Ce dernier volet de notre trilogie censée percer le mystère JUL va s’intéresser à son « personnage »…
Après sa musicalité et sa communication, il est temps de s’attarder sur cette autre particularité de JUL. Il est intéressant de rappeler que le rappeur « au survet’/claquettes/buvette » est arrivé au moment où le game était on ne peut plus bling-bling. JUL a émergé au plan national entre les clashs et la vague de trap où revendiquer « construire des piscines » dans son ancienne vie était impossible. Mais, comme pour le reste, le rappeur marseillais a redéfini les règles du jeu.
Un homme vrai
Ce qui dénote dans le style de rap de JUL, c’est qu’il transpire la réalité. On se rappelle de l’une de ses interviews où il avait péniblement essayé d’expliquer qu’il racontait la réalité de son quotidien. Une dizaine de projets plus tard, il continue de nous rapper sa vie avec, il semblerait, une entière sincérité. C’est sûrement aussi ce qui a plu chez JUL, cette impression de « vrai » que l’on avait un peu perdu. Inimaginable pour un Kaaris, par exemple, de raconter qu’il travaillait sur les chantiers avec son père pour construire des piscines. Même si cette réalité s’approche sûrement plus de celle de la majorité des rappeurs avant qu’ils ne connaissent le succès. Il y’a une certaine instantanéité dans les actions de JUL, que ce soit dans la diffusion de sa musique à des heures tardives, dans ses clips (qui aurait osé se déhancher en short moulant et chemises à fleurs avant lui) ou dans sa communication.
En remettant de l’humain plutôt que de la stratégie dans sa façon d’être, JUL, a ouvert la porte à des rappeurs plus naturels et moins bloqués dans des clans. C’est assez naturellement que Gradur, le « king of cool », l’invite sur le clip « D’Or et de Platine ». Cette sincérité lui a permis de devenir un rappeur « populaire » au sens premier du terme.
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Un rappeur proche du peuple
Comme dirait un certain rappeur normand « J’ai pris la place de personne j’ai rajouté un fauteuil ». JUL a lui aussi conquis un nouveau public très populaire. Loin des experts du rap, qui ont fini par changer d’avis face au succès grandissant, c’est des personnes de tout horizon, mais particulièrement de classes populaires qui ont adhéré à JUL. Ce public qui ne se reconnait pas dans les travers du « Game » s’est attaché à un artiste qui leur ressemble et qui a su créer une vraie proximité (visiblement non-jouée). Juliette, son attachée de presse, nous confiait une anecdote sur son passage dans l’émission de France 2 « La Fête de la chanson française ». Ce qui a étonné les autres artistes présents, et pas de moindres avec des pointures comme Pascal Obispo ou Johnny Hallyday, c’est la proximité de JUL avec les « petites gens ». Eux sont habitués à voir les organisateurs, techniciens ou autres venir les voir en backstage. Mais dans la loge de JUL, c’était le défilé de femme de ménage ou agents de sécurité venus se prendre en photo avec un phénomène dont eux, stars de la musique française, n’avaient jamais entendu parler.
Il suffit de faire un tour dans les commentaires de la page Facebook du rappeur pour voir son public et la manière dont ils s’adressent à leur artiste favori. Nombreux d’entre eux ne jurent que par le rappeur marseillais et sont hermétiques à ses confrères. En 2014, l’excellent Crew Des Haterz avait publié, un brin mesquin (« L’esprit Canal » ?), un top 15 des vidéos de fans de JUL. Même si on peut décocher quelques sourires dans ce soutien porté à l’extrême, elles sont assez révélatrices de la fanbase que JUL a réussi à réunir autour de lui, et que lui envie certainement beaucoup d’artistes.
JUL, l’exception qui confirme la règle
Tout au long de cette trilogie, nous avons essayé de comprendre le mystère JUL. Comment un artiste qui sort 4 projets à l’année, enregistrés depuis sa cabane, arrive à fédérer autant de personnes autour de lui. Ce qui ressort de chacune des analyses, c’est que le « système JUL » est innapliquable aux autres rappeurs. Car son système est juste sa personne. Sa chance est sa propension naturelle à s’attirer l’intérêt des gens qui le rencontre (lui ou sa musique) à condition qu’ils dépassent son image (c’est pour ça qu’il a été plus facile pour lui de convaincre des gens extérieurs au rap que les aficionados qui voyaient une rupture totale de leurs codes). Sa force est d’avoir réussi à conserver cette sincérité même une fois le succès atteint. Collectionner les disques de platines en indépendant aurait fait tourner la tête de beaucoup d’artistes et, même si les choses se font en plus grand pour lui (preuve en est l’exclusivité dealée avec Apple Music), on pourrait croire qu’il vend sa musique à 1 000 exemplaires.
C’est vraiment quelqu’un que je respecte JUL…
Aujourd’hui, tenter de copier l’intégralité de la recette JUL serait une erreur, il a cependant modifié certains paramètres du jeu (principalement le rythme de sortie) mais JUL pourra toujours perduré dans son propre chemin. En concurrence avec personne, il ne serait pas étonnant de le voir continuer à communier avec son public, et ce peu importe les directions empruntées par l’ensemble du mouvement. Ce n’est pas pour rien que de nombreux rappeurs s’expriment sans trop de craintes à son sujet, à commencer par Booba qui va jusqu’à l’encenser publiquement « C’est vraiment quelqu’un que je respecte JUL ». Dans tous les cas, il vit pour le rap, et vu ses coûts de production il n’aura pas besoin de tous ses disques de platines pour continuer ainsi. Lui qui était décrit comme un phénomène éphémère est en train de progressivement construire un empire sur des bases solides. Pour conclure simplement cette trilogie d’articles sur JUL, le secret de sa réussite se résume en trois lettres : J.U.L.
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