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Kobo avance masqué dans Bruxelles [PORTRAIT]

Kobo avance masqué dans Bruxelles [PORTRAIT]

Rencontre avec un homme (en) noir, dissimulé derrière un masque : Kobo.

Produit d’une scène belge fleurissante, Kobo est aujourd’hui considéré comme la nouvelle pépite du rap bruxellois et un artiste à suivre de très près. Actuellement en pleine préparation de son premier projet, Période d’essai, le rappeur se présente pour la première fois sur Booska-P. Place au portrait.

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Ces dernières années, force est de constater que le rap belge se porte très bien. Roméo Elvis, Damso, Hamza, Caballero & JeanJass, Isha… Tous ont en commun une grosse percée dans le rap jeu et la nationalité belge. Né à Bruxelles, Kobo a passé la majorité de sa vie à Kinshasa et une partie de son enfance dans la capitale du plat pays. « Pendant qu’il y avait la guerre, on a dû partir (de la République démocratique du Congo, ndlr) ; je suis de retour ici depuis 2010 » explique le rappeur.

Âgé de 25 ans, Kobo se fait tout simplement appelé « homme noir » ; c’est en effet la traduction de son blaze en lingala. « C’était le truc le plus simple que je pouvais choisir. J’aime bien la couleur, je la porte, c’est aussi simple que ça. C’est juste que je cherchais un blaze et ça m’est venu dans l’écriture d’un morceau, en fait j’ai commencé à écrire bien avant d’avoir trouvé mon blaze et d’avoir décidé de me lancer là-dedans sérieusement. Sans avoir forcément envie de revendiquer une sorte de black revolution ». On a comme l’impression que c’est le rap qui a choisi Kobo et non Kobo qui a choisi le rap ; lui qui faisait encore « des études de droit il y a encore un an et demi, deux ans », tout en étant un peu « dans la débrouille » comme il dit.

Un amoureux de la musique

Familiarisé avec la musique depuis ses six ans, Kobo a principalement été guidé par sa maman qui l’a poussé vers cette voie : « C’est la première personne à me mettre en relation avec la musique. En primaire, elle n’avait pas le temps de venir me chercher après l’école parce qu’elle travaillait. Pour remédier à ça, elle m’a inscrit à un cours de piano qui était juste à côté de l’école, c’est à partir de là que le côté passion a commencé à se réveiller. Depuis, j’ai toujours gardé ce rapport avec la musique et j’ai toujours eu un certain rapport avec l’écriture : j’ai toujours aimé mettre des mots sur ce que je ressentais, comme un journal intime ». Il ajoute : « Ma mère m’a toujours poussé à fond vers toutes sortes d’activités, à m’extravertir, à ne pas avoir honte de côtoyer des milieux différents. Une mère qui t’oblige à lire et ramener le résumé de ce que tu as lu. C’est ce genre de mère que j’ai eu, et j’en suis fier ».

Quand j’écoute quelque chose de beau, ça m’influence et ça me pousse à essayer de faire quelque chose d’aussi beau

Si son intérêt pour la musique lui a foncièrement été soufflé par sa mère, ce sont ses amis qui l’ont poussé à prendre cet art au sérieux. Lui qui fréquentait des personnes qui faisaient du rap, de la soul ou encore du R’n’B a eu envie de passer le cap et de faire comme eux : « J’avais un groupe d’amis qui faisait de la musique et à force de côtoyer les mêmes endroits, de les accompagner au studio, l’envie m’est venue ».

Véritable amoureux de la musique, Kobo est influencé par tous les genres musicaux, sans distinction aucune. Inspiré par la vie et son quotidien, le rappeur est aussi guidé par son goût pour la musique dans sa généralité : « Quand j’écoute quelque chose de beau, ça m’influence et ça me pousse à essayer de faire quelque chose d’aussi beau de ce que j’ai écouté ». Mélomane, Kobo passe de Chronixx, Kabaka Pyramid, Jah9 et Jah Cure à Booba et Lacrim, en passant par « des vieux trucs jazz » dans la lecture aléatoire de ses morceaux streamés. « J’essaye vraiment de ne pas me limiter et laisser libre cours à mon imagination et toutes les possibilités qui se présentent à moi » conclut-il.

All black everything

Une devise qui colle très bien avec le personnage de Kobo. Lui qui se fait appeler « homme noir » n’est pas que noir de peau, il est aussi tout habillé de noir, et même masqué (on vous laisse deviner la couleur du masque). Quand on lui demande pourquoi il préfère cacher son visage, il répond : « Parce que c’est un concept original. J’avais besoin de présenter quelque chose de visuellement fort et de me distinguer un peu de ce qui se faisait et je trouvais que le masque avec les dreads c’était une bonne idée. Là pour l’interview, je suis en mode Bruce Wayne (sans masque et le visage dégagé, ndlr), et dans mes clips c’est Batman. Je joue sur les deux facettes de ma personnalité ».

En août 2016, Kobo s’introduit dans le game avec un morceau taillé pour les présentations : What’s my name. Un titre dévoilé avant que le rappeur ne soit signé en maison de disques : « J’étais dans l’état d’esprit d’un mec qui se laisse un peu influencer par ses amis qui faisaient de la musique (…) C’est à partir de cette période-là que j’ai décidé à me lancer. What’s my name c’est un son que je voulais sortir pour me présenter. L’état d’esprit dans lequel j’étais à cette époque c’était ‘j’essaye, si j’ai de bons retours, je passe à la suite, sinon ça sera autre chose’ ».

Je ne suis pas le genre d’artistes qui va travailler sur une seule formule

Au mois de décembre 2016, le rappeur enchaîne avec Présumé Sobre, un morceau à la prod’ très planante et cloudy, qui tranche avec son prédécesseur, plutôt trap. Alors, éclectique Kobo ? « J’écoute vraiment de tout et je veux que ça se ressente dans ma musique. Que le public comprenne que je ne suis pas le genre d’artiste qui va travailler sur une seule formule. J’essaye de faire des trucs différents pour faire plaisir à tout le monde. Je ne me considère pas vraiment comme un rappeur, mais plutôt comme un artiste. Je me dis que ça ouvre le champ des possibles. C’est bien de toucher un petit peu à tout ».

Un artiste dans la lumière

Présumé Sobre cumule aujourd’hui plus de 100 000 vues sur Youtube et Damso ni est certainement pas pour rien. En effet, le rappeur a offert un gros coup de pub à Kobo en partageant le morceau sur ses réseaux sociaux. « Cela m’a beaucoup aidé. C’est toujours un plus quand tu as quelqu’un qui a déjà une bonne visibilité, surtout à l’international. Je partais de rien, je devais avoir 300 followers et 10 000 vues et ça m’a vraiment aidé à me faire repérer par quelques médias français, dont vous Booska-P ».

Naturellement, l’alternance d’univers musicaux inclut une alternance de flows. Dans ses titres, Kobo peut passer d’un flow plutôt coulant à un flow plus brutal ; quelque chose qu’il bosse particulièrement : « Il y a quand même beaucoup de travail, mais il y a aussi une grosse part d’intuitif, ça vient un peu comme ça. Puisque je suis quelqu’un qui ne s’enferme pas juste dans le rap, je sais qu’à un moment, faire du rap ça va me lasser et du coup je vais me mettre à chanter ; j’essaye de jouer sur les deux tableaux ». Des morceaux différents, mais un seul objectif : « Donner du plaisir aux gens. Quand ils écoutent ma musique, qu’ils puissent se détendre, penser à autre chose, oublier un peu leurs soucis. C’est ma motivation de base. Fais toi plaisir, allume ton joint, pose toi ».

Ils ont organisé un Rentre dans le Cercle, j’ai été invité et ça m’a permis d’être encore plus visible

Damso n’a pas été le seul à donner un coup de pouce à Kobo. Le rappeur a participé à deux gros projets qui ont réuni des artistes belges : la bande-originale du film Tueurs et l’édition spéciale de l’émission Rentre dans le Cercle présentée par Sofiane. Une expérience hyper enrichissante pour Kobo : « C’est un contact (Sofiane, ndlr) qui s’est fait à partir du projet Tueurs, la BO du film. Pour la promo de ce projet, ils ont organisé un Rentre dans le Cercle, j’ai été invité et ça m’a permis d’être encore plus visible. Respect aux personnes qui organisent ce genre d’initiatives parce que ça donne vraiment de la force à des gars inconnus comme moi, qui sortent de nulle part, ça nous permet de nous faire une petite place sur la scène musicale belge et française ».

« Période d’essai »

C’est le titre du premier projet de Kobo, « un projet que je considère comme ma carte de visite et qui va permettre au public de savoir plus ou moins qui je suis, d’avoir un premier aperçu de mon univers artistique. Période d’essai c’est l’expression qui résume mon état d’esprit vu que j’ai commencé la musique en me disant qu’on verra ce que ça donne. Comme c’est nouveau et que c’est vraiment mon premier projet, je reste dans cet état d’esprit-là, parce que je n’ai jamais vécu ça. J’essaye de garder les pieds sur terre et de me dire ‘regarde ce que ça donne et on prendra la grosse tête après’ (rire). Je sais que ça va sortir cette année ».

On est quand même des artistes, le business ne prend pas toujours le dessus

Kobo est très bien entouré dans l’élaboration de ce projet puisqu’autour de lui on retrouve les beatmakers Dolfa et NFK. « Dolfa c’est un beatmaker que je connaissais déjà, qui faisait partie de ce groupe d’amis qui faisait de la musique bien avant moi. Il fait justement partie de ces gens qui m’ont beaucoup poussé à prendre les choses au sérieux. NKF c’est l’ingénieur du son qui a mixé les albums de PNL, Damso et Orelsan. C’est un honneur parce que c’est un gars qui a un certain cachet, qui a bossé avec des artistes qui ont vendu des disques. Le fait qu’il accepte de bosser avec quelqu’un comme moi, c’est respectable. Je me dis qu’on est quand même des artistes, le business ne prend pas toujours le dessus. Cela fait vraiment plaisir et ça a été une bonne expérience de bosser avec lui ». En attendant la sortie du projet, on vous laisse découvrir le premier extrait de Période d’essai : All Eyes On Me.

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