Vendredi 30 octobre 2015, date de la sortie du deuxième album de PNL (Peace N Lovés), « Le monde chico », pourrait bien constituer une date importante dans l’histoire du rap français…
Avril 2014, nous vous présentions le clip Différents de PNL. A cette époque, le duo originaire de Corbeil-Essonnes (91) évoluait dans l’anonymat le plus total. Pour parvenir à générer un minimum de buzz, le binôme des Tarterêts dû faire preuve d’un peu de patience. Néanmoins, dès que celui-ci a commencé à germer, il n’a plus jamais cessé de croître. Résultat des courses : à la veille de la sortie de son deuxième album, Le monde chico, PNL se retrouve presque avec un statut similaire à celui des plus grosses têtes d’affiche du rap français. Et pourtant, son nouvel opus sort en indépendance totale, distribué chez Musicast. Retour sur l’ascension fulgurante du tandem essonnien…
Le monde ou rien…
La sortie du clip « Le monde ou rien ». Il s’agit clairement du tournant dans leur ascension. Pour le premier extrait de Le monde chico, PNL se devait de frapper très fort. A l’heure actuelle, ce clip, tourné dans la cité de la Scampia, un quartier de Naples où règne la Camorra, a été visionné à plus de 8 millions de reprises sur YouTube.
La bombe à retardement « QLF »
Suite à la sortie du clip Le monde ou rien, PNL va considérablement élargir son public. Nombreux sont les auditeurs à avoir découvert le groupe avec ce morceau et s’être rétroactivement intéressés à QLF (Que la famille), sorti le 02 mars 2015. Déjà, dans ce premier essai comprenant 12 titres, les deux rappeurs essoniens comptaient leur quotidien tournant autour de l’argent, la drogue, les filles faciles… Avec un sentiment de déprime quasi-omniprésent, contrebalancé par des instrumentales souvent très planantes. « Que des frères igo pas d’ami », scandaient alors déjà Ademo et N.O.S. Pour Le monde chico, les ingrédients utilisés sont sensiblement les mêmes, mais avec un résultat final encore plus abouti.
Des clips minimalistes à l’efficacité redoutable
Les clips sont l’un des gros points forts du groupe. « Leur imagerie est magnifique, l’attitude très soignée. Tout est pensé et réfléchi. Avec les clips qui ont suivi « Le monde ou rien », ils ont enfoncé le clou. » dixit Julien Kertudo, boss de Musicast Distribution. La vidéo du 5ème extrait de leur nouvel album, Oh Lala, a été tournée en Islande. « Même s’ils sont loin géographiquement dans leurs clips, ils demeurent très proche de leur public. Et les artistes qui marchent bien sont souvent ceux qui s’adressent directement à leurs fans. Chez PNL, il y a un rapport direct au public. Quand ils envoient une nouvelle vidéo, ils n’utilisent pas de communiqué de presse par exemple. Pourtant, rien n’est laissé au hasard, ce sont de très gros bosseurs. L’environnement de leurs clips permet au public d’être transporté. C’est une sorte de message subliminal pour dire : « Toi aussi, tu peux le faire ». Et la musique, c’est aussi ça, à savoir le fait de pouvoir se transcender. »
Une musique addictive sans surenchère
Concernant le quotidien décrit dans leurs textes, Ademo et N.O.S. ne sont pas sans rappeler un groupe comme le 113. A la fin des années 90, les Vitriots Rim-K, AP et Mokobé avaient marqué le rap français de leur empreinte avec Les Princes de la ville. Un album dans lequel une réelle identité « à la française » se faisait sentir, aussi bien au niveau des propos tenus que du look arboré. Mais c’est surtout par son usage de l’auto-tune que le binôme se distingue. « Je suis pas un rappeur, sans vocoder je suis claqué », estime Ademo dans le titre Mowgli. Avec son frère, il fait partie de cette génération ayant grandi avec ce procédé permettant à quiconque de pouvoir chanter juste grâce au correcteur de fausses notes en temps réel. Sauf qu’ils n’utilisent pas ce dernier uniquement comme tel. Ils en ont fait un instrument à part entière, contrairement à la majorité des rappeurs français en ayant fait usage avant eux.
Les médias crient au génie !
Dans n’importe quelle musique, mais peut-être encore plus en ce qui concerne le rap, personne ne fait l’unanimité. Évidemment, PNL ne déroge pas à la règle. Les auditeurs les plus hermétiques à l’auto-tune ne sont pas subitement devenus addict à leur musique. Malgré tout, le binôme issu du quartier des Tarterêts est parvenu à refaire aimer le rap français à bon nombre de personnes ayant « décroché » de ce style musical depuis plusieurs années. Mieux, il existe une « hype » PNL, qui va bien au-delà des frontières de la sphère Hip-Hop hexagonale. Ainsi, un journal comme Les Inrocks n’a pas hésité à décrire le groupe comme étant actuellement « l’attente numéro 1 dans le paysage du rap français ». A la fin du mois d’août dernier, notre Olivier Cachin national se montre également conquis dans un billet publié sur Le Plus du Nouvel Obs, définissant la musique de PNL comme « souvent hypnotique, basée sur des boucles aériennes et répétitives, sous influence Chief Keef, Lil Durk et autres rappeurs américains du moment ». Plus récemment encore, au début du mois, Nicolas Pellion écrit dans Libération que « parmi les Français inspirés par Chief Keef, les PNL sont les seuls à s’être réappropriés ses codes pour créer un univers personnel. Grâce à leur sens de la mélodie, ils pourraient être les prochaines stars du rap français ».
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Un Rap à contre-courant !
Alors que la vague trap qui a submergé le rap français ces dernières années commence à montrer certaines limites, le rap de PNL apporte un vent de fraîcheur. Certes, il va puiser dans certaines sphères déjà explorées dans l’Hexagone, mais l’addition des caractéristiques du travail de ce duo donne un résultat aussi inattendu qu’original. Ce rendu aurait-il pu fonctionner autant 5 ans auparavant ? Mystère. Toujours est-il que Ademo et N.O.S. semblent être aujourd’hui les meilleurs représentants du « cloud rap » en France.
Leurs pairs reconnaissent la puissance !
A l’heure des réseaux sociaux, être validé par ses pairs est devenu crucial dans le rap français. Et, à ce niveau-là, PNL est carrément plébiscité. Rim’K, Gradur, Tunisiano, Vald, L’Entourage ou encore Booba, qui a posté une vidéo sur son compte Instagram le mois dernier, sur laquelle on pouvait l’entendre écouter le titre Dans Ta Rue dans sa voiture, ils ont tous affiché leur soutien au tandem du 91.
La convoitise des maisons de disques
N’importe quel artiste jouissant d’un buzz important sur la toile risque de se voir proposer un deal en major. De nombreuses maisons de disques se sont intéréssées au binômes francilien. En choisissant de rester indépendant, PNL a renforcé sa crédibilité auprès de certains auditeurs fidèles, qui auraient pu craindre que la musique du duo prenne un curieux virage après la signature d’un juteux contrat en maison de disques.
Le mystère reste entier…
Comme vous l’avez sûrement constaté, Ademo et N.O.S. n’accordent pas la moindre interview, le duo conserve ainsi une grande part de mystère renforçant leur statut d’artistes à part à l’instar de l’une des plus grosses vendeuses de disques en France, Mylène Farmer. « Ce qu’ils donnent au public est très riche, donc ce dernier a envie de savoir ce qui se cache derrière. Mais il ne peut pas… C’est impalpable. », souligne le responsable de Musicast.
En route vers le succès ?
Qui dit immense buzz ne dit pas automatiquement succès commercial incroyable. Nous en avons encore eu un exemple récemment avec Niska, dont les ventes de Charo Life n’ont pas été à la hauteur des espoirs de cet autre artiste du 91. L’ampleur du succès de PNL dépendra notamment des chiffres de ventes comptabilisés à l’issue de la première semaine d’exploitation de cet album tant attendu. En attendant, depuis deux semaines, Le monde chico n’est jamais sorti du Top 5 du classement des albums les plus téléchargés sur iTunes. A l’heure où l’on écrit ces dernières ligne, PNL occupe la première place du classement…