Alors que vient de sortir « VIEWS », l’album le plus attendu de l’année, portrait d’une icône qui n’a pas encore fêté ses 30 ans…
Où Aubrey Drake Graham s’arrêtera-t-il ? Depuis la sortie de sa mixtape coming out So Far Gone en 2009, son level de popularité ne cesse de croître. À l’image des grands méchants de Dragon Ball qui mutent d’épisode en épisode, chaque nouveau projet consacre un peu plus encore sa montée en puissance.
Sauf que contrairement à Cell, Freezer & Co, Drake est un mec sympa, limite gentil garçon. Un trait de caractère tout sauf anodin dans une époque où les mâles dominants de l’ancien monde sont poussés un à un vers la sortie par une nouvelle génération plus portée sur le cool et l’onctuosité de la life.
Plus Curry (Stephen) que Kobe (Bryant), il n’en demeure pas moins tout aussi talentueux qu’ambitieux. Il se pourrait même que l’histoire n’en soit qu’à ses débuts.
Loin de se résumer à une succession de chiffres de ventes et de vues Youtube, le natif de Toronto redéfinit à lui tout seul les canons de la rap star moderne. Là où un Kendrick Lamar aussi virtuose soit-il demeure cantonné à son sujet, Champagne Papi déborde et s’impose comme un phénomène culturel.
Made in Canada
Le pari n’était pourtant pas gagné, tant le CV de celui qui ado jouait dans la très rose bonbon série Degrassi regorge de lacunes et de sujets de moqueries.
De son sens du style pas toujours très consistant, en passant par sa gestuelle parfois un peu trop personnelle ou sa batterie d’expressions faciales « aquouardes » à souhait, l’auto-proclamé 6 God se débrouille toujours pour tirer à son avantage l’océan de paradoxes sur lequel il surfe.
Objet de fascination permanent (au sens où il provoque l’admiration autant que le rejet), il n’a jamais oublié le précieux conseil donné par Lil Wayne lors de sa signature sur son label YMCMB : « Keep it Canadian ! »
Ou autrement dit « Rappe sur ce que tu veux. Rappe sur ta série télé, rappe sur les meufs. Ne commence pas à rapper sur tuer des gens. Rappe sur ce que tu connais. »
Dans le désordre cela donne Drizzy qui recroise son ex dans une chanson sur deux, Drizzy qui balance ses gimmicks façon syndrome de la Tourette, Drizzy qui se fait friendzoner par Rihanna à chaque feat, Drizzy qui vole la vedette au gros Rick Ross sur ses singles, Drizzy qui défie Reggie Miller au ping-pong, Drizzy qui propulse vers les sommets les ventes de pulls de Noël moches, Drizzy qui fait danser Donald Trump…
Crédibilité de rue, ghostwriting, fragilité, il remise à lui tout seul au placard 30 ans de postures rapologiques à coup de scansions yolo qui tâchent et autres élans émo à mi-chemin entre le 2Pac première mouture et le journal intime d’une midinette diabolo menthe.
Le prochain King of Pop ?
Né d’une mère caucasienne institutrice et d’un père noir musicien passé par la case prison divorcés lorsqu’il avait 5 ans, Drake tient plus d’un Michael Jackson ou d’un Prince que du « blanc d’œuf mal ssé-ca. »
Transcendant les classes sociales et les barrières raciales, sa plasticité est telle qu’il trouve un écho chez tous types de publics. Sérieux en 2016 qui d’autre que lui peut réciter des passages de la Torah tout en balançant du N-word à foison dans ses textes ?
Au-delà-de l’aspect musical, tous ses tubes se veulent un doux mélange de premier et de second degré, de candeur et de marketing, d’authenticité et de mise en scène.
On ne louera ainsi jamais assez la maestria de morceaux comme Started from the Bottom (qui fait croire à tous les gosses de classe moyenne qu’ils vivent la vida loca), Hot Line Bling (qui décomplexe tous les mecs accoudés au bar quand résonnent les premières notes du mix kiz et bachata), Marvin’s Room (qui déculpabilise d’appeler son ex éméché au milieu de la nuit) ou Know Yourself (qui dépeint Toronto comme la ville la plus introspective d’Amérique Nord).
Drizzy c’est le rap jeu façon bulles de jacuzzi et barbe à papa.
« Je sais tout. Tout ce qui a été dit sur moi. »
Pur produit du siècle 21, Drake comprend mieux que personne les mécanismes qui régissent les internets (#SouviensToiLétéDernierMeekMill), n’hésitant pas lui-même à nourrir sciemment la hype.
Si l’on ne peut pas présumer de la qualité de ces Vues du Six, elles seront à n’en point douter l’objet d’une myriade de gifs, memes et détournements qui alimenteront de longues semaines durant les fils d’actualité des réseaux sociaux.
Le plus grand rappeur actuel est-il en passe de devenir la plus grande pop star de demain ? Réponse ce vendredi 29 avril.
A l’occasion de la sortie de l’album VIEWS de Drake, nous vous proposons notre playlist Drake VS. sur Apple Music. Qu’il soit l’invité ou l’hôte sur un morceau, bien souvent le résultat est le même : un tube. Retour sur quelques unes des plus grosses collaborations du rappeur canadien !