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La Cité de Dieu fête ses 20 ans : 20 trucs que vous ne saviez toujours pas

La Cité de Dieu fête ses 20 ans : 20 trucs que vous ne saviez toujours pas

Le 30 août 2002, le monde découvrait la vie dans les favelas de Rio de Janeiro…

1. La Cité de Dieu existe.

La Cidade de Deus est née dans les années 60 pour « accueillir » les populations pauvres de la périphérie de Rio de Janeiro. Elle a pendant longtemps été une des favelas les plus dangereuses de la ville.

Si sous la présidence de Lula entre 2003 à 2011, sa situation s’est partiellement améliorée (nouvelles habitations, systèmes d’égout et d’évacuation d’eau, création d’écoles…), la récente récession couplée à la crise sanitaire ont cependant grandement fragilisé les choses.

La Cidade de Deus compte actuellement un peu plus de 50 000 habitants.

2. Avant d’être un film, La Cité de Dieu a d’abord été un livre.

En 1997, Paulo Lins, un ancien enfant de la favela, a publié un roman homonyme où il suit pendant 600 pages l’ascension de Zé Rikiki (Zé Pequeno à l’écran) dans les méandres du trafic de drogue.

3. La toute première fois que le réalisateur Fernando Meirelles a mis les pieds à la Cité de Dieu, il a bien failli perdre la vie.

« J’avais garé ma voiture dans une rue très animée. J’étais escorté par un jeune complice des dealers censé m’éviter les ennuis. À peine avais-je fait trente mètres dans la Cité, qu’un garçon me braqua par derrière avec un énorme pistolet. Il aurait fait feu sur le champ si mon accompagnateur ne s’était interposé. Cinq secondes plus tard, le gosse s’était évanoui dans la nature. Le cœur battant, j’ai réalisé que Paulo Lins n’avait rien exagéré. »

4. En réalité, seules quelques scènes de La Cité de Dieu ont été tournées à la Cité de Dieu.

Lors d’un précédent court-métrage tourné deux ans auparavant, Fernando Meirelles et Kátia Lund (la co-réalisatrice) ont vite compris que les difficultés seraient trop nombreuses pour mener à bien le projet.

« Une partie du film se déroule dans un lotissement de l’époque de la Cité, mais il est situé à l’autre extrémité de la ville. »

Apparemment, là aussi, rien n’a été simple : « Son ‘propriétaire’ avait la quarantaine et était plus stable que les gamins de 19 ans qui contrôlent d’autres zones. Il demanda à voir le scénario et posa certaines conditions comme fixer personnellement le montant du droit d’utilisation du site. Le tout à travers une série d’intermédiaires, car le monsieur était en prison. Après cela, nous n’eûmes pas le moindre problème. »

5. Deux ans avant le tournage, un casting géant a été organisé pour dénicher des acteurs et actrices du cru.

En 2000, Fernando Meirelles et Katia Lund ont d’abord recruté les élèves d’une petite école de comédie de la favela de Vidigal, Nos do Morro. Ils ont ensuite auditionné plus de mille enfants de différentes communautés. Ils en ont retenu deux cents qu’ils ont formés pendant plusieurs mois au sien d’une structure créée pour l’occasion, Nos do Cinema.

6. Leandro Firmino Da Hora a décroché le rôle de Zé Pequeno grâce à un coup du sort.

Absolument pas intéressé par le métier d’acteur, il a été repéré le jour du casting alors qu’il accompagnait un ami.

7. Bien qu’ayant vécu toute sa vie à la Cité de Dieu, Leandro Firmino Da Hora concède volontiers que sa personnalité est à l’opposée de celle de son personnage.

« Bien que je venais juste de terminer mon service militaire et que j’ai manié des armes pendant un an, en vrai, je suis un trouillard. Quand il y avait des fusillades dans la rue, je me cachais sous mon lit (…) À la base, je voulais rentrer dans l’armée de l’air ou faire policier. »

8. Le Zé de Zé Pequeno (Petit Zé en VF) renvoie à José, le prénom du personnage. Son nom complet est José Eduardo Barretto Conceiçao.

9. Dans le même genre, le surnom du héros du film Buscapé (Fusée en VF) renvoie, non pas à l’engin spatial, mais à un type de pétard.

10. Leandro Firmino Da Hora (Zé Pequeno) et Alexandre Rodrigues (Buscapé) sont passés à deux doigts de devenir riches grâce à La Cite de Dieu.

Dans le documentaire La Cité de Dieu, 10 ans après sorti en 2012, Rodrigues révèle qu’au moment de signer leur contrat, il leur a été proposé de choisir soit un pourcentage sur les bénéfices du film, soit 10 000 réaux (environ 2 000 euros).

À mille lieux de s’imaginer le succès planétaire qu’allait rencontrer le film, ils ont malheureusement chacun opté pour le cash.

11. De toute la distribution, seul Seu Jorge n’était pas un inconnu.

Chanteur de salsa renommé, il a tout d’abord percé dans les années 90 avec son groupe Farofa Carioca, avant de se lancer en solo dans les années 2000. Auteur d’une petite dizaine d’albums depuis, il poursuit en parallèle une carrière d’acteur.

12. Le nom de son personnage, Manu Le Coq, peut porter à confusion.

Traduit du portugais Mané Galinha, il n’a pas la même connotation des deux côtés de l’Atlantique. Si « Galinha » signifie en effet « poulet » en français, au Brésil le mot est utilisé pour qualifier un homme à femmes.

13. De tous les acteurs, Alice Braga qui joue Angélica est certainement celle qui a accompli la plus belle carrière après La Cité de Dieu.

Elle a notamment été vue dans plusieurs grosses productions américaines comme Je suis une légende avec Will Smith, Predators, Elysium avec Matt Damon, ou encore dernièrement The Suicide Squad de James Gunn.

« Je crois que la scène sur la plage, et plus particulièrement le moment où l’on s’embrasse, m’a vraiment aidé à booster ma carrière. La scène a beaucoup marqué. Et puis c’est cette image qui a été choisie pour l’affiche nord-américaine. »

14. Après avoir interprété un dealeur à l’écran, l’un des acteurs est devenu dealeur dans la vraie vie.

Ivan da Silva Martins, qui joue l’un des enfants du gang des moustiques, était en 2017 considéré par les autorités locales comme l’un des trafiquants de drogue les plus influents de Rio de Janeiro. Surnommé ‘Ivan le terrible’, il était réputé pour contrôler tout le secteur de la favela de Vidigal, au sud de la ville.

15. Les scènes dans lesquelles les gangs de Zé Pequeno et Carotte prient avant d’aller au combat ont été improvisées.

Au moment de filmer, les acteurs se sont étonnés auprès du réalisateur que leurs personnages ne récitaient pas une prière, alors qu’il s’agit d’une tradition dans les favelas.

16. La mort de Zé Pequeno a été en partie filmée par Buscapé.

C’est le directeur de la photographie César Charlone qui a insisté auprès d’Alexandre Rodrigues pour qu’il tienne lui-même la caméra et retranscrive ce que voit son personnage.

17. La Cité de Dieu est le seul film de l’histoire du cinéma brésilien à avoir été nommé quatre fois aux Oscars : meilleur réalisateur, meilleure adaptation, meilleur montage et meilleure photographie.

Malheureusement, l’équipe est repartie sans aucune statuette.

18. En 2007, La Cité de Dieu a eu droit à un spin-off : la série télévisée La Cité des hommes (Cidade dos Homens).

Diffusée d’octobre 2002 à décembre 2005 (4 saisons, 19 épisodes), elle prend également pour cadre le narcotrafic dans les quartiers pauvres de Rio.

En 2007, le film La Cité des Hommes est sorti au cinéma avec dans les rôles principaux les deux acteurs principaux de la série.

19. La Cité de Dieu est sans surprise énormément référencé par les rappeurs français.

Jul (« J’ai l’cœur à Buscapé, j’ai les couilles à Zé Peq »), Soolking (« Viens chez moi, cité de Dieu, j’en ai vu plus que Buscapé »), Psy 4 de la Rime (« Là où on préfère être Ze Pequeño que Buscapé »), Lacrim (« D’appeler ce film « La Cité de Dieu » je trouve ça plus que blasphématoire »), Youssoupha (« J’fais plus confiance à nos icônes Ze Pequeno était idiot et Scarface était un toxico »)… la liste est sans fin.

Rappelons-nous également des morceaux dédiés comme M.L.C. de Niska en 2016 ou Béné de PNL, mais aussi des clips de Zone internationale de Rohff en 2004 et Au bout de mes rêves de Booba en 2006 qui tous deux conviaient à l’écran Leandro Firmino da Hora/Zé Pequeno.

20. Enfin, impossible de conclure sans mentionner l’importance que La Cité de Dieu a eu sur Booska-P.

Si vous vous êtes toujours demandé pourquoi Booska-P s’appelle Booska-P, Fif’ vous raconte tout en détail dans le premier épisode de ses Fif Stories.

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