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Ce jour où… Nas s’est mis à faire du rap commercial

Ce jour où… Nas s’est mis à faire du rap commercial

Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à ce jour où Nasir Jones s’est transformé en Nas Escobar…

Illmatic de Nas a beau être considéré par beaucoup comme le meilleur album de l’histoire du rap, à l’époque de sa sortie en 1994 peu de gens étaient au courant.

Ce premier projet ne démarra en effet qu’à la douzième place des charts pour ne s’écouler qu’à 59 000 petits exemplaires. Aucun des singles ne réussit à se faire remarquer, Life’s a Bitch se payant même le luxe de ne pas être classé du tout. Cerise sur le gâteau, le disque fut abondamment piraté.

[Fort de son statut, l’opus finira cependant certifié Platine en 2001.]

Le droit des contrats étant ce qu’il est dans l’industrie de la musique (paiements des royautés échelonnés et autres avances remboursables), quand l’hiver fut venu Nas se retrouva fort dépourvu.

L’hiver, mais aussi l’été : complètement fauché, le 3 aout 1995 le jeune emcee se pointe à la cérémonie des Source Award avec une chemise Tommy Hilfiger qu’il a dû emprunter à son pote d’alors Prodigy des Mobb Deep.

Plus important encore, le spectacle proposé ce soir-là va bouleverser la suite de sa carrière.

Refrains chantés et samples de new wave

Bien qu’Illmatic ait été auréolé du titre de meilleur disque de l’année par The Source (et bien que depuis quatre ans aucun autre projet n’ait reçu 5 micros, sa plus prestigieuse certification), Nas assiste médusé à ce que Questlove le batteur des Roots a surnommé dans son autobiographie Mo’Meta Blues, « la mort du hip hop ».

Sont en effet alors récompensés les artistes Bad Boy et Death Row pour une musique qui se confond parfois avec un spot publicitaire pour la culture de gang et la religion du flouze.

Pressé par Columbia Records, Nas décide ce soir-là de franchir le pas : il sera lui aussi un rappeur à succès – cela peut paraître assez aberrant en 2018, mais le distinguo rappeur commercial/ rappeur underground revêtait une importance capitale à l’époque.

Sans être mauvais (très loin de là même), son prochain essai It Was Written va ainsi proposer quelques titres plus « ouverts », à commencer par le lead single If I Ruled the World (Imagine That) qui invite Lauryn Hill au refrain, mais aussi le franchement dégueulasse Street Dreams qui reprend sans vergogne le duo britannique Eurythmics (!?).

En 1996, l’album se vend à 268 000 unités en première semaine et prend la première place du Billboard 200 un mois durant, devenant ainsi pour longtemps la meilleure performance commerciale du rappeur avec plus de 2,2 millions de copies écoulées.

Reste que si IWW avait séduit critique et public, à trop vouloir poursuivre sur cette lancée le rappeur se perd ensuite.

Nasty Nas se mue en effet en Nas Escobar, un alter-ego clinquant et outrancier qui donne dans la gangsta rap un peu trop surjoué pour être honnête. Trop artificielle, la posture ne lui sied guère comme l’attesteront le air ball The Firm en 1997, puis le guère plus ragoutant back-to-back I Am…/Nastradamus en 1999.

Du coup lorsque Jay Z clashe Nas en 2001 avec le morceau The Takeover, il a au moment des faits beau jeu de lui rappeler qu’il ne sort « qu’un bon album tous les 10 ans ».

Une pique salvatrice puisque s’en suivront dans la foulée les biens nommés Stillmatic et God’s Son, deux disques haut de gamme qui ont su renouer avec la superbe de ses débuts.

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