Ou quand le King of Pop est aussi le roi du hip hop…
De ses nombreuses collaborations avec différents emcees (Heavy D, Notorious BIG, Kriss Kross, Wyclef…) à ses pas de danse légendaires (dont le moonwalk, très inspiré par les b-boys new-yorkais), Michael Jackson a toujours gardé un œil attentif sur la culture urbaine.
Une relation loin d’être à sens unique, puisqu’avec James Brown il est très certainement l’artiste le plus samplé par les rappeurs. Outre l’admiration dont MJ fait l’objet par ces derniers, il faut dire que sa musique, mélange unique de pop / rock / funk / rnb, se prête idéalement à l’exercice.
Huit ans après son décès, voici 8 morceaux qui échantillonnent son œuvre, et qui, contrairement à ses duos post mortem de triste mémoire (Akon et Will.i.am merci de le laisser reposer en paix) permettent à la légende de continuer à vivre dans nos cœurs.
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Quand Jay Z sample I Want You Back sur Izzo (H.O.V.A.)
Lead single de son archi classique Blueprint, Shawn Carter épelle son surnom au refrain à coup de -izzle (un argot inventé par E-40 et popularisé par Snoop Dogg) sur une prod du jeune Kanye West qui fait là son entrée dans le grand bain du mainstream en imposant sa patte sonore – celle qu’il dupliquera notamment sur son premier album solo, The College Dropout.
Quelques mois plus tard lors de l’édition 2001 du festival Hot 97’s Summer Jam, Jay Z prouve au monde que lorsqu’il rappe « I do this for my culture » il ne blague pas. Sur scène, il convie en effet à la stupeur générale MJ lui-même pour ce qui reste encore aujourd’hui l’un des moments les plus mémorables de l’histoire du mouvement.
La rumeur veut d’ailleurs qu’à cette occasion Michael ait fait cadeau à Jay des droits d’utilisation de I Want You Back. On a envie d’y croire.
En aout 2015 le Jéhovah du game lui rendra un ultime hommage en ouvrant très brièvement un compte Instagram pour poster une photo de leur rencontre à l’occasion de ce qui aurait été son 57ème anniversaire.
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Quand Puff Daddy sample It’s Great to be Here sur It’s All About the Benjamins (Remix)
Jay Z n’a cependant pas été le premier rappeur new-yorkais à sampler I Want You Back des Jackson 5 puisque, ô surprise, son idole de toujours Notorious B.I.G. en avait fait de même dès 1994 avec One More Chance extrait de l’album Ready to Die.
En 1998 rebelote, quand Puff Daddy & The Family (alias Lil Kim, les LOX, un Biggie version posthume et une Missy Elliott non créditée) piochent à nouveau dans le catalogue de la famille Jackson pour composer l’hymne du label Bab Boy première mouture.
Alors que la structure de IAATB repose essentiellement sur le sample de I Did It For Love des Love Unlimited, quand B.I.G. débarque, le beat change subitement pour faire place à It’s Great to Be Here.
Là où sur un thème similaire (l’importance de l’argent), le Wu Tang rappait quelques années plus tôt les difficultés financières sur C.R.E.A.M., It’s All About the Benjamins (Benjamins désignant ici les billets de 100$, ceux où sont collés la tête du président Benjamin Franklin) marque un net changement de paradigme en déclamant les joies de la consommation à outrance.
Notez enfin que Diddy a enregistré la chanson Maybe We Can Do It avec le King en 2001 pour son album Invincible. Le titre n’a cependant pas été retenu dans la tracklist finale.
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Quand LL Cool J sample The Lady In My Life sur Hey Lover
Autre artiste dont la collaboration avec le Roi est restée dans les cartons (Serious Effect enregistré à l’occasion de Dangerous, le morceau finira par fuiter au début des années 2000), Cool James est dans les années 90 au sommet de sa forme – ce qui n’est pas peu dire lorsqu’on évoque celui sans qui l’histoire du rap n’aurait pas été la même (sans LL pas de Def Jam, et encore moins de drakeries).
Désireux de se payer un nouveau hit de loveur (I Need Love, Around The Way Girl…), il s’associe aux Boys II Men (groupe culte qui vendaient à l’époque des CD par dizaines de millions) et laisse le soin aux Trackmasters d’emprunter à l’une des ballades les plus célèbres de Michael.
Résultat : un Grammy, un disque de platine et un single qui reste aujourd’hui encore l’un des plus iconiques de sa décennie.
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Quand Nas sample Human Nature sur It Ain’t Hard to Tell
Le meilleur album de rap de tous les temps (Illmatic) pouvait-il se permettre de faire l’impasse sur le meilleur album de tous les temps ? Large Professor a certainement pensé que non en incorporant à sa manière une boucle de la piste 7 de Thriller au milieu d’une pelletée d’autres titres – prenez votre souffle : N.T. des Kool & the Gang, Long Red de Mountain, Why Can’t People be Colors Too des Whatanauts, Slow Dance de Stanley Clarke, What Do You Want From Me Woman des Blue Jays et Sorcerer of Isis de Power of Zeus.
Au fil du temps, Human Nature a fini par devenir l’un des titres les plus samplés de la discographie de Michael Jackson, Aaliyah (Journey To The Past), Chris Brown (She Ain’t You) ou encore SWV (avec le tout en cravache Right Here) se prêtant plus ou moins subtilement à l’exercice
[Mention spéciale à la reprise (à la trompette forcément) de Miles Davis.]
De son côté, Nas sera victime de la qualité de sa plume, les lyrics de It Ain’t Hard to Tell seront ensuite repris à profusion par toutes les têtes d’affiche du rap US (Pete Rock, Big L, Jay, Mobb Deep, Kool G Rap, RZA… mais aussi MC Solaar). Ce doit être ça qu’on appelle un classique.
Quand Naughty By Nature sample ABC pour O.P.P.
En 1991 qui n’était pas « down with O.P.P. » ?
« O.P.P. » signifiant « Others People’s Pussy/Penis », demander à quelqu’un s’il est « down with O.P.P. » revient à lui demander s’il est prêt à avoir une relation sexuelle avec une personne déjà en couple.
Treach et sa bande de canailles popularisaient là une expression depuis passée à la postérité (entendue notamment dans Le Prince de Bel-Air, Alerte à Malibu, The Office, Monk…) grâce à l’un des premiers hits à rassembler les publics vraiment rap et vraiment mainstream – le bounce du très Motown ABC n’étant pas étranger à ce succès.
Quand 2Pac sample Liberian Girl pour Letter 2 My Unborn
Non seulement le neuvième single de Bad (!) a été repris par le Roi Heenok sur Cocaïno Rap Musique: Volume 1 (un petit doute subsiste quant à savoir si les droits ont été payés), mais aussi par 2Pac quand sort en 2001 son troisième album posthume, Until the End of Time.
Produit par Johnny J et les Trackmasters (encore eux), cette lettre ouverte au fils qu’il n’a jamais eu a été enregistrée du temps où le rappeur était encore en vie.
Les deux légendes se croiseront à nouveau par la voie des studios en 2014 à l’occasion de la sortie de Xscape, le troisième album posthume de MJ. Une version inédite du titre éponyme contient en effet un couplet du californien.
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Quand Kanye West sample P.Y.T. sur Good Life
Quoi de mieux pour faire de la « stadium music » que d’aller piocher l’un des titres les plus dansants du répertoire de MJ ?
Rajoutez à ceci les backgrounds vocaux de Ne-Yo & John Legend, DJ Toomp en co-producteur, les batteries de Timbaland, un feat de T-Pain, 16 différents mix, une apparition subliminal de MJ dans le clip et boom, le tour est joué.
Reste qu’ici la palme de l’anecdote revient ici, non pas à Ye’, mais à Pain qui en 2007 a été invité par Michael himself dans sa demeure suite au succès de son tube Bartender.
« Il m’a dit que c’était le seul disque physique qu’il avait acheté ces quatre dernières années. Je n’ai pas pleuré parce que je suis un gangster, mais cela a été un grand moment de fierté. »
Puis, après avoir mangé un plat de tortillas sans sauce (!), les deux hommes conviennent de collaborer ensemble. Pizzle reviendra ainsi vers lui avec Change, un titre qui emprunte à Eric Clapton. Michael décline toutefois au motif qu’il « ne fait pas de sample ou de remix ».
Qu’importe, monsieur autotune recyclera l’année d’après Change sur son album Thr33 Ringz.
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Si en terres californiennes la palme de l’artiste le plus samplé revient sans conteste à George Clinton, MJ n’est pas autant absent des radars, comme lorsque les N.W.A. se réapproprient Thriller sur 100 Miles and Runnin’ (1990), ou, plus récemment, quand King Kendrick reprend, non pas un élément musical, mais le gimmick « Annie, are you okay? Annie, are you okay? » rendu célèbre par le titre Smooth Criminal.
Et à ceux qui se demandent toujours plus de 30 ans après les faits qui peut bien être cette mystérieuse Annie dont le prénom est répété plus d’une cinquantaine de fois, surprise : il ne s’agit ni d’une célébrité, ni d’une obscure groupie, mais du surnom donné au mannequin utilisé aux États-Unis pour l’entraînement à la réanimation cardio-pulmonaire.
Un mythe tombe.