Actualités Musique

Les rookies du rap francophone au MaMa Festival ! [LIVE REPORT]

Les rookies du rap francophone au MaMa Festival ! [LIVE REPORT]

Immersion dans le monde du MaMa Festival…

Crédits photos : Roxane Peyronnenc

On vous donnait un petit aperçu de la programmation du MaMa Festival il y a quelques jours. Le festival, qui se déroulait du mercredi 18 au vendredi 20 octobre, se tenait en parallèle de la convention pour les acteurs de l’industrie musicale. Toujours à l’affût des nouveautés et du monde de demain, Booska-P est allé faire un tour à la convention et au festival du MaMa. Divisé en 3 parties pour les 3 jours que comptait l’évènement, voilà ce qu’on en a retenu.

À LIRE AUSSI 
Hamza, Take a Mic et Le Club au MaMa Festival !

Jour 1 : « C’est le club enfoiré »

Mercredi 18 octobre, première journée pour le MaMa. Après avoir récupéré une accréditation presse, on se dirige vers plusieurs conférences, notamment sur le management dans le monde de la musique et sur la place qu’occupe Youtube par rapport au streaming de nos jours. On y croise notamment Pascal Nègre, ancien PDG d’Universal Music France et désormais à la tête de sa nouvelle société #NP sur laquelle ont signé S.Pri Noir ou encore Krisy, mais également Stéphane Le Tavernier, président de Sony Music France ou encore Hans-Holger Albrecht, Directeur Général de Deezer. Une brochette de dirigeants qui auront notamment tenté de préciser la question du Value Gap, ou comment Youtube réussit à rémunérer jusqu’à 54 fois moins les artistes que les plateformes de streaming audio grâce à son modèle de « simple hébergeur ». C’est à se demander pourquoi certains continuent à acheter des vues…

En marge de la convention, on se retrouve à 22h30 le mercredi soir à la Boule Noire pour le concert du groupe Le Club. Les basses résonnent déjà au son des gros bangers US du warm up : Future, Juicy J et 21 Savage sont à l’honneur. La salle est pour le moment scindée en 2 parties bien distinctes. Les fans du Club, au premier rang, venus soutenir leur groupe favori, et les pros, en retrait près du bar, venus jeter un oeil au phénomène montreuillois. Le format showcase d’une durée de 45 minutes oblige le duo à enchaîner ses plus gros titres coup sur coup. On a le droit à La Magie de Paris en introduction, très vite suivi par Balotelli et Belle qui a le droit a une réaction forte et unanime de la salle. L’utilisation de l’autotune n’est pas toujours parfaite mais le public est plutôt bien géré et les deux rappeurs effacent assez vite cette lacune grâce à une prestation scénique de qualité. MaMa Festival oblige, Tayz et La Kanaï propose au public parisien une exclu de leur prochain projet intitulé Barillo. Ils se retireront après avoir joué Savon, dernier titre et point d’orgue à n’en pas douter du concert.

Jour 2 : Bruxelles vie

Jeudi 19 octobre, rebelotte, nous voici de retour à la convention du MaMa. Au programme de la matinée, une conférence sur les labels indépendants et leur évolution à l’ère du numérique. Au niveau francophone, PIAS, IDOL, et Because sont présents, aux côtés d’autres organisations de labels indépendants. On parle stratégie marketing, capitalisation et Value Gap, encore une fois. L’un des points les plus discutés est celui du combat contre les algorithmes des plateformes de streaming. En tant que label indépendant, il s’avère compliqué de rivaliser avec les moyens mis en oeuvre par les majors pour intégrer les playlists et se placer en haut des algorithmes de recommandation. Une complexité théorique qui se révèle être une réalité difficile à vivre pour un bon nombre d’artistes émergents au sein du rap français.

Ce soir, ça se passe au Folie’s Pigalle. Pour l’occasion, le MaMa a concocté un line up 100% belge. On retrouve le trio L’or du commun peu après 20h, jonglant avec aisance entre morceaux aux sonorités très actuelles et freestyles boom bap bien sentis. Swing, l’un des trois membres du groupe, propose en exclusivité un nouveau morceau intitulé Canopée. Un titre puissant qui suscite de l’intérêt pour son projet à venir. Ils terminent en apothéose en faisant monter sur scène Roméo Elvis pour interpréter le très bon Apollo. Place maintenant à Isha et sa veste Mighty Ducks. Le plus américain des belges, jusque dans le choix de son frigo, retourne le public parisien dès son arrivée. Après le bien nommé Oh putain, on a le droit à Coloris ou encore Tony Hawk. Lui aussi dévoile non pas une, mais bien deux exclusivités de son prochain projet La vie augmente Vol.2. Deux ogives qui confirment toutes les attentes placées autour de ce second projet. Le public est entièrement acquis à sa cause. En guise d’adieu, le bruxellois rejouera son banger Oh putain, terminant d’assomer une foule déjà bien marquée par son passage.

Sur les coups de 22h, Krisy fait son entrée sur scène accompagné de Nixon. D’entrée de jeu, le rappeur belge envoie l’une de ses plus grosses cartouches, il faut dire qu’il en possède quelques unes. C’est Julio & sa gogo danseuse qui échauffe en douceur le public parisien. Blessed, Paradis d’Amour puis Ils pensent, avant de s’accorder un moment de répit pour balancer des t-shirts à ses fans. Le show reprend de plus belle avec Aucune émotion et un nouveau morceau extrait de son prochain projet. Dans la foule, Pascal Nègre esquisse un sourire, conscient d’avoir misé sur le bon poulain. Krisy se retire après avoir interprété Nice, son nouveau single dévoilé pendant le Planète Rap de PLK. Celui que beaucoup attendent finit enfin par arriver. Hamza, accompagné de son DJ Nico Bellagio, fait forte impression. Le public connaît l’ensemble de ses lyrics par coeur et reprend avec entrain ses titres les plus récents comme ses anciens bangers. De Respect à La Sauce et de Godzilla à Vibes, le H fait état de sa palette avant de dévoiler un titre inédit extrait de son projet 1994. Même lorsque la foule ne connaît pas ses paroles, les basses frénétiques du jeune belge font trembler Paris et suffisent à faire grimper la température à son maximum. Rien n’est laissé au hasard, le show est maîtrisé dans son intégralité, la soirée aura tenu toutes ses promesses. Une preuve de plus, s’il en faut, que la Belgique n’a rien à envier à la France.

Jour 3 : La gifle Suisse

Rendez-vous donc à la Boule Noire, une nouvelle fois, sur les coups de 20h. C’est Gros Mo qui ouvre le bal, accompagné par Everydayz venu lui prêter main forte derrière les platines. Son entrée se fait sans fioriture ni concession, le perpignanais plonge directement le public dans son univers avec #Foktuléken. Switchant rapidement sur #Magienoire, il installe une ambiance bien sombre que la foule mettra quelques minutes à digérer. Un peu frileux en début de set, Gros Mo réussit à détendre le public avec de nombreuses interactions, jouant avec les frontières du One Man Show. #Spliff, #Hulahoop, #Desq, les morceaux s’enchaînent et la salle se réchauffe. Également à l’initiative d’un moment freestyle bien senti, le rappeur se retirera après avoir interprété #Overdose, morceau qui clôture son projet Les # de Gros Mo et le set de ce soir. La seule représentante de la gent féminine fait son apparition à 20h45 sur les planches, épaulée par son compatriote Nodey. Chilla met d’emblée le public dans sa poche lorsque résonnent les premières notes de son morceau Sale chienne. Dans la même veine, elle enchaîne avec Si j’étais un homme. La jeune rappeuse est galvanisée, sûre d’elle, fixant d’un regard profond un public déjà acquis à sa cause. Indigo puis Aller sans retour, extrait inédit de son EP Karma qui paraîtra le 3 novembre. Chilla se retire en remerciant son public qui le lui rend bien. Sifflets et applaudissements.

C’est Gracy Hopkins qui prend la relève vers 21h20. Le plus anglais des parisiens n’est pas venu pour faire dans la dentelle. Il démarre a capella, backé par des voix de gospel, et surprend le public. Les basses sont puissantes, les productions menaçantes, Lorkestra derrière les platines planifie le show avec précision. Avec Lettre à France, le parisien dévoile sa francophonie à ceux qui l’ignoraient et crée des gros mouvements de foule dans le public. Il enchaîne avec Man et un titre exclusif, les pogos éclatent à chaque nouveau refrain. Sa performance scénique a surpris le public parisien qui en redemande alors que le rappeur se retire après 30 minutes de show intense. C’est au tour de Take a Mic de prendre le relai. Le rappeur du 94 balance en exclusivité l’intro de son prochain album prévu pour 2018, qu’il avait d’ailleurs envoyé lors de son passage remarqué dans le Cercle. Il enchaîne avec Vida, Pour sortir et El Niño terrible, ce dernier marquant le point d’orgue de sa prestation. L’orlysien ne pouvait évidemment pas partir sans jouer son dernier hit Blessure d’amour, qui sera suivi par Santiago, un titre inédit issu de son prochain album. En guise d’adieu, Take Take balance une info de la plus haute importance : son premier album s’intitulera Avant-gardiste.

Il est 22h30 et c’est déjà l’heure du clou du spectacle. Les suisses du XTRM Tour grimpent tour à tour sur la scène de la Boule Noire avec la ferme intention d’en découdre. C’est Di-meh qui ouvre avec Jabbawockeez, suivi de Slimka et son banger Domingo ainsi que Makala avec le puissant Oui oui xtndo. L’alchimie avec la salle est immédiate. Les trois genevois rentrent en transe et l’énergie qu’ils dégagent est communicative. Les basses s’abattent sur les nuques, la température atteint des sommets, le trio est prêt pour la guerre. Les solo s’enchaînent et c’est maintenant les premières notes de Focus de Di-meh qui retentissent. La salle se scinde en deux parties et des pogos éclatent alors que Wes Anderson et Gun Love Fiction prennent le relai. Les suisses, accompagnés de Pink Flamingo, sont bien vite rejoints par Gracy Hopkins, venu s’ambiancer sur les sons de ses compatriotes. On a le droit à deux exclusivités, dont une de Slimka intitulée Diego qui se retrouvera sur son prochain projet No Bad, Vol.2. Le show se referme avec l’incantatoire Dim Mak de Makala et Slimka, le jeu de scène est imparable. Le trio aura fait preuve d’une énergie débordante, hors du commun, extrême, comme leur nom l’indique. Le MaMa se referme sur ces notes, encore une bien belle édition qui aura tenu toutes ses promesses. À l’année prochaine !

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT