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Le Club vient frapper fort d’entrée ! [PORTRAIT]

Le Club vient frapper fort d’entrée ! [PORTRAIT]

Le Club, voilà une équipe de rookies prête à briller. Après la sortie de son tout premier projet « Série 97 », Booska-P est passé la rencontrer.

Crédits photos : Antoine Ott

Au milieu de la foule, un duo a fait les choses proprement jusqu’à placer sa tête au-dessus de la mêlée. Son nom ? Le Club. Une team d’un nouveau genre composée de Tayz et de La Kanaï, deux rappeurs aux idées neuves.

Issu de Montreuil, Le Club étonne. A l’heure de la sortie de leur premier projet, « Série 97 », Booska-P a donné rendez-vous à ces sales gosses qui voient bien plus loin que l’est parisien. Dans leurs sons pas de références claires au 93, mais plutôt des allitérations bienvenues, des délires nébuleux et des tranches de vies racontées sous un autre angle. De quoi savourer un petit moment non loin du canal Saint-Martin, entre passions et histoires de potes.

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Pas de temps à perdre

Le rendez-vous est prévu pour le matin, 11 heures pour être précis. Une pénurie d’essence sévit en ce moment, de quoi faire galérer nos invités du jour qui débarquent avec un peu de retard. Le retard, voilà qui n’est pas dans les habitudes de nos bonhommes. Car oui, en un an et demi, Le Club a réussi à imprimer son logo et ses sons dans les esprits. Plutôt du genre à griller les étapes en se jouant des codes de l’époque, le groupe a le sens des responsabilités. A peine arrivés, ils causent du trajet parcouru jusqu’à Paris pour cette rencontre, mais aussi du temps écoulé depuis leurs débuts sur la toile il y a tout juste un an et demi avec le clip « La Magie de Paris ». Les mots sont posés, Tayz et La Kanaï sont sûrs d’eux. Au moment d’aborder leurs premiers pas dans le game ils font dans la transparence : « Il faut se dire que quand tu sors un clip, il restera toute une vie sur YouTube. Faut frapper fort d’entrée. Pour la « Magie de Paris », ce n’est pas le premier son qu’on a enregistré. On voulait faire le truc le plus carré possible. Côté clip, c’est pareil. On a fait avec nos moyens, mais on a donné le maximum« 

On ne voulait pas forcément se mettre à quinze dans une bagnole et rapper avec 20 000 gars derrière

Déjà, le groupe a conscience de son époque et pense à la suite des évènements, aux désagréments qui peuvent se planter sur la route du succès. Matures, ils réfléchissent à l’après, le fait qu’une image reste gravée à vie sur internet. Si pour beaucoup, les faux pas sont légion avant d’arriver à quelque chose de potable, Le Club se concentre pour partager le meilleur. Même si cela reste naturel, comme ils le rappellent : « La création du club, ça s’est fait naturellement. Que ce soit pour le son, le nom, le clip, le logo… Tout le monde a trouvé ça lourd alors on s’est lancé. Le plus beau compliment qu’on puisse nous faire, c’est nous dire que tout est calculé« . La force du groupe réside dans l’originalité des productions, des thèmes abordés et des propos. Ici pas de code postal mis en avant ou de bloc porté en étendard : « On ne se met pas dans une case. On voulait faire un truc différent, ça nous saoulait de kicker un truc dit normal« . Miser sur une certaine différence, voilà leur délire. Comme lorsqu’ils ont tourné le clip de « Savon » du côté de Genève : « On ne voulait pas forcément se mettre à quinze dans une bagnole et rapper avec 20 000 gars derrière. Dès qu’on a eu l’occasion d’aller à Genève ou à Annecy, on s’est dit qu’on ferait un truc différent. Le rendu était grave lourd« .

Des rappeurs de leur temps

Même s’ils reconnaissent avoir commencé à rapper « à l’ancienne, sur du boom bap« , les aspirations musicales du Club ne riment pas avec celles des puristes. Ceux qui cumulent seulement 39 ans sur la balance (Tayz à 20 ans, La Kanaï 19), ont choisi d’abolir les frontières entre les genres et les pays. Tout comme beaucoup de gars de leur génération, le déclic s’est fait au début des années 2010 grâce « aux rappeurs de la nouvelle garde« . Le freestyle « Deux mille douilles » avec Sadek, S.Pri Noir, Fababy, Sultan et Still Fresh aura poussé nos deux gars à poser leurs pensées sur le papier comme nous l’explique La Kanaï : « On était en fin de troisième, tu arrives dans l’âge où tu te forges ta propre personnalité. Ce ne sont pas forcément des influences, mais des mecs qui nous ont fait passer à l’acte. On trouvait ça fou sur le moment« . Néanmoins, pas question pour eux de se focaliser seulement sur l’hexagone…

l’image c’est du 50/50, si tes textes sont chauds et que ton image ne suit pas, personne ne va adhérer

La véritable « influence » viendra donc de Young Thug, un alien made in Atlanta qui survole actuellement le game à bord de sa soucoupe volante. Tayz, qui aura écouté bon nombre de styles différents sur la banquette de la voiture familiale grâce à un père mélomane, nous renseigne sur l’impact du rappeur américain : « Musicalement, celui qui a changé le truc pour nous c’est Young Thug. Quand on a écouté « Check » on s’est dit que le mec était trop fort. Il arrive à mélanger du rap, du rock, du reggae« . Thugga Thugga, un homme au style particulier, ça tombe bien, Le Club a bien compris l’importance de la sappe dans un rap en constante mutation. La mode, ils affirment kiffer ça, mais restent prudents « faut pas que tu passes pour un plouc car ça va vite ». Comme pour mieux enfoncer le clou, ils poursuivent : « C’est important l’image, aujourd’hui c’est du 50/50, si tes textes sont chauds et que ton image ne suit pas, personne ne va adhérer. Au contraire, tu peux faire de la merde et avoir une bonne image, puis ramener du monde. Autant faire bien sur les deux tableaux« .

Le Club sinon rien

Le Club c’est avant tout une bande de potes, capable d’empiler les savoir faire. Bien organisée, cette équipe n’a pas une gueule de relégable. Au poste d’entraîneur on peut d’ailleurs citer Cain, poto derrière Tayz et La Kanaï pour les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. Sans oublier Ambitious, beatmaker de talent : « Tout le monde fait ce qu’il sait faire, c’est comme ça qu’on a réussi à faire ce projet. Nous on rappe, Cain est vraiment fort sur les réseaux sociaux, c’est son plus. Chacun ramène son délire. La moitié des prods de « Série 97 » sont signées Ambitious qui est un gars à nous« . Comme ils le mentionnent, la recette de la team est simple. Pas de composition tactique posée sur le tableau noir, mais une histoire de vivre ensemble : « On traîne plus entre potes que chacun de notre côté. Avant tout, on fait ça pour s’amuser« .

il y a un engouement et on est les premiers surpris

D’amitié, c’est bien de cela qu’il s’agit, les deux membres du groupe se connaissent d’ailleurs depuis leur trois ans. Parfait pour « éviter les tabous » et miser sur une cohérence artistique et surtout personnelle. Tayz nous a confié ne pas se voir faire de la musique sans La Kanaï, un rappeur qui « dit les choses en studio, sans passer par quatre chemins« . Un entre-soi bénéfique dans un rap où le featuring est devenu la nouvelle mode, un procédé qui n’était « pas nécessaire » au moment de l’enregistrement de l’opus « Série 97 ». Dans un Montreuil à la scène hétéroclite (Ichon, Swift Guad, Prince Wally…), Le Club tire donc son épingle du lot grâce à des morceaux qui entêtants et abordent la vie sous un angle générationnel. Avant « d’attendre le bénef pour partir loin » (Sapapaya), le collectif s’est confronté aux salles des Nuits Fauves, de la Bellevilloise ou encore du Nouveau Casino, loin du Café de la pèche dans lequel il a signé ses premiers open mic. Des lieux où la foule se compresse et chante les refrains d’un Club qui grandit vite et bien.

Comme s’il fallait qu’ils se pincent pour réaliser, La Kanaï et Tayz résument cela d’une simple phrase : « il y a un engouement et on est les premiers surpris« . Qu’on se le dise, Le Club a la montre de son côté, car la jeunesse rêve et la vieillesse décompte.

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