Luidji nous parle de son nouvel album, à paraître au début de l’année 2019.
Après Station 999 en 2014 puis Mécaniques des fluides en 2015, Luidji fera son grand retour en 2019 avec un nouvel opus. En toute sincérité, il revient aujourd’hui sur ses différentes inspirations et sur la création de son dernier album. L’occasion de (re)découvrir l’entité Foufoune Palace, son personnage et les différentes facettes de son rap.
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L’authenticité comme mot d’ordre
Ce qui frappe dans la musique de Luidji, c’est l’éclectisme. Un rappeur autodidacte qui n’hésite pas à prendre des risques depuis la sortie de son premier album et qui explique d’ailleurs : « Je n’ai jamais été gêné pour chanter, j’ai toujours été décomplexé, c’est un peu ça qui est particulier chez moi. Je n’ai jamais pris de cours, ni de chant, ni d’un instrument, mais je voudrais bien. Je veux déjà faire mon trou dans le son comme il faut et quand j’aurais de plus beaux jours devant moi, je pourrais me lancer dans la composition. Là pour le coup, ça pourrait apporter une nouvelle dimension à ma musique ».
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Présent depuis le début des années 2010 dans le rap, Luidji est loin d’être un novice en la matière. Aujourd’hui âgé de 28 ans, il a fait ses premiers pas dans la musique dès l’âge de 15 ans, attiré par la passion de son frère : « En suivant les pas de mon frère Beeby (rappeur lui aussi), j’ai acheté mon matériel, j’ai commencé à faire mes propres sons. A l’époque, j’avais un collectif qui s’appelait Capsule Corp. En général, Houss Ways était le compositeur qui mixait mes morceaux. On se faisait plaisir, du moment que le morceau était écoutable, on le balançait sur le net ».
Ce n’est d’ailleurs pas spécialement le travail d’autres artistes qui l’inspire. Avec une large playlist composée de rap, de rock, de reggae ou encore électro à l’adolescence, il s’est forgé une identité singulière au fil du temps, avec une diversité toujours bien présente dans ses écoutes. « Tout peut influencer » un Luidji qui n’a « pas de limites » et qui déclare faire de la musique selon ses propres sentiments : « Comme je dis souvent, je fais la musique du ressenti. De part cette authenticité se dégage l’originalité et tu te démarques forcément du reste ».
Retranscrire ses véritables émotions et son quotidien en chanson, c’est justement tout un concept déjà bien pensé par l’artiste et son entourage. Une idée qui sera d’ailleurs développée dans le troisième projet du rappeur, à paraître début 2019. De nombreuses « pièces à conviction » vont ainsi être intégrées sur plusieurs titres de son album, comme précédemment dans la trilogie Deux âmes solitaires. Une hotline a même été mise en place pour pouvoir envoyer des enregistrements aux membres du Foufoune Palace, à retrouver sur leurs réseaux sociaux. Luidji affirme : « Pour le coup, j’ai été inspiré par d’autres là-dessus. Le premier qui m’a marqué, c’est Drake avec Marvins Rooms, qui était arrivé pile au moment où une meuf m’avait mis vraiment dans le mal… Il y avait une note vocale qui revenait et le son me choquait encore plus quand elle arrivait, je n’en étais peut-être pas conscient à ce moment-là. Il y en a dans Belle chanson, dans Mauvais Reflexe et encore pas mal dans l’album. »
Je me suis rendu compte qu’en racontant les trucs les plus simples, on retrouve l’essence même de ce que je suis
Tous les morceaux de son prochain projet seront donc tirés de faits réels, suivant toujours cette même ligne directrice : l’honnêteté. Pas question de jouer un rôle : « On insiste beaucoup là-dessus. Avec des morceaux comme Deux âmes solitaires pt.1, 2, 3, qui n’étaient pas destinés à exploser, je me suis rendu compte qu’en racontant les trucs les plus simples, on retrouve l’essence même de ce que je suis. Alors que quand je commence à calculer un peu trop ce que je dis, ça ne m’intéresse plus. »
Foufoune Palace : une grande famille
Depuis 2017, Luidji est l’heureux fondateur d’un label indépendant baptisé Foufoune Palace, nom de tout un état d’esprit adopté avec son crew. Une structure qui vient aussi ouvrir une nouvelle page dans la carrière du jeune homme, qui peut ainsi travailler avec ses proches selon ses propres règles. Une notion très importante pour lui : « En se focalisant sur les bonnes personnes qui ont la bonne énergie, je me suis rendu compte que ça allait beaucoup plus vite. Aujourd’hui, on est une dizaine de personnes à travailler dans ce label, il y a des compositeurs, un graphiste, un manager, d’autres artistes : franchement, c’est qu’une question d’énergie et de but commun. On est tous de la même génération, donc on avance plus ou moins dans la même direction. Je suis toujours ouvert à de nouvelles rencontres, après plus je garde mon cercle fermé et mieux ça se passe. Je suis arrivé à un âge où je n’ai plus le temps de me prendre la tête sur des futilités. J’avance avec mes gens et plus loin je vais, mieux c’est. »
Un collectif avec lequel il a d’ailleurs lancé sa propre marque, toujours basée sur ce même slogan : « Le nom Foufoune Palace est venu d’un état d’esprit, celui qui nous anime tous. Dans le morceau éponyme (sorti en 2016) je dis « La famille avant l’oseille, l’oseille avant les salopes », c’est devenu une phrase qui m’a toujours sauvé dans des moments cruciaux. Donc on a commencé à faire des T-shirts, des pièces pour nous parce que c’était symbolique, c’est un nom qui fait toujours réagir. On s’est trouvé un logo, on a ouvert un pop-up store, lancé une nouvelle collection, les gens ont l’air contents. Quand ça va commencer à se démocratiser, on aura tout gagné. »
Concernant ses clips, Luidji aime s’entourer des mêmes personnes et se retrouve régulièrement à l’origine des scénarios imagés. Après avoir co-réalisé Néons Rouges / Belle Chanson, il estime qu’un morceau ne peut-être considéré comme « réussi » seulement s’il arrive à le projeter en images. Des images tournées toujours par des membres de son Foufoune Palace club.
Un troisième album dans le four
Après avoir sorti plusieurs morceaux depuis trois années, Luidji va devoir s’imposer de nouveau avec sa troisième réalisation. Un opus qu’il veut généreux et qui racontera sa vie quotidienne. Pour cela, rien de tel que de vivre et de sortir de sa « zone de confort » : « Je pense que ne pas vivre trop de choses pourrait m’handicaper pour la musique que je fais. C’est pour ça que j’essaie de me sociabiliser, parce que je me vois vraiment mal raconter la vie d’un autre dans mes sons. Il sortira plutôt au début de l’année 2019. Si je le sors maintenant, je ne serais pas au maximum de mes capacités. »
Ne pas avoir dévoilé d’album entre 2015 et 2019 est donc finalement un choix assumé par Luidji et son clan. Pour y remédier, ils ont d’ailleurs mis en place une playlist évolutive sur Spotify, de quoi réanimer un compte qui sombrait dans l’obscurité depuis plusieurs mois. Avec des titres tels que Marie Jeanne ou 488, ils ont finalement obtenu de meilleurs scores, avec 120 000 auditeurs en moins d’un an. Après avoir lancé ce concept original, Luidji compte bien se faire remarquer en cette nouvelle année avec un nouveau projet bruyant.
Si les gens me suivent sur Néons Rouges / Belle Chanson, ils vont adhérer à beaucoup de choses de l’album
En envoyant Néons Rouges / Belle chanson en tant que premier extrait, il tient d’ailleurs à fidéliser une fanbase qui le suivra dans tous ses délires : « C’est un morceau aucunement racoleur, pas du tout structuré selon les formats habituels, mais peut-être l’un des plus introspectifs de l’album. Je voulais donner quelque chose qu’on n’a jamais entendu ailleurs, un double morceau avec une partie rappée et une autre chantée. En balançant cet extrait, je savais que ce n’était pas forcément le plus efficace pour le grand public, mais c’était le plus sincère. Si les gens me suivent là-dessus, ils vont adhérer à beaucoup de choses de l’album. »
Avec Mauvais Reflexe arrivé juste après ce premier titre, Luidji annonce un album composé de deux parties : celle où il raconte sa période noire et difficile, ainsi que celle où il explique comment il s’en est sorti. Concernant les featurings, rien ne bouge pour l’instant, il conserve cette volonté d’exploiter ses propres talents au maximum : « Etant donné que je ne suis pas juste un artiste rap ou un chanteur, j’essaie d’aller au maximum de ce que je peux donner tout seul, dans un premier temps. Je pense que je dois me concentrer avant de me disperser. S’il y a des collaborations pertinentes qui se proposent, je vais étudier le truc. En tout cas, je n’irai jamais faire des feats juste pour faire du racolage. Les seuls artistes avec qui je me verrais collaborer aujourd’hui c’est ceux que j’ai rencontré au gré du temps, avec qui je me suis d’abord très bien entendu, je pense à des mecs comme S.Pri Noir, Dinos, ou Deen. »