Vous connaissez la chanson : nouvelle année, nouvelle sélection !
Ce rendez-vous annuel est désormais bien connu du rap français. Pour cette année 2021 – que l’on espère plus belle que 2020 -, la rédaction de Booska-P vous dévoile sa liste des 11 rappeurs à suivre. Encore une fois, elle est à l’image du rap français actuel. Éclectique, elle est tout de même en partie marquée par la popularisation de la drill en France. Si une majorité de nos sélectionnés sont originaire de la région parisienne, on retrouve deux rappeurs originaires de Belgique, un vivier désormais bien connu du rap francophone, et deux de Lyon, une ville qui pourrait enfin s’imposer comme une place forte du rap français. Entre évidences et prises de risques, on vous laisse découvrir notre XI des rappeurs qui pourraient faire 2021 dans ses plus grandes largeurs…
Ashe 22
Pour le rappeur né en Algérie qui nous vient de Lyon (69), tout commence à 21 ans. Après avoir purgé une peine de prison pour trafic de stupéfiants, il fait la rencontre de Gouap, leader officieux du collectif Lyonzon. Ashe 22, qui n’avait jamais vraiment rappé, se plie à l’exercice dans le studio de son comparse, se plaît à lâcher sa haine au micro et intègre le collectif qui se fait alors un nom dans l’underground français. Comme l’appétit vient en mangeant, c’est à force de couplets pétris de hargne que le rappeur songe à se lancer en solo. Malgré avoir commencé relativement tard par rapport à ses homologues, il rattrape très vite le temps perdu : en moins de trois ans, il signe cinq projets tous publiés en totale indépendance et se construit un petit public extrêmement engagé. Il faut dire qu’Ashe 22 captive : virulent et cru au micro, il ne fait aucune concession dans son art et découpe chaque beat qu’on lui soumet. Adepte de la no melody et de la drill, dont il est l’un des fers de lance en France, le Lyonnais impressionne tant par son gabarit que par son aura menaçante. Son imagerie très simple inspirée des rappeurs de rue de Chicago l’érige en gangster tout-puissant à la lame aussi affûtée que ses flows. La rencontre entre le grand public et le nouveau grand méchant du rap français s’est faite cette année sur Scellé Part. 2, le deuxième single du dernier album de Freeze Corleone. Depuis, ils sont nombreux à en redemander et ça tombe bien : Ashe Tape, Vol. 3 est prévu pour très bientôt…
Bakari
Que serait une liste de rappeurs à suivre sans la Belgique ? Encore une fois, quelques talents originaires du plat pays se sont immiscés dans notre XI dont le jeune Bakari au style très marqué. Né au Congo, il vit une partie de son enfance au Rwanda avant de s’envoler avec sa famille à l’âge de sept ans pour la Belgique. C’est à Liège, où lui et les siens ont posé leurs valises, que son amour pour la musique se transforme en envies d’artiste. Lui qui a baigné dans la rumba congolaise de Papa Wemba ou de Koffi Olomidé autant que dans la variété française a mêlé ces influences variées à ses propres écoutes. Féru de rap français, de Rohff à Booba en passant par Sefyu, il se met à rapper vers quinze ans. Toutefois, c’est sept ans plus tard qu’il commence à prendre la chose au sérieux. En 2018, il publie son premier EP KALEIDOSCOPE qui, s’il n’a pas une grande résonance, arrive aux oreilles des bonnes personnes. Grâce à cette sortie pleine de potentiel, il rencontre Mouss Parash et décroche une signature chez Hall Access (Sony Music France). Désormais, il est en mesure d’exprimer tout son talent à grande échelle. Doué avec l’autotune, il apprécie épouser les contours de beats planants avec des flows éthérés comme sur Mélodie. Il s’autorise également de la découpe en bonne et due forme sur N’Da Blocka. Comme il nous l’a confié dans l’épisode du WESH qui lui est consacré, il compte sur sa polyvalence rare pour s’attaquer à absolument tous les styles. Attention à ne pas y perdre en identité artistique…
Chanceko
Éduqué à la musique par sa famille – sa mère faisait partie d’une chorale et son grand frère est féru du rap -, Chanceko commence à créer des instrumentales dans sa chambre dès l’âge de 11 ans. Très créatif, il passe son adolescence à remixer les plus gros tubes internationaux et à écrire des chansons pour toutes les occasions. Toutefois, ce n’est que bien plus tard que la musique devient sérieuse pour lui. Après une licence en poche, il commence à publier ses sons sur internet. C’est en 2019, après la lassitude de l’enchaînement de plusieurs petits boulots, qu’il décide de se consacrer pleinement à sa passion. Ainsi, il se rend régulièrement au studio et dans cet antre de créativité, il forge son identité artistique. Originaire de Meaux (77), Chanceko déploie un style musical à des années-lumière de ses homologues célèbres de son département que sont au hasard Djadja & Dinaz, Timal ou encore RK. Alors que ces derniers sont avant tout des rappeurs au son parfois brut qui n’hésitent pas à tirer sur leurs cordes vocales, le rookie est un adepte de la volupté. Après deux premiers EP, il décroche une signature chez Parlophone. Au sein de cette maison de disques, il signe l’EP Gaura qui concentre l’essence de sa musique : arrangements musicaux en tout genre, voix ronde et chaude, mélodies charismatiques et sujets légers composent la recette de ces quatre titres au cours desquels il oscille avec une grande aisance entre le rap et le chant. Pétri de potentiel, il devra se battre pour populariser son style sophistiqué.
Doria
La jeune femme originaire de Nanterre (92), comme plusieurs de ses homologues de la liste, entretient des rapports particuliers avec la musique. Très tôt, elle en est passionnée. Adolescente dans sa ville des Hauts-de-Seine, elle participe à un concours de musique qu’elle remporte : elle gagne ainsi l’accès à l’enregistrement d’un morceau dont elle ne sera pas pleinement satisfaite. À défaut d’avoir réussi du premier coup, elle a appris l’exigence. Il y a trois ans et demi, elle se jette à corps perdu dans ses premières amours et débute une carrière d’artiste durant laquelle elle affûte son style, titre après titre. Fin 2019, elle publie son tout premier projet, un EP baptisé MDP dont le morceau d’outro est son premier véritable succès. En effet, avec Pochtar (Dodo) clippé dans son quartier, elle empile les millions de vues sur YouTube et les millions de streams sur les plateformes. Surtout, elle se présente avec force : sur de lourdes basses, elle alterne entre flows rapides et séquences autotunées. Depuis, presque toutes ses sorties sur YouTube dépassent le million de vues. Un public croissant est séduit par le style brut de décoffrage sur la forme et pourtant subtil dans le fond de la jeune rappeuse que l’on vous a présentée dans un épisode du WESH. Signée au sein du label AWA, elle fait partie d’un roster qui devrait faire du bruit en 2021.
Flako LaM
Le jeune Flako LaM dispose d’un profil tout particulier dans notre liste des 11 rappeurs. Originaire d’Evry (91), il brille avant tout par son énergie. Elle est éclatante pour les yeux comme pour les oreilles dans ses séries de freestyles que sont Main sale et plus récemment Flow Gang Shoot. Dans cette dernière, son style atypique est autrement plus affûté : il sélectionne des productions très rythmées qu’il habille de flows rebondissants et d’ambiances toutes plus farfelues les unes que les autres, en digne disciple de Niska. Avec sa petite voix presque douce, il tranche avec l’âpreté des beats et de ses paroles crues avec un brin de second degré rafraîchissant. Ses influences sont avant tout américaines : son rap rappelle notamment celui de DaBaby qui, grâce à son dynamisme et aux productions minimalistes de JetsonMade, a insufflé un vent de fraîcheur dans le rap mondial. À son rap plein de vigueur, Flako LaM y mêle une esthétique mûrement réfléchie : les clips sont dépourvus de fioritures afin de laisser sa gestuelle et celle des siens illustrer au mieux ses morceaux. Les expressions faciales et les pas de danses sont aussi loufoques que les ambiances qui résonnent en fond… Pour espérer concrétiser en 2021 et populariser son style, le rookie va devoir se montrer plus régulier dans ses sorties. Sans doute le moins évident de nos choix, il pourrait tout de même surprendre !
Frenetik
Cette année, la Belgique ne compte non pas un mais deux représentants dans notre liste des 11 rappeurs à suivre. Outre Bakari l’esthète, c’est la plume de Frenetik qui a convaincu la rédaction. Le jeune rappeur de Bruxelles l’a forgée dans l’adversité : tombé dans le rap grâce à l’euphorie des Rap Contenders, il écrit ses premiers couplets pour des battles de rap improvisés dans la cour de son collège. C’est au cours de cette première expérience qu’il s’imprègne du poids des mots. Plus tard, alors qu’il est adolescent et influencé par son cousin qui rappait également, il enregistre ses tout premiers titres. Toutefois, après beaucoup d’acharnement, la carrière du jeune homme ne décolle pas. Il est sur le point de tourner le dos à la musique lorsqu’il est repéré par la structure Jeunes Boss qui décèle en Frenetik une rage et une écriture affûtée prête à éclabousser le rap. Aussitôt, il replonge dans le grand bain avec beaucoup plus de réussite. L’année dernière, il a propagé son nom grâce à un EP intitulé Brouillon et à son titre Trafic aux punchlines acérées. Néanmoins, le véritable tremplin pour lui a été son passage chez COLORS avec Infrarouge : il dépasse ainsi pour la première fois le million de vues ainsi que le million de streams sur Spotify. Désormais signé chez Bluesky et sur le label Epic Records France, il prépare la sortie de son projet Jeu de couleurs pour ce mois de janvier. Nous donnera-t-il raison ? Les premiers éléments de réponses se trouvent dans cet opus à venir…
Gambino LaMG
Originaire des Ulis (91), Gambino LaMG a d’abord débuté dans le rap au sein d’un groupe, La MG. D’ailleurs, c’est avec les autres membres qu’il connaît son premier buzz lorsqu’il y a deux ans et demi, ils publient le titre Martial en référence à Anthony Martial, l’attaquant de Manchester United qui vient également des Ulis. Deux ans plus tard, le jeune rappeur a décidé de poursuivre son aventure en solo. En quelques mois, il a tout simplement fait sensation dans le rap français grâce à sa maîtrise d’un genre très en vogue actuellement : la drill. Après toute une rafale de freestyles éclairs postés sur son compte Instagram qui ont cumulé les centaines de milliers de vues, le rookie s’est lancé dans l’élaboration de morceaux complets. Il a ouvert le bal avec le dixième épisode de sa série, Sse-Di. Toutefois, ce sont les deux épisodes suivants qui lui ont permis de gagner en notoriété. Tout d’abord, il rend hommage à Top Boy en s’envolant tourner le clip de Summerhouse à Londres sur les lieux où se déroulent l’intrigue de la série Netflix. Puis, il atteint son premier million de vues sur YouTube sur un gros featuring avec un autre amateur de drill, Negrito. Capable de délivrer un rap très cru et violent, Gambino LaMG sait aussi varier les ambiances : doué sur des beats afro trap, il fait danser son quartier sur Bedo. Après une signature méritée chez Hall Access (Sony Music France) à l’instar de Bakari, le rappeur a pour mission de poursuivre sa belle et rapide ascension en 2021. Et pourquoi pas de la concrétiser avec un premier projet ?
Rvzmo
Rvzmo, c’est l’expression d’un rap de rue qui n’a malheureusement plus tant la cote. C’est volontiers qu’il va tenter de relever le défi de le populariser de nouveau. Le jeune rappeur originaire de Saint-Ouen (93) est un pur produit de sa ville et il a parfaitement épousé les codes du rap de rue dès ses premières apparitions officielles. Sa carrière a débuté il y a une paire d’années sur la chaîne DAYMOLITION où il y a posté les premiers épisodes de sa série de morceaux Sans pression. Comme son nom l’indique, c’est avec tout son flegme et toute sa hargne qu’il a fait irruption dans le paysage du rap français. Après avoir laissé sa série en suspens sur une prestation drill des plus convaincantes, il s’est enfermé en studio. S’il s’est montré peu productif en 2020, chacune de ses apparitions est pétrie de potentiel et saluée par le public. Sur le single Mon Bourbier qui culmine à 2 millions de vues, Rvzmo s’est emparé d’une production boom bap pour exhiber toute sa technique et faire parler sa plume. Sur Déconnecté, il conserve son style cru qu’il mêle à de l’amertume sur un titre pétri de mélancolie. En très peu de morceaux, Rvmzo dispose déjà d’un joli arsenal. Il s’agirait pour lui de devenir plus productif en 2021 afin d’entretenir son public et peut-être, de concrétiser tout ce talent avec un premier projet.
Sasso
A l’instar de la Belgique, Lyon (69) a également deux représentants dans notre liste des 11 rappeurs. Cette ville coincée entre deux pôles cruciaux du rap français que sont Paris (et sa banlieue) et Marseille se fait violence depuis quelques années et fait émerger des rappeurs de tous les horizons musicaux. Si Ashe 22 est avant tout un adepte de la drill, le jeune Sasso dont il est question construit sa carrière avec des sonorités diamétralement opposées. Nés d’un parent togolais et d’un autre marocain, il a fait toute sa vie dans sa ville natale. Branché rap français depuis sa tendre enfance, il a été bercé comme beaucoup par Booba, Rohff ou encore Lacrim. Toutefois, c’est en Jul qu’il a trouvé son salut. Le J est extrêmement apprécié à Lyon et Sasso n’a pas été épargné par la grande influence du plus gros vendeur d’albums de l’histoire du rap français. C’est très inspiré par sa musique qu’il signe son plus gros carton à ce jour avec le festif J’picole qui culmine à près de 8 millions de vues sur YouTube. Toutefois, son premier gros buzz remonte à 2019 avec Pardonne-moi, un autre morceau sous autotune beaucoup plus mélancolique. Grâce à ces succès, il a décroché une signature en licence chez Wagram et dispose de son propre label, Constellation Music. En fin d’année dernière, Sasso a synthétisé son identité musicale simple, légère et proche de la rue dans son premier projet Enfant2LaRue Vol. 1. Attention à lui à ne pas trop s’éparpiller : sa volonté de rappeler qu’il peut être un kickeur pourrait l’éloigner de ce qui le fait briller le plus.
SDM
Le 92i tient son plus gros talent. Signé sur le label rap de Booba en 2020, SDM est un fier représentant de Clamart (92). Il a mis à l’honneur la scène rap de sa ville dans son dernier clip en date, Prince de la calle, où l’on retrouve notamment son comparse PLK. Actif depuis plus de cinq ans dans le rap français, c’est seulement en 2019 que le rappeur d’origine congolaise signe son premier step avec Cala Boca, une ballade autotunée estivale qui a fait s’évader bien des banlieusards. Début 2020, on le retrouve aux côtés de PLK : après un obscur match aller sur #OSCQV, les deux hommes s’offrent un deuxième round au cours duquel SDM réalise son premier million de vues avec Jack Fuego, un gros banger où les amis de longue date se tiennent la dragée haute. Ce n’est pas le seul featuring de gala que le rappeur des Hauts-de-Seine a publié cette année : on l’a retrouvé aux côtés de Booba sur le titre plein de spleen La Zone ou encore avec Koba LaD sur un autre banger, Titulaires. Malgré toutes ces collaborations, c’est seul qu’il a signé un des plus gros cartons de son année en exhibant une facette plus douce sur le sirupeux Yakalelo. Tous ces morceaux ont un point commun, à savoir le style caractéristique de SDM. Son empreinte vocale forte et unique couplée à son écriture spontanée et allégorique font sa force. En 2021, deux échéances capitales l’attendent : il sera présent en featuring sur le prochain album de Booba et surtout, il publiera son propre album studio. Il a toutes les cartes en main pour devenir une tête d’affiche du rap français, à lui de forcer son destin.
UZI
Avec UZI, on parle sans aucun doute d’une des sensations du rap français de la saison dernière. Originaire de Noisiel (77), le jeune rappeur de 21 ans a fait se propager sa musique jusque dans les oreilles du grand public. S’il a débuté le rap en 2016 avec la série de morceaux Drive By désormais supprimée, c’est bien l’année dernière que sa carrière a bondi d’un coup. Il doit ce phénomène à une autre série bien plus aboutie, Akrapovitch, débutée sur la chaîne DAYMOLITION. Quant à 2020, elle a commencé sur les chapeaux de roues avec Akrapo 5, un titre sur lequel il crache toute sa rage sous autotune sur une grosse production de Lil Ben. Si cette recette a engrangé près de 10 millions de vues, ce n’est rien par rapport au raz de marée engendré par son hit A la fête. Sorti l’été dernier, il a tout simplement été l’un des tubes du rap français de cette année : 35 millions de vues sur YouTube et une toute première certification avec un single de platine à la clé. Sa mélancolie entraînante et son maillot d’Arsenal ont conquis le public en un éclair. Fort de cette nouvelle notoriété, UZI s’apprête à publier son tout premier projet en 2021. Déjà prêt, il n’attend plus qu’à être libéré sur les plateformes de streaming. La pression est grande pour le jeune rookie qui a déjà connu le succès : maintenir un tel niveau de succès sera difficile, en sera-t-il capable ?