Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à ce jour où le Sal’Vieux Bâtard du Clan alors en pleine gloire est allé pointer à l’aide familiale…
Le 28 mars 1995 sortait le premier album solo d’ODB intitulé Return to the 36 Chambers: The Dirty Version.
Sur la pochette on peut voir copiée/collée la carte d’allocataire du rappeur où son nom et son adresse sont remplacés par le titre de l’album.
Bien qu’il ait reçu une avance de 45 000 dollars de son label Elektra Records et que le premier album du Wu-Tang Clan ait été certifié disque de platine l’année précédente, ODB clame qu’il s’agit bien de sa propre carte : n’ayant toujours pas rempli la moindre déclaration de revenus, il demeure en effet éligible pour bénéficier de l’aide de l’État.
Pour prouver la chose, il convie les caméras de MTV News à le suivre, lui, sa femme et ses trois enfants au guichet de l’administration. Embarquée dans une limousine, le petite famille part ainsi récupérer 375 dollars.
« Pourquoi dire non à de l’argent gratuit ? » clame-t-il alors le plus candidement du monde.
The same Ol’ Dirty
Quand l’épisode Ol’ Dirty Bastard Gets Paid est diffusé, l’incident fait grand bruit, notamment parce qu’à l’époque les États-Unis sont plongés en plein débat sur les aides sociales, les parties démocrates et républicains s’étant chacun lancé dans la course au plus économe.
Dépeint comme la caricature du profiteur qui vit sur le dos de la société, ODB ne voit cependant pas les choses de cet œil-là, lui qui comme bon nombre des membres du Wu, appartient à cette génération qui a vécu exclusivement ou presque des allocations.
[Quand le groupe a signé en maison de disques, certains membres ne possédaient pour toute pièce d’identité que leur numéro d’écrou…]
« Tu sais combien c’est difficile pour les gens quand tu n’as rien ? » lâche-t-il avant d’enchaîner avec la punchline de l’année : « Vous me devez un champ et une mule de toute façon ! », manière de renvoyer ses détracteurs au poids de l’histoire et à la façon dont lui et sa communauté sont contraints de vivre.
Pour Ol’Dirty Bastard, aller chercher ses coupons nourriture en limo c’était surtout une manière dire à son entourage, à tous ceux qui ont grandi avec lui, à tous ceux qui vivent encore dans le ghetto, qu’il n’y pas de honte à se nourrir de la sorte, qu’il était encore avec eux.
R.E.P.
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