Le rappeur made in Atlanta est ultra productif, tout comme son homologue originaire de Marseille…
On peut être né à Atlanta et avoir grandi entre les crack houses d’un quartier malfamé de la ville, sans que cela impacte une carrière dans le mauvais sens. La drogue, les armes, l’abus de prométhazine? Future en parle dans ses morceaux, comme certains parlent de la vie. Ni plus, ni moins. Qu’importe, le rappeur est aujourd’hui un des plus gros vendeurs de disques aux Etats-Unis, un pays dont il est une des incarnations « pop« .
Voici une description qui irait comme un gant à un gars bien de chez nous, un artiste proche de ses fans et de sa ville, Jul. Le phocéen se place ainsi quasiment sur le même curseur que son aîné. Il sort projet sur projet tout en cartonnant dans les charts, sans oublier de poster de temps à autre des tapes gratuites pour satisfaire sa fanbase. Lui-aussi s’oriente même vers un son plus populaire, s’inspirant de tout ce qui bouge…
Focus sur l’ATLien
Afin de mieux découvrir le personnage de Future, voyage au coeur de la machine, entre autotune mal réglé, référence à l’au-delà et egotrip de tous les instants. Ces derniers jours, l’américain a donc fait l’actualité avec un grand A. Ce dernier a saturé les pages des médias hip hop américains avec la sortie de deux albums coup sur coup. Seulement une semaine après la sortie de son album éponyme, ce dernier a balancé HNDRXX. Avec déjà deux albums au compteur en 2017, le rappeur peut s’orienter vers une sacrée pôle position dans les charts. Lui vise cependant plus loin, la tête clairement agripée au cosmos.
Future s’est ainsi fait une spécialité des surnoms faisant référence à une imagination sans borne : Future Hendrix, The Wizzard, Astronaut Status… Alors qu’il n’est pas loin de devenir une sorte de Jimi Hendrix tout droit sorti d’un film de science-fiction, il est bon de se pencher sur ce qui fait le sel de l’artiste. Future fait écho à une matrice spéciale, comme un game que lui seul serait prêt à voir. Un avenir lointain dans lequel notre super héros contrôlerait tout. Loin des diktats du genre, celui-ci ne s’est jamais enfermé dans un style préconçu. Non, Future a abordé le rap à sa sauce, faisant de l’autotune mal réglée son créneau. De quoi proposer des titres dans lesquels il n’articule quasiment pas, mais qui sont terriblement enivrants. Le plus bel exemple est d’ailleurs Wicked, devenu un tube du côté des USA. Son dernier single, Draco, devrait suivre le même chemin…
Marseille et Atlanta, villes jumelles?
Si les villes d’Atlanta et de Marseille sont séparées de quelques plusieurs milliers de kilomètres, le rappeur de la cité phocéenne arbore les mêmes caractéristiques ou presque. Jul a également réussi a faire du haut des charts une habitude. Toujours en pole position, il aura lui aussi balancé de nombreux projets dans des laps de temps très court. On pense ainsi à son incroyable cadence de deux albums par an. Si certains espacent leurs sorties (coucou Frank Ocean), d’autres misent donc sur une productivité de tous les instants. Une méthode de travail significative. Car comme le précisait Jul lui-même : « dès que je me lève, je rappe« . « Je rappe donc je suis« , voilà l’autre dicton qui pourrait coller à nos deux lurons.
Autre ressemblance entre ces deux OVNI, le fait d’être respecté par le hood, le vrai. Ainsi, Jul et Future ont en commun le respect des quartiers de leur pays. Chacun sa zone, chacun sa base. Si Atlanta a été mise en lumière avec l’arrivée d’une nouvelle garde revigorante, forte d’une trap en mode cheval de troie dans un rap mondialisé, Marseille a su aussi se faire une place au soleil. En plus des « anciens » Alonzo, IAM ou encore Soprano, les jeunes poussent fort. Pas loin d’être arrivée à maturité, la nouvelle génération se nomme SCH, YL, Ghetto Phénomène et bien sûr, Jul. Ce fan de l’OM a su personnaliser et cristaliser les émotions de son territoire en usant notament d’un autotune poussé à l’extrème (tout comme son homologue américain). Les thèmes ne sont pas exactement les mêmes, mais se rejoignent. Au fur et à mesure de ses projets, Jul s’interroge sur les siens, sur les jaloux, tous ceux qui guettent ses faits et gestes. L’homme marque sa différence et veut même qu’on l’appelle l’OVNI. L’insomnie, la solitude malgré le fait d’être bien accompagné, voilà également une des matrices de Future… Atlanta et « Mars » aparaissent comme des terreaux propices aux originaux. Capitalisant sur son succès, Le Phocéen a fait salle comble au Dôme de Marseille ainsi qu’au Zénith de Paris pendant que l’ATLien programme des tournées gargantuesques aux States.
Pop Urbaine et Entertainment
D’abord renforcés par le soutien de la street, ces derniers se sont ensuite orientés vers des cimes plus pop. Si Julien Marie pioche à l’envie dans les classiques de la variété (comme par exemple avec le sample de « Baby Girl » dans My World), le boss du label Freebandz travaille dans le featuring. Ces derniers temps, on l’aura vu avec Maroon 5, mais aussi aux côtés de Rihanna, Ariana Grande ou encore The Weeknd. C’est ici que se joue le coeur de leur phénomène, la caste de ceux qui naviguent entre les milieux sans se trahir. Si Jul sait kicker et continue à balancer des couplets bien sentis et saignants, il aime également à jouer sur les mélodies. Ses derniers gros hits, « Tchikita » ou encore « Le son de la gratte » vont dans cette voie. Une gachette de plus, à même d’emmener des titres plus loin que le cercle classique des amateurs de rap. Ainsi l’artiste est considéré comme un des princes actuels de la « pop urbaine ». Sans calcul, Jul produit ses morceaux avec un sens inné de la ritournelle. Ce petit quelque chose qui vous reste dans la tête du matin jusqu’au soir, ne laissant votre cerveau tranquille que quelques secondes pendant 24h. Un art d’ailleurs partagé un en sens par Future, adepte des yahourts venus d’ailleurs…
Autre élément de ressemblance : l’art de s’acoquiner avec les stars de l’entertainment. Rare dans les médias, Jul a fait quelques impairs ces derniers temps. Il aura invité les animateurs Cyril Hanouna et Sebastien Cauet à venir sur scène lors de son passage sur Paname. Parfait pour élargir son cercle d’inités et précher d’une manière encore plus « Pop », faisant corps avec les têtes du moment. Attention tout de même, les rencontres « médiatiques » sont gérées avec parcimonie, de quoi garder son image pour soi et de ne pas se travestir. Loin de l’ambiance « Wesh alors » de la télé hexagonale, Future a lui été validé par Jimmy Fallon himself. S’il a assuré plusieurs lives au Tonight Show de NBC, il s’est également mis dans la poche l’humoriste et acteur Jonah Hill, résident du célèbre Saturday Night Live. Dernier épisode en date, sa venue au The Ellen Show, lors de laquelle il pourrait annoncer l’arrivée d’un troisième album en trois semaines. Future lui aussi, gère cela d’une main de maître, loin de tomber dans la promo crasse.
Alien vs OVNI
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Néanmoins, la comparaison paraît ensuite difficile à tenir. Si les deux artistes ont su forger leur succès avec un rap particulier et personnel, chacun à son délire bien à lui. Ainsi, l’un pourrait être sur Pluton et l’autre sur Saturne. Deux planètes visibles depuis la terre ferme, clairement dans une autre catégorie. Premier sujet à prendre en compte, le fait que Jul façonne ses productions lui-même, quand Future fait appel à la crème de la crème des beatmakers et Dj’s. De Metro Boomin jusqu’à Southside en passant par DJ Esco.
Dernier point, l’importance accordée à l’image. Quand le Phocéen reste fidèle au sacro-saint triptyque « maillot de la Thailande / bas de survet’ de l’Olympique de Marseille / sneakers Asics », le pote de Drake, lui, apprécie le luxe. Toujours tiré à quatre épingles, il cite de nombreuses marques dans ses sons, à commencer par ses préférées, Maison Martin Margiela et Dior. Sydney Toledano, PDG de Christian Dior Couture a d’ailleurs confié ces quelques mots à Future : « Bienvenue dans la famille« .
Au final, le mieux qu’on puisse espérer est une hypothétique collaboration entre les deux. Après tout, Future aura déjà travaillé avec les français Kaaris et Booba…En somme les deux rappeurs auront contribué à la démocratisation de l’autotune, en faisant un instrument à part entière. L’année 2017 sera un de leur meilleur cru, assurément !