Si certains artistes ont effectivement « le prix d’une Clio sur le poignet », nombreux sont ceux qui ont à peine de quoi se payer une Majorette…
Rolex, Audemars Piguet, Cartier, Patek Philippe… Signes extérieurs de richesse incontournables, les montres de luxe s’exhibent avec un maximum d’ostentation sur le poignet de tout nouveau riche qui se respecte.
Et à ce petit jeu les rappeurs ne font pas exception.
Sauf que les montres de luxe ça coute cher, et même très cher.
Outre le prestige des marques horlogères, les prix à quatre zéros se justifient tant par la grande qualité des finitions que par la précision sans faille des mécanismes.
Mais pour tous ceux qui se foutent allégrement des considérations techniques et regardent l’heure sur leur smartphone, une belle montre n’est finalement rien d’autre qu’un accessoire bling-bling.
Il n’est donc guère étonnant, que beaucoup de rappeurs optent pour du fugazi le temps d’un clip ou d’une photo sur les réseaux sociaux. Ils ne sont cependant pas les seuls, loin de là.
La Fédération de la Haute Horlogerie estime que la production annuelle de montres de contrefaçon est supérieure à la production de vraies montres suisses, tandis que selon les experts il s’écoulerait chaque année près de 7 millions de fausses Rolex – pour moins de 800 000 « vraies ».
Tout ce qui brille n’est pas de l’or
LES DIFFÉRENTS GRADES DE CONTREFAÇONS
Si le business de l’imitation est florissant, toutes les copies ne sont pas à ranger dans le même sac.
On distingue traditionnellement 3 types de répliques : les « chinoises » de qualité médiocre (facilement identifiables à l’œil nu), les « japonaises » (nommées ainsi car elles utilisent un mouvement automatique de marque Miyota peu résistant dans le temps) et les « suisses », les plus proches des originales (mais qui contrairement aux légendes urbaines ne sont pas fidèles « à 99% », pas plus qu’elles ne sont fabriquées dans des usines de contrefaçons helvètes).
Si pour ces modèles les prix varient de 10 à 200 euros, il existe également une filière dite de montres « fabrication maison », directement achetées aux fabricants par des particuliers qui en modifient certains composants pour les revendre sur le marché de l’occasion au prix des authentiques.
Reste que peu importe la qualité du faux, il n’égale jamais à 100% le vrai, pour la bonne raison que l’opération n’est pas rentable – ne serait-ce que fabriquer les outils nécessaires ou réunir les matériaux couterait au final beaucoup plus.
LES PIÈGES DU MARCHÉ PARALLÈLE
Pour en revenir à nos amis rappeurs, si la plupart investissent dans de la camelote, il peut arriver que certains se fassent arnaquer de « bonne foi ».
Prenons le cas de ce pauvre Ace Hood dont le cadran de la Rolex s’est disloqué en direct sur le tapis rouge des BET Awards. Ce dernier avait alors justifié ce moment aquouarde en prétendant avoir déboursé « 60 000 dollars » pour sa breloque.
Une théorie somme toute plausible, tant le marché de l’occasion est noyauté par les répliques dont le degré de qualité peut berner certains joaillers peu expérimentés qui les proposent à la revente.
Si les moins scrupuleux d’entre eux n’hésitent pas à sciemment écouler du faux, il existe néanmoins des sites agréés complétement sécurisés – genre Chrono24.
Résultat, un athlète ou une célébrité peut porter ou offrir du fake à sa petite amie sans pour autant être au courant de l’entourloupe.
LE BATMAN DE L’HORLOGERIE
Rick Ross, Future, Young Thug, Ice T… tous ces poids lourds du game se sont faits épingler publiquement pour usage de faux par le compte Instagram FakeWatchBusta.
Ce trentenaire européen passionné d’horlogerie et de mécanique traque les célébrités qui en font un peu trop avec leurs imitations et les « out » publiquement devant ses presque 350 000 abonnés.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que le job n’est pas de tout repos si l’on en juge par les cascades de mises en demeure et de plaintes émanant de bijoutiers fâchés de la mauvaise publicité récoltée et réclamant le retrait des photos postés.
Son compte IG a d’ailleurs été fermé plusieurs reprises.
Insensible au chantage et aux menaces, celui qui préfère néanmoins garder l’anonymat a fini par accéder à une forme de reconnaissance en se faisant name dropper dans les textes de Migos et de Rich Homie Quan.
7 INDICES POUR DÉTECTER UNE FAUSSE-MONTRE
Pour ceux qui envisagent un jour de peser et de le faire savoir, voici de quoi vous éviter l’embarras :
1. Le prix est évidement un indicateur fiable : si c’est trop beau pour être vrai, il est très probable que ce soit le cas – et ce peu importe qu’un vendeur vous explique qu’il acheté « en gros », une telle pratique n’existe pas dans le monde du luxe.
2. Autre technique qui ne trompe pas, se rendre chez un revendeur officiel de la marque qui sera à même d’expertiser l’objet.
3. Ce dernier pourra par la même occasion tester son étanchéité en tout sécurité. En effet si vous plongez vous-même votre tocante dans un verre d’eau et qu’elle s’avère être une contrefaçon, vous risque fort de la détériorer à jamais.
4. Le poids est également révélateur. Une montre de luxe est composée d’acier ou de métaux nobles, pas de plastique et autres alliages bon marché. Elle doit donc ne pas être trop légère quand vous la soupesez. Dans le même ordre d’idée, si le bracelet n’est pas en cuir (Rolex, Omega…), il doit donner une impression de solidité. Les maillons ne doivent pas gigoter outre mesure.
5. Vérifiez le numéro de série. Tamponné sur le bas de la montre (à 6h), entre le boîtier et le bracelet, sa calligraphie est très difficile à reproduire, et permet de connaitre la date de fabrication de votre montre (l’info est disponible sur de nombreux sites).
6. Les montres de luxe présentent une trotteuse au mouvement très fluide. Si cette dernière ne trace pas un cercle parfait sur le cadran, si elle saute d’un chiffre à l’autre de façon saccadée, si l’on peut entendre un léger « tic » : tous les voyants sont au rouge.
7. Enfin LE truc qui ne trompe jamais : le mécanisme interne, identifiable au premier coup d’œil pour les plus initiés.
Ceci dit, si le mouvement est à quartz (et nécessite donc une pile), et non mécanique (soit au moins une cinquantaine de pièces reliées entre elles), ne faites pas comme Soulja Boy et sa Audemars Piguet Royal Oak Offshore en toc : cacher au moins la misère en changeant la batterie, sous peine de vous afficher sur toutes vos photos avec une montre à plat qui indique à chaque fois 10h25…
COMMENT REPÉRER UNE COPIE D’APRÈS UNE SIMPLE PHOTO ?
« Une montre, c’est un million de détails sur une surface de 4 centimètres » FakeWatchBusta
Les indications données précédemment sont certes fiables, mais elles nécessitent d’avoir l’objet en main. D’autres indices permettent cependant de griller une contrefaçon simplement grâce à un smartphone et un œil aguerri.
Pour ce faire, rendez-vous sur les sites des marques qui proposent les catalogues officiels des modèles fabriqués.
[Les plus atteints incollables passeront eux à la loupe les rapports des contrôles qualité.]
La première étape consiste à s’assurer que le modèle existe bel et bien. Quand un prototype produit à 3 exemplaires se retrouve sur le marché, il vaut mieux passer son tour.
Au rang des erreurs les plus flagrantes, on retrouve le logo et tout ce qui a rapport avec la typographie (le trait hésitant et les courbes raides, les espaces entre les lettres et entre les mots fluctuants…).
Les chiffres sont également probants, car fréquemment mal placés (collés aux index des minutes) ou mal lettrés (police, finesse des caractères…).
L’espace entre les sous-cadrans est rarement respecté, pas plus que l’espace entre les sous cadrans et les chiffres.
La taille de la date. Beaucoup de marques (comme Rolex) agrandissent le cadran pour lire la date à l’aide d’une petite loupe qui grossit 2,5x. Particulièrement difficile à dupliquer, beaucoup de copies la remplacent par un simple morceau de verre.
Les aguilles des heures et des minutes ne sont souvent pas reproduites avec exactitude. La plus longue est plus courte ou inversement, parfois l’aiguille des secondes est tout bonnement rajoutée.
Si à l’intérieur de la montre sont visibles des empreintes digitales, des cheveux ou des saletés, c’est signe d’un montage imparfait et négligé – quand ce n’est pas le fond qui a simplement été peint !
Enfin les diamants. S’ils sont trop gros c’est louche (ça sent la customisation à bas prix). Si l’on peut voir à travers, c’est louche (la surface d’un diamant réfracte la lumière). Si leurs reflets sont arc-en-ciel, c’est louche (un vrai diamant reflète différents tons de gris).
Et si comme Ja Rule ils se détachent sans pression en plein interview, c’est au-delà des frontières du louche !
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