Petit best of à l’occasion de la sortie de « Revival » , le neuvième album du Slim Shady…
Quelle célébrité n’a pas été un jour insultée par Eminem ? Rivaux du game, chanteuses pop, politiciens, stars d’un soir… depuis bientôt deux décennies chacun de ses albums est généreusement garni de piques et d’insultes à l’attention de ceux qui font l’actualité.
Parfois sensées, souvent gratuites, toujours bêtes et méchantes, ces attaques à répétition ont fini par devenir partie intégrante du personnage – et accessoirement un bon moyen d’assurer sa promo.
Retour sur les meilleures diss du roi de la mauvaise blague du rap US et sur les réactions des principaux intéressés.
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Ils se sont clashés et après ?
Sa mère
Dépeinte comme une camée indigne dès le premier single officiel de son fiston (My Name Is en 1999), Debbie Mathers a longtemps pris cher dans ses textes.
Non content de lui reprocher sa mauvaise éducation, Em’ l’accuse à plusieurs reprises de l’avoir drogué à son insu en lui faisant croire qu’il était malade – sur My Mom en 2009, il évoque le Valium qu’enfant il était forcé de consommer.
Après avoir tenté d’être dédommagée en justice, donné sa version des faits dans son autobiographie et même répondu en chanson avec Dear Marshall, Debbie Mathers a fini par avoir gain de cause en 2014 quand le rappeur s’est excusé publiquement dans Headlights de l’avoir prise à partie de la sorte.
Pas de happy end pour autant, Eminem refuse toujours catégoriquement de la revoir.
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Son ex-femme
C’est peu dire que Kimberley Anne Scott et Marshall Bruce Mathers III ont entretenu une relation tumultueuse.
Les deux tourtereaux se sont connus ados alors que la mère d’Eminem hébergeait le weekend des adolescents en difficulté dans le cadre d’un programme social.
Maltraitée par son beau-père, Kim s’installe pour de bon chez les Mathers l’année de ses 13 ans. Agé de trois ans de plus, le jeune Marshall commence à la fréquenter plus intimement l’année suivante.
Six ans plus tard naît leur fille Hailie. En 1996 le couple se sépare une première fois, et Em’ retourne vivre chez sa mère.
Sur son second album The Slim Shady LP sorti en 1999, le rappeur écrit le morceau ’97 Bonnie & Clyde où il raconte avoir jeté sa dulcinée au fond d’un lac. Sur son essai suivant The Marshall Mathers LP, il remet le couvert avec Kim, une préquelle où il se met en scène en train de la trucider.
Les deux amants terribles finissent néanmoins par se marier en 1999, avant de divorcer en 2001.
Entretemps madame aura embrassé devant monsieur un videur de boite de nuit (un évènement conté dans l’interlude The Kiss en 2002), et monsieur aura interprété Kim sur la scène de la tournée Up In Smoke une poupée gonflable représentant madame dans les bras – Kim tentera alors de se suicider quelques heures après en s’ouvrant les veines.
Malgré tout, ils se rediront oui le 14 janvier 2006 (malgré le fait que Kim ait eu dès 2002 un autre enfant avec un autre homme, et malgré le fait qu’Eminem ait déclaré « Je préférerai avoir un bébé qui me sort par le pénis plutôt que de me remarier »)… avant de divorcer moins de cent jours plus tard.
Sur Revival, le rappeur revient sur leur relation avec le titre Bad Husband, où là encore il s’excuse et admet avoir été trop loin dans ses attaques.
Elvis
« I am the worst thing since Elvis Presley To do black music so selfishly And used it to get myself wealthy » (« Je suis la pire chose qui soit arrivée depuis Elvis Presley, je fais de la musique noire avec tant d’égoïsme et je l’utilise pour m’enrichir »)
Dans Without Me (2002), Em’ reconnaît sans ambages son « white privilege » : comme Elvis Presley il a su se réapproprier un pan de la culture black pour vendre sa musique aux masses.
S’il ne s’agit pas là d’un clash à proprement parler (quoique le clip ridiculise pas mal le rockeur), ce besoin de compenser un certain manque de légitimité expliquerait-il pourquoi tout au long de sa carrière le Slim Shady s’en est pris avec autant de véhémence à ses homologues rappeurs blancs ?
Vanilla Ice, Asher Roth, Everlast (qui a osé répondre), Iggy Azalea… tous ont subi un jour où l’autre sa colère.
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Michael Jackson
Premier single de son album Encore sorti en 2004, Just Lose It met en scène plusieurs célébrités dont MC Hammer, Madonna, Paris Hilton (la vraie), Pee-wee Herman et MJ.
Outre le fait que le King of Pop soit ouvertement moqué pour ses opérations de chirurgie esthétique et les graves brûlures dont il a été victime sur le tournage d’une pub Pepsi (son cuir chevelu avait pris feu), les lyrics font directement référence aux cas de pédophilie dont il est accusé à l’époque par la justice américaine (« I’ve done touched on everything but little boys / That’s not a stab at Michael / That’s just a metaphor ») – mauvais goût quand tu nous tiens, la vidéo se termine sur un plan où il est assis sur un lit en compagnie d’enfants en bas âge.
Un porte-parole de la star déclarera alors que MJ était « très déçu et très en colère », ajoutant que « c’est une chose de parodier, c’en est une autre d’être insensible et irrespectueux ».
Jackson reviendra lui-même sur l’affaire concédant « avoir été grandement choqué » d’autant qu’il n’avait « jamais rencontré Eminem de sa vie ». Bien qu’appréciant sa musique, le chanteur tente alors de faire interdire la vidéo de l’antenne de BET.
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Christina Aguilera
Invitée en 2000 sur MTV à composer sa playlist du moment, la pas encore ‘dirrty’ Cristina choisit notamment My Name Is. Croyant bien faire, elle ajoute alors au sujet de son interprète : « Il est mignon, dommage qu’il soit marié à la fille qu’il tue dans l’une de ses chansons ».
Son mariage avec Kim étant tenu secret à l’époque, Em’ a très moyennement pris la chose. Furieux, il lui répond sur The Real Slim Shady en évoquant ses relations supposées (et le sexe oral qui va avec) avec l’animateur de télévision Carson Daily et le chanteur du groupe Limp Bizkit Fred Durst.
Christina Aguilera réplique à son tour en chanson avec le parodique Will The Real Slim Shady Please Shut Up où le blondinet est dépeint comme un « punk kid trying to be hardcore ».
Les deux stars se réconcilieront en 2002 lors d’une remise de prix aux Video Music Awards. La chanteuse sera ensuite plus tard aperçue à l’avant-première du film 8 Mile.
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Moby
« Continuez de huer et je vais taper un mec avec des lunettes ! »
Après avoir insulté le roi de la techno FM et dans le texte et dans le clip de Without Me, lors des MTV Award de 2002 un Eminem passablement éméché tente d’en découdre physiquement avec celui qui l’avait traité auparavant de « misogyne, raciste et antisémite ».
Plus posé, Moby s’étonnera lui après coup du paradoxe entre l’homophobie des insultes dont il fait l’objet et l’invitation du rappeur à venir lui faire gâterie.
Pas rancunier pour autant, il remercie son assaillant pour toute cette publicité gratuite, avant de reconnaître en 2004 que Mosh, sa chanson anti-Bush, est « incroyable » et que le clip est l’un des meilleurs de l’année.
George W. Bush
En 2004 donc, Eminem a ardemment milité contre le 43ème président des États-Unis, urgeant ses fans pendant la campagne à ne pas voter pour celui qu’il accuse d’être un « menteur » et un « lâche », et qui devrait plutôt prendre « un AK 47 pour aller mener sa guerre ».
Mosh n’est cependant pas la chanson qui va lui attirer les foudres de l’administration républicaine. Leakée l’année précédente, We As Americans lui vaudra une enquête interne des services secrets pour la ligne « I don’t rap for dead presidents / I’d rather see the president *dead* » (« Je ne rappe pas pour les présidents morts (l’argot pour billets de banque Ndlr)/ Je rappe pour voir le président mort »)
Heureusement pour lui, il ne fera ensuite l’objet d’aucune accusation officielle.
Ja Rule
Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Jeffrey Atkins ce jour où il a décidé de s’en prendre sur disque à la fille du Rap God ?
Alors que jusque-là Eminem regardait plutôt de loin la guerre que menait son tout nouveau poulain 50 Cent avec la clique Murder Inc., quand Ja Rule balance sur Loose Change « Em, you claim your mother’s a crackhead and Kim is a known slut, so what’s Hailie gon’ be when she grows up? », d’un coup d’un seul il se met à voir rouge et pas qu’un peu.
S’en suivent Hailie’s Revenge, Doe Rae Me, Hail Mary ou encore Bump Heads qui l’accusent pêle-mêle d’être accroc à l’ecstasy et d’être une pâle copie de 2Pac et DMX.
Si face à ce niveau d’artillerie la carrière de Ja bascule très rapidement l’arme à gauche, Em’ concède en 2004 sur son single Toy Soldiers qu’il s’agit d’une victoire à la Pyhrrus : « Even though the battle was won, I feel like we lost it-I spent so much energy on it, honestly, I’m exhausted » – « Même si la bataille a été gagnée, pour moi, c’était comme si nous l’avons perdu – j’ai dépensé tant d’énergie, honnêtement, je suis rincé »
Benzino
En 1998, The Source le magazine rap de référence mentionne Eminem dans sa prestigieuse rubrique d’artistes en devenir, Unsigned Hype. Pourtant en 2000 alors que The Marshall Mathers LP s’écoule à 1,76 millions d’exemplaires en première semaine, l’album hérite d’une piètre note de 2 sur 5.
Cofondateur du canard et proche de Murder Inc., Benzino s’explique en déclarant que le natif de Detroit vole sons succès aux rappeurs noirs et latinos. Il enregistre ensuite deux morceaux clashs Pull Your Skirt Up et Die Another Day où il l’accuse ni plus ni moins d’être « le Hitler du rap ».
Et d’histoire d’enfoncer le clou encore un peu plus, il publie deux freestyles (So Many Styles et Foolish Pride) du Marshall des jeunes années où ce dernier s’en prenait au « matérialisme des femmes noires ».
Eminem répond alors l’acharnement par l’acharnement via une série de titres (Bully, The Sauce, Nail in the Coffin, Yellow Brick Road, Go To Sleep…).
Le résultat ? En 2006 Benzino se fait virer de The Source, sa carrière de rappeur plonge dans l’oubli et il n’a depuis fait l’actualité que pour être apparu dans des télé-réalités de troisième zone. Dur.
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Ils se sont clashés et après ?
Mariah Carey
De toutes les chanteuses qu’Eminem a insultées au cours de sa carrière (Lana Del Rey, Britney Spears, Rihanna, Lady Gaga…), elle est de loin celle qui a le plus dégusté.
La raison de la discorde ? La supposée relation qu’aurait entretenu les deux stars au début du siècle au moment où une collaboration a failli voir le jour sur l’album Charmbracelet – relation que Mariah a toujours démenti formellement.
Parmi les multiples piques du rappeur (The Eminem Show en est truffé), la plus mémorable fut celle décrochée sur la scène des MTV Movie Awards en 2003 où il a lancé lors de son discours de remerciement : « Je n’arrive pas à croire que j’ai battu Mariah pour son film Glitter. »
La tension est ensuite (légèrement) redescendue d’un cran (durant sa tournée Anger Management en 2005 Em’ dévoile tout de même un message vocal que la jeune femme aurait laissé sur son répondeur) jusqu’à ce jour de 2008 où Mimi s’est mariée à Nick Cannon.
Embarqué malgré lui dans cette querelle, son mari va avoir droit au très distingué (et que par élégance nous ne traduirons pas) « Nick Cannon, you prick, I wish you luck with the fuckin’ whore » sur Bagpipes From Baghdad.
Cannon n’étant pas des plus réputés pour ses talents derrière un micro, c’est la diva herself qui se charge de lui répondre en 2009 avec Obsessed dont les paroles font allusion à un « stalker » des plus malsains.
Donald Trump
Nouvelle tête à claques du rappeur, après avoir été la cible d’un freestyle tonitruant, le Donald est name droppé à la chaîne sur Revival.
La première salve est lancée sur très point Godwin Like Home qui dénonce ses accointances avec les mouvements racialistes (« Can’t denounce the klan, ’cause they play golf with ya ») avant de le traiter de « Nazi » et de « Hitler ».
Vient ensuite Framed, titre qui renoue avec les plus grandes heures du côté psychopathe du rappeur, ici arrêté suite à l’enlèvement et au meurtre d’une jeune femme. Son nom ? Ivanka Trump !
D’ordinaire si prompt à répondre au moindre footballeur NFL qui pose le genou à terre, Trump n’a pour le moment pas pipé mot. Un silence qui a le don d’agacer Shady qui voit là son plan com’ un peu floper.
« Je ne peux pas piffrer ce motherf*cker. Je sens qu’il ne m’accorde aucune importance. Quelque part j’attendais de lui qu’il dise quelque chose ». Toujours est-il qu’au cas où il déjà « des rimes de prêtes au cas où il parle de moi. »
Seul son fils Donald Trump Jr. a répliqué sur Twitter : « C’est un peu étrange qu’il admette s’être préparé sérieusement à affronter un homme politique de 70 ans. Probablement pas le meilleur look. Voilà pour le freestyle. »
Affaire à suivre ?