Le 13 septembre 1996, Tupac Amaru Shakur décédait de ses blessures suite à une fusillade. Enfin ça c’est ce qu’on voudrait vous faire croire…
CE QUE L’ON SAIT
Le 7 septembre 1996 au MGM Grand Garden Arena de Las Vegas, Mike Tyson s’arrogeait le titre mondial WBA des poids lourds en envoyant au tapis Bruce Sheldon après seulement 1 minute 49 de combat.
Présents dans le public, 2Pac et le boss de Death Row Marion ‘Suge’ Knight quittent les lieux aux alentours de 23 heures après avoir passé un peu de temps au casino.
Au volant de leur BMW, les deux hommes roulent poste à fond et sans plaque d’immatriculation, ce qui leur vaut d’être contrôlés sur le Strip par la police qui les laisse néanmoins repartir sans amende.
Dix minutes plus tard, au feu rouge de l’intersection entre le boulevard Flamingo et la rue Koval, une Cadillac blanche s’approche à quelques mètres sur leur droite. Les passagers descendent alors les fenêtres, tandis que l’un d’entre eux fait feu à 13 reprises à coup de Glock 40.
2Pac a beau essayé de se jeter sur le siège arrière il est touché à quatre reprises : deux fois à la poitrine (l’une des balles lui perfore la main juste avant de le toucher, la seconde vient se loger directement dans son poumon), une fois à la cuisse et une fois au bassin.
Transporté d’urgence à l’unité de soins intensifs de l’University Medical Center, la star du rap alors au firmament de sa gloire décède d’une hémorragie interne sept jours plus tard, le vendredi 13 septembre 1996 à 16h03 heure locale.
Ici s’arrête la version officielle : vingt ans après les faits, l’enquête n’a en effet pas avancé d’un centimètre (aucune piste, aucun suspect…), laissant porte ouverte aux fans et complotistes en tout genre pour échafauder les théories allant des plus dingues au pas si farfelues.
Et pour cause, nombre d’éléments font tâche.
LES BIZARRERIES DE L’ENQUÊTE
Tout d’abord, pourquoi la photo indique-t-elle en bas à droite une date différente de celle du jour où elle a été censée être prise – le 8 septembre et non le 7 ? Et pourquoi n’observe-t-on pas de clef de contact ?
La Cadillac blanche dans laquelle circulait le tueur n’a jamais été retrouvée, alors que Vegas se situe tout de même au beau milieu du désert.
Toujours plus surprenant, le corps de 2Pac est incinéré dès le lendemain de sa mort, ce qui semble au mieux suspect pour quelqu’un qui a été victime d’un homicide.
Le cliché de l’autopsie a été pris de telle façon qu’il est très difficile de pouvoir identifier le visage.
Enfin, et c’est peut-être le plus inquiétant, bon nombre des acteurs clefs ont disparu de manière violente dans les mois qui ont suivi, à commencer par le seul témoin oculaire du drive-by, Yafeu Fula, membre des Outlawz – le groupe fondé par 2Pac.
Longtemps suspecté d’avoir voulu se venger de Shakur qui l’a tabassé en bande le soir de sa disparition, Orlando ‘Baby Lane’ Anderson est lui aussi retrouvé mort en 1998.
À tous ces éléments, viennent s’ajouter ceux propres à chacune des sept théories développées ci-dessous. Certains y verront les preuves irréfutables d’une conspiration, tandis que d’autres y verront une confirmation de l’adage qui veut que les légendes ne meurent jamais vraiment, et surtout dans nos cœurs…
1. Suge Knight aurait tout orchestré dans l’ombre
En vertu du principe qui veut que pour trouver le coupable il faut se demander à qui profite le crime, tous les regards se sont rapidement tournés vers le grand méchant Suge.
Sur un total de 11 albums de 2Pac, tous écoulés à des millions d’exemplaires, 7 sont des albums posthumes.
Un filon plutôt juteux donc, surtout lorsque l’on sait que le rappeur, mécontent de sa situation financière et du climat qui régnait autour de lui, souhaitait ardemment quitter Death Row pour fonder son propre label, Makaveli Records.
Don Killuminati : The 7 Day Theory, constituait d’ailleurs le dernier album du contrat qui le liait au Couloir de la Mort.
Le décès de 2Pac permit ainsi à Knight de récupérer tous les enregistrements de sa poule aux œufs d’or tout en s’annihilant un futur concurrent dans le domaine très lucratif du gangsta rap.
Pour étayer cette thèse, on peut tout d’abord s’étonner du fait que malgré son mètre 93 et ses 136 kilos, aucun tir ne l’ait atteint (et ce bien qu’il ait longtemps clamé avoir été touché à la nuque), son absence de coopération avec la police, ou encore ses déclarations sujettes à caution (comme lorsqu’il a affirmé avoir eu une discussion avec 2Pac lors du trajet les menant à l’hôpital).
On peut ensuite souligner les liens étroits entretenus entre Death Row, le gang des Bloods et la police de Los Angeles – Death Row recrutait à l’époque de nombreux officiers et gang members pour effectuer des tâches subalternes.
Dans son livre-enquête reconnu pour sa minutie LAbyrinth: A Detective Investigates the Murders of Tupac Shakur and Notorious B.I.G., Randall Sullivan étale au grand jour ces liens incestueux et soutient que Knigth a usé de ses connexions pour arriver à ses fins.
2. Il s’agissait en réalité d’un complot visant Suge Knight
C’est la thèse de Russell Poole, un ancien inspecteur du Los Angles Police Departement.
Sharitha Knight, mariée à l’époque avec Suge, et Reggie Wright Jr., chef de la sécurité de Death Row, se seraient selon lui alliés pour faire tomber le mogul.
En instance de divorce au moment des faits, Sharitha se serait pressée de planifier la disparition de son mari pour prendre le contrôle de Death Row, une petite entreprise côtée au momentdes faits à près d’un demi-milliard de dollars.
Wright, un ancien policier du LAPD, aurait de son côté passé un deal avec le gang des Piru pour prendre la succession de Knight et se serait ainsi arrangé pour faire désarmer tous les gardes du corps suivant les deux hommes le soir de l’incident.
L’embuscade ne s’est cependant pas déroulée comme prévu, et 2Pac n’aurait été qu’une victime collatérale.
3. Puff Daddy, le coupable idéal ?
C’est la rumeur qui n’en finit pas de ne pas mourir depuis plus de deux décennies : en pleine guerre des côtes (ou plutôt en plein beef entre Bad Boy Entertainment et Death Row Records), le mogul newyorkais se serait débarrassé du principal poulain de l’écurie adverse.
Pas une année ne passe sans que cette thèse (qui ne manque pas de panache) ne soit remise à jour d’une façon ou d’une autre.
Dernier rebondissement en date, le documentaire Murder Rap qui reprend des éléments d’un livre sorti en 2011 écrit par un policier à la retraite, Greg Kading.
Sean Combs aurait offert un million dollars à un membre des Crips pour éliminer 2Pac et Knight. Six mois plus tard, Knight qui a survécu à l’embuscade aurait mandaté l’un de ses Bloods pour mettre fin aux jours de Biggie Smalls. Coût de l’opération cette fois-ci : 13 000$ (seulement).
Sommé de s’expliquer sur ces révélations, Puff Daddy alors déclaré qu’il « ne commentait pas ce qui n’avait aucun sens », avant d’ajouter sibyllin : « tout ce que j’ai fait de négatifs auparavant, c’était l’œuvre du diable ».
Question : que faut-il vraiment comprendre par-là ?
4. Le FBI aurait commandité sa mort
John Potash l’auteur de The FBI War on Tupac Shakur and Bandleaders soutient que dans les 90’s le bureau fédéral s’était engagé dans une lutte frontale contre les rappeurs noirs les plus radicaux, avec au premier rang 2Pac, connu pour son activisme et son passif avec les Black Panthers.
Dès 1994 l’agence gouvernementale aurait tenté de lui nuire en organisant une fusillade à la sortie d’un studio d’enregistrement new-yorkais, dans le but de créer une stratégie de tension avec ses rivaux de la East Coast, et notamment Notorious BIG.
Potash s’appuie sur le fait que l’un des anciens gardes du corps de 2Pac, Kevin Hackie, était un agent infiltré. Ce dernier a d’ailleurs pleinement reconnu la chose par la suite, affirmant lui aussi au passage que la mort de la star était un « coup monté ».
5. Le lobby carcéral aurait voulu le faire taire
Là, c’est un brin technique.
Au début des années 90, plusieurs hauts placés de l’industrie du disque supposément devenus actionnaires du complexe pénitentiaire auraient encouragé la naissance du gangsta rap, un genre musical réputé pour sa mauvaise influence (éloge du deal, des guns, des gangs…).
Non-contents d’écouler un max de CD auprès des classes moyennes et supérieures blanches attirées par le goût du soufre, ce move gagnant-gagnant leur aurait également permis de remplir les prisons en promouvant l’illégalité auprès de la jeunesse des ghettos – pour rappel aux États-Unis, les détenus constituent une main d’œuvre extrêmement profitable.
Dans un premier temps agent sans le savoir de ce stratagème, dans la seconde partie de sa carrière 2Pac change son fusil d’épaule pour se muer en éclaireur des consciences.
Inquiétés par ce discours, ses anciens maîtres se sont tout simplement débarrassés de la menace potentielle qu’il représentait pour leurs intérêts financiers.
Diabolique.
6. 2Pac serait bel et bien vivant
2Pac se serait inspiré des écrits du penseur italien de la Renaissance Nicolas Machiavel (Le prince, L’art de la guerre…) qu’il a lu en prison pour mettre en scène sa propre mort.
Désireux de prendre ses distances avec la célébrité et les histoires de gang, 2Pac enregistre alors des morceaux à la chaîne et tourne dans la foulée deux films histoire d’assurer ses vieux jours.
[Les utilisations récentes de pistes audio pour l’album To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar ou pour une campagne de pub Powerade répondraient à un besoin de renflouer les caisses.]
Son album Don Killuminati : The 7 Day Theory contiendrait d’ailleurs bon nombre d’indices qui vont dans ce sens à commence par le titre qui expose « la théorie des 7 jours » : entre son agression et sa supposée mort s’est en effet écoulée une semaine pile.
Son changement d’alias (Makaveli) indique un virage à 180° dans sa vie, et certaines rimes sont plus qu’explicites, la plus notable étant : « All for the street fame on how to be managed, 6 months in advance to what we plotted, approved to go on swole and now I got it » sur Life Of An Outlaw.
2Pac a d’ailleurs fréquemment prédit sa mort dans ses textes (Richie Rich’s N***** Done, Ain’t Hard 2 Find…) quand il ne l’a pas décrite avec précision dans ses clips (I ain’t Mad at Cha, la treizième piste de All Eyez On Me sorti en vidéo quelques jours seulement après sa mort).
Autre fait troublant si l’on examine ses lyrics : alors que 2Pac évoque régulièrement le fait d’être enterré, dès lors pourquoi son corps a-t-il été incinéré précipitamment le lendemain ?
Les membres des Outlawz qui avaient dans un premier temps prétendu avoir fumé ses cendres ont d’ailleurs reconnu en 2014 qu’il s’agissait d’un canular. Question : où est le corps ?
Dans le clip de To Live & Die In L.A, il porte des Air Jordan qui n’ont été commercialisées que deux mois après sa mort. Idem dans Toss It Up où il arbore une paire de Penny Hardaway inédite au moment du tournage.
Enfin si nombreuses sont les personnes aux quatre coins du globe qui affirment l’avoir vu en bonne santé, certaines déclarations sibyllines de ses proches font plus que semer le doute, et notamment celle de sa mère Afeni, la seule personne hors équipe médicale à l’avoir vu à l’hôpital : « À la fin il a choisi de partir paisiblement ».
L’hypothèse la plus plausible voudrait que ‘Pac coule de jours heureux chez sa tante Assata à Cuba. Cette ancienne activiste afro-américaine accusée de meurtre dans les années 70 bénéficie là-bas du statut d’exilée politique depuis 1984.
7. 2Pac serait un témoin sous protection
En dépit d’une pelletée de lyrics rarement élogieux envers les forces de « po-leece », il existe une théorie affirmant que 2Pac bénéficierait du régime de témoin sous protection en échange de sa coopération pour mettre à bas l’empire Death Row.
Si le scénario ressemble dans les grandes largeurs à celui d’un film hollywoodien, on peut néanmoins remarquer que c’est peu après la mort du rappeur que le label va rapidement devenir l’objet de toutes les attentions de la justice américaine.
Les condamnations vont ainsi s’enchaîner et le parrain de la côte ouest que l’on pensait intouchable ainsi que son entourage finiront par tomber à coup d’incarcérations et d’amendes.
Devant l’insistance des fanatiques pour connaître la vérité sur ce point, la grande CIA a même dû se fendre d’un tweet sur son compte officiel afin de démentir lesdites accusations.
Et lorsqu’une agence gouvernementale nie, tout le monde sait à quoi s’en tenir…
8. Ce serait (encore) un coup des Illuminati
Bien entendu un article sur les théories du complot ne serait ni complet, ni crédible sans mentionner les Illuminatis.
Précurseur à bien des égards, 2Pac fut l’un des premiers artistes a dénoncé les méfaits des oligarques à peau de serpent qui contrôlent le monde confortablement installés depuis le centre de la Terre (ou un truc dans le genre).
C’est lors de son incarcération en 1995 qu’il en apprend plus sur le groupuscule et commence à nourrir une rancœur féroce à leur égard à coup de tracks assassins comme Hail Mary et surtout They Don’t Give A Fuck About Us.
Finalement Shakur franchit la ligne rouge avec l’album Don Killuminati : The 7 Day Theory dont le titre à charge est une déclaration de guerre. De plus, en interview il caresse l’idée de créer un jour son propre mouvement politique.
C’en est trop pour les Illuminés qui décident d’empêcher le rappeur de diffuser son message et le font supprimer avant la sortie de son projet.
On ne blague pas avec les maitres du monde.
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