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Pourquoi Luke Cage est le super-héros Marvel le plus hip-hop ?

Pourquoi Luke Cage est le super-héros Marvel le plus hip-hop ?

La saison 2 disponible le 22 juin 2018 sur Netflix.

Que ce soit dans les comics, mais encore plus dans la série actuelle, Luke Cage n’est pas exactement un super-héros comme les autres. Que ce soit dans son style, sa manière de parler ou même l’intégralité des musiques qui l’accompagnent, l’ambiance est résolument hip-hop. Petit décryptage.

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Un héros « street »

Rappelons les bases : Luke Cage, en tant que personnage, appartient à la version petit écran de l’univers Marvel, mis en avant par la plateforme Netflix. Cela inclut donc les séries Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist, Le Punisher et bien entendu Defenders, qui les réunit pratiquement tous. La production a vite indiqué la différence fondamentale à laquelle il fallait s’attendre comparé aux films estampillés Marvel Studios (Iron Man, Thor, Gardiens de la galaxie, Avengers, etc) qui sortent régulièrement au cinéma.

Ici, les super-héros sont filmés à hauteur d’homme (« street level ») et la violence n’est pas édulcorée. Mais de tous les shows, c’est Luke Cage qui assume le plus ce côté « héros des rues », ne serait-ce que parce qu’il représente et surtout protège un quartier bien connu, ce qui nous amène au point suivant.

Harlem

Pour n’importe quel auditeur attentif de rap américain et plus particulièrement de rap new-yorkais, ce quartier de la Grosse Pomme réveille un bon paquet de souvenirs. En effet, nombreux sont les poids lourds du rap qui en sont issus : Cam’ron et son crew Dipset avec notamment Jim Jones et Juelz Santana, mais aussi Ma$e, ex-star recrutée par Diddy chez Bad Boy Records, sans parler du regretté Big L, véritable légende du quartier.

Si d’autres programmes tournés dans ce décor n’ont strictement rien à voir, ici c’est tout l’inverse : les graffitis et autres hommages sont particulièrement mis en avant, le territoire est clairement identifié comme étant fondamentalement lié au rap et au hip-hop en général.

La B.O

Aspect le plus évident : la musique utilisée dans toute la série est majoritairement du rap. Au point que Marvel a partagé une playlist Luke Cage sur toutes les plateformes de streaming, mêlant compositions exclusives pour la série, mais aussi classiques intemporels du rap. Plus important encore, dès la création de la série, la musique (co-signée par Ali Shaheed Muhammad du groupe A Tribe Called Quest) a été conçue comme devant toujours être au premier plan, de sorte à ce qu’elle devienne presque un personnage à part entière, une ambiance discontinue plutôt qu’un simple accompagnement.

D’ailleurs ça inclut même les teasers : pour la seconde saison, on a pu voir Luke s’adresser directement à la caméra, et provoquant un adversaire invisible, dans la plus pure tradition des trash talks qui précèdent un battle (ou simplement les interviews interposées de deux rappeurs qui se détestent). Derrière lui, on entendait très distinctement le morceau I ain’t no joke, d’Eric B. & Rakim, dont les lyrics collaient parfaitement à l’ambiance de la vidéo.

Method Man (et autres guests)

Le rappeur du Wu-Tang Clan mène depuis longtemps une carrière d’acteur, ça tout le monde le sait. Mais sa présence dans la série a un goût encore plus réjouissant qu’ailleurs : le bonhomme joue en effet son propre rôle. Il rencontre notre héros lors d’un braquage assez cocasse (concrètement, l’un des braqueurs lui dit qu’il est fan) et les deux « personnages » s’expriment alors un respect mutuel non dissimulé.

Cela ne s’arrête pas là : Method Man poursuit son hommage à Luke en posant carrément un freestyle au sein même de la série, le fameux Bulletproof Love, en référence au pouvoir de Cage, dont la peau résiste aux balles. Même s’ils n’ont pas de présence aussi marquée, difficile de faire l’impasse sur les autres musiciens qui ont droit à une apparition dans la série : les connaisseurs auront évidemment reconnu Raphael Saadiq, Charles Bradley, Jidenna et Faith Evans.

Les titres des épisodes

Ca peut sembler être un détail, mais il vaut son pesant d’or. L’intégralité des épisodes de la série Luke Cage est loin d’être choisie au hasard. En réalité, chacun d’eux est également le titre d’un classique du rap américain, plus précisément des titres du groupe Gang Starr pour la saison 1. Ainsi, on trouve entre autres dans cette première saison des épisodes s’appelant Moment of truth, You know my steez, Soliloquy of Chaos, Blowin’ Up the Spot, et on en passe.

Ce ne sont pas des simples clins d’oeil gratuits, chacun est savamment choisi pour correspondre à la situation générale de l’épisode qu’il illustre. Pour la nouvelle saison, nous aurons droit à des titres issus de la discographie de Pete Rock et CL Smooth, avec notamment If It Ain’t Rough, It Ain’t Right, Straighten It Out, ou encore The Main Ingredient.

Le Showrunner

Aux Etats-Unis, la place de Showrunner est unique en télévision, et extrêmement importante. S’il n’y a pas d’équivalent direct pour une traduction française, disons que littéralement, le showrunner est celui qui dirige la série, en supervisant à la fois production, scripts et réalisation. C’est lui qui est le garant de la cohérence du show. Or, qui trouve-t-on à ce poste pour Luke Cage ?

Un certain Cheo Hodari Coker, qui a été journaliste pour des magazines spécialisés rap aussi connus que The Source et Vibe. Rien d’étonnant alors à ce que le QG du bad guy de la saison 1 comporte en décoration principale le célébrissime portrait de Biggie Smalls portant une couronne sur la tête, ou à ce qu’aucun choix de B.O ne sonne trop forcé ou hors-sujet. Coker a carrément décrit la série comme « la Wu-Tangification de l’univers Marvel ». Ca a le mérite d’être clair.

Le style de Luke

Avec toutes ces ramifications, on en oublierait presque le principal : Luke Cage, dans la série, évolue la plupart du temps avec un gros hoodie (c’est-à-dire un sweat capuche), celui-là même qu’il échangera avec Method Man pour mieux passer incognito. Sachant qu’il finit systématiquement par être recouvert d’impact de balle, autant dire que l’accoutrement qui devient par défaut son « uniforme » de super-héros le rapproche carrément d’un rappeur, d’autant que pour être discret il a quasiment tout le temps la capuche rabaissée au maximum.

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