Alors que sort aujourd’hui son quatrième album I Decided, Sean Don s’apprête-t-il à connaitre la consécration totale ?
À l’occasion de la sortie de son album « I Decided » focus sur Big Sean.
Dix ans. Dix ans déjà que Sean Michael Leonard Anderson, 29 ans cette année, a été repéré grâce à un freestyle puis signé sur G.O.O.D. Music, le label de Kanye West.
Dix ans qu’il enchaîne mixtapes et albums, non sans succès (on lui prête jusqu’à aujourd’hui plusieurs millions de ventes), mais sans pour autant être considéré comme l’égal des hall of famers de sa génération (Kendrick/ J.Cole/ Drake).
UNE PATIENTE MISE EN ORBITE
Né en Californie, mais ayant vécu à Détroit, Big Sean c’est quelque part un Isiah Thomas ou un Joe Dumars du rap des années 10, soient ces basketteurs qui ont fait la grande époque des Pistons, mais qui malgré toutes leurs qualités sont trop souvent oubliés quand sont établis les tops et best of.
I Decided va-t-il changer la donne ? Les chiffres de Bounce Back donnent en tout cas toutes les raisons d’y croire. Sorti en fin d’année dernière sans véritable promo, ce single hymne à la motivation accompagné de son clip halluciné casse la baraque comme jamais, devenant le plus gros hit de sa carrière – et accessoirement son dixième morceau à se classer dans le Top 10 Hot R&B/Hip-Hop.
Une performance d’autant plus remarquable qu’elle s’effectue pour la première fois sans aucun featuring ou collaborateur attitré. Si précédemment Big Sean s’était toujours appuyé sur des Nicki Minaj, des Lil Wayne ou des Chris Brown pour rafler la mise, il est désormais un « household name », soit le genre de rappeur qui vend sur son nom seul.
« THINK B.I.G. ! »
Une suite somme toute logique au carton Dark Sky Paradise, son troisième solo sorti en 2015. Avec six chansons disque d’or (dont Blessings, Play No Games et l’incontournable banger I Don’t F*** With You), l’album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.
Une performance commerciale qui a dissipé les doutes chez tous ceux qui ne voyaient en lui qu’un role player signé par West, un emcee tout juste bon faire la figuration sur des compil’ à la Cruel Summer.
DSP a également validé les ambitions de Sean de confier à Roc Nation les reines de son management (tout en restant chez G.O.O.D. Music). L’écurie qui compte dans ses rangs de Rihanna, T.I. ou Calvin Harris a satisfait là son désir de « travailler avec des gens qui ont faim, qui ont une vision du business. Je voulais plus de promotion, plus de soutiens, plus de contrats publicitaires. »
Devenu l’an passé le premier rappeur à se produire live à la Maison Blanche, on l’a depuis entendu sur le hit certifié platine Back Up de Def Loaf ou le Holy Key de DJ Khaled. Le mois dernier il a annoncé son arrivée chez Puma – la marque signant en ce moment tout ce que l’industrie du disque compte de hot, de Riri à The Weeknd.
Mieux, en se laissant aller à des textes plus proches de lui, plus intimistes, le rappeur a de son propre aveu commencé à trouver son propre son, l’identité musicale qu’il se cherchait un peu.
L’ART & LA MANIÈRE
Artistiquement parlant I Decided s’envisage ainsi comme une sorte de « renaissance », Big Sean évoquant même l’idée « d’album concept » pour définir ce nouveau projet.
Précisions : « J’ai un jour dit à un ami que parfois je me sentais comme un homme d’un âge avancé qui n’avait pas réussi dans la vie et qui demandait à ce qu’on lui accorde une seconde chance. Mon pote m’a alors répondu de faire de cette idée un album. Les gens qui peuvent être inspirés par cela, c’est pour eux que je l’ai fait. Le reste du monde peut aller se faire m*ttre. »
Et il se pourrait bien que cette évolution n’en soit qu’à ses débuts.
De plus en plus inspiré par les artistes Motown qui ont fait la gloire de sa Motor City (Marvin Gaye, Stevie Wonder, les Temptations…), Big Sean s’avoue de plus en plus attiré par le chant, et ce surtout depuis sa collaboration avec la jolie Jhené Aiko sur TWENTY88.
Et en parlant de la jolie Jhené avec qui il a partagé le temps de l’enregistrement une relation adultérine avant d’officialiser la chose, comment ne pas aborder le sujet de ses conquêtes féminines ?
De Naya Rivera (avec qui il allait pourtant si bien sur papier glacé) à Ariana Grande, Sean Don et sa très « eddymurphienne » moustache alimentent quasi continuellement les sites à potins.
« Un sacrifice nécessaire pour un artiste » regrette presque à demi-mots celui qui bossa à l’époque des vaches maigres comme télémarketeur à 100 dollars par semaine.
À l’occasion d’une interview donnée chez Larry King, Big Sean avait alors admis sans ambages que la célébrité l’avait changé : « Je ne suis définitivement plus la personne que j’étais. Je suis devenu une meilleure version de moi-même ».
Une déclaration qui pourrait tout à fait s’appliquer à son rap et à sa carrière.