Rencontre avec Oboy, qui vient de révéler son projet « Southside ».
Oboy, c’est un jeune rappeur de la région parisienne, qui s’est notamment fait connaître avec ses morceaux Douce, Rollin Up, ou plus récemment, avec l’énervé Cobra. Hier, l’artiste dévoilait son deuxième projet : l’EP Southside. Et c’est à cette occasion que Booska-P a fait sa rencontre, afin de mieux cerner son univers musical et ses aspirations futures.
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Oboy : une voix s’adaptant à tous types de prods
Originaire de Villeneuve Saint-Georges, dans le Val de Marne, Oboy est un jeune artiste de 21 ans seulement, qui rappe « depuis environ trois ans ». Au début, cela a débuté, comme pour beaucoup, par un simple délire, qui l’aura finalement poussé à aller travailler en studio d’enregistrement : « ça a commencé quand je suis allé au studio. Je m’investissais et passais plus de temps à faire de la musique. Avant je rappais vite fait pour rigoler, j’avais des trucs dans mon téléphone mais, c’est tout ». Aimant ce qu’il produisait, il a été poussé par son amour de la musique à continuer dans cette voie. Au départ, il évoluait donc aux côtés de deux amis à lui, formant un collectif, avant de se lancer dans sa propre aventure.
En ce moment, Oboy se voit donc inspiré par la scène américaine et canadienne actuelle, à l’image de « Migos, Tory Lanez, en gros, toute la scène de Toronto », malgré son intérêt pour des artistes français comme Booba ou le prometteur Ninho. D’ailleurs, lorsque l’on demande à Oboy ce qui l’inspire quand il rédige un morceau, il se réfère à l’un des classiques de B2O, Repose En Paix, en expliquant que, pour créer un son, « c’est un puzzle de mots et de pensée » qui s’enchaîne : « J’écris ce qui me passe par la tête, et quand je trouve que ça colle bien avec le son, alors je garde. Ca dépend de la prod et du mood dans lequel je suis. Je peux écrire un titre en une journée comme en deux mois ».
Si je n’avais pas testé Douce, je ne serais peut-être jamais allé dans cet univers
Quant à son blaze, il s’est encore une fois référé à une oeuvre américaine, en revisitant le nom de l’un des personnages du film Menace ll Society, O-Dog. Un protagoniste l’ayant « marqué par son arrogance, son impact et son agitation ». Oboy fait donc ce qu’il aime, sans pouvoir s’insérer dans un univers bien précis. Ainsi, il explique : « Je ne sais pas si je peux dire que tous mes sons sont sombres, tous rythmés ou éclairés, ça dépend vraiment de mon état d’esprit et du feeling que j’ai avec la prod. Musicalement, je peux m’aventurer sur des prods pas forcément faciles, comme pour Douce. Ce n’était pas simple, dans le sens où je n’avais jamais fait ça, mais j’ai quand même tenté de faire un truc qui était moi. J’aime bien m’ouvrir, et si je n’avais pas testé Douce, je ne serais peut-être jamais allé dans cet univers ». Ce titre est l’un des premiers morceaux du rappeur. Il l’aura majoritairement boosté dans son ascension et cumule presque 3M de vues sur YouTube.
Souvent comparé à Joke par les amateurs de rap cloud, planant et sombre, Oboy l’accepte et avoue même l’avoir écouté pendant une certaine période : « C’est un mec que j’écoutais quand il était encore vraiment présent. Joke a une façon un peu nonchalante de rapper, et je pense que comme je suis arrivé peu après sa vibe, ça peut être comparable ».
« Southside », une évolution directe de «Olyside »
En avril 2016, il sortait sa toute première mixtape, intitulée Olyside, sur la plateforme HauteCulture.com. Un projet de 7 morceaux, dont 31 Bitch, produit par Myth Syzer. On y retrouve également les titres Belly, Rollin Up et le fameux Douce. Hier, il était de retour avec le second opus de sa carrière, un petit EP de 8 morceaux, composé, notamment, de SLS et EXTRA, et qu’il qualifie comme l’évolution de Olyside. Il affirme également s’ouvrir un peu plus sur Southside : « J’ai commencé à avoir une bonne équipe sur ce projet. Avant, ce que je faisais, c’était plus des types beats ou des prods que je trouvais ».
J’avoue qu’il manque un peu de sons violents dans Southside. On me retrouve plus sur des musiques où je m’ouvre
Le tout premier double-titre du jeune rappeur se nomme donc Codion x Olycity. Et sur Olycity, la deuxième phase du morceau, l’artiste fait preuve d’un rap plus violent et incisif que ce qu’il propose actuellement. « A l’époque, je kiffais que le rap violent, je pouvais pas m’aventurer sur des Douce par exemple. Je trouve que Cobra, c’est un son dans ce délire. Et j’avoue qu’il en manque un peu dans Southside. On me retrouve plus sur des musiques où je m’ouvre ».
L’un des thèmes principaux de son EP reste surtout les femmes. Et dans chaque sortie, Oboy ne peut s’empêcher d’apporter des références à la gente féminine, pour laquelle il semble vouer une véritable passion. Impossible, donc, de le rencontrer sans évoquer ce sujet avec lui. Et lorsque l’on essaye de comprendre d’où vient cette fascination, Oboy ne s’étale pas sur le sujet : « J’aime les femmes. La drogue, pareil. J’en parle parce que c’est présent dans ma vie ». Quant à la manière dont celles-ci sont évoquées dans le rap français, « il y en a qui l’abordent bien, d’autres qui sont un peu trop crus ». Selon le rappeur,« il faut du respect, même si ce respect reste relatif à chacun »…
A l’aise dans un rap cloud et plutôt sombre, le OG ne s’interdit rien : « Ca m’intéresse d’aller vers d’autres sonorités, comme j’ai pu le faire dans Yayo et Cabaleira. C’est largement envisageable. En fait, ça dépend juste du feeling avec la prod, encore une fois. Si j’écoute une instru et que je ressens le besoin de crier ou faire des trucs que je ne fais pas d’habitude, je peux aussi le faire ».
Un artiste solitaire
Pour le moment, Oboy s’inscrit comme un artiste assez solitaire, puisqu’il n’a fait entrer personne dans son univers : « Je n’ai jamais fait de featuring, à part avec mon ancien collectif. Je pourrais en faire, mais je pense que c’est parce que je ne taff pas trop avec des rappeurs ». En effet, au studio dans lequel il travaille, on retrouve des ingénieurs du son, des chanteurs, beatmakers mais aucun rappeur : ce qui ne laisse que très peu d’occasions à Oboy d’être en relation avec ses homologues… Pourtant, il n’est pas avare en ambition : « Il y en a plein avec qui j’aimerais collaborer, surtout avec la scène ‘ricaine, genre Migos par exemple ».
Il y a un album en cours de préparation. Il arrive normalement cette année
Et alors qu’il n’a livré qu’une mixtape et un EP jusque-là, le public semble désormais bien connaître son monde et sa musique. Il est désormais temps pour lui d’attaquer les choses sérieuses, en préparant un véritable album : « Il y a un album en cours de préparation. Il arrive normalement cette année ».
A noter que l’artiste sera à retrouver partout en France pour des showcases dans les prochaines semaines, et sera d’ailleurs au Palais de Tokyo le 31 mars prochain.