L’histoire du rap est régulièrement ponctuée par les tragédies. Beaucoup d’entre elles comportent leur lot de mystères…
En 2007, KRS-One et le producteur Marley Marl sortent Kill A Rapper, un morceau dont le refrain assène candidement : « You wanna get away with murder/Kill a rapper ». Si le propos peut surprendre, il n’en reflète pas moins une certaine réalité.
En 2015 le magazine XXL publie une liste longue de 52 rappeurs décédés pour cause d’homicide. Sur ces 52 affaires, seules 16 ont été résolues, soit à peine plus de 30% du total – un pourcentage d’autant plus famélique si l’on compare ce dernier au taux national américain qui s’élève lui à 61,4%.
Biggie et 2Pac sont donc loin d’être des cas isolés. Voici 7 autres de leurs confrères tous tombés sous les balles et dont les meurtriers sont encore aujourd’hui introuvables.
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Scott La Rock
Né le 2 mars 1962, décédé le 27 aout 1987 à 25 ans.
Ou quand le hip hop a perdu son innocence.
DJ et fer de lance du groupe Boogie Down Productions qu’il forme avec KRS-One et D-Nice, Scott Sterling travaillet dans un centre pour sans-abris avant d’exploser sur la scène musicale avec l’album Criminal Minded dont les hits South Bronx et The Bridge Is Over appartiennent désormais au patrimoine r.a.p.
Signés par Jive Record, il ne savoure cependant son succès que peu de temps.
Un soir d’été, son acolyte D-Nice s’embrouille avec une bande rivale à cause de sa copine d’alors qui aurait été l’ex de l’un d’entre eux. La Rock s’interpose pour mettre fin aux hostilités.
Plus tard alors que les deux hommes tournent en Jeep dans leur quartier du Bronx, deux assaillants surgissent et font feu, touchant le rappeur à la tête et au cou. Il décède quelques heures après à l’hôpital alors qu’il se trouve en soins intensifs.
Deux suspects sont arrêtés puis inculpés l’année suivante (Cory Bayne et Kendall Newland), avant d’être acquittés en raison de l’absence de témoin.
Scott La Rock est crédité comme producteur exécutif de chacun des quatre albums suivants de BDP.
La même année 87, lors d’un concert commun avec Public Ennemy, un jeune fan est tué alors qu’une bagarre éclate. La concomitance de deux évènements pousse non seulement KRS-One a donné un ton plus conscient à ses lyrics, mais aussi à lancer le mouvement Stop the Violence.
Big L
Né le 30 mai 1974, décédé le 15 février août 1999 à 24 ans.
Ou l’un des plus grands espoirs gâchés du rap US.
Pur produit d’Harlem, Lamont Coleman se fait un nom au début des débuts des années 90 en formant tout d’abord le très éphémère groupe Children of the Corn’ (passé à la postérité pour avoir compté parmi ses jeunes membres Cam’ron et Ma$e), mais aussi et surtout en intégrant le célèbre D.I.T.C., l’un des crews newyorkais underground les plus respectés de l’époque (Lord Finesse, Fat Joe, Kid Capri…).
Signé en 1992 par Columbia Records, il sort en 1995 son premier album, le très acclamé Lifestylez ov da Poor & Dangerous.
Malheureusement pour lui l’histoire s’arrête là très peu de temps après. En 1999 alors qu’il est en train d’enregistrer son second solo tout en négociant son arrivée sur Roc-A-Fella Records, Big L est victime d’un drive-by mortel à quelques encablures du bloc où il a grandi.
Atteint à la poitrine et à la tête de 9 balles, il meurt sur le coup.
Plusieurs mois après les faits, l’un de ses amis d’enfance, Gerard Woodley 29 ans, est arrêté sans toutefois être inculpé faute de preuves.
Le mobile du meurtre aurait à voir avec son grand frère Lee incarcéré au moment des faits. Big L aurait ainsi été assassiné par vengeance en raison d’un conflit avec ce dernier, ou comme l’a soutenu l’un de ses autres grands frères en 2010, parce que les tireurs aurait confondu les deux hommes, L portant le jour de sa mort la même chaîne que son grand frère. Ce dernier sera tué trois ans plus tard.
Trois albums posthumes de Big L ont depuis été commercialisés.
Jam Master Jay
Né le 21 janvier 1965, décédé le 30 octobre 2002 à 37 ans.
Ou quand les légendes finissent elles aussi par mourir.
Troisième tiers et DJ du groupe pionnier Run DMC, Jason Mizell n’a pas seulement marqué l’histoire du rap en écoulant des millions d’album : Onyx et de 50 Cent lui doivent d’avoir mis le pied à l’étrier dans ce business.
Un soir d’octobre 2002, alors qu’il est dans son studio du Queens assis sur un canapé en train de jouer sur console à Madden NFL, deux assaillants font irruption dans la pièce et ordonnent à toutes les personnes présentes de s’allonger sur le sol, tandis que l’un d’entre eux lui loge une balle en pleine tête.
Si l’enquête en est toujours restée au point mort (aucune poursuite à ce jour), c’est selon les autorités en grande partie en raison du manque de coopération des témoins, tous se déclarant incapables de pouvoir identifier le tireur.
[Pour info, 50 sera entendu par la police le soir du meurtre avant d’être relâché dans la foulée.]
Une des théories entourant le mobile du meurtre voudrait qu’il s’agisse là de l’épilogue d’une dette veille de 10 ans contractée auprès de son dealer et « ami », Curtis Scoon.
En 2007 le procureur fédéral cite nommément Ronald ‘Tenad’ Washington comme complice. Ce dernier, déjà suspecté du meurtre de Randy ‘Stretch’ Walker (lire ci-dessous) ne sera pourtant jamais inquiété – il purge actuellement une peine de 17 ans pour braquage à main armée.
Soulja Slim
Né le 9 septembre 1977, décédé le 26 novembre 2003 à 26 ans.
Figure émergente de la scène nouvelle orléanaise, James Tapp Jr. est l’auteur de trois albums sortis depuis 1998. Soldat de l’écurie No Limit dirigée par Master P, il a plus tôt dans sa carrière beaucoup collaboré avec B.G. de Cash Money Records avec qui il restera proche jusqu’à la fin.
À la fois cocaïnomane et héroïnomane, Soulja Slim n’a jamais vraiment rompu avec la vie de rue. Il est ainsi abattu la veille de Thanksgiving devant la maison de sa mère de trois balles dans la tête et d’une dans la poitrine. Il meurt sur le coup.
Le 31 décembre 2003, le soir du réveillon, est arrêté Garelle Smith, un homme de 22 ans, qui se révèle être en possession de l’arme à feu utilisé pour le crime. Si les tests balistiques confirment la provenance des balles, la police ne parvient cependant pas à prouver formellement son implication dans l’affaire, là encore faute de témoignages.
Huit ans plus tard, en 2011, Smith, qui entretemps sera suspecté de trois nouvelles affaires de meurtre, est retrouvé mort de plusieurs balles dans le corps.
En mars 2004 sort sur l’album Juve the Great de Juvenile le single posthume Slow Motion sur lequel il rappe un couplet et demi ainsi que le refrain. Le titre se classe numéro 1 du Billboard Hot 100.
Stretch
Né le 21 août 1968, décédé le 30 novembre 1995 à 27 ans.
Ami et proche collaborateur de 2Pac pour qui il a fait office de producteur sur les albums 2pacalypse Now et Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z., Randy Walker était présent aux côtés de ce dernier cette funeste nuit de novembre 1994 où le rappeur s’est pris cinq balles dans le buffet dans le hall du studio newyorkais Times Square recording.
[Autre affaire classée sans suite soit dit en passant…]
Un an jour pour jour après cet incident, Stretch dépose en voiture son frère dans le Queens. Quelques instants plus tard, un véhicule le prend en chasse. Les hommes présents à son bord font alors feu, le touchant à quatre reprises. Stretch termine sa course en percutant de plein fouet un arbre.
La parallèle entre les deux dates en pousse beaucoup à croire que les deux affaires sont liées, et ce d’autant plus si l’on considère les propos de Shakur.
Lors d’une interview donnée au magazine Vibe, ce dernier s’était en effet déclaré très surpris que ses agresseurs ne s’en soient pas pris à Walker (avec qui il s’est brouillé entretemps) pourtant de corpulence assez large.
Si officiellement le rappeur a été victime d’un vol de bijoux, il a lui toujours été intimement convaincu qu’il s’agissait là d’une tentative de meurtre déguisée commanditée par le camp Bad Boy.
Il est d’ailleurs largement admis que lorsqu’il rappe sur le morceau Ambitionz Az a Ridah sorti en 1996 « Had bitch-ass niggas on my team/So, indeed, they wet me up », il fait référence à son ancien ami.
Hum-hum ?
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Yella Boy
Né en 1975, décédé le 5 avril 1997 à 22 ans.
Début/milieu des années 90, le trio de gangsta rappeurs U.N.L.V. (soit Uptown Niggas Living Violent) composé de Yella Boi, Tec-9 et Lil Ya se fait entendre dans tout le sud des États-Unis. Signé sur Cash Money, le groupe finit par quitter le label pour (on vous le donne en mille) des problèmes contractuels.
Les choses ne sont cependant pas passées dans le plus grand des calmes, une rumeur persistante voulant que pour l’occasion Albert Thomas ait confronté Birdman en lui braquant un flingue sous le nez, puis en tirant sa voiture.
[Un incident confirmé à demi-mots par B.G. lors d’un freestyle 2006 aux côté de Tec et Lil Ya (deux anciens membres du groupe), où il rappe : « I’ma speak the truth, I’ma tell no lie/I was on the scene, Yella snuck Baby in the eye ».]
Quelques mois plus tard, le boy Yella est retrouvé mort dans sa voiture, une balle dans la tête. L’une des versions officieuses veut que cela soit suite à une transaction de narcotiques qui aurait mal tourné, une autre veut que Birdman soit derrière tout ça.
Selon les plus fins limiers, le refrain du titre What Happened To That Boy sorti en 2003 (« What happened to that boy?/He was talking shit we put a clap into that boy ») serait d’ailleurs une référence à peine voilée à cet épisode.
Quelques mois auparavant, en septembre 2002 Bryan Williams avait toutefois démenti cette rumeur, niant même savoir d’où elle venait.
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Chinx
Né le 3 décembre 1983, décédé le 17 mai 2015 à 31 ans.
Dernier cas en date, le Coke boy et sidekick de French Montana a vu son ascension de rap star coupée en plein vol.
Chinx Drugz (alias Lionel Pickens dans le civil) a été tué au volant de sa Porsche. Après avoir donné ce qui sera son dernier concert dans un club de Brooklyn, il se rend dans une chicha fermée au moment où il arrive. Il décide alors de déposer l’un de ses amis chez lui quand à une intersection du Queens sa voiture se retrouve criblée de balles.
Sa mort est prononcée lorsqu’il arrive au Jamaica Medical Center. Le lendemain, trois hommes sont arrêtés par le NYPD avant d’être libérés.
Un album posthume Welcome To JFK sort le 14 août 2015 ainsi que le single Off The Rip enregistré de son vivant dans lequel plusieurs hommages lui sont rendus.