Si dans la vie vous avez toujours rêvé de faire milliardaire du rap, voici la recette…
Lorsque dans la même phrase sont évoqués le rap et la réussite, difficile de ne pas penser dans la demi-seconde à Sean John Combs, alias Puff Daddy.
Machine à cash depuis le début des années 90 grâce son label, sa marque de fringues, ses programmes télé ou encore sa vodka, il n’a eu de cesse de repousser les limites et de défricher de nouveaux marchés.
Reste qu’au-delà des chiffres, le plus mauvais garçon des moguls peut aussi et surtout s’enorgueillir d’être de ceux qui ont joué les premiers rôles dans la bataille culturelle pour faire du rap ce qu’il est aujourd’hui (lire : un mouvement ayant largement débordé du cadre musical stricto sensu jusqu’à s’imposer comme un marqueur de l’époque).
Cette trajectoire sans équivalent ne doit cependant rien au hasard, car plus encore que d’arriver au sommet, ce qui compte c’est d’y rester. Et avec désormais près de trente ans de carrière derrière lui, Puff Daddy fait ici figure de modèle.
Loin de s’être shooté à la potion magique pour en arriver là où il en est, il s’est astreint à une éthique de travail sur laquelle il n’est pas inintéressant de se pencher dans les détails.
La voici décryptée en cinq points.
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Leçon n°1 : de l’importance du premier pas
Mégalo certifié, Puff Daddy n’en n’a jamais eu cure d’être étiqueté de la sorte, lui pour qui « vouloir le succès ne va pas sans une dose de folie ».
Aussi passionné qu’ambitieux, il aime d’ailleurs à répéter qu’il n’y a « rien de mal à fermer les yeux et à rêver… à ceci près de ne pas oublier de regarder le monde tel qu’il est au réveil ».
Et de poursuivre : « Ce qu’il faut comprendre, c’est que le temps de chacun est limité dans ce bas monde. Il est donc très important de mettre le pied à l’étrier le plus vite possible, et ce même si vous n’êtes pas sûr à 100% de ce que vous voulez faire ou de la façon dont vous voulez le faire. Commencez, le reste suivra. Et puis au moins en cas d’échec vous saurez ce que vous ne voulez pas faire. »
« Dans tous les cas, ne restez pas les bras ballants en espérant que quelque chose se passe, c’est le plus sûr moyen de s’assurer que rien ne se passe. »
Apôtre de la valeur travail, Puffy a très vite compris qu’il ne sert à rien d’attendre l’occasion parfaite pour aller de l’avant, cette dernière ne se présentant tout simplement jamais.
Leçon n°2 : tirer les leçons de ses erreurs
Cela peut paraître surprenant venant d’un type qui a longtemps fait placarder en grand dans le hall d’entrée de Bad Boy Records « Losing is for losers » (« Perdre c’est pour les perdants »), mais Puff Daddy est du genre à considérer l’échec comme formateur.
« Ne soyez pas tétanisé par l’idée de faire des erreurs, c’est vital d’apprendre de nouvelles choses chemin faisant. L’important c’est de ne pas faire deux fois la même erreur, car la vie de ne vous offrira pas de seconde chance. »
Si question fails l’ami Diddy en connaît un rayon, force est de constater qu’il a ensuite su à chaque fois éviter de remordre aux mêmes hameçons.
À deux doigts de se faire pincer par les flics le jour où il s’est mis à dealer, il n’a par la suite plus jamais retrempé de près ou de loin dans le trafic de drogue.
Après s’être embrouillé avec Suge Knight et déclenché la guerre des côtes entre New-York et Los Angeles (guerre dont on suppose qu’elle a coûté la vie à son meilleur ami Notorious BIG), il évitera soigneusement tout clash potentiellement dangereux.
Après avoir éclaté une bouteille de champagne sur la tête de Steve Stoute et avoir dû lui reverser de cossus dommages et intérêts, jamais plus il ne se retrouvera impliqué dans une bagarre.
Après s’être retrouvé impliqué dans une fusillade et risqué 15 ans de prison, il coupera les ponts avec Shyne.
Leçon n°3 : donner aux gens ce qu’ils veulent, mais pas que
Interviewé en 2013 par Entrepreneur.com, Puff Daddy insistait particulièrement sur le fait de comprendre dans les moindres détails, évidemment son domaine d’activité, mais aussi et surtout les comportements de ses clients.
Histoire d’imager son propos, Combs raconte régulièrement cette anecdote lorsqu’il travaillait comme livreur de journaux l’année de ses douze ans : « Bon nombre de mes clients étaient des personnes âgées. Du coup, plutôt que de laisser le journal sur le palier, je prenais soin de le glisser dans la porte afin qu’il puisse être ramassé directement. Cela me distinguait automatiquement du dernier livreur. »
Le jeune adolescent a alors compris tout l’avantage qu’il pouvait tirer de cette connexion : « Si je donnais à mes clients le meilleur service possible et à ma manière, mon surplus d’effort serait toujours récompensé ».
À partir de là, plus facile en effet de bâtir une relation de confiance et ensuite proposer toute une série de produits et services… qu’il s’agisse de journaux papiers ou de musique.
Plus tard, Diddy usera ainsi de ce même sens de l’observation pour produire des hits en passant un max de temps dans les clubs, non pas pour s’amuser, mais pour étudier la réaction de la foule quand ses disques sont joués ou pour déceler les futures tendances.
Leçon n°4 : ne pas vendre uniquement un produit
En matière de vodka, le bon mot veut qu’elles aient toutes plus ou moins le même goût. Vrai ou pas vrai, ceci en dit beaucoup sur l’art du branding.
Et à en juger par les millions et les millions de caisses de Ciroc écoulées depuis dix ans, Puff Daddy a de ce côté fait le taf.
Son secret ? Boire Ciroc, tout comme s’habiller Sean John (sa marque de fringues), se parfumer Unforgivable ou regarder Revolt TV (sa chaîne de télévision), dépasse le simple acte d’achat, cela procède de l’identification à un lifestyle.
Un style de vie savament mis en scène depuis plus de vingt ans qui se veut un mélange de culture de la gagne et de démesure capitaliste, le tout saupoudré d’un sens du style à toute épreuve.
Évidemment, à écouter le principal intéressé, chacun de ses produits vaut par lui-même. Mais à y pencher un peu plus l’oreille, tout cela fait en réalité partie d’un plan rondement mené.
« Tous mes business marchent ensemble. Ils peuvent se rattacher à différents domaines, mais ils sont tous liés les uns aux autres : c’est une même audience que je cherche à faire grossir encore et encore. Qu’il s’agisse d’alcool, de sapes ou d’images, j’essaye de créer des expériences, de faire vivre aux gens une vie plus fun, plus excitante, de les inspirer. »
Leçon n°5 : cultiver l’envie d’avoir envie
Rich & famous au-delà de ses espérances avant de fêter ses 30 ans, Puff Daddy aurait mille fois pu se reposer sur ses lauriers et se complaire dans une vie de jet-setteur décadent.
Sauf que non. Motivé comme au premier jour, malgré son palmarès il considère avoir toujours quelque chose à prouver, et ce d’autant plus que la passion (la soif de pouvoir ?) qui l’animait à ses débuts est toujours intacte.
Prince devenu roi, il sait mieux que quiconque qu’à « la minute où vous baissez votre garde, quelqu’un de plus jeune, plus frais, plus affamé tentera de prendre votre place ».
Pour se prémunir de toute baisse de régime, Puff s’est fixé une règle de conduite on ne peut plus simple : « Être le meilleur ou faire autres chose » – et gare à ceux qui emploieraient l’expression « good enough » devant lui.
S’attelant sans cesse à de nouveaux défis, de son propre aveu, il lui arrive encore aujourd’hui de se voir reprocher par son entourage « son trop grand enthousiasme ».
À bientôt cinquante ans (il les fêtera l’année prochaine), c’est loin d’être le pire des défauts.
« Can’t stop, won’t stop ! »
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