Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à ce jour où la légende de la Bay Area a prétendu avoir fait sauter les compteurs….
Dans le rap, il n’est pas rare de voir certains artistes faire le choix de centrer exclusivement ou presque leur univers sur un thème de prédilection.
C’est par exemple le cas de Jeezy ou des Clipse qui ressassent à l’infini leur passé de dealeurs, de 50 Cent ou de Birdman qui vantent à n’en plus finir la taille de leur compte en banque, de Common ou de Talib Kweli qui narrent les problèmes sociaux et culturels que rencontrent leur communauté, de Future ou de Wiz Khalifa qui ne font aucun secret de leur consommation de narcotiques, etc.
Too Short, lui, son truc, c’est la gent féminine. Bon attention, pas la gent féminine façon chanteur de r&b des années 90 qui roucoule les joies des couchers de soleil ou se lamente sur des ruptures qui n’en finissent plus. Non, chez Todd Anthony Shaw, le délire est plus axé pimping et fornication.
D’ailleurs, c’est bien simple depuis ses débuts en 1983, il est celui qui haut la main peut se vanter devant tous les Snoop Dogg et Luke Skywalker de la terre d’avoir le plus lâché le mot « bicth » dans ses textes.
Première rap star de la côte ouest, du haut de sa vingtaine albums aux titres des plus évocateurs (Raw, Uncut & X-Rated, Born to Mack, Shorty the Pimp… jusqu’à son récent The Pimp Tape sorti l’année dernière) s’il n’a jamais réellement connu le succès mainstream, il n’en cultive pas moins depuis tout ce temps une base fan des plus fidèles ainsi qu’une réputation des plus flatteuses auprès des plus jeunes générations.
Jamais timide lorsqu’il s’agit de célébrer ses exploits dans la chambre à coucher (les vrais se souviennent du livret de You Nasty dont la correction nous interdit même de reproduire le moindre hyperlien), en mars 2014, il sortait le tapageur 19 999, un morceau dont le titre est une référence directe à son compatriote californien Wilt Chamberlain.
Ballin’ !
Basketteur mythique des années 60/70, ce pivot ultra dominateur qui a joué entre autres à Los Angeles et San Francisco a marqué les livres d’histoire de la NBA en empilant les records statistiques qui hier comme aujourd’hui paraissent complétement inatteignables.
Parmi ses performances les plus ahurissantes, on se souviendra de ses moyennes de 50,4 points ou 27,2 rebonds sur une saison, sans oublier son fameux match à 100 points un soir de 1962.
Comptabilité toujours, dans un tout autre genre, Chamberlain choque le monde lorsqu’en 1991, il proclame à 55 ans dans son livre A View From Above avoir couché jusqu’alors avec 20 000 femmes différentes !
À la stupeur de cette révélation et au scandale qui s’en est suivi (il avait été accusé dans la foulée de perpétuer certains stéréotypes accolés aux athlètes et hommes de couleur), le débat fait depuis rage pour avoir s’il s’agit là d’une information à prendre au premier degré, d’une hyperbole ou d’un coup de frime.
Reste qu’au-delà de la réalité des faits, le chiffre est devenu depuis mythique, ce dernier tenant tout autant du fantasme absolu que de la légende urbaine.
Pour en revenir à Too Short, 19 999 est l’occasion de venir se mesurer au hall of famer, lui qui dans le refrain balance sans vergogne : « 19,999 bitches (Bitches), I fucked 19,999 (Bitches), I’m on you, Wilt, 20,000 bitches, 20,000 bitches, 20,000 bitches, If I fuck one more, 20,000 bitches, 20,000 bitches, 20,000 bitches ».
Une telle assurance amène donc fatalement à se poser LA question qui tue : est-il possible de coucher avec autant de bitches de femmes dans une vie d’homme ?
1+1+1+1+1+1…
Si l’on part du principe que Too Short, qui depuis le départ est un hustler a dû perdre sa virginité un peu plus tôt que la moyenne, admettons 16 ans, cela voudrait donc dire qu’il lui aura fallu 32 ans pour atteindre les 19 999 – il avait 48 ans en 2014.
Une rapide division nous indique donc qu’il a ainsi couché avec 625 femmes par an (!), ce qui représente 1,71 partenaire par jour (!!).
À sa décharge, on peut toutefois souligner que la vie de star n’est en rien comparable à celle du mâle moyen qui bloqué dans son train-train se satisferait déjà très bien d’1,7 conquêtes par mois.
À titre d’illustration, Magic Johnson ne racontait-il pas dans sa biographie être attendu à la sortie de ses matchs par des groupies qui lui écrivait leur numéro de téléphone sur des photos d’elles nues ? Arnold Schwarzenegger ne confiait-il pas accoster dans ses jeunes années des filles d’un lapidaire « You wanna fuck ? ».
Entre les tournages de clips, les soirées ou les tournées, ce ne sont clairement pas les occasions de rencontrer des personnes su sexe opposé qui manquent, et ce d’autant plus que si l’on en croit les paroles de 19 999, l’ami Too Short ne perd jamais une occasion de doubler la mise : non content de se faire « 10 bitches tous les Mardi Gras », il profite également à fond « des All-Star Weekend, des Superbowl Sunday, des Fight Night et des spring break » pour affoler les compteurs.
Reste que près de deux plans couette par jour semble vraiment (vraiment) too much.
De un, parce qu’avec une telle cadence, il n’est aucunement question de faire le difficile, le tristement célèbre adage « un tr*u est un tr*u » faisant ici office de philosophie de vie.
De deux, parce que si la vie de rich & famous accroît assurément le champ des possibles, elle ne dispense cependant ni des râteaux, ni de tomber malade (de la petite grippe de saison à la MST de derrière les fagots), ou, que Dieu lui pardonne, de coucher plusieurs fois avec la même femme.
Et de trois, parce que le chiffre tient difficilement la route si l’on se réfère aux sommités du genre, tel le grand Pierre Woodman (Pascal OP en plus classe pour ceux qui ne connaissent pas). Après avoir dédié une vie professionnelle à filmer/tester/caster face caméra tout ce que l’Europe de l’Est compte de filles fraîchement majeures, l’idole du fap ne peut se targuer que d’un tout petit 5 000 + de rien du tout.
Du coup, aussi chauds lapins qu’ils soient, on a quand même un peu envie de se demander si Wilt et Too Short ne prennent pas ici un peu pour des jambons ?
À LIRE AUSSI
Les rappeurs disent-ils la vérité dans leurs textes ?
Retrouvez tous les articles de la série « Ce jour où… » en cliquant ici.