Prenez des vibes RNB, ajoutez-y un parcours au conservatoire, recouvrez le tout d’une grosse influence rap et vous obtenez KVM. A 25 ans, la jeune artiste est l’une des nouvelles sensations du RNB français. Révélée au grand public via un partage de Booba sur son compte Insta, KVM a depuis entrepris une belle montée en puissance au sein de l’industrie. En l’espace de deux ans, la Roubaisienne a envoyé une belle petite panoplie de singles et plancherait d’ores et déjà sur la conception de son tout premier projet. Voilà tout un tas d’éléments qui méritait bien une petite rencontre dans nos locaux.
Le rêve américain
Avant d’être une jeune artiste à fort potentiel, KVM, elle, se définit avant tout comme une mélomane. Fan de musique en tout genre, KVM doit sa passion aux membres de sa famille, ses premiers prescripteurs : « J’ai toujours baigné dans la musique, grâce à mes parents. Ma mère chantait et mon père a toujours eu des bons goûts. Il écoutait beaucoup de Michael Jackson, James Brown, etc. J’ai aussi des grandes sœurs qui sont de la génération d’au-dessus. Elles écoutaient beaucoup de RNB, du old school, Biggie, Tupac etc. Il y a aussi l’étape conservatoire dans ma famille. On a tous eu un instrument chez nous. Moi en l’occurrence, j’ai fait de l’alto par exemple. »
Le solfège, un passage formateur pour la jeune artiste mais qui n’était pas forcément son choix premier : « Pour être honnête, c’était un choix de ma mère. Parce qu’elle chantait et c’était comme un kiff pour elle de jouer d’un instrument et d’aller au conservatoire. Les parents aiment bien faire vivre à leurs enfants ce qu’ils n’ont pas vécu étant plus jeunes. Je n’avais pas une vie comme mes copines à l’école. » Une époque au rythme effréné mais dont la chanteuse aperçoit les bénéfices au fil des années : « Le lundi jusqu’à 22h, j’étais au solfège. Le mercredi aussi, je jouais de mon instrument. J’avais aussi un cours d’alto et d’orchestre et c’était ça toutes les semaines. Donc ouais en tant qu’enfant, tu sors d’une école pour rentrer dans une autre. Mais en grandissant, j’en suis très reconnaissante. »
Je n’avais pas la même vie que mes copines à l’école
Contrairement à la majorité de ses confrères, le déclic, l’élément déclencheur qui pousse KVM à se lancer dans le son ne se fait pas à la suite d’un évènement lié directement au monde de la musique… Mais lors d’un voyage aux Etats-Unis : « Avant que je me lance, je suis allée aux Etats-Unis et c’est là que tout a commencé. J’ai été à Los Angeles pour mes études, j’ai rencontré des gens, j’ai vu beaucoup de choses. Et c’est en rentrant en France que j’ai compris que tout était possible. »
Un séjour effectué dans le cadre de son cursus scolaire, qui lui a notamment permis d’accroître son champ des possibles. « C’était dans le cadre de ma Licence Commerce International. On devait faire un stage. Et en fait, j’avais déjà eu une expérience en Arizona. J’avais adoré donc je voulais y retourner et vivre le truc à fond toute seule. Là-bas, c’était une expérience très enrichissante mais pas dans la musique. Forcément j’y ai évolué humainement et professionnellement. J’ai beaucoup bougé. J’ai fait Las Vegas, le Grand Canyon etc. J’ai rencontré des gens, j’ai fait le BET Experience où j’ai vu Meek Mill et même Nipsey Hussle à l’époque. Cela a pu me motiver à me donner les moyens de viser plus haut » déclare l’artiste.
Validée par Kop
Si les Etats-Unis ont eu le don d’allumer la flamme présente en KVM, ses débuts dans la musique n’ont pas été aussi rapides que prévu : « Je ne me suis pas lancée tout de suite. Il y a eu plusieurs mois, trois mois pour être très précise où j’ai réfléchi à ce que je voulais réellement faire et comment. J’ai toujours voulu faire de la musique, mais c’est quelque chose que j’ai toujours refoulé parce que je viens de Roubaix. Pour moi, Roubaix ce n’est pas Paris, il n’y a pas les labels et les maisons de disque. »
Une longue introspection dont l’issue s’avère positive pour la Roubaisienne : « Finalement je me suis lancée avec les conseils de mes proches et j’ai mis ma première cover sur Insta, Going Bad de Drake et Meek Mill, et ça a pris direct. Depuis, c’est resté. J’ai fait des covers et des medleys parce que j’ai vit compris qu’il fallait se démarquer. »
Signe d’une proposition musicale appréciée, KVM finira même par connaître sa plus grande exposition en étant repartagée sur les réseaux par le Duc de Boulogne en personne : « A l’époque sur Insta, Booba repostait énormément de gens. Donc j’ai saisi l’opportunité. J’ai fait un medley, j’ai pris la prod’ de PGP, j’ai repris plusieurs sons de sa discographie et il m’a direct reposté. J’ai eu beaucoup plus de visibilité, les abonnés, les commentaires, tout a pété. »
J’ai fait des covers et des medleys parce que j’ai vite compris qu’il fallait se démarquer
Et là où le grand public pouvait s’attendre à un enchaînement fluide accompagné d’une montagne de succès, KVM connu à ce moment précis son premier coup de frein : « Moi quand il m’a reposté, je n’avais rien. Je ne savais même pas ce que c’était une topline. Je n’écrivais même pas. Certes, j’ai eu des DMs de producteurs même si j’étais déjà liée contractuellement avec quelqu’un. Mais artistiquement, je ne me connaissais pas du tout. Malheureusement ou heureusement, je n’ai pas rebondi sur le buzz parce que je n’avais pas du tout la maîtrise de mon art. Parce que si Booba, admettons, m’avait contactée pour une collab’, qu’est-ce qu’on se serait dit ? Parce que clairement, je ne savais vraiment rien faire. » Le nouvel enjeu pour KVM désormais ? Passer cette étape obligatoire au début de toute carrière musicale : la modélisation d’un univers artistique…
Le premier jour du reste de sa carrière
Consciente du nouvel enjeu suscité par la recherche de son style musical, KVM n’a pas perdu de temps avant de se mettre à l’action. « C’est simple, c’est passé par le travail. On est tous passés par YouTube et les Type Beats, moi j’ai saigné tout ça. Je me cherchais beaucoup. Je me souviens, des fois je mettais « Type Beat Tory Lanez » sur YouTube. Je pars du principe que ton univers artistique se manifeste à force de travail. Tu te le crées tout seul et c’est exactement ce qui s’est passé pour moi » avoue l’artiste. Et dorénavant, lorsqu’on la questionne sur la définition de son style, la réponse est claire : « Aujourd’hui, je suis dans la catégorie RNB. Je chante, après là où c’est un peu différent, c’est que j’accorde beaucoup d’importance au texte et que j’ai des influences très rap. »
Mais alors, comment justifier toutes ces années de non-productivité ? Là aussi, la réponse est plutôt limpide du côté de la Roubaisienne : « Pourquoi est-ce que je n’ai rien sorti entre Affaire classée et ce que j’avais fait avant ? Tout simplement parce qu’il y a eu cet univers artistique, cette direction qu’il fallait que je manifeste et ça prend du temps. Personnellement, ça a duré deux ans. C’est le temps qu’il fallait, tout simplement. »
Je pars du principe que ton univers artistique se manifeste à force de travail, tu le crées tout seul
Dorénavant pleinement en possession de toutes ses facultés, KVM semble plus que jamais prête à se lancer dans le grand bain : « Maintenant, je sais qu’on va vite enchaîner. Parce que tout est là. Les sons sont là, le projet aussi. Après ça ne va pas m’empêcher de continuer de travailler, d’aller en studio. Si j’ai des meilleurs sons, forcément ils passeront en priorité […] On envisage de sortir un projet pour cette année, peut-être pour automne/hiver. On est en train de réfléchir à la tracklist et aux potentiels feats. »
Et lorsqu’on met sur la table la potentielle sortie d’un album, KVM se montre davantage prudente qu’euphorique : « Je pars du principe que je suis encore en développement. Ca ne sert à rien que je sorte un album, je préfère faire un EP. Et après quand tout sera carré, on pourra parler d’album. En tout cas c’est prévu, ça c’est sûr. Mais pour mes producteurs et moi, c’est davantage logique de sortir un EP en premier. »
Fin du mystère, rendez-vous donc dès la fin d’année pour la sortie tant attendue du premier projet de KVM. En espérant que cette étape soit la première échéance d’un itinéraire doré pour l’artiste…
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