Celle-là on ne l’avait pas forcément vue venir…
Quand il s’agit de mettre au goût du jour les modes les plus improbables, l’industrie de la chaussure n’est jamais la dernière de la classe.
Aux plus poissons rouges qui douteraient de cette très suspecte virtuosité en la matière, bornons-nous à simplement leur rappeler les récents recyclages des sandales à chaussettes Birkenstock, l’invasion de Crocs à l’extérieur des aires de camping ou encore ce quasi-crime contre l’humanité que furent les Skechers.
Nouvel épisode peu glorieux dans cette course à l’infamie, la récente apparition sur le marché de la sneaker de luxe (de celle qui coûtent de contempler un frigo vide dès le 10 du mois) de modèles à la croisée des chemins entre le normcore le plus vil et le snobisme le plus vain : les « dad sneakers », alias les sneakers de daron en français, alias les sneakers moches pour les intimes.
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Tandis que pendant des années épurement et sobriété étaient de mise, c’est comme si d’un coup d’un seul les fantômes de Jerry Senfield et Steve Jobs s’étaient vus confier les rênes des postes de directeur de création des plus grandes marques.
Silhouettes de paquebot, lignes disgracieuses au possible, semelles hautes de plusieurs étages… les dad sneakers ont tout droit l’air d’être conçues pour flâner les après-midi de week-end en t-shirt tâché et survêt’ en nylon dans les allées des grandes surfaces.
Pas de chance pour vous, ces pompes ont beau avoir tout pour déplaire, il est désormais acté qu’elles vont rejoindre tôt ou tard votre placard de victime de la mode.
Non tout n’est pas toujours la faute de Kanye West
Quand les plus novices n’auront constaté la montée en puissance de ces baskets que courant 2017, les plus avertis leur feront remarquer que le phénomène naît en réalité quatre ans plus tôt quand Raf Simons créé pour Adidas le modèle Ozweego en 2013.
Vendue 300 dollars, cette paire au design très géométrique qui allie les coloris et les matériaux les plus improbables rencontre alors un joli succès.
Poursuivant sur sa lancée Simons va ainsi persévérer dans cette voie (l’Ozweego en est aujourd’hui à sa troisième édition), accompagné à chaque saison un peu plus par de nouvelles maisons.
Résultat, l’année dernière, ce sont plus d’une douzaine d’enseignes de luxe qui ont sorti leurs propres modèles de dad sneakers pour leurs collections 2018 (Dior, Gucci, Lanvin, Prada, Acne Studios…).
Symbole de cette tendance, la Triple S de Balenciaga facturée 850 dollars en magasins et qui s’écoule à plus de 1 500 sur le circuit de la revente.
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La fin des Stan Smith et Air Jordan ?
Cette popularité grandissante est bien entendue savamment orchestrée par les départements marketing qui sur les réseaux sociaux usent de toute leur influence pour influencer les influenceurs.
Un rapide tour d’horizon des comptes Instagram millionnaires les plus fashion permet en effet d’apercevoir mannequins, rappeurs et autres rich & famous avec des chaussures orthopédiques aux pieds.
Côté garçons, les Migos, Chance the Rapper ou Jaden Smith en sont les plus fervents adeptes, tandis que côté filles, certaines icônes comme les Kardash’ ou Bella Hadid n’ont pas hésité à ranger leurs talons au placard.
Curiosité passagère ou raz-de-marée ?
Plus grave, la grande distribution est désormais complice. Quand Fila réédite ses très nineties Disruptor, Zara propose à l’heure actuelle ce genre de modèle sur ses étagères.
Un tournant mainstream qui en réjouira certains autant qu’il en désespérera d’autres puisqu’il peut tout à la fois signifier le début de la fin des dad sneakers (trop mainstream le mouvement va finir par s’éteindre), ou la fin du début (le mouvement s’apprête au contraire à prendre une toute nouvelle ampleur).
Rendez-vous dans la rue dans les mois qui viennent pour connaître le verdict.
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