Love Below ouvre ainsi le chemin à une nouvelle ère dans le rap, l’auto-tune se chargeant une décennie plus tard de parachever cette évolution.
Ou quant à trop réussir leur coup, les avant-gardistes deviennent les précurseurs de la tradition.