Avec la série « Hit & Facts », Booska-p vous dévoile les secrets de fabrication des plus grand hits rap présents et passés. Pour ce nouvel épisode, place à The Game et 50 Cent qui en 2005 brillaient de mille feux…
1. Troisième single extrait du premier album The Documentary de The Game, Hate It Or Love It a manqué de peu de peu d’être inclus dans The Massacre, le second album de 50 Cent.
Comme d’autres gros morceaux (How We Do notamment), Fiddy a choisi l’instu et enregistré ses couplets avant même que Game n’écoute la moindre note.
Désireux de booster la carrière naissante de son tout nouveau poulain, le boss du G-Unit décide de lui « offrir » ce hit considéré depuis comme l’un des plus grands classiques de leurs discographies respectives.
2. Les deux eemces ont chacun livré un texte des plus personnels : tandis que Jayceon Taylor remercie sa mère de ne pas avoir avorté (« Whenever I’m in the booth and I get exhausted I think: What if Marie Baker got that abortion? I love you, ma ») et dédicace son pote Rob tué en 1992 pour une paire de Nike Charles Barkleys, Curtis Jackson évoque lui ouvertement la bisexualité de sa mère (« Comin’ up I was confused my momma kissin’ a girl »).
3. The Game a écrit ses couplets à l’envers, commençant par le dernier et finissant par le premier. S’il conservera cette habitude par la suite, c’est que selon lui « quand tu écris dans l’ordre, neuf fois sur dix le dernier couplet est le plus faible parce que tu as tout donné précédemment. ».
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4. Produit par Cool & Dre, Hate It Or Love It sample Rubber Band du groupe disco/soul The Trammps. La boucle sera ensuite reprise par d’autres artistes étiquetés rap comme J Dilla sur Dilla Says Go (2006) ou R-Swift sur Good Mourning (2008), mais aussi et surtout par la chanteuse Mary J. Blige qui y est carrément allée de sa cover (refrain de 50 Cent inclus) sur son septième album The Breakthrough sorti en 2005.
5. Bien que son nom n’apparaisse nulle part au générique, Dr. Dre a joué un rôle extrêmement important. En charge du mix, il a ajouté des cordes, modifié la ligne de basse et ajusté quelques placements.
« Hate It Or Love It sonnait comme un sample, Dre en a fait un disque » confiera plus tard le directeur artistique d’Aftermath Mike Lynn.
Loin de cette réputation de voleur de beats qui lui colle à la peau, le bon docteur Young a laissé aux jeunes Cool & Dre l’entièreté des crédits, quand bien même ces derniers admettent volontiers qu’il peut ici tout à fait être considéré comme coproducteur.
6. Carton critique et commercial, Hate It Or Love It ne manque alors de se classer numéro un des charts US qu’à cause de 50 Cent dont le single Candy Shop featuring Olivia lui ravit in extrémis la première marche du podium.
On imagine cependant aisément que le new-yorkais a pleinement apprécié toute l’ironie de la situation : amis devenus ennemis depuis peu, les deux hommes venaient alors de rentrer ouvertement en clash pour des questions d’ego (pléonasme) et de loyauté (le refus du Blood de prendre part aux attaques contre Nas, Fat Joe et Jadakiss).
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7. La rumeur veut que sur le tournage du clip, alors que les premières tensions se faisaient ressentir, dans la scène où les deux rappeurs se retrouvent dans une caisse sous le soleil de Californie, « 5-0 » se soit volontairement assis à l’arrière pour ne pas apparaître au côté de The Game.
C’est donc Big Fase 100, le demi-frangin de The Game, qui est aperçu sur le siège passager.
8. Alors que le G-Unit remix qui conclut The Massacre reste à ce jour le seul et unique morceau où 50 Cent, Lloyd Banks, Young Buck, Tony Yayo et The Game apparaissent tous ensemble (et de surcroît particulièrement en forme), sur la réédition de l’album le titre sera tout bonnement supprimé, enterrant ainsi tout espoir de réconciliation entre les deux camps.
Le rap jeu ne s’en est jamais vraiment remis.
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