Monstre sacré du rap cainri, le Grand Chien de Long Beach affiche près d’un quart de siècle de carrière et une bonne vingtaine d’albums au compteur…
Malgré son blaze, Snoop Dogg tiendrait-il plus du félin que du canin ? À l’aise dans tous les costumes (gangsta rappeur, loveur, entertaineur…), il ne cesse de retomber encore et toujours sur ses pattes, et ce depuis près de trois décennies. À croire que lui aussi possède neuf vies.
Une longévité incroyable donc, et ce d’autant plus dans un milieu pas nécessairement réputé des plus tendres avec ses légendes.
Mais au-delà du personnage, Snoop Dee-ho-deuble-dji c’est aussi (et surtout) une discographie fleuve. Passage en revue de ses principaux projets.
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Doggystyle
Sorti le 23 novembre 1993 sur Death Row/ Interscope
Qu’écrire sur ce classique parmi les classiques qui n’a jamais été écrit ? Peut-être que l’album ultime du G-Funk californien n’a pas pris une ride et que cette impression de coolitude que dégage le flow de Snoop (qui loin des rimes multi-syllabiques du rap new-yorkais donnait toujours l’impression de freestyler sans effort) reste encore aujourd’hui un sommet inégalé de nonchalance.
Un contraste saisissant avec les attaques dont le rappeur faisait d’objet à l’époque de la part de l’Amérique conservatrice qui voyait en lui un « nouveau diable ».
Tha Doggfather
Sorti le 12 novembre 1996 sur Death Row/ Interscope
Très attendu, le successeur de Doggystyle ne manquera pas de décevoir. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Surtout si l’on considère les circonstances autour de sa sortie : départ de Dr. Dre (remplacé par un DJ (ri-)Pooh de triste mémoire), mort de Tupac, soucis judiciaires en pagaille (de son retentissant procès pour drive-by aux diverses incartades de Suge Knight)…
Au final tout n’est cependant pas à jeter et commercialement cet album sophomore s’en tirera avec les honneurs.
Notez que le projet marque la dernière apparition discographique du rappeur sous le pseudonyme Snoop Doggy Dogg et de sa première collaboration avec Charlie Wilson.
Da Game Is to Be Sold, Not to Be Told
Sorti le 4 aout 1998 sur No Limit/ Priority
Bien avant la trap et les ambiances dirty south, le sud des États-Unis était dominé par Master P. Alors que Death Row amorçait son irrémédiable déclin, Snoop décida de changer de niche et de rejoindre l’écurie des soldats No Limit.
Si d’un point de vue business l’idée n’était peut-être pas si saugrenue, reste qu’artistiquement parlant l’écoute des 21 pistes proposées relève du parcours du combattant.
Et cette pochette…
No Limit Top Dogg
Sorti le 11 mai 1999 sur No Limit/ Priority
Moins d’un an après cette Bérézina, l’ami Snoopy décide enfin de se remettre au turbin pour redresser la barre.
Réconcilié avec Dre, il renoue en partie avec ses camarades de la côte ouest (Nate Dogg, Warren G…) et notamment avec Xzibit pour un Bitch Please tonitruant qui démontre qu’il a encore du mordant.
L’album souffrant de nombreuses longueurs et imperfections, il faudra attendre encore un peu avant de parler de résurrection, mais l’espoir est désormais de mise.
Tha Eastsidaz
Sorti le 1er février 2000 sur Dogghouse/ TVT
Snoop Dogg, rebaptisé Big Snoop Dogg pour l’occasion, s’entoure de Tray Dee et Goldie Loc, rappe à cœur joie sur des gros samples de funk.
Le projet est très bien reçu, décrochant au passage un disque de platine (1 million d’exemplaires écoulés). Un petit exploit pour un projet sorti en indépendant sur le tout nouveau label de Snoop, Dogghouse Records.
Nos trois lascars finiront par s’embrouiller quelques années plus tard pour des questions de royautés, avant de se rabibocher, puis de s’embrouiller à nouveau.
Tha Last Meal
Sorti le 19 décembre 2000 sur No Limit Records/ Doggystyle Records
This is it ! Le Snoop des débuts est enfin de retour. Promotionné comme ses retrouvailles avec Dre (qui en réalité ne produit que trois titres et l’intro), ce Dernier Repas est pour beaucoup considéré comme son second grand classique.
Accompagné du crooner Kokane (oui comme cocaïne) sur sept titres et des « productizzles » des pas encore superstars Scott Torch et Timbaland, ce cinquième album s’écoute sans difficulté et installe Snoop Dogg dans le fauteuil des indétrônables du game.
Sur plusieurs titres son flow fraye allègrement avec le chant. Une tendance qui s’accentuera par la suite.
Dead Man Walkin’
Sorti le 31 otobre 2000 sur Death Row
Commercialisé quelques jours avant Tha Last Meal, cet album n’est inclus dans aucune des discographies officielles, et pour cause puisqu’il s’agit d‘un coup en douce de Suge Knight qui a compilé là des chutes de studios des années Death Row.
Rayon piques, outre le titre aux airs d’avertissement, la cover montre à dessein Snoop habillé en rouge – une hérésie pour tout membre du gang des Crips.
Si le rendu n’est donc pas haut de gamme, n’en reste pas moins quelques pistes qui valent de se laisser distraire l’oreille (Hit Rocks, Head Doctor…).
Paid tha Cost to Be da Boss
Sorti le 26 novembre 2002 sur Doggystyle/ Priority/ Capitol
À l’aise dans ses Chuck Taylor, le Don Doggy clashe Suge Knight, reprend le générique de la série Batman & Robin, invite des figures notoires de la scène new-yorkaise (Redman, DJ Premier) et surtout inaugure une collaboration qui marquera fortement la seconde partie de de sa carrière via le titre Beautiful interprété en duo avec Pharrell Williams et produit par les Neptunes.
Le clip tourné au Brésil donne mal à la tête… Yessssirr !
The Hard Way
Sorti le 17 aout 2004 sur Doggystyle/ TVT
Après une quinzaine d’années d’existence officieuse le super groupe 213, composé de Snoop, Warren G et Nate Dogg sort enfin son premier LP.
Si le résultat n’est pas foncièrement mauvais, le tout se révéle pour le moins tristement banal et sans relief.
Un projet de plus, sitôt écouté, sitôt oublié. Dommage, sur le papier l’affiche valait mieux que ça.
R&G (Rhythm & Gangsta): The Masterpiece
Sorti le 16 novembre 2004 sur Doggystyle/ Star Trak/ Geffen
Album ambitieux s’il en est, ce « chef d’œuvre de rythme et de gangstérisme » ne constitue peut-être pas le sommet annoncé, mais il n’en reste pas moins très agréable à écouter.
La famille du « double G », adopte définitivement dans ses rangs l’Oncle Charlie et surtout Pharrell qui produit quatre titres dont deux continuent de résonner depuis dans les oreilles : Drop It Like It’s Hot et Let’s Get Blown.
Snoop réussi là à se renouveler tout en continuant à jouer à fond son rôle de pimp tout droit sorti des films de blaxploitation. Dommage qu’il ne soit pas complétement laissé aller dans cette direction, les titres plus street alourdissant malheureusement le rendu général.
Tha Blue Carpet Treatment
Sorti le 21 novembre 2006 sur Geffen
Dr Dre, Timbaland, Fredwreck, The Neptunes… toute la fine fleur des producteurs US se retrouvent sur ce « tapis bleu » pour une orgie rapologique de bonne facture. D’Angelo, Stevie Wonder et Georges Clinton apportent eux une touche old school de bon aloi.
Seul le single I Wanna Fuck You produit et chanté par Akon fait un peu tâche au beau milieu de tout ça.
Ego Trippin’
Sorti le 11 mars 2008 sur Geffen
Initialement ce neuvième album solo avait tout pour plaire, Snoop ayant affiché son intention de proposer un disque ne contenant aucun invité – d’où le titre. Une façon habile de répondre aux critiques qui pointaient du doigt ces albums plus proches de compilations que de véritables œuvres personnelles.
Au fur et à mesure de sa conception, le projet s’éloignera pourtant de son ambition initiale et finira par ressembler à un album lambda. La tentative de remettre sur le devant de la scène le producteur star du début des années 90 Teddy Riley n’y changerant rien.
Ego Trippin’ est également soupçconné d’avoir été ghostwritté de de A à Z.
Reste le très bon (et dernier vrai hit de la rap star) Sexual Eruption qui met en scène à grands renforts d’autotune, un Snoop plus salace que jamais.
Malice n Wonderland & Doggumentary
Sortis respectviement le 8 décembre 2009 sur Doggystyle/ Priority et le 29 mars 2011 sur Doggystyle/ Priority
Ventes déclinantes, qualité douteuse… ses deux albums suivants n’ont pas déclenché l’hystérie des foules, et à raison.
Snoop qui se diversifie de plus en plus dans les médias, glisse lentement vers le statut d’amuseur public, bien loin de la réputation sulfureuse d’antan.
Bien que çà et là surgissent quelques titres où la magie opère encore (comme Special avec sa cousine Brandy), tout cela reste malheureusement bien éphémère. Le temps est peut-être venu de changer son fusil d’épaule…
Reincarnated
Sorti le 23 avril 2013 sur Berhane Sound System/ Mad Decent/ Vice RCA
Est-il besoin d’en rajouter sur ce navet musical ? Non, deux fois non. D’une part parce que l’on ne tire pas sur les ambulances, et de l’autre parce qu’en réalité si, on l’a déjà fait dans ce article.
7 Days of Funk
Sorti le 1er décembre 2013 sur Stones Throw
Cela devait arrive un jour. À force de se flirter avec le funk, Snoop, rebaptisé pour l’occasion Snoopzilla, a fini par tomber du côté vers lequel il penche. Grand bien lui a pris.
En collaboration avec le prodige Dâm-Funk, les deux hommes réalisent un EP 7 titres cohérent et homogène qui consacre la reconversion du gansgta/mac/pornocrate en crooneur seventies. De quoi regretter à haute voix que cette mue ne se soit pas produite plus tôt…
Contrairement à ses errements reggae, se fait sentir ici une véritable connexion entre le grand iench’ et ce genre musical. Sans révolutionner le genre, l’album mérite une oreille attentive, d’autant plus que sorti sur le label indépendant Stones Throw, il n’a pas bénéficié d’une forte promotion.
Bush
Sorti le 12 mai 2015 sur Doggystyle/ i Am Other/ Columbia
Produit intégralement par Skateboard P, les 41 minutes que dure ce Buisson ardent respirent l’hédonisme et célèbrent dans la bonne humeur les joies des femmes et de la fumette.
Coloré, affable, festif… malgré quelques pistes légèrement interchangeables, pas question de bouder son plaisir devant ce vent de fraîcheur !
Coolaid
Sorti le 1er juillet 2016 sur Doggystyle/ eOne
Avec ce quatorzième opus, Snoop revient au rap dur et funky qui a bâti sa légende, à tel point que lorsqu’il kicke la bave aux lèvres sur Super Crip ou Ten Toes Down, on croirait entendre le jeune Doggy qui faisait ses premiers pas sur la bande originale du film Deep Cover.
La technique, le vocabulaire et les thèmes ont beau toujours être les mêmes, le rappeur à la quarantaine bien entamée prouve qu’il en a encore dans les pattes quand il s’agit de la jouer gangsta.
Neva Left
Sorti le 19 mai 2017 sur Doggystyle/ Empire
Si à proprement parler Snoop n’est jamais parti, ce quinzième solo se veut celui de son retour au sommet des charts. Il s’agit de rappeler ici que malgré son statut de légende du game, il reste encore et toujours pertinent face à une énième nouvelle génération.
Un pari ambitieux pas complétement réussi, mais loin d’être raté, ne serait que si l’on considère la batterie de hits potentiels proposés (Go On et Bacc In Da Days notamment).
Snoop fait ce qu’il sait faire, jouant tantôt la carte du pimp épicurien, tantôt celle du nihiliste gangsta, sans montrer de vrais signes de lassitude, et surtout sans jamais se montrer en décalage avec son sujet.
Un petit exploit pour le désormais grand-père qui s’assure là quelques année supplémentaires à rapper en bonne place au panthéon des emcees. L’aventure continue !
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