Fête de mères ou pas fête des mères, dans le game elle pèsent…
Et si tous ces rappeurs étaient des fils à maman ? À examiner de près les bios des uns et des autres, il y a sérieusement de quoi relativiser leur propension à jouer les gros bras sur le devant de la scène.
Rien de mal à cela, bien au contraire, surtout quand beaucoup d’entre eux n’ont pu compter que sur leurs mères pour assurer leur éducation dans leurs jeunes années.
Au-delà de la reconnaissance éternelle qui leur revient, une fois le succès au rendez-vous, leur influence ne diminue pas pour autant, chacune conservant une place à part, que ce soit en musique ou en coulisses. Découvrez comment en 15 portraits.
Gloria Carter, la mère de Jay Z
Pas des plus prolixes lorsqu’il s’agit de s’aventurer sur les chemins de l’introspection, Shawn Carter n’en oublie pas pour autant de rendre hommage à échéances régulières à sa môman – cf. entre autre Blueprint (Momma Loves Me) et I Made It.
Mieux, alors que ses congénères convient généralement pour la forme leur mère à dire quelques mots en outro, Jay invite carrément la sienne à venir raconter de longues anecdotes sur ses jeunes années entre les couplets de December 4th, l’un des morceaux les plus marquants de son Black Album de 2003.
On y apprend ainsi qu’il fut le seul de ses quatre enfants à ne pas la faire souffrir lors de son accouchement, ou que c’est elle qui lui a offert le radiocassette qui allait changer sa vie.
Autre incidence de premier ordre sur le cours du rap : c’est grâce à elle que le beef avec Nas a pris fin. Suite au freestyle Supa Ugly où son rejeton insulte la fille et la baby mama de son rival, elle l’a forcé tout millionnaire qu’il est à aller s’excuser en direct à la radio Hot 97. Nan mais.
Sandi Graham, la mère de Drake
Divorcée de son musicien de mari qui décida alors de repartir vivre sa vie de rolling stone à Memphis, Sandi Graham, institutrice de son état, commença à élever seule son fils âgé de 5 ans dans la banlieue de Toronto. S’en suit depuis une relation fusionnelle, longuement détaillée sur disque et sur les réseaux sociaux. #StartedFromTheBottom
Non seulement Drake assume sans complexe son côté « Momma’s boy », mais il considère cette dernière comme sa « meilleur amie » : lorsqu’il fête ses 30 ans, c’est elle qu’il invite au restau, idem quand il assiste à un match de ses Raptors préférés.
Ce n’est cependant qu’en 2015 avec You & The 6 sur If You’re Reading This It’s Too Late qu’il lui dédie une chanson entière.
Le rappeur n’a cependant jamais caché leurs disputes, que ce soit à propos de ses dépenses compulsives, ses rhumatismes articulaires (raison pour laquelle elle est souvent vue avec une canne), son addiction au tabac… ou la composition de ses sandwichs.
D’ailleurs sur More Life, le 6 God termine le morceau Can’t Have Everything où il souffle sur les braises de son clash avec Meek Mill par un message de sa mère laissé sur sa boîte vocale et qui l’enjoint à lâcher du lest. Sage conseil.
Deb Antney, la mère de Waka Flocka Flame
Attention, mama gangsta !
Élevée à la dure (à 9 ans elle fait une overdose en jouant avec l’héroïne de son père accro qu’elle avait pris pour du talc pour bébé), la mère de Waka fait plus que se soucier des intérêts de son fils : c’est elle qui les manage !
CEO du label So Icey/Mizay Entertainment, elle a eu à gérer les carrières de Gucci Mane, French Montana, Nicki Minaj ou encore OJ Da Juiceman.
C’est peu dire qu’elle n’était guère convaincue par les premiers pas de son fils au micro : à l’écoute de sa première démo, elle a explosé de rire. Et quand bien même les sons de ce dernier commençaient à tourner en club, « elle ne le sentait pas ».
Il faudra attendre le tardif et énervé O Let’s Do It pour qu’elle se mettre à croire en lui. Pas chien, l’interprète de Hard in da Paint reconnait d’ailleurs sans ambages que c’est elle qui a « lancé sa carrière ».
Miss Gladys, la mère de Birdman
Entre deux trolls sur l’étendue de son patrimoine, le taulier de Cash Money salue très fréquemment la mémoire de celle qui est décédée alors qu’il n’avait que sept ans, et qu’il continue d’appeler « miss ».
Suite à ce drame, le paternel de la fratrie Williams a rebaptisé l’épicerie familiale de la Nouvelle Orléans à son nom. Aujourd’hui l’enseigne existe toujours, mais elle a été transformée en bar de quartier – bar qui a servi de décor de tournage pour le clip du même nom de Birdman en 2016.
Miss Gladys sera d’ailleurs le titre de son prochain album solo annoncé depuis de longs mois déjà.
Amber Rose, la mère de Sebastian, le fils de Wiz Khalifa
Alors que la maternité a tendance à assagir jusqu’aux plus délurées, chez Amber c’est l’inverse.
Outre ses habituelles dingueries (virées en club de striptease, twerks à gogo et autres campagnes pseudo féministes qui servent à étaler sa vie sexuelle à qui veut l’entendre), celle qui a érigé le hashtag #Milfin en art de vivre continue de jouer à « je-t’aime-moi-non-plus » avec son ex, le prenant à parti publiquement quand à la garde son fils, ses infidélités ou ses plans à trois… avant de le réinviter dans son lit quand bon lui semble… et l’accuser ensuite de slut shaming…
Quand Œdipe va venir taper à la porte, ça va faire mal.
Voletta Wallace, la mère de Notorious BIG
Quand Biggie ose conclure le premier couplet de son très nihiliste Ready to Die par « Fuck the world, my moms and my girl », bien qu’il campe là un personnage au bord du gouffre, la stupeur est totale.
Seul l’immense talent de sa plume vient l’excuser d’insulter sa génitrice sur disque – et ce d’autant plus que posture mise à part, hors studio il s’entend plutôt très bien avec celle qui apparait tout sourire dans le clip Juicy.
Si en déclarant quelques années plus tard que son fils n’a jamais vraiment vécu la vie qu’il rappait elle a quelque peu plombé son héritage (rien de tel qu’une mère pour vous mettre la honte), elle supervise depuis attentivement sa carrière post mortem, qu’il s’agisse de la sortie de ses disques ou la production de son biopic.
Donda West, la mère de Kanye West
Quand Donda West décède en 2007 à 58 ans des suites d’une opération de chirurgie esthétique, celui qui rappait en 2005 sur Hey Mama qu’il n’avait « ni besoins que ce soit la fête des mères ou que ce soit son anniversaire pour l’appeler » change à jamais.
Quelques jours plus tard, en concert à Paris, il craque au moment d’interpréter son morceau hommage et doit quitter la scène en pleurs.
Depuis chaque année à la même période, Kanye connait une passe difficile – ses récents troubles psychiatriques n’étant pas sans lien avec l’anniversaire de sa disparition.
L’un des moments les plus émouvants de sa carrière sera d’ailleurs sa performance aux Grammy Award de 2008, où il transforme des trémolos plein la voix ce titre initialement guilleret et enjoué en une ode vibrante à l’élue de son cœur.
Sabrina Jackson, la mère de 50 cent
L’actrice Serena Reeder serrant Marcus dans ses bras dans le biopic Get Rich Or Die tryin’
Enceinte à 15 ans, Sabrina Jackson est retrouvée huit ans plus tard assassinée chez elle dans des conditions plus que troubles. Intoxiquée au gaz, selon 50 son meurtrier l’aurait droguée en versant quelque chose dans son verre, avant de la laisser allongée sur son canapé, des cachets d’ecstasy entre ses doigts de pieds.
Si le motif du crime reste à ce jour inconnu, tout porte à croire qu’il était lié à ses activités de dealeuse. À moins que ce ne soit l’œuvre d’une amante jalouse, car oui elle aimait aussi les filles.
Le petit Curtis déménage ensuite chez ses grand parents avec qui il restera proche, et qui tout gangsta rappeur qu’il est, continueront de lui faire descendre les poubelles.
Debbie Mathers, la mère d’Eminem
Probablement la mère la plus détestée d’Amérique (et pas seulement pour la prestation de Kim Basinger dans 8 Mile).
Cible favorite de son rimeur de fils, elle est dépeinte textes après textes comme une camée sous alloc’ vivant dans une caravane. Dans Cleanin’ Out My Closet il va même jusqu’à lui souhaiter de brûler en enfer (tout lui promettant que sa petite fille n’assistera même pas à ses funérailles).
Se faisant régulièrement insultée par les fans du Slim Shady (quand ils ne lui crachent pas au visage ou ne lui collent pas du chewing-gum dans les cheveux), Debbie M. finit pas porter plainte pour diffamation en 2001, réclamant au passage la bagatelle de 11 millions de dollars.
[Au final, les tribunaux ne lui en accorderont que 25 000$, tandis qu’elle n’empochera que 1 600$ une fois les frais d’avocats déduits.]
En 2007, elle sort son autobiographie My Son Marshall, My Son Eminem qui donne sa version des faits.
Depuis les choses 2014 vont cependant (un tout petit peu) mieux. Avec le titre Headlights, Em’ fait amende honorable en exprimant ses regrets de l’avoir admonesté de la sorte en public. Le clip se termine par une accolade entre Debbie (jouée par une actrice) et son fils, avant que chacun fasse chemin à part.
En revanche pour de vraies retrouvailles il faudra attendre : aux dernières nouvelles Eminem refuse toujours de la revoir, et ce malgré ses suppliques dans la presse.
Fannie Ann Jones, la mère de Nas
Ancienne employée de poste décédée en 2002 de suites d’une longue bataille avec le cancer, Nas lui dédie le morceau Dance qui clôt son album God’s Son sorti quelques mois après sa disparition, et sur lequel son père, le cornettiste Olu Dara, vient jouer les dernières notes en hommage à son ex-épouse.
L’histoire est d’autant plus touchante que le rappeur a vu sa mère partir dans ses bras. Appelé en urgence alors qu’il était en tournée, lorsqu’il arrive à son domicile, elle l’attendait « la larme à l’œil pour lui faire ses adieux ».
Kollen Maria Gibson, alias la célèbre « Miss Jackson »
À la fin des années 90, André 3000 des Outkast et Erykah Badu se séparent peu de temps après la naissance de leur fils Seven Sirius Benjamin.
Souhaitant exprimer ses regrets à la mère de la chanteuse qui a vertement critiqué son comportement, Trois Stacks écrit avec son compère Big Boi le titre Ms Jackson où il s’excuse « un trillion de fois » pour ne pas avoir réussi à cultiver ce sentiment pourtant sincère qui l’unissait à sa fille
Non content de devenir leur plus gros hit d’alors, le titre ravira ses ex. En 2016, Badu déclare apprécier et respecter la sincérité de son couplet, tandis que de son côté sa mère s’est payée une plaque d’immatriculation du même nom !
Jacida Carter, la mère de Lil Wayne
Si « Ms Cita » n’est pas citée abondamment dans les textes de son chérubin, n’allez pas croire qu’elle se contente de regarder sa carrière au loin.
Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que Weezy ne rejoigne pas l’écurie Cash Money à cause d’elle, tant elle voyait d’un mauvais œil que son fils âgé de 11 ans à peine fasse cause commune avec Birdman et ses goons – et ce d’autant plus que lorsqu’elle était lycéenne, elle a fréquenté ce dernier.
Sa signature se fera ainsi contre la promesse qu’aucun gros mot ne soit prononcé sur son premier album, ce qui sera le cas… à l’exception du titre Fuck The World qui marque le passage à l’âge adulte du rappeur.
Autre « contrepartie », elle incitera son fils l’année de ses 15 ans à devenir père. Ce denier ayant quitté l’école et passant de plus en plus de temps en tournée, elle se sentait seule.
En 2010, tandis qu’il purge une peine de prison pour port d’arme prohibé, Lil Wayne rend public juste avant la fête des mères une lettre dans laquelle il lui déclame à tour de lignes son attachement sans condition, et qu’il conclut en avouant qu’elle est peut-être la seule personne qu’il aime plus que lui-même (!?).
Kris Jenner, la matriarche du clan Kardashian
S’il n’est pas à proprement parler une mère de rappeur, nul ne peut nier sa force culturelle dans le milieu. En véritable madame, c’est elle qui a placé une à une ses filles en orbite à grand renfort de buzz (la rumeur veut qu’elle soit à l’initiative de la commercialisation de la sextape), opérations de chirurgie esthétique et émissions de télé-réalité.
Kim, Kylie, Khloe & Co ont d’ailleurs fini par devenir l’incarnation des critères de beauté du rap mainstream, à tel point que décrocher une place dans leur lit se doit de figurer dans le cv de tout rappeur qui se respecte (Kanye, A$AP Rocky, Tyga, French Montana, Travis Scott…).
Madame Coles, la mère de Ghostface Killah
Avec le poignant All That I Got Is You extrait de son premier solo Ironman sorti en 1996, Ghostface rend hommage en un couplet attrape-cœur à toutes les mères courage, et à la sienne avant tout.
Sur une production de RZA samplant Maybe Tomorrow des Jackson 5, il rappe le dénuement le plus total : la vie à quinze dans un appartement trois pièces à dormir à quatre par lit, ses deux frères souffrant de dystrophie musculaire, le papier journal en guise de papier toilette, les cafards dans les boites de céréales, les hivers sans manteaux…
Sur une note plus légère (quoique), ce jour où le tristement célèbre Martin Shkreli (connu entre autre pour avoir multiplié par sept le prix d’un vaccin contre le sida) l’a menacé par caméra interposée, Ghost a appelé sa mère à la rescousse pour tourner l’une de ses vidéos clash hilarantes dont il a le secret.
Afeni Shakur, la mère de 2Pac
Peut-être la maternelle la plus iconique du rap, tant par son parcours que par celui de son fils.
Née Alice Faye Williams, elle change de nom en ralliant le mouvement des Black Panthers. Accusée au début des années 70 d’avoir voulu planifié des attentats à la bombe à New York, elle risque alors 300 ans de prison. Choisissant d’assurer elle-même sa défense, elle sera acquittée en mai 1971 suite à un procès long de huit mois. Tupac nait le mois suivant.
Vingt-quatre ans plus tard, ce dernier enregistre l’hymne de tous les lascars qui aiment leur mère : Dear Mama, un titre qui revient avec force et sincérité sur toutes les épreuves par lesquelles ils sont passés (addiction au crack, vie sans abris, pauvreté extrême…).
Suite à le mort de son fils, c’est celle qui défend bec et ongles son patrimoine musical.
Afeni Shakur est décédée l’année dernière d’une crise cardiaque. REP.
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