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Topas : « Foot ou rap, c’est la même adrénaline » [INTERVIEW]

Topas : « Foot ou rap, c’est la même adrénaline » [INTERVIEW]

Rencontre avec un talentueux dribbleur qui prend d’assaut le micro…

Crédits Photos : Antoine Ott.

Découvert sur la toile grâce au carton de son titre En Brrr, Topas se fixe depuis des objectifs toujours plus grands. Apprentis footballeur au Red Star, le rookie malmène les productions autant que les défenses adverses… Un profil derrière le micro que pourraient envier des joueurs de la trempe de Memphis Depay, Kevin-Prince Boateng ou encore Jesé Rodriguez. Des gars qui se sont essayés à la musique sans trop de succès. Aujourd’hui signé chez Nenso Music, Topas fait donc les présentations à l’occasion de la sortie de son premier projet #MortsIlsSont.

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Pour commencer, ce qui nous marque chez toi, c’est que tu es un des rares à mêler rap et foot à un bon niveau !

Je me dis que c’est une chance de savoir faire les deux, mais surtout de bien savoir les faire. J’en ai conscience, c’est pour ça que je me donne à fond ! Je ne fais jamais semblant, que ce soit pour un match ou pour enregistrer un son, car je sais que beaucoup de monde aimerait être à ma place.

Il paraît que tu te prends particulièrement la tête sur l’écriture…

Quand j’écris, je ne fais pas les choses à moitié. Je ne fume pas, je ne bois pas, j’ai les idées claires pour que ça sonne du mieux possible. Je me prends vraiment la tête. Je me pousse à écrire pour remplir mes pages. Mais si jamais je ne suis pas satisfait, je peux tout recommencer sans problème. Tout reprendre à zéro m’aide à faire mieux, c’est comme si je recommençais le même match à chaque fois.

Je me dis que c’est une chance de savoir faire les deux, le foot et le rap

On t’a vu à plusieurs reprises partager ton expérience avec les plus jeunes. C’est une chose qui compte pour toi ?

Les petits me connaissent, j’en croise beaucoup au club. On parle souvent de deux, trois trucs, ça fait plaisir. Je vois qu’ils aiment ma musique, ça me fait kiffer de ouf, ce sont des bons retours.

C’est d’ailleurs ton grand-frère qui a joué un rôle dans ta venue au rap.

Franchement, c’était mon idole. Je n’écoutais que lui, il faisait des sons avec ses potes et gravait des CD’s pour les gars de la cité. On était loin de l’époque YouTube ! C’est vraiment mon grand-frère qui m’a donné envie de rapper, personne d’autre. Ensuite, évidemment, j’ai découvert d’autres rappeurs, mais la base c’est lui.

https://www.youtube.com/watch?v=Y0_52cafIT8

Dans tes influences, tu cites d’ailleurs Niro.

Niro a une plume de fou, tu vois qu’il se prend la tête. Il te livre de grosses punchlines avec de belles rimes. C’est lui qui m’a forcé à réfléchir sur l’écriture, j’ai grandi avec ses morceaux. Je l’écoute depuis le collège quand même !

Tu arrives d’ailleurs à faire des sons proches de la rue, mais toujours très rythmés, très ambiançants.

Pour moi, c’est un truc instinctif, je ne calcule rien du tout, même si je m’applique. J’écoute une prod et si je kiff, je me laisse embarquer. Je peux écrire plein de choses par rapport à ma cité, mais je vais essayer de t’ambiancer quand même, c’est comme ça. J’envoie toujours les sons à deux de mes proches. Ils me conseillent, et s’ils ne valident pas, on ne sort rien. C’est comme pour le foot, lorsqu’on ton entraineur te sélectionne après un bon entraînement. On est carré, depuis le début je taffe comme ça et ça fonctionne.

Je peux écrire plein de choses par rapport à ma cité, mais je vais essayer de t’ambiancer quand même

Dans ta progression, on peut citer ta signature chez Nenso Music, le label de MHD.

Franchement, c’est quelque chose de bien, surtout quand tu regardes la carrière de quelqu’un comme MHD. C’est grave stylé, ça m’a motivé encore plus. Faire des Zéniths, cela m’a boosté. En le voyant sur scène, tu te dis forcément que tu veux faire pareil. Forcément, après une étape comme celle-ci, tu te dois de travailler encore plus.

Comment tu arrives à mener de front tes deux carrières de front, le foot et la musique ?

Peu de personnes le savent, mais nous, les footballeurs, on a quand même beaucoup de temps. L’après-midi, de 14h à 18h, c’est réservé au studio, ensuite entraînement de 20h à 22h. Après, j’ai quand même le temps de faire plein de choses. Il faut être carré, organisé ! Avant les matchs, ça m’arrive d’écouter mes propres morceaux, même si j’écoute surtout Niro ! Franchement, que ce soit sur le terrain ou dans un studio, c’est la même adrénaline. Il faut te mettre une bonne pression, histoire de rester concentré. Moi, dans ces moments-là, je me mets dans ma bulle et je pense à ma performance. C’est une question de travail. Une fois que tu as bien bossé, t’as envie d’entrer en compétition pour tout casser.

La ville d’Aulnay-sous-bois et le Red Star, ce sont deux éléments qui reviennent dans tes sons…

Les gens savent que je viens d’Aulnay, c’est un truc qui reste. Par exemple, dès que je peux le placer dans une rime, je le fais ! Je joue en Régionale 2 avec l’équipe réserve, c’est ma deuxième année en seniors. Avant je me faisais petit… Mais maintenant ça va mieux !

Lionel Messi, c’est un génie. Il est trop fort, je n’ai même pas de mots pour le décrire

Avec tout ça, comment faire pour ne pas attraper la grosse tête ?

Dans le morceau Cette vie-là, je parle grave du foot et de la musique. Je sors ça dans le refrain : « Bien entouré j’ai la tête sur les épaules et je suis bien épaulé ». Pour moi, ça veut tout dire. La phrase revient souvent, comme ça, tu sais qui tu as en face. Je ne m’inquiète pas pour ça, car dès que je fais des manières, mes gars sont là pour me remettre à ma place (rires). C’est pour ça que je les kiffe ! C’est important d’avoir de bonnes personnes autour de toi, si t’as des gens qui te matrixent, c’est là que tu tombes.

Justement, est-ce qu’ils y a des joueurs qui t’inspirent ?

Lionel Messi, car c’est un génie. Il est trop fort, je n’ai même pas de mots pour le décrire. Après il y a Luis Suarez, car il ne lâche jamais rien. Même quand il rate une action, il est capable d’aller marquer sur la suivante. Enfin il y a Mario Balotelli, car on a la même coupe de cheveux et qu’il est fou (rires) !

Comment s’est déroulée la conception de « MortsIlsSont » ?

Il n’y a pas eu de début. Par exemple, j’ai des morceaux prêts depuis longtemps. Même si j’ai préféré poser les voix une fois de plus pour avoir plus d’attitude. On va dire que cela fait un an et demi que j’enregistre sérieusement. Mon délire, c’est de faire de la trap, mais également des délires plus conscients, tout en me faisant plaisir avec des airs de guitare.

On peut dire que tout a commencé avec la sortie du titre « En Brrr ».

Ce morceau, il ne devait même pas sortir à la base ! C’est un pote qui a balancé ça sur les réseaux sociaux et je commençais a recevoir des snaps de partout ! Les gens écoutaient ça à Lille, à Nice, en Suisse… C’était une simple fuite, je n’étais pas prêt à recevoir tout ça. On a enregistré ce son pendant l’été 2017, il a tourné sur les réseaux, puis le clip est sorti en novembre de la même année. Au début, cela m’énervait de ne pas avoir bien pu l’exploiter, mais au final, on a réalisé plus de 3 millions de vues ! Mon maximum de vues sur YouTube, c’était 10 000. On avait atteint ce chiffre en seulement deux heures, j’étais choqué !

Quand je m’investis dans un truc, je fais tout pour aller jusqu’au bout

Pour résumer, il y a comme quelque chose de générationnel dans ta musique.

Il y a un délire afro trap dans mes sons, c’est ce qui peut plaire à ma génération. Je trouve que quand on s’attaque à un délire afro, il faut rester assez street. Street, mais pas trop vulgaire non plus. Je fais attention à ça, car il y a plein de petits qui m’écoutent. Je suis limite gêné quand j’écris des gros mots. On peut faire du rap véner, mais sans faire dans la grossierté. On reste des gentils garçons, il ne faut pas l’oublier (rires) ! Je préfère ne pas faire n’importe quoi. Quand je m’investis dans un truc, je fais tout pour aller jusqu’au bout. J’ai envie de passer en radio, que les mecs se disent que je ne suis pas arrivé là pour rien. Mon éthique ne va pas bouger.

Alors, au final tu préfères le foot ou le rap ?

J’aime le foot et le rap, c’est pour ça que je vais me donner à fond dans les deux. Je reçois énormément de messages de la part de plein de monde sur Instagram ou sur Facebook. On me dit « t’es mon exemple », des choses comme ça… Moi je suis gêné, car je n’ai encore rien fait de spécial. Mais d’un côté, le public voit que je m’investis vraiment à fond dans les deux domaines. Cela peut me mettre une petite pression, mais je reste quelqu’un de sérieux. Je promets d’être encore plus carré jusqu’à ce que ça marche.

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