Le jeune rappeur vient de sortir son deuxième projet…
Anciennement appelé Sirsy, Yaro repart A Zero à l’occasion de la sortie de son deuxième projet. Booska-P est parti à sa rencontre afin d’en savoir plus sur son parcours et ses aspirations.
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Le 91, son point de départ
Originaire du Val d’Yerres, dans le 91, Yaro, aujourd’hui âgé de 26 ans, commence le rap dans les années 2009 et 2010. Tout part en fait de la compilation Hostile de 2006 qu’il a découvert avec son frère et d’artistes américains tels que 50 Cent, qui lui ont donné l’envie de se lancer. C’est donc au côté d’un groupe portant le nom de Tireurs d’Elite qu’il fait ses premiers pas dans la musique et commence à travailler avec Ninho, un artiste qu’il connaît depuis toujours : « Ils avaient un studio dans une chambre, et c’est là que ça a commencé. Ninho était de la même cité, donc ils étaient un peu plus grands que nous et ils envoyaient déjà des sons tout ça. Un jour, j’ai voulu le faire aussi. Je me souviens, j’avais Audacity sur mon ordinateur et j’avais le micro de la webcam : j’ai fait un son avec ça. Je l’ai laissé de côté, il était dans le grand bureau familial, et mon grand reuf a pris le son et l’a passé au mec qui rappait dans le groupe Tireur d’Elite. Ils ont kiffé et c’est là où ils ont commencé à me dire « tu viens, on fait un son ». C’était une bonne occasion parce que dans le secteur ils étaient bien connus ».
Finalement, après cette introduction en équipe, Yaro aura mis plus d’une année avant de produire du neuf et de livrer son premier clip sur Dailymotion : « J’avais fait un skyblog je me souviens à l’époque, le troisième morceau c’était avec un de mes cousins. C’est le premier clip que j’ai fait officiellement avec lui. Il doit être sur Dailymotion encore… (rires). Et la distinction que j’ai eu à ce moment-là, c’est que personne avait fait de clip dans le secteur, tout le monde faisait des sons, mais pas de clips ».
J’ai changé de blaze parce qu’il y a un groupe de rock qui s’appelle Sirsy aussi, ça me fait bizarre
Avant de s’appeler Yaro, le rappeur portait le baze de Sirsy, mais n’a malheureusement pas pu le conserver pour des raisons pratiques : « J’ai changé de blaze parce qu’il y a un groupe de rock qui s’appelle Sirsy aussi, ça me fait bizarre. Ils sont deux américains et ils ont genre 20 ans de carrière. Quand je voulais faire des réseaux avec Sirsy je voyais que c’était déjà pris, mais ça ne m’empêchait pas de sortir mes clips sur Youtube à l’époque. A partir du moment où on a commencé à monétiser ma musique et mon blaze, ils ont commencé à nous embêter un peu. Surtout à la période où les plateformes sont arrivées, on se partageait la page, donc c’était compliqué, ils ont commencé à faire des plaintes, envoyer des mails… En même temps parfois on me croisait dans la rue et on m’disait « Eh Sirsy (i) » (rires). Donc on a changé et ça m’a pas dérangé. Yaro, on m’appelle tout le temps comme ça, ça veut dire yeux dans ma langue maternelle et le mot complet veut dire yeux rouge ».
Un rappeur qui ne cherche pas à tomber dans la tendance
Pour son nouveau projet, Yaro s’est donc inspiré de tous les types de productions afin de ne livrer que le meilleur. Sa manière de faire : recevoir « beaucoup d’instrus en tout genre » et les analyser en fonction de ce qui lui plaît. Actuellement, l’artiste s’oriente donc vers des instrus venues du Nigéria, inspirées par la musique de Wizkid, à titre d’exemple, en gardant toujours des sonorités hip-hop. Loin de lui l’idée de vouloir de l’afrotrap, même s’il s’y est essayé il y a quelques moi avec le titre : « En général, j’aime pas trop tomber dans la tendance. Ce morceau-là, c’est à part. J’étais dans une période où j’avais un groupe qui s’appelait Equipe de malade, et on cherchait à innover donc on fait ça et ça a pas trop pris… Ce groupe-là c’était en 2014, ça a duré une année, le temps de faire un projet et quelques clips ».
J’ai toujours kiffé faire des sons entraînants, à partir du moment où j’ai su que je pouvais le faire, j’en ai abusé
D’ailleurs, en ce qui concerne sa musique, Yaro vogue entre rap street et sonorités entraînantes, qui sont toujours présentes dans ses albums : « J’ai toujours kiffé faire des sons entraînants, j’en écoute de plus en plus et a partir du moment où j’ai su que moi aussi je pouvais le faire, j’en ai abusé en fait. Déjà je prenais un plaisir parce que c’était nouveau pour moi au studio, après quand j’ai mis sur les réseaux ça marchait bien aussi donc on est restés sur ça ».
Jusqu’à la sortie de son second projet, Yaro ne semblait également pas enthousiaste à l’idée de faire des featurings. Pourtant, cela ne l’a pas empêché de s’allier à Ninho à plusieurs reprises, notamment pour le single Refait, qui cumule à ce jour plus de quatre millions de vues sur Youtube. Ce n’est pas tout, puisqu’il a également fait de la place à Naza sur son premier album, Avant Yaro : « A la base, je voulais vraiment qu’on comprenne où je voulais en venir, il fallait que je revienne tout seul, comme je venais d’un groupe. Naza, j’aime bien ce qu’il fait et je me suis dit faut quand même un featuring extérieur, donc je l’ai appelé. Après Ninho c’est différent, il est même deux fois dans Avant Yaro. J’ai grandi avec lui, il vient de la cité de chez nous, il kiff le rap comme un fou. Je me souviens, un jour, on devait faire un son sur Audacity, il était déjà dans ce délire, il faisait déjà ses sons dans son micro là-bas… Il est plus jeune que moi, mais il avait la même détermination que moi, voire même une plus grosse détermination que moi. Il était déter de fou. J’appelle même pas ça un featuring en fait quand je fais des sons avec lui, on se connaît trop. Dans le 91, on se connaît vraiment tous, en plus il y a un bon engouement autour de la scène locale ».
« A Zero », nouvelle prouesse de Yaro
A Zero est donc le tout nouvel album de Yaro. Il se compose de 14 morceaux et regroupe plusieurs featurings inattendus, notamment avec Still Fresh, RK et même PLK. Des connexions surprenantes, connaissant Yaro et son besoin d’évoluer seul depuis le début de sa carrière solitaire. Il explique alors que l’univers du jeune RK l’a séduit, ce qu’il l’a poussé à collaborer sur l’entraînant Dans La Zone : « J’aime beaucoup son flow et sa manière de rapper. Le pire, c’est que je ne sais même pas s’il est vraiment conscient de tout ce qu’il fait, ce fou. Il sort des trucs parfois, je me demande d’où ça vient. Il a un bon potentiel et les gens commencent à le remarquer ». Un featuring original également : celui avec PLK sur Salut. Un morceau dans lequel les deux rappeurs jouent à jeu de passe-passe et se partagent les couplets, sans aucun refrain : « Je lui ai envoyé l’instru il a kiffé directement. On a écrit au studio ensemble, il a commencé son couplet et simplement, j’ai enchaîné derrière lui, c’est là que je me suis dit que ce serait bien en fait de faire ça, ça change un peu des mêmes structures qu’on retrouve dans tous les feats ».
J’ai toujours besoin de prouver, c’est important de garder des morceaux où je suis tout seul
Ce nouveau projet est très significatif pour Yaro, qui compte réellement repartir sur de nouvelles bases et qui a connu une mésaventure que personne ne souhaite vivre : « En fait ce projet je l’ai appelé A Zero en référence au changement de blaze, et au fait de tout reprendre à zéro. Et puis je suis quelqu’un qui aime bien recommencer tout le temps. Mais la raison la plus difficile c’est qu’on enregistrait dans un studio vers Villeneuve-le-roi, il y avait un souci judiciaire là-bas, du coup tous les morceaux ont été perquisitionnés, tous les matériaux ont été enlevés, l’ordinateur, les enceintes, tout. Sachant qu’on avait plus d’un an de travail là-bas… Et quand on nous a dit ça, il a fallu tout refaire, alors que la plupart des sons étaient finis ou en yaourt. Le son avec Ninho (Bucci Night, ndlr), par exemple, on a dû le refaire. J’avais du mal à les reprendre, parce que c’est compliqué de refaire une maquette. Nous, les artistes, on est vraiment amoureux de la maquette, pour nous, c’est la meilleure, je veux plus faire autrement. Donc c’était dur de se détacher de ça et de refaire tout, c’était chaud et imposé pour le coup ».
Premier extrait balancé sur la toile, Mi Amor est un titre léger et estival, qui nous accompagnera sans difficulté tout l’été. Pourtant, c’est initialement 2,3 Marabouts qui devait être lancé le premier. Une stratégie que Yaro redoutait : « Il a plus de chance de passer en radio que 2,3 Marabouts. Après, je suis pas tout seul, s’il n’y avait eu que moi j’aurais balancé 2,3 Marabouts direct. C’est un risque de revenir avec un son un peu commercial comme Mi Amor, les gens peuvent dire « ah ça y est, Sirsy a signé, il veut laisser la street ». Alors qu’en fait, ce n’est qu’un premier extrait, et c’est le seul son qui est vraiment commercial. Les autres sont ouverts aussi, mais ce n’est pas pareil. En tout cas ce n’est pas calculé, a aucun moment je me suis dit faut faire un hit ». Disponible depuis le 11 mai dernier, le dernier album de Yaro est à écouter sans modération sur toutes les plateformes de streaming.