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Le rap à l’assaut du cinéma [DOSSIER]

Le rap à l’assaut du cinéma [DOSSIER]

Notre sélection de films marquants du rap au cinéma.

Le 6 novembre, 8 Mile fête les 15 ans de sa sortie à domicile dans le pays de l’oncle Sam. Véritable référence, le film qui a participé au statut d’idole internationale d’Eminem est le représentant le plus emblématique d’un sous-genre qui s’est imposé au fil des années : le film de rap.

Boycotté à ses débuts par les caméras du septième art, le hip-hop a dû faire ses preuves par lui-même. D’abord catalogué comme une musique clivante, le genre a fini par s’imposer comme l’un des chouchous des amateurs de son à l’échelle mondiale. Forcément, il n’en fallait pas plus pour que le cinéma finisse par s’y intéresser de près et explore le mouvement hip-hop dans les grandes largeurs.

Plus qu’un simple filon surexploité, le rap pèse désormais comme jamais dans le monde du cinéma et les films du genre ont pris l’habitude de squatter les salles obscures. L’occasion parfaite pour un tour d’horizon des différents formats de films qui traitent de peura. Sont donc exclus de cette sélection les longs-métrages qui se contentent d’avoir des rappeurs à leur casting où les hood-movies à la B.O hip-hop. Voici notre sélection « le plus » des films qui parlent de rap :

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Le plus classique : 8 Mile

Le premier nom qui ressort au moment d’évoquer les films de rap.

8 Mile n’est d’ailleurs pas tout à fait étranger à la fame retentissante du Slim Shady. Plus qu’une simple biographie du rappeur de Detroit, le film une partie des faits qui ont été inventés pour les besoins de l’histoire, et traite aussi – et surtout- des recoins sombres et de la misère sociale de Motown.

Mais c’est l’authenticité et la modestie de la performance d’Eminem qui l’ont fait monter un peu plus en notoriété, en boostant sa cote marketing. De rappeur sur la pente ascendante du game, Marshall Matters s’est imposé comme l’idole incontestée de la nouvelle génération rap. Un son résume le phénomène 8 Mile : Lose Yourself, morceau oscarisé en 2003, une époque où le hip-hop traînait encore son image de face underground du paysage musical ricain.

Oh sh*t rabbit !

Le plus authentique : Wild Style

Les 80’s et le South Bronx, terrain de jeu de KRS-One et son Boogie Down Productions, dans toute leur splendeur.

Si Wild Style a pris un bon coup de vieux, il illustre bien le berceau du hip-hop et ses rudimentaires. Avec ses ghettoblasters et ses beefs endiablées à foison, le film nous transporte dans le New-York d’époque. Il pourrait servir d’outil d’étude rapologique et plus largement de la culture du double H tant la balance penche plus du côté docu que du côté fiction.

Documenté et rythmé comme jamais, le film est à montrer à ceux qui collectionnent les clichés bas de gamme sur le hip-hop. Il s’est surtout offert une place de choix dans la fav list des puristes du monde entier, confortés dans leur position du « c’était mieux avant ».

A classer au plus vite au patrimoine mondial du peura.

Le plus rebooté : Get Rich or Die Tryin’

N’est pas 8 Mile qui veut.

Trois ans après le (presque) biopic d’Eminem, c’est Fifty qui décide d’appliquer la même méthode pour pousser un peu plus sa promo. La misère de la street, l’ascension fulgurante, les faits réels parsemés d’éléments inventés et même le nom d’emprunt badass (50 Cent devient Young Caesar), Get Rich or Die Tryin’ pompe de manière évidente la recette gagnante de son aîné.

Sauf que le résultat se rapproche plus du flop que du classique générationnel. Si l’intrigue nous en apprend un peu sur le parcours chaotique de Curtis Jackson, le film a plus la tête d’une pub déguisée qui survole le vécu du rappeur pour tenter de gratter quelques recrues supplémentaires pour sa fanbase.

Malgré Get Rich or Die Tryin’, tout va plutôt bien pour Fifty qui n’en est pas moins une légende du game.

Le plus déviant : Comment c’est loin

« Si c’était si facile, tout le monde le ferait »

Alors que la plupart des longs-métrages inspirés de la vie de rappeurs se basent sur la misère et l’ascension sociale, Orelsan montre une facette différente du rap jeu français avec Comment c’est loin : celle des types qui galèrent loin des lumières parisiennes.

Galérer, c’est d’ailleurs à la limite de l’euphémisme. Plus que des simples rappeurs de province, Orelsan et Gringe incarnent les branleurs paumés qui s’ennuient profondément et ont mis leurs rêves de grandeur de côté à force de faire les choses à moitié. Un profil peu – voire jamais – traité dans les films de rap, mais auquel peut facilement s’identifier la jeunesse.

Comment c’est loin, c’est la démonstration qu’un film peut être à la fois le plus basique (vous l’avez ?) et le plus décalé dans son domaine.

Le plus rentable : Straight Outta Compton

Straight Outta Compton, l’investissement raisonnable par excellence.

Un long-métrage sur l’un des groupes qui a le plus changé la face du rap game mondial, produit par un de ses membres et cash machine notoire, Dr. Dre, ça puait la formule gagnante à des kilomètres. Le biopic s’attache à retracer l’histoire d’Ice Cube, Dre et consorts, des débuts de NWA à la mort d’Eazy E, victime de son propre auprès des femmes. Sans omettre les beefs qui ont déchiré les compères de Compton et donné vie à l’inoubliable No Vaseline signé du rappeur du Lench Mob.

Inévitablement, le pari est gagnant. Si l’on peut reprocher quelques oublis volontaires pour ne pas salir le groupe aux yeux du grand public non-averti, Straight Outta Compton a brassé comme jamais. En quelques semaines, le film est devenu le biopic musical le plus lucratif de l’histoire, devant Walk The Line et 8 Mile.

Et a rempli les comptes en banque de Dre et Cube qui – on s’en doute – en avaient bien besoin…

Le plus expérimental : I’m Still Here

Un film qui relève plus de la socio’ que du 7ème art.

Il faut dire que Joaquin Phoenix raffole des rôles du type torturé. Mais il n’empêche que quand le Commode de Gladiator annonce la fin de sa carrière d’acteur IRL pour se lancer dans le rap game, tout le monde est un peu pris de court. Le bougre joue à fond son rôle pendant deux ans, entre punchlines cramées lors de ses apparitions publiques et rendez-vous business avec des poids lourds du hip-hop intigués, à l’image de P. Diddy.

Sauf que son beauf Casey Affleck filme tout ça en scred pour monter un film/documentaire/expérience sociologique sur la déchéance d’une ancienne star qui rate sa reconversion. Deux années sacrifiées pour une illusion qui force le respect au moins autant par sa dimension innovante que par les efforts déployés par MC Joaquin pour la rendre crédible. Le piège aurait été parfait si beaucoup n’avaient pas commencer à se douter de la supercherie en cours de route.

Depuis, Joaquin Phoenix et Casey Affleck ont repris leur activités classiques, raflant respectivement un prix d’interprétation à Cannes et un Oscar dans le plus grand des calmes.

Le plus musical : Conte de la Frustration

Un OVNI méconnu dans la galaxie des films rapologiques.

Pourtant, Conte de la Frustration propose un plateau franchement pas dégueulasse, avec Akhenaton à la réalisation et Omar & Fred, Leïla Bekhti, Oxmo Puccino et Soprano – entre autres – devant la caméra. Un cast qualité premium pour un téléfilm aux allures de comédie musicale version côté obscur.

Le film raconte la déchéance d’un type largué par sa femme et chaque personnage central a un double rappeur pour développer sa psychologie. Du coup, AKH en a profité pour caler des morceaux toutes les 2 minutes. Si le film est très court (à peine 1 heure) et donne un goût d’inachevé, le rappeur phocéen montre une nouvelle fois sa créativité et l’aiguisement de sa plume.

Le plus underground : Hustle & Flow

Quand le rap rencontre le ciné indie, ça donne un résultat étonnant.

Là où les films de rap misent souvent sur le format documentaire ou les biopics, Hustle & Flow fait le choix d’une fiction sobre jusque dans la ville où elle se déroule – Memphis, on fait plus vendeur. Côté scénar, le film déroule l’histoire d’un gentil pimp qui veut délaisser ses activités lucratives, mais peu morales pour réaliser son rêve de se lancer dans la musique.

Avec sa photographie à l’ancienne et sa bande-son décapante, le long-métrage a été encensé au festival de Sundance, grande messe du cinéma indépendant qui regroupe chaque année des hordes de haters de productions mainstream, où il a tranquillement raflé deux prix de poids (meilleure photographie et prix du public)

Largement suffisant pour faire de Hustle & Flow le plus undeground des films de cette sélection.

Le plus fake : Notorious

Quand la mode des biopics de rappeurs tombe dans ses sombres travers.

Pourtant, l’idée de ce Notorious avait de la gueule. Un film pour retracer la vie éphémère de l’un des emcees les plus légendaires de l’histoire, c’est un projet qui avait de quoi émoustiller les fidèles aficionados de la culture hip-hop et plus encore. Pourtant, passé une bande-son stimulante à base de Big Poppa et des acteurs dont la ressemblance physique avec leurs personnages rend le film crédible au premier coup d’oeil, Notorious est un biopic qui sonne faux.

Commandé par Voletta Wallace, mère du regretté Biggie, et produit par son ex-bro et producteur Puff Daddy, le film à l’avantage d’être bien documenté. Mais peut-on alors vraiment s’attendre à un récit objectif du parcours du rappeur de Brooklyn ? Conçu pour soigner l’image du B.I.G. et de sa clique, le long-métrage s’efforce à faire passer le rappeur pour ce qu’il n’était pas, un saint jamais responsable de ses mauvais actes.

Si le film se regarde quand même sans trop de regrets, cette légende aurait probablement mérité une biographie plus honnête.

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