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5 films de Michael Mann qu’il faut avoir vus dans sa vie [DOSSIER]

5 films de Michael Mann qu’il faut avoir vus dans sa vie [DOSSIER]

Petit best-of de la filmographie d’un réalisateur incontournable…

 

Homme de l’ancien monde, Michael Mann, 77 ans, fait partie de ces rares réalisateurs dont les films sont reconnaissables au premier coup d’œil.

Mettant en scène des personnages que l’on croirait réchappés du cinéma policier français des années 50/60, ils prennent le temps de mêler les thèmes qui lui sont chers (la tentation d’une île, la solitude, le temps qui passe…) dans un style qui lui est propre (sobriété des effets, lumières bleutées et coups de feu à balles réelles).

Réputé exigeant avec ses équipes, Michael Mann l’est également avec le spectateur qui n’est pas constamment pris par la main pour se voir dire quoi comprendre ou quoi penser.

Au final, cela donne des films faussement grand public, pas toujours couronnés de succès au box-office, mais des films qui traversent le temps.

En voici cinq.

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Heat (1995) : la base

Vendue à l’époque comme la rencontre tant attendue entre Al Pacino et Robert De Niro face caméra, cette histoire de policiers et de voleurs somme toute des plus sommaires s’est depuis imposée comme LE classique du genre.

Ironie du sort, avant que le film n’arrive en salle, certains craignaient que Michael Mann ne soit pas à la hauteur, lui qui avait pourtant dirigé six ans auparavant le téléfilm L.A. Takedown dont Heat est le remake.

Évidemment sitôt le générique passé, non seulement ces réserves ont volé en éclats, mais 171 minutes de tension et de méticulosité plus tard nombreux se sont demandés s’il serait un jour possible de faire mieux – une question qui tient toujours en 2020.

Trop souvent résumé à ses scènes de braquages mille fois recopiées, Heat vaut aussi et peut être surtout pour le portrait qu’il dresse de ces hommes qui à trop chercher le grand frisson se condamnent à vivre comme des fantômes.

Fauves en milieu urbain, Vincent Hannah et Neil McCauley sont en réalité les deux faces d’une même pièce, eux qui sacrifient toute leur énergie à s’obséder pour un travail seul garant d’équilibre entre leurs instincts de vie et de mort.

Oui, Heat est un grand film sur la condition humaine.

Révélations (1999) : la pépite

Poussé par un journaliste, un ex-cadre de l’industrie du tabac est amené à témoigner dans une émission de télévision sur le danger que fait peser son ancien employeur sur la santé publique.

Déjà pas franchement sexy sur le papier, cette intrigue tirée de faits réels se résume en sus à de longues conversations sur des points de droit, zéro scène d’action et pas la moindre cigarette fumée.

Ajoutez à cela une fin connue à l’avance, et c’est à se demander comment diable Révélations peut être considéré comme l’authentique chef-d’œuvre de Michael Mann ?

Et bien justement parce que le maître des lieux parvient à tenir en haleine son spectateur de la première à la dernière seconde en filmant cette trame de documentaire comme le plus excitant des thrillers (montage nerveux, variations des rythmes et des cadrages, jeux de lumière…).

Ça, et puis aussi le fait qu’au-delà de cette virtuosité, le propos sur la liberté de la presse sert de toile de fond à une réflexion beaucoup moins convenue (quels sacrifices valent d’aller au bout de ses convictions ? où se situe la frontière entre compromis et compromission ? quelles sont les limites de la loyauté ?).

Dans un monde médiatique toujours plus corrompu par le capital, Révélations n’a donc rien perdu de sa pertinence.

Ali (2001) : la fable

Dix ans de la vie de Mohamed Ali, de sa victoire surprise face au champion du monde Sonny Liston en 1964 à son combat mythique contre George Foreman en terres africaines en 1974.

Loin de l’idolâtrie qui peut entourer sa figure, Michael Mann propose le portrait à froid d’un homme pétri de conflits dans une Amérique qui vit la fracture raciale à ciel ouvert.

Les femmes, la religion, la patrie, l’entourage… le « Greatest » est montré en train de combattre aussi bien sur le ring que dans la vie, voguant entre la petite et la grande histoire.

Alors oui, pour les non-initiés tout n’est pas nécessairement facile à saisir du premier coup tant le film est riche en détails, mais il faut quand même être sacrément de mauvaise foi pour ne pas apprécier le spectacle.

Casting aux petits oignons (Will Smith bien sûr, ainsi que Jamie Foxx, Jon Voight, Jada Pinkett Smith ou le toujours trop rare Barry Shabaka Henley), reconstitution au scalpel, bande originale ultra quali (du medley de Sam Cooke en ouverture au lancinant Tomorrow de Salif Keita), Ali est le biopic que méritait le plus grand sportif du 20ème siècle.

Collatéral (2004) : la démonstration

Los Angeles. Max (Jamie Foxx), un chauffeur de taxi qui traverse sa vie sans conviction fait équipe malgré lui avec Vincent (Tom Cruise qui n’a jamais été aussi bon), un tueur à gages charismatique en ville pour la nuit.

Là encore ce sont des types qui font leurs jobs, une fusillade à couper le souffle, des prouesses techniques (cette caméra digitale qui capture toute la chaleur la Cité des Anges), des lieux de tournage choisis méticuleusement (ici un club de jazz désert, là une boîte fréquentée par la communauté coréenne), mais Collatéral c’est aussi et surtout cette longue conversation qu’entame les deux protagonistes.

Ponctuée de silences et d’interrogations sur l’existence, elle constitue le véritable fil conducteur de ce huis clos en plein air.

Aussi à l’aise pour filmer l’obscur que l’intime, Michael Mann en profite pour livrer une masterclass de réalisation.

L’un des tous meilleurs films de la décennie ?

Miami Vice (2006) : s’il ne devait en rester qu’un ?

Annoncé en grandes pompes, le retour de Tubbs et Crockett n’a pas convaincu autant qu’il aurait dû.

Beaucoup plus sombre que la série (qui était en réalité beaucoup plus sombre que l’image très MTV que l’on en garde), le film a dérouté par son minimalisme.

Dialogues réduits à la portion congrue, esthétisme austère (pas de flamants roses, pas de pastels, pas de Phil Collins), intrigues toutes laissées inachevées (du verre offert à la serveuse dans les premières secondes à l’identité de la taupe au sein du FBI)… Miami Vice n’est effectivement pas l’adaptation que le grand public attendait.

Prenant pour prétexte la plongée des deux flics les plus cools de Floride dans les méandres du crime mondialisé, Michael Mann a préféré s’en aller explorer le thème de l’identité.

Son postulat ? Tubbs et Crockett sont qui ils sont, parce qu’ils font ce qu’ils font. Leurs amitiés, leurs sentiments, leurs amours, tout découle de ça.

Le vernis n’est certes pas très épais, mais dans un monde en agitation permanente, c’est là leur seule boussole.

Ah et sinon, des paysages à la photographie en passant par les fringues, le film est juste trop stylé.

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